La Traverse de Cléon a pondu une bien belle soirée pour conclure son programme de l'année 2015 : NO ONE IS INNOCENT, un excellent groupe de rock de l'Hexagone qui arpente les salles depuis plus de 20 piges et qui ne prend pas une ride. Il y a bien pire comme soirée finale, ça c'est sûr ! Surtout quand on sait que c'est une salle qui est bien plus orientée sur le blues habituellement ! Pour compléter l'affiche, on aura les groupes DEAD SEXY et LAST TRAIN. Deux autres formations très rock elles aussi et assez frénétiques !

DEAD SEXY, c'est un trio qui ne manque pas d'énergie et d'humour ! Ne serait-ce qu'en voyant la guitare avec un gros sticker "Hello Kitty", ça en fait marrer plus d'un. Pourtant, quand les premières notes fusent, on rigole déjà moins, c'est rock, sacrément rock ! Sur scène, ça bouge tout le temps, ça balance le son, un mélange rock, new wave, glam, quelques touches electro et hop, c'est parti ! Nous voilà embarqués dans une sorte de tornade sonore, efficace et un beau mélange de styles qui fait qu'on ne s'ennuie pas une minute. Le chant est posé, tranche avec les guitares incisives, les riffs sont courts, mélodiques et rapides. La recette n'est pas nouvelle mais fonctionne à merveille. Les gars prennent souvent la pose, surtout le chanteur qui vient au contact du premier rang lorsqu'il n'a pas la guitare à la main, effet garanti. Le côté glam et l'esthétique du groupe sont assumés, ça ne rend le groupe que plus efficace je trouve. En même temps, ils n'en sont pas à leur coup d'essai, même s'il s'agit là du groupe d'ouverture, ils n'en sont pas moins très actifs et se rendent un peu partout pour fouler les planches et balancer la sauce. Le batteur était toujours éclaté de rire, à se demander s'il n'écoutait pas des sketchs dans son casque. Quoi qu'il en soit, il complète bien ce trio avec une frappe énergique et précise. La soirée ne pouvait pas mieux démarrer !

Il est vrai que j'ai eu un peu peur en voyant LAST TRAIN débarquer, ils nous ont prouvé que l'habit ne fait pas le moine. Parce que des groupes avec la même dégaine, on en a vu passer... Mais comme ils font la première partie de No One, je me disais bien qu'il devais y avoir un truc, un "piège"... C'est bien le cas, en fait c'est juste un super moment de rock que l'on a vu sur scène, il y a tout pour faire un carton. Même cas de figure que pour DEAD SEXY, à l'instant où ils commencent à jouer on se doute que ça va envoyer des décibels ! Le punch qu'ils ont sur scène est du même calibre que leur son, on est dans du haut niveau, ça fuse dans tous les sens, du rock à l'anglaise le côté sauvage en plus (surtout pour les guitares). Et pour une fois, ce qu'il y a en plus n'est pas de trop ! Chez eux, on y retrouve un peu de tout, du Pink Floyd, du Led Zep, du Black Sabbath parfois (pas dans tous les morceaux mais comme sur "Fire" par exemple), ça reste très électrique et ce qui m'a le plus surpris c'est la voix du chanteur, entraînante, éraillée et puissante même sans le micro. Les membres du groupe parlent d'une alchimie entre eux, comme dans la majorité des groupes qui durent, en tous cas ici elle est palpable et leur prestation est intense, sans langue de bois, avec une telle énergie et motivation il y a de quoi grimper quelques échelons sur la scène française. Et pour une fois que le public en redemande alors que la tête d'affiche n'a pas encore pointé le bout de son nez, c'est plutôt révélateur, non ? Ils ont tout donné comme si la scène était un exutoire, comme si c'était leur dernier concert. Si vous ne connaissez pas encore, raccrochez le wagon, ça vaut le coup d'y jeter une oreille...

En voilà un groupe qui se jette dans l'arène corps et âme pour nous donner des leçons de rock comme on n'en voit plus beaucoup !! Et pourtant ça dure depuis plus de 20 ans. Avant de démarrer le concert à proprement parler, Shanka souhaite nous lire un texte (il le fait sur chaque date depuis le 13 Novembre), qui est disponible sur leur page Facebook :

CECI EST MA GUITARE. 
IL Y EN A BEAUCOUP COMME ÇA, 
MAIS CELLE-CI EST LA MIENNE. 
ELLE EST MA MEILLEURE AMIE. 
ELLE EST MA VIE.
JE DOIS LA MAITRISER, 
COMME JE DOIS MAITRISER MA VIE. 
SANS MOI, ELLE NE SERT A RIEN.
SANS ELLE, JE NE SERS A RIEN. 
JE DOIS LA JOUER,  MEME SI CERTAINS VOUDRONT ME TUER POUR ÇA. 
AVEC ELLE, JE PEUX FAIRE PLUS DE BRUIT QU’UN TANK, 
QU’UNE MITRAILLEUSE, 
QU’UNE GRENADE. 
AVEC ELLE, JE PEUX DONNER DU BONHEUR, 
DE L’ESPOIR, DE L’AMOUR. 
EN CELA, ELLE TERRORISE LES TERRORISTES, 
PLUS QUE N’IMPORTE QUEL ENGIN DE MORT. 
ELLE ET MOI, NOUS NE FAISONS QU’UN. 
ELLE ET MOI SOMMES DEFENSEURS DE NOTRE PAYS, 
DE NOTRE CULTURE, 
DE NOTRE LIBERTE.

A la fin de ce texte, on nous propose de faire une minute de bruit au lieu d'une minute de silence. On peut dire qu'on aura bien honoré les victimes. Et partant dans cette idée de faire du bruit, quoi de mieux qu'un moment avec No One ? Ils ne sont pas vraiment réputés pour faire de la musique de chambre et ce n'est pas "Propaganda", leur dernier album en date qui va y changer quoi que ce soit. On est en plein dans l'actu avec eux, à l'image de certains morceaux on préfèrerait que ce soit du passé, malheureusement non... Mais au lieu de faire des chansons mélancoliques, eux y injectent toute leur énergie pour nous la refourguer derrière. Des sujets à traiter, il y en a plein, et on en a un beau panel avec eux car au-delà de redonner la pêche à tout le monde, ce groupe peut aussi éveiller les consciences. C'est une bonne formule qu'ils ont trouvée et qu'ils utilisent depuis leurs débuts, ce mélange de rock, de puissance et de rage pour parler de sujets de tous horizons mais toujours dans le but de faire réfléchir. Parce que leur musique, à l'image de leur scène, est dépourvue de tout ce qui est futile, on y voit juste les gars avec leur matos et un backdrop reprenant la pochette de "Propaganda", simple et efficace. Du coup, on se concentre sur l'essentiel et ce n'est pas plus mal.
En 17 titres, ils nous montrent un bel aperçu avec pas moins de 9 titres tirés de "Propaganda". On ne va pas s'en plaindre car ce disque est pour moi un des meilleurs disques rock de l'année. Même si c'est la première fois que je vois le groupe sur scène, j'apprécie le fait qu'il joue autant de titres de son dernier disque parce que trop de groupes jouent en majorité leurs titres les plus connus (même si c'est plaisant aussi), au moins là on peut témoigner directement de l'intensité de ces nouveaux morceaux. Ce dernier disque remet bien les guitares à leur place, c'est-à-dire en première ligne ! Et ça s'en ressent car le public part au quart de tour quels que soient ces morceaux. Et ce qui plaît (ou pas d'ailleurs) c'est bien leur ligne de conduite, leur pensée qui revient encore plus sur le devant de la scène ces derniers temps, et Kemar ne se prive pas de parler avec nous entre les morceaux mais parfois sur des tons bien plus légers comme lorsqu'il demande s'il y a des punk dans la salle avant de balancer un très bon "Johnny Rotten" qui détendra l'atmosphère avant d'envoyer une dernière salve lors de laquelle il demandera aux volontaires (qui sont nombreux) de monter sur scène pour finir la soirée en beauté. On arrive déjà à la conclusion qui nous renvoie à ce début d'année avec les attentats contre Charlie Hebdo pour se souvenir de ceux qui ont su faire face et qui, malgré leur absence, nous parlent encore. Un engagement total pour ce groupe qui tout au long de sa carrière a su rester rageur, puissant et authentique.

Setlist : "Drones", "Silencio", "Barricades", "Kids Are On The Run", "Nomenklatura", "Revolution.com", "Putain Si Ça Revient", "Massoud", "Johnny Rotten", "Fire", "Drugs", "20 Ans".
Rappel : "Djihad Propaganda", "La Peau", "Gazoline", "Chile", "Charlie".

Il y aura toujours des groupes qui ont quelque chose à dire, des groupes qui méritent d'être vus. Ce soir, on en a eu un bel exemple, gardons ces artistes, cette scène française vivante et non asceptisée ! Vivre chaque concert comme si c'était le dernier, c'est un peu ce que nous ont montré ces groupes non sans raison, la vie est courte, profitons-en !