La review

NEUROSIS + YOB + KOWLOON WALLED CITY
Le Bataclan - Paris
18/07/2019


Review rédigée par Matthieu


Après du metal japonais le mois dernier, le Bataclan va être le théâtre de retour d’une légende, et cette légende c’est NEUROSIS. Si rare en Europe, et surtout en France, j’ai sauté sur l’occasion de voir cette masse de son, accompagnée de YOB et leurs compatriotes KOWLOON WALLED CITY. Ca s’annonce gras, et surtout sans pit photo ce soir…!



Une grosse demi-heure après l’ouverture des portes, alors que la fosse est encore clairsemée, quatre musiciens montent sur scène. KOWLOON WALLED CITY débute alors une introduction planante mais oppressante et qui ne demande qu’à exploser. "Come on, we’re here from California !" lance Scott Evans (guitare / chant), alors que la rythmique commence imperceptiblement à se durcir. Et l’explosion tant attendue arrive, faisant headbanguer Jon Howell (guitare) pendant que Ian Miller (basse) matraque ses cordes, donnant une certaine profondeur à la musique du groupe. Alternant frappes martiales et douces selon les riffs de ses compères, Dan Sneddon (batterie) se retrouve malheureusement éclipsé par les lumières, et le fait que les autres musiciens aient la bougeotte n’aide pas le batteur à attirer les regards. Plus calme lorsqu’il chante, Scott nous emporte grâce à son chant clair prenant, puis les riffs saturés du combo nous font retomber au sol en un instant. "Thanks for coming, we are glad to be here !" lance le frontman, alors que le morceau qui se termine est applaudi par les spectateurs, de plus en plus nombreux. Et cette alternance entre riffs au son clair majestueux et rythmique saturée oppressante teintée de quelques larsens est très bien servie à la fois par le mix et par les lumières, ce qui fait malheureusement passer ce set en un éclair, si bien que nous sommes tous surpris lorsque le chanteur nous annonce qu’il ne leur reste qu’un morceau à jouer. Mais ce titre, très lourd, séduit l’intégralité de la fosse, qui acclamera les Américains.

Setlist : "Container Ships", "50s Dad", "Backlit", "Splicing", "White Walls", "Pressure Cooker".



Changement de la disposition de la scène pour YOB, et surtout ajustement des retours pour l’immense pédalier de Mike Scheidt (chant / guitare). Le premier riff du trio américain fait immédiatement grossir l’assemblée, qui devient plus compacte, alors qu’Aaron Riesberg (basse) caresse lentement ses cordes pour accompagner son camarade guitariste, et c’est après un sample que Travis Foster (batterie) lance l’assaut, rapidement suivi par une saturation lourde et grasse. Soudainement survolté, le bassiste ne tient plus en place, ce qui contraste énormément par rapport au chanteur, qui se tient presque immobile. Quelques hurlements viennent compléter la voix claire, et le public est déjà pris dans cette tornade sonore. S’avançant parfois au plus près de la foule, le guitariste enchaîne riffs énervés et passages plus ambiants qui relâchent soudainement la violence du son. Les Américains marquent une petite pause avant de lancer la divine "Our Raw Heart", qui nous berce lentement avant de nous envoyer une véritable vague sonore, qui emportera absolument tout le monde sur son passage, écrasant toute résistance. Les premiers rangs headbanguent lentement ou contemplent le spectacle, et ce quart d’heure musical s’achève. "This is our last song" annonce sobrement Mike avant de se concentrer à nouveau sur son instrument. Et bien que le titre soit également long, il passe à nouveau en un éclair pour quiconque sait apprécier cette douceur oppressante, servie par un son cristallin bien que très puissant.

Setlist : "Ball Of Molten Lead", "The Lie That Is Sin", "Our Raw Heart", "Breathing From the Shallows".



Changement d’ambiance à nouveau pour laisser place à NEUROSIS après six années d’absence. Et lorsque Noah Landis (claviers / samples / effets) lance l’introduction d’"A Sun That Never Sets", le public parisien ne tient plus en place. Au centre, Scott Kelly et Steve Von Till (chant / guitare) sont très calmes, et même lorsque leur voix se mêlent à l’ambiance psychédélique et éraillée de la rythmique c’est le calme qui transparaît. De son côté, Dave Edwardson (basse) commence à bouger un peu sur sa position, alors que les frappes millimétrées de Jason Roeder (batterie) rythment le tout. L’atmosphère change du tout au tout lorsque les pédales de noise sont activées par Noah, qui n’hésite pas à pencher son support de clavier tout en jouant, et j’aurais réellement du mal à vous décrire précisément ce qui s’est passé ce soir. Un chaos infernalement bien organisé s’abat sur la fosse, qui profite au maximum de ce moment incroyable où chaque instrument trouve sa place dans un mix absolument excellent. Que ce soit au niveau des premiers rangs, près du bar ou dans le fond de la salle, le son est fort mais aucun instrument n’empiète sur les autres. Le groupe est possédé par sa musique, les morceaux s’enchaînent entre deux larsens contrôlés, les hurlements succèdent à un chant clair presque rassurant… Et toute la fosse est en transe. Aucun mouvement violent, à peine quelques bousculades, mais surtout de la passion et de l’admiration qui transpire de toute l’assemblée. Et c’est également ce qui fait la force d’un groupe comme NEUROSIS. Toutes leurs influences se ressentent dans cette setlist, qui explore vingt années de leur son, et peu importe où on se trouve dans la salle, le son rebondit en permanence sur les murs, pendant que les musiciens se déchaînent littéralement sur scène. Le double chant, agrémenté parfois de la voix de Dave prend toute son ampleur lors des changements d’intensité, mais la ferveur ne descend pas. La partie martiale à souhait d’"End Of The Harvest" nous laisse croire à un final en apothéose, mais le groupe n’en a pas fini avec nous puisqu’ils enchaînent après quelques secondes de battement par l’introduction de "Stones From The Sky". Et oui, Paris s’est réellement reçu une averse de roche, matraquant la fosse du Bataclan qui en a eu pour son argent ce soir. Inutile de vous dire à quel point le final était puissant, et les chaleureux applaudissements mérités.

Setlist : "A Sun That Never Sets", "My Heart For Deliverance", "A Shadow Memory", "At The Well", "Bending Light", "Given To The Rising", "Reach", "To The Wind", End Of The Harvest", "Stones From The Sky".

Le public parisien sort de sa torpeur, et commence lentement à quitter la salle. S’il y avait peu de monde aussi “tôt” pour eux, KOWLOON WALLED CITY a merveilleusement introduit la soirée avant la vague sonore provoqué par YOB et l’ouragan NEUROSIS. En espérant ne pas avoir à attendre aussi longtemps pour revivre cette expérience !