La review

NE OBLIVISCARIS + ALLEGAEON + VIRVUM
Le Gibus - Paris
01/05/18


Review rédigée par Matthieu


Alors que le muguet a fleuri, et que (presque) personne ne travaille, le Gibus est sur le point de trembler. Pourquoi ? Les Australiens de NE OBLIVISCARIS sont de retour, et ils ne sont pas seuls. ALLEGAEON et VIRVUM ont pour mission d’ouvrir pour ces titans du metal extrême progressif. Si nous ne sommes que six à une grosse demi-heure de l’ouverture des portes, la file d’attente va grossir très rapidement, et la fosse sera déjà bien remplie après l’ouverture des portes.



Dan Presland (batterie) s’installe et commence à s’échauffer alors que les spectateurs continuent d’arriver. Soudain, les lumières s’éteignent et le logo de VIRVUM brille sur l’écran au fond de la scène. Visiblement très attendus, les Suisses démarrent alors un set très technique, alors que Bryan Berger (chant) harangue déjà la foule à grands coups de "Show me your horns, Paris !". Arran McSporran (basse), Nicola Gruhn et Groftoby Koelman (guitares) déballent alors des riffs chiadés au possible, tout en headbanguant un peu sur leurs positions. Si le public est impressionné, il est également très motivé et commence à mosher dès le début du set. Lorsque le chanteur demande un circle pit, il ne faut que quelques secondes avant que la salle entière ne se mette à tourner au rythme effréné des compositions de l’unique album du groupe. Malheureusement, il nous est très difficile d’observer les guitaristes, qui sont confinés sur les côtés de la scène, qui ne seront quasiment jamais éclairés. Même lorsqu’ils entament des solos endiablés, pas de lumière pour eux, mais un son impeccable, qui rend hommage à chaque instrument. Chaque note est sublimée par le mix impeccable qui est fait ce soir, et on le remarque encore plus lors des leads planants que le groupe est capable d’envoyer, en particulier sur le dernier titre. Côté chant, les hurlements de Bryan sont parfaits également, et l’homme s’adonne très souvent à quelques séances de headbang, comme s’il était en transe, avant de reprendre ses hurlements parfois doublés de ceux de son camarade guitariste. Le concert se termine après seulement cinq morceaux, et le groupe est acclamé par la foule entière.

Setlist : "Illuminance", "Ad Rigorem", "Tentacles Of The Sun", "I: A New Journey Awaits", "II: A Final Warming Shine: Ascension And Trespassing".



Alors que le groupe précédent range consciencieusement son matériel, la batterie d’ALLEGAEON est installée sur le côté droit de la scène. Une contrainte qui va limiter les mouvements des musiciens, mais en aucun cas leur puissance. Alors que personne ne s’y attend, Greg Burgess (guitare), Brandon Michael (basse) et Michael Stancel (guitare) lancent les hostilités avec une introduction très planante. Les frappes de Brandon Park (batterie) sont précises, et soudain c’est une rythmique monstrueuse qui sort des amplis du groupe. Riley McShane (chant) nous montre alors l’étendue de sa voix monstrueuse pendant que ses camarades alignent sans broncher des riffs qui sentent les années de pratique à plein nez. Chaque harmonique qui tranche de la rythmique monstrueuse que nous offrent les américains sonne parfaitement grâce à l’excellent mix, mais à ma grande surprise, le public reste calme. A part le batteur et Michael Stancel qui évoluent dans l’ombre, tous les musiciens sont en pleine lumière, ce qui nous permet de voir leurs doigts bouger, non sans une once de jalousie quand à leur talent. Le charisme de Riley fédère cependant les spectateurs, qui applaudissent la performance entre chaque titre. Le premier rang headbangue à s’en rompre le cou, et chaque musicien se met un peu en avant en commençant un solo. Rendant honneur à leur dernier album sorti en 2016, ils interpréteront trois titres, mais également deux plus anciens (dont "1.618" tiré de l’album "Elements Of The Infinite") qui raviront les fans qui peuplent le premier rang, et un nouveau titre annonciateur du prochain album. Malheureusement, leur set touche à sa fin, mais ALLEGAEON va donner au public un dernier titre tout en puissance brute avant de laisser la place à la tête d’affiche, non sans applaudissements amplement mérités.

Setlist : "Proponent for Sentience III", "The Extermination", "Gray Matter Mechanics", "Extremophiles", "From Nothing", "1.618", "Accelerated Evolution".



Retour de Dan Presland (batterie) sur son siège, les autres musiciens défilent devant nous pour installer leur matériel. Tim Charles (violon / chant) est applaudi lorsqu’il vient poser son violon, puis les lumières faiblissent. Le moment qu’une grande partie de la fosse attend depuis le début est arrivé, les premiers riffs de NE OBLIVISCARIS retentissent alors que les musiciens headbanguent lentement en jouant devant nous. Soudain, c’est Xenoyr (chant) qui monte sur scène, et sa voix puissante se joint à la composition de ses camarades. Le regard froid, il repartira de temps à autres de scène, laissant ses compagnons interpréter leurs longues parties instrumentales. Si Matt Klavins et Benjamin Barret (guitares) jouent la carte des sons atmosphériques accompagnés du violon de Tim, Martino Garattoni (basse) n’est pas en reste en nous offrant une rythmique irréprochable en duo avec les frappes chirurgicales de Dan Presland. Parfois seul à chanter, le violoniste est un frontman irréprochable, mais il sait également laisser la place à son camarade hurleur, jouant de son instrument ou le posant pour headbanguer derrière. Les poses des deux chanteurs, dont la complicité est indéniable, sont charismatiques à souhait, et tous les regards se tournent vers eux. Le contraste entre les parties rythmiques avec des hurlements et les riffs prog très planants permet de savourer pleinement les deux, et c’est un public contemplatif qui assiste au show sans broncher. A part Tim Charles, le groupe ne communique que très peu avec le public, préférant se concentrer sur leur jeu technique, et Xenoyr sur sa scénique, headbanguant parfois en plein milieu de la scène, mais Benjamin Barret prendra la parole sur la fin du concert. En effet, le guitariste est français, et c’est dans notre langue qu’il s’adressera à la foule, avant de repartir sur une autre composition. Côté setlist, les Australiens se focalisent sur "Urn", leur dernier album en date, mais feront tout de même un petit retour dans le temps avec la magique "And Plague Flowers The Kaleidoscope" issue de leur premier disque, ainsi que deux titres de "Citadel". Les musiciens feignent de nous laisser pour finalement revenir interpréter un dernier titre qui scellera la communion entre le groupe et son public qui, ravi, applaudira les artistes.

Setlist : "Devour Me, Colossus, (Part II): Contortions", "Libera (Part I): Saturnine Spheres", "And Plague Flowers The Kaleidoscope", "Intra Venus", "Painters Of The Tempest (Part II): Triptych Lux", "Eyrie", "Urn (Part I): And Within The Void We Are Breathless", "Urn (Part II): As Embers Dance In Our Eyes".
Rappel : "Devour Me, Colossus (Part I): Blackholes".

La soirée placée sous le signe de la technicité touche à sa fin. Les fans peuvent sans mal aller à la rencontre des deux premiers groupes, qui soufflent près du merchandising, mais la plupart choisit de se diriger vers le bar. Après la claque technique de VIRVUM, l’ouragan dévastateur qu’a été ALLEGAEON (dont c’était la toute première tournée européenne) et le souffle glacial de NE OBLIVISCARIS a mis tout le monde d’accord. Mention spéciale à Dan Presland, qui a assuré deux shows de haute volée ce soir-là, mais ma prestation phare a été celle des Américains, dont j’attendais la venue avec impatience depuis quatre longues années. Merci à Garmonbozia pour avoir réalisé mon souhait, et à la prochaine !