NEKROGOBLIKON + SHAÂRGHOT + KAMERA OBSCURA
Le Gibus - Paris
10/02/2016
Review rédigée par Solange
Le 10 Février dernier, le Gibus accueillait NEKROGOBLIKON, groupe américain autoproclamé
de "goblin metal" pour leur premier passage en France. Leur notoriété étant encore
assez restreinte par chez nous, c’est une grande surprise quand ils annoncent il y a
quelques mois une tournée européenne bien étoffée, et qui fait suite à la sortie de leur tout
dernier album "Heavy Meta" en Juin 2015.
Pour les accompagner dans cette soirée qui s’annonce mouvementée, les Français de
SHAÂRGHOT et KAMERA OBSCURA sont aussi présents. Ce sont ces derniers qui attaqueront le
Gibus dès 20h, dont la salle a été séparée par un grand rideau noir. Du coup, on serait
presque à l’étroit car un public assez nombreux est déjà présent pour KAMERA OBSCURA.
Ce quatuor parisien, qui a sorti un EP en Décembre dernier, nous propose un metal
industriel bien formulé : des riffs qui claquent et une batterie efficace ponctués de
samples, touche electro industrielle ou dialogues de films. Des projections vidéo
accompagnent d’ailleurs le concert. Ce sont en grande partie des extraits de films
d’horreur, ce qui rappelle fortement Rob Zombie, son attrait pour le genre, et le très bon
lien qu’il en fait avec sa musique. Le groupe jouera d’ailleurs sa reprise assez
ressemblante de "Superbeast". Il faut également mentionner la présence d’une
chanteuse dans la formation, qui démarque un peu le groupe par son style de chant. En
effet, on s’éloigne du metal indus avec une voix claire et distante qui me rappelle plus le
post-punk ou deathrock des décennies précédentes. Selon moi, une combinaison assez
réjouissante ! Leur concert dure 50 minutes, ensuite il est temps de laisser la place à
SHAÂRGHOT.
Visiblement connus d’une grande partie du public, ils font passer l’ambiance dans la salle
au cran au-dessus et ça commence à être un sacré bordel ! Plus industriels, plus froids et
plus violents, les morceaux de SHAÂRGHOT s’enchaînent sans répit. Le chant crié et cinglant
est cette fois complètement raccord avec le style et rappelle par exemple Combichrist sur
leur dernier album, Hocico, ou encore les Français de The CNK. Une mention particulière
pour les costumes impressionnants des musiciens, quelque part entre horreur, cyberpunk
et thrash habituel des groupes d’indus. Le chanteur, torse nu avec un chapeau melon et
des lunettes rondes, ressemble à une sorte de savant fou tout droit sorti de son cabinet
d’expérimentation. Tous peints en noir de la tête aux pieds, après quelques slams et
pogos, nous sommes un bon nombre dans le public sur qui le maquillage aura déteint !
Après le set de SHAÂRGHOT, lui aussi d’une cinquantaine de minutes, NEKROGOBLIKON arrive
enfin sur scène et nous rentre directement dedans avec "Full Body Xplosion" qui était le
premier extrait de leur dernier album. Les cinq Américains se serrent un peu sur la petite
scène du Gibus, surtout qu’ils sont en fait six, vu qu’ils ne sortent jamais sans leur
légendaire mascotte, j’ai nommé John Goblikon ! Petit gobelin tout mignon qui
accompagne le groupe et dont la principale utilité est de faire n’importe quoi pendant les
concerts ! D’une manière générale, leur prestation est de qualité, pas de déception donc
par rapport aux enregistrements studios. L’ambiance elle, est à l’image du groupe et de
leur musique : énergique, bien énervée mais toujours festive. Le "goblin metal" comme
ils le définissent, est fortement influencé par le folk metal, auquel on aurait ajouté toutes
sortes d’influences. Le chant les illustre d’ailleurs très bien, car il est parfois clair, en
choeur, en growl mais le plus souvent proche du black metal. Leur setlist comporte alors
des morceaux d’horizons variés : les très bons "The End Of Infinity" et "Atlantis" du
dernier album, tous deux très mélodiques et teintés d’influences classiques. Ce dernier,
tout comme "Prince Of The Land Of Stench" ont des surprenants passages de metalcore.
Le joyeux "Let’s Get Fucked" et son refrain tout droit sorti d’un album de Muse. "No
One Survives",extrait de l’EP "Stench", qui mélange certains couplets proche du death avec
une majorité de mélodies définitivement folk, un chant black et un merveilleux passage
techno. Et cela continue pour la plupart des morceaux du concert ! Musicalement, le
clavier tient une part importante dans les compositions de NEKROGOBLIKON et
heureusement ce soir, nous l’entendrons suffisamment. Il amène une grande diversité de
sons et styles, et a un lien étroit avec le jeu de guitare. Cela rappelle par moment Children
Of Bodom dans la complémentarité qu’ils ont entre ces deux instruments. Et pour finir sur
la setlist, environ 1h15 de concert répartie entre leur trois dernières sorties studio, même
si en toute logique elle comportait un peu plus de leur dernier album "Heavy Meta".
Setlist : "Full Body Xplosion", "Bears", "The End Of Infinity", "Bells & Whistles", "Bring Us
More", "We’ve Had Enough", "Prince Of The Land Of Stench", "Atlantis", "We Need A Gimmick",
"No One Survives", "Powercore", "Let’s Get Fucked", "Giraffe", "Get In The Bag".
Pour résumer, une bonne soirée qui fait mal, musicalement et physiquement ! Belle
découverte avec le metal indus de KAMERA OBSCURA, teinté d’un riche univers
cinématographique. Puis bonne surprise dans la prestation de SHAÂRGHOT, de par leur jeu
scénique, costumes et décors qui améliorent définitivement la compréhension de leur
univers, au-delà des enregistrements. Et finalement NEKROGOBLIKON, largement à la
hauteur de ce qu’ils délivrent en studio. A décortiquer musicalement et à venir fêter en
compagnie de John Goblikon !
Photos tirées de : www.richterpixels.com