La review

MOTOCULTOR FESTIVAL
Saint-Nolff (56)
17/08/2013


Review rédigée par Cassie, E.L.P et Byclown
Interviews faites par Byclown



COLLAPS MACHINES, je les ai d'abord entendus de loin, depuis le camping. Mais il faut dire que leur son était tellement fort, et qu'il motivait tellement, qu'il était impossible de faire l'impasse dessus ! C'est donc dans l'empressement, que la plupart des campeurs se sont rués vers le site qui, forcément, bouchonnaient à l'entrée. Mais fort heureusement, on se rapprochait de plus en plus de ce son qui semblait nous appeler, nous attirer comme des aimants. Et pourtant, ce fut un défi relevé et remporté, car il n'est jamais facile d'ouvrir un concert, surtout en début d'après-midi, lorsque la plupart des festivaliers déjeunent encore ou bien jouent les feignants. D'ailleurs, il faut admettre qu'il faisait relativement frais dehors, et puisque leur musique réchauffait, nulle excuse était acceptée. Et finalement, le public ne s'est pas ennuyé. Quand bien même il y en avait qui restaient sur place sans bouger, ils ne faisaient en fait que découvrir et apprécier la musique. Les musiciens étaient particulièrement concentrés, tous, sauf le chanteur. Lui, il était à fond dans son trip. Il a joué le jeu de scène du début à la fin. Il a tout donné, ça on ne pouvait pas le lui reprocher. Après, COLLAPS MACHINES on aime ou on aime pas, mais commencer par ce style en ouverture, ce n'était pas une si mauvaise idée. Ca permettait de se plonger immédiatement dans l'ambiance, et de se mettre en condition pour le reste de la journée qui s'annonçait fort prometteur. Alors entre ceux qui les ont entendus de près, et ceux qui les ont entendus de loin, la différence n'était pas si grande puisque le mouv' était le même ! Allez, un petit encouragement les gars !



Les JUNGLE ROT sont entrés en scène. La fosse commençait petit à petit à se remplir. L'ambiance absolue n'était encore guère présente puisque ce n'était que le début de la journée. Mais pourtant, cela n'a pas empêché de créer des nuages de poussière, dans la fosse. Parce que même si la musique de JUNGLE ROT a des airs de déjà vu, même s'ils n'inventent rien de nouveau, leur musique plaît. Elle plaît, parce que c'est un style qui passe partout. Ni violent, ni trop calme, ce genre nous transporte. On suit le rythme, on ne se lasse pas d'écouter, et on se laisse prendre au jeu. Et les nuages de poussière dont je parlais précédemment, ne font que le confirmer. Effectivement, dans le public il y avait du mouvements. Les mecs motivés fonçaient dans le tas et s'adonner à des mini-parcours circulaires : des circle pits ! Même un des membres du groupe suivant, au lieu de s'échauffer, se mater le concert, une bière à la main. Comme quoi, leur musique n'a pas fait qu'attirer le public qui se faisait de plus en plus nombreux ! Puis le chanteur ressemblait à un chanteur de black metal. Le bassiste lui, me faisait légèrement penser au chanteur du groupe Fall Out Boy, dans son style. Bref, le combo était esthétiquement, pas désagréable. Ils furent même adorables au moment où ils ont su faire participer (enfin gueuler) le public, à la fin d'une chanson, en les faisant crier "Hey" à répétition. C'est sûr, l'ambiance commence à monter et vu l'affiche qui suit, cette journée s'annonce enrichissante !



On ne regrette pas d'avoir découvert EXCREMENTORY GRINDFUCKERS lors de cette édition 2013 du Motocultor. Car en effet, ce groupe est complètement malade ! Déjà physiquement, lorsqu'on les voit sur scène, on se rend immédiatement compte que ce groupe va nous surprendre. Non pas par la sensibilité, mais par l'originalité. Ce groupe n'a pas de limite dans la mesure où il ne se prend pas au sérieux et ne rentre pas exactement dans les codes du metal. En réalité, ils jouent un peu ce qu'ils veulent, selon leurs envies et façons de faire. A un moment, ils se sont mis à jouer l'instrumental de "Final Countdown" d'Europe. Au départ, ça m'avait fait penser au groupe Sabaton qui utilise cette chanson comme introduction. Mais très vite, j'ai vite compris qu'il ne s'agissait pas que de la reprise de l'instrumental, mais également du chant, qui a été remanié à la sauce du chanteur. Ouais, en effet, j'ai été surprise par la tessiture grave qu'il a arrangé dessus. La première chose que tu te dis, c'est "Naaaaaaan ils massacrent cette chanson culte !!". Puis ensuite tu te dis "Bon, faut l'admettre, c'est marrant et il faut le prendre à la déconnade". Et c'est exactement comme tel qu'il faut prendre le groupe. En tout cas, on constate bien que lorsqu'une chanson connue retentit, immédiatement le public se manifeste. A croire qu'il faille faire une reprise pour réveiller un public sceptique ou endormi ! En tout cas, ca a porté ses fruits puisqu'ensuite le public fut déchaîné ! Et c'est d'ailleurs tant mieux, car le groupe qui suite n'est autre qu'HACRIDE et ça promet d'envoyer du lourd !

Seltist : "Humor" / "Schnaps" / "Excrementory" / "Nein, Kein Grindcore" / "Looking For Grindcore" / "Schämt Euch" / "Heimscheisser" / "Is Aber Nicht" / "Grindcore Blitz" / "Veganerweibchen" / "Ich Mach Dich Ein" / "Halb & Halb" / "Vater Morgana" / "Final Grindown" / "Picknick".



Après le grind totalement déjanté de nos amis allemands d’EXCREMENTORY GRINDFUCKERS, c’est sous un ciel presque bleu et avec un réel plaisir que je retrouve sur la Dave Mustage les petits gars d’HACRIDE. Bien trop de mois ont passé à mon goût depuis leur dernier concert parisien au Divan du Monde avec la Klonosphere et je redécouvre donc ce groupe en version 2.0 car un remaniement de line-up a été opéré il y a quelques mois (nouveau chanteur, nouveau batteur qui est également celui de Klone). Musique tantôt planante voire progressive ( bon ok, on en est pas encore au niveau d’Ataraxie ! ), le pari est osé de se produire devant un parterre majoritairement composé de gros bourrins venus headbanguer et se chamailler sur des groupes comme EXODUS, VADER ou encore DYING FETUS, mais qu’importe le quatuor est là et bien décidé à en découdre afin de consolider sa réputation et surtout de mettre en avant son nouveau line-up !! Dès le premier morceau le ton est donné de la plus belle des manières ! En plus d’un son impeccable, d’un temps clément et d’un horaire de passage favorable à une bonne audience, le combo fait preuve d’une incroyable énergie sur scène qui vient consolider leurs compos relativement singulières. Le nouveau chanteur n’a absolument rien à envier à l’ancien, que ce soit au niveau vocal ou scénique (d’ailleurs, sous bien des aspects il me rappelle Bjorn Strid de Soilwork) et le batteur est juste un monstre, avec une frappe qui me fait me demander comment il fait pour ne pas casser ses baguettes au bout de 5 minutes !! Contre toute attente, vu le style musical, le public répond présent, que ce soit par les applaudissements mais aussi, et surtout, dans le pit qui s’embrase à des moments pourtant relativement calmes et lourds (une vidéo amateur de "My Enemy" est disponible sur la toile, qui illustre bien mon propos et qui montre que ça headbangue sévère sur scène !). Pendant une petite heure on aura vécu une fois de plus la communion entre un groupe et le public (un public qui n’est pourtant pas SON public, voilà bien la hache à deux tranchants qu’est le show en festival ! Jouer devant des non-fans pour tenter de les fédérer). Tout comme Trepalium l’année dernière à ce même festival, HACRIDE a montré une fois de plus qu’il faut compter sur les groupes de la Klonosphere, que ce soit sur le plan national mais aussi international.

_______________________________________________________________________

Heureux de vous retrouver plusieurs mois après votre concert de Paris avec la Klonosphere au Divan du Monde où c’était, il faut le dire, la grosse bagarre ! Alors parlez- moi justement de cette grosse tournée de la Klonosphere avec vos potes de Trepalium et Klone !
Luis (chant) : Le line-up a été modifié. Personnellement j’ai intégré le line-up en Septembre de l’année dernière.
Flo (batterie) : Cette tournée a été mon intégration au sein d’HACRIDE en termes de live. Tous les soirs pendant 15 jours j’ai fait Klone + HACRIDE et c’était tout bonnement mortel ! Malgré le boulot, c’était quand même la colonie de vacances. Après avec Klone et Trepalium on est partis en tournée européenne de Gojira pendant un mois. C’est dur à résumer en deux minutes comme ça mais franchement c’était énorme de se retrouver que entre potes de longue date, au sein de la Klonosphere, partageant tous la même passion.

C’était plutôt rempli d’ailleurs non ?
Flo : Ca dépend. Il y a des dates ou ça a été un bide mais il y a eu aussi des dates attendues qui ne nous ont pas déçues ! Paris, Nancy, Poitiers bien sûr puisque c’est chez nous. Il est normal d’avoir eu des passages à vide car tourner avec une date par soir, ce n’est pas facile de mobiliser à chaque fois, on s’appelle pas Gojira, faut-être un peu réaliste !

Et donc la en termes de line-up, après ce changement, on peut dire que Hacride est stable ?
Luis : Oui, on peut dire qu’on est un peu le Hacride 2.0 avec Flo à la batterie, moi au chant, Adrien et Ben aux instruments à corde. Adrien continue toujours à composer la majorité des sons. C’est lui le mastermind et le garant de l’identité d’HACRIDE au niveau sonore. On démarre donc une nouvelle collaboration qui fonctionne bien artistiquement et qui ouvre de nouvelles possibilités. Pour ma part, j’ai fait quelques dates en France, une mini tournée en Inde, 5 dates. C’était vraiment une belle expérience d’aller jouer aussi loin, en plus je ne connaissais absolument pas l’Inde. C’est assez branché metal là-bas, comme Meshuggah par exemple.
Flo : Tous les groupes de prog en fait, c’est vraiment leur truc, que ce soit old school, heavy ou même djent, il y a une grosse demande pour ça.

On voit que ce nouveau line-up fonctionne bien sur scène et que le jeu fonctionne bien dans le pit. A ce propos, qu’avez-vous pensé du public lors de votre prestation ?
Luis : C’est vrai que le public de ce festival aime le gros son, le bourrin, faire la fête, ce qui est bien car ils ont tendance à se lâcher pas mal, il y a vraiment une bonne ambiance. Au niveau de notre musique, on ne fait non plus une musique faite pour les mosh pits, on ne fait ni du hardcore, ni du death bourrin, on est dans une démarche un peu plus éthérée et aérienne et malgré ça on a pu constater une grosse réponse de la foule, parfois sur des passages ou justement on ne s y attendait pas du tout !! Il y a peu, on a joué au Metal Assault où là justement les gens sont restés plutôt calmes durant tout le set. Dû au fait qu’il y avait des têtes d'affiche de folie, peut-être que les gens ont voulu se reposer durant notre set.
Flo : Ce qui est bien avec HACRIDE c’est que ça s’écoute aussi. Perso, j’ai passé l’âge d’aller dans les mosh pits, et je préfère parfois m’écarter, me reculer, afin de profiter de la musique. C’est ça aussi HACRIDE, une musique qui s’écoute, avec des mélodies, des passages techniques, une musicalité.

Dernière question : Quel est votre groupe préféré de la programmation ?
Luis : Tu vas rire mais mon groupe préféré est Eyehategod, je suis trop déçu !! (Ndlr : Pour l’histoire, le groupe qui jouait la veille sur Paris au Glazart s’est trompé de route à cause d’une grosse cuite et a pris le chemin de Clermont-Ferrand, la date du surlendemain... Spinal Tap moment...) Le pire c’est qu’il y a deux ans, je ne suis pas venu mais je voulais venir pour Electric Wizard qui lui aussi a annulé ! Je suis un peu maudit (rires) ! Non mais sérieusement, Eyehategod est un groupe unique dans le stoner, à part, la preuve, il n’y a qu’eux pour être autant à l’arrache et se tromper de route.
Flo : Je vais en citer deux en commençant par Rotten Sound. Je ne suis pas trop branché "musiques extrêmes" mais je me suis quand même pris une énorme claque .Je viens du hardcore donc le grind ça peut me toucher mais la c’est du grind carré ! Et mon vieil héritage punk rock fait que j’ai bien aimé Uncommonmenfrommars aussi.
Luis : Focus sur un groupe français qui est excellent et qui nous dépassera peut-être un jour, Jumping Jack, qui vient de finir son set d’ailleurs ! L’énergie est là, les compos sont bonnes, le chanteur chante super bien, les gars sont de vrais showmen donc à surveiller de près !

_______________________________________________________________________



Difficile de passer après HACRIDE, et avant GOROD, lorsque l'on sait que ce sont deux grands groupes qui foutent une réelle tarte tant ils sont incroyables et mettent de l'ambiance. Pourtant, c'est bien le groupe UNCOMMONMENFROMMARS qui était inséré entre les deux. Alors même si en plein après-midi la lumière du jour massacrait les lumières de la scène, les mecs étaient venus pour faire du rock'n'roll pur et dur, et ça l'a fait ! Alors même si le public ne paraissait pas très emballé, les UNCOMMONMENFROMMARS, eux, ne se sont pas laissés découragés. Ils ont même réussi à faire hisser quelques touffes de cheveux, parce que le pouvoir du rock était bien là, il faut l'avouer. S'il y a bien un truc que je ne comprends pas, c'est pourquoi les gens qui restent scotcher comme des piquets lors des concerts, se mettent aux premiers rangs ? Dans ce cas-là, heureusement que la scène dominait loin, ce qui a permis de rassurer les zicos en voyant qu'au milieu et au fond de la fosse, des personnes motivées se lâchaient. Mais mince, c'est rock'n'roll, réveillez-vous ! En tout cas les musiciens, eux, se sont bien éclatés, et c'est le principal. Le guitariste aux cheveux gris (celui à la voix tellement aiguë lorsqu'il chante) avait même dit "Moi on m'a toujours dit, metal un jour metal toujours !". Ce qui, il fallait le constater, a plu à certains qui se sont enfin réveillés. Ainsi, sur les sonorités entraînantes du rock'n'roll, les pieds ont décollé terre. Et ce, juste avant que le chanteur annonce qu'ils vont "interpréter la chanson la plus calme du festival, celle pour les alcooliques". Alors ouais, même si ce groupe n'a pas fait l'unanimité, il se sera au moins bien défendu. Passons à GOROD !



Après l’interlude gentillet des UNCO, retour aux affaires sérieuses avec GOROD. Qu’il est bon de revoir les Bordelais et leur death metal ultra technique un an après leur prestation remarquée au Hellfest ! Au programme : doigts qui vont vite, concours de grimaces et de posing entre les musiciens et growl monstrueux. Pas de doute, le death français a de beaux jours devant lui avec des groupes de ce calibre (Gojira, Benighted, Outcast aussi par exemple) ! Comme pour ABORTED et HACRIDE, on reprend une dose de claques, de technique, de gros son et de jeu de scène. C’est sous le soleil harassant de l’après midi (17h00) que le pit se met à sérieusement bouger pour une petite leçon de brutalité contrôlée. Aucun doute n’est possible en ce qui concerne le plaisir du public (headbanging de masse et gens scotchés sur la crash barrière) et celui des musiciens qui rivalisent d’ingéniosité pour les tenir en haleine (ou qui rivalise de sourires en ce qui concerne le grand Barby, le bassiste super barbu à mâchoire de requin du quintette). Sans oublier Mathieu le gratteux, qui en a époustouflé plus d'un, par son jeu et sa technique incroyable. Il faut effectivement le reconnaître, ce ne sont pas des zicos sortis de nulle part. Ce sont des bons, des excellents même !

_______________________________________________________________________

Un an après le Hellfest vous réattaquez avec le Motocultor. Tu préfères le gigantisme du Hellfest ou le côté humain du Motocultor ?
Barby (basse) : Pas de comparaison possible, ce sont deux choses radicalement différentes ! Niveau son c’est la même chose puisque ce sont a peu près les mêmes personnes qui gèrent les deux événements, la scène du Hellfest est juste un peu plus grande mais pour nous sur scène, rien de vraiment différent.

Du coup, la petitesse du Motocultor, comparée au Hellfest, te permet de rencontrer tes potes plus rapidement !
Oui voila, c’est sûr que c’est plus restreint, àa aide, mais c’est pas non plus le petit festival que tu vas avoir dans ton village à la fête de la musique !

Avantage du Motocultor : plus de groupes français au pourcentage que le Hellfest !
Oui c’est juste. Je ne sais pas vraiment comment ils fonctionnent au Hellfest avec les groupes français. Ca joue super tôt. Bon nous on ne se plaint pas, on avait joué tard mais uniquement car on avait dû remplacer un groupe. Loudblast en 2010 avait joué à 20h00 il me semble.

Et entre vous et les autres groupes français, c’est du tirage de bourre à celui qui enflammera le plus la foule ou c’est de la franche camaraderie ?
Bof, tu sais, tout le monde se connait, on est tous potes ! Nous, si on est encore là après tant d’années à jouer de la musique, c’est qu’on adore jouer, être sur scène. On se fait plaisir et on fait plaisir aux gens, c’est tout ce qui nous importe.

Et le public ? Là encore pas de comparaison possible avec le Hellfest ?
Dur a dire car quand tu es sur scène, ce n’est pas forcément le truc que tu vois forcément, en plus bon, je porte des lunettes dans la vie de tous les jours donc sans, je vois à 10/15 mètres mais après c’est un peu flou. (rires)

Vos prochaines dates ?
On a trois dates en Octobre. La première est en Géorgie, pour un festival Iranien, qui ne peut pas se passer en Iran du fait du climat tendu avec les manifestations sur ce genre de musique. On sera la tête d’affiche d’ailleurs ! La seconde date c’est pour l’anniversaire de Garmonbozia et la troisième je sais plus la date mais on joue avec Carcass, Napalm Death et Suicidal Tendencies. Après ça on rentre en studio pour la composition du dernier album.

Justement, que peux-tu me dire à propos du prochain album ?
Pas grand chose curieusement. (rires) On a déjà deux titres qu’on avait fait entre temps mais pour le reste tout est ouvert. C’est Mathieu qui compose principalement dans le groupe donc tant qu’il n’a pas lâché les compos nous on attend !

Et pour le studio ?
Là aussi ce n’est pas défini, ça dépendra du deal qu’on aura avec les labels mais je pense que Mathieu va une fois de plus faire le plus gros du travail. On espère que ça sortira pour 2014.

Est-ce que tu sens le renouveau du death français avec des groupes comme Gojira, Benighted, Outcast et vous-mêmes par exemple ? J’ai l’impression que le death français ne s’est jamais aussi bien exporté ?
On a un parcours vraiment atypique car on a été reconnus à l’étranger bien avant de commencer à l’être en France. A titre d’exemple on a commencé en France seulement après le troisième album. De nos jours, le niveau a été rattrapé mais voilà, à la base on a été signé sur un label américain. Je te rejoins sur le fait que le death français est connu, notamment grâce à Gojira évidemment, nous, et aussi Betraying The Martyrs qui ont fait beaucoup de concerts aux US. Les mentalités étrangères ont changé par rapport aux groupes français. On est passé de la moquerie à un intérêt certain, une certaine curiosité.

Ton groupe préféré du festoche ?
Jungle Rot, c’est un groupe que j’adore et que j’ai raté plusieurs fois donc là je suis ravi de les avoir vus.

_______________________________________________________________________



Après la remballe de l’un des groupes ayant plus que motivé ma présence cette année à Saint-Nolff, (j’ai nommé GOROD), vient l’heure de retrouver un petit groupe qui était déjà passé sur ma route, les petits gars de SUSTAINCORE. C’est sans réelle conviction après un incroyable set de GOROD entremêlant brutalité, technicité, violence et grooves déchaînés que je tourne calmement ma tête endolorie par le death (et l’incroyable journée de la veille) vers la Supositor Stage pour retrouver le carré lyonnais vainqueur du Headbang Contest. Le jeune quatuor que ceux qui étaient au Parc Aux Étoiles en Juin dernier pour le Triel Open Air avaient eu l’occasion d’encourager s’invite de nouveau au milieu d’une assez lourde affiche (rappelons qu’ils sont intercalés entre GOROD et NICK OLIVERI & THE MONDO GENERATOR, excusez nous du peu!). Le public qui s’est un peu dispersé pour faire le point sur le Metal Market, sur la météo ou sur le stand Loïc Raison ne rendra pas un hommage des plus vibrants à la prestation somme toute assez mature des Rhodaniens qui tentent, avec parfois un certains succès, de secouer un peu la foule avec leur thrash français oui, FRANÇAIS, aux rythmiques assez saccadées ! Certains se prendront au jeu des circle pits mais le groupe n’arrivera malheureusement pas à convaincre outre mesure... (moi le premier). Un charisme un peu en berne malgré un coffre des plus étonnants et même détonnant venant d’un chanteur du gabarit de Kent ! Niko, le bassiste, n’est, lui non plus, pas en reste puisqu’il arrive parfois à attaquer méthodiquement la petite fosse restée debout pour les voir. Une chose est sûre, la petite formation prend du bon temps sur scène et les sourires sont là pour faire oublier le temps breton qui commence à se gâter.



Parlant de sourire, voici que montent sur scène les Américains de THE MONDO GENERATOR avec, à leurs côtés, Nick Oliveri (Queens Of The Stone Age) et sa basse salie par de plus que nombreuses prestations et probablement pas mal d’afters ! Son un brin saturé : check ! Ambiance rusty : check ! Le Moto’ s’encrasse un peu pour faire place à l’univers stoner "South Made" du groupe le plus hybride et le plus intuitif de cet après-midi. Les plus nostalgiques d’entre nous les attendaient, eh bien les voici, Nick, torse nu, veines du cou prêtes à exploser devant tant d’intensité mise dans la voix qui accompagne sa basse aussi bien pour des reprises de Kyuss "Allen's Wrench", que des reprises aussi cultes que celles de Queens Of The Stone Age "You Think I Ain't Worth A Dollar, But I Feel Like A Millionaire"... On s’aperçoit rapidement que leur univers musical mélange assez habilement ces inspirations stoner dont j’ai parlé plus haut et des influences "punks" (à prendre avec des pincettes) assez virulentes tant dans les textes que dans l’accroche mélodique de leurs morceaux comme sur "Won’t Let Go" où les slams un peu rouillés commencent à se voir remplacés par des langues tirées derrières des crêtes parfois colorées qui commencent à se faire plus nombreuses et pour cause... à peine le groupe sorti de scène que voici le tour d'EXTREME NOISE TERROR...



Direction la Supositor où le combo crust / grind vient de pointer le bout de son nez, que le chaos commence ! Je pense que le terme de "chaos" est plutôt bien approprié pour ce qui est de leur prestation, la profondeur de la partie grind paraît à première vue assez maîtrisée, mais l’ensemble se détache très rapidement comme quelque chose de brouillon, on sent bien que Dean Jones a fait connaissance avec le bar VIP et les liqueurs cantonales ! La prestation va, pour moi, s’enliser, ça chahute, ça pogote anarchiquement, bref, EXTREME NOISE TERROR : très peu pour moi, ils auront au moins eu le mérite de nous préparer assez... activement... à l’arrivée d’un groupe aux cheveux défiants la gravité, THE EXPLOITED, et qu’importe la pluie, le public répond présent !



Leur album de 1981 avait peut-être raison puisque les voilà devant nous pour un set incroyablement énergique, plus déterminés que jamais à embraser Saint-Nolff ! Wattie Buchan derrière ses faux airs d’Olivier Baroux et sa crête de 20cm d’un rouge flamboyant nous arrive sautillant et plein de hargne, tellement énergique qu’il se frappera la tête avec son micro à plusieurs reprises, tel un boxeur étourdi, grisé par le combat... Joe Stummer (The Clash) l’avait dit: "(...)Le punk t’obligeait à oublier une bonne partie de tes acquis." (1976) Eh bien l’exemple de THE EXPLOITED ne pouvait pas mieux tomber, moi qui ne suis au demeurant pas fan de punk, crust et autre oi!, je me suis laissé surprendre par le côté thrashy de certaines de leurs lignes comme sur "Holiday In The Sun" ou "Beat The Bastards" contrastant sensiblement avec d’autres comme "Dogs Of War" pour finir par se retrouver sous la même bannière crêteuse tendue par leur premier morceau culte (enfin, pour ceux qui connaissent cette douce odeur de tabac froid et de bière tiède des pubs écossais 80’s) : "Fuck The USA". Il faudra aussi retenir la débauche d'énergie du bassiste : Irish Rob ! Un véritable sourire ambulant, ondulant ses dreads dans la bruine morbihanaise ! Une belle prestation rajoutant un peu de couleur sur la grise toile du ciel breton...



Et c’est justement en parlant de couleur que la tonalité va radicalement changer, car voilà les orientaux d’ORPHANED LAND, le groupe qui fait lui aussi partie de ceux dont la présence sur l’édition de cette année me passionnait monte finalement sur scène ! Il est 22h passées et la météo bretonne n’épargnera pas le groupe le plus ensoleillé de la journée dont le dernier opus : "All Is One" nous est arrivé en début d’été. Nous ne formons plus qu’un face à ce déluge musical piochant de la façon la plus inspirée qui soit dans les univers doom, death, prog et surtout dans le folklore oriental ainsi que les références bibliques ! Leur titre d’ouverture, "Barakah" fend la fine pluie serrée qui continue d’humidifier l’ambiance du Moto’. Choix judicieux qui leur portera chance tout le long de leur set puisque c’est un parterre des plus captivés que nous aurons la chance d’observer entre instants célestes et montées en puissance pleines de vie et d’intensité. S’enchaînera après ça une véritable sanctification de la scène avec des titres de "Mabool" (leur 3ème album) faisant écho aux plus anciennes traditions venues de ce soleil oriental dont ORPHANED LAND tend à se faire le messager : "The Kiss of Babylon (The Sins)" et "Birth Of The Three (The Unification)", un déferlement de riffs profonds, lourds et puissants soutenant une voix claire divinement posée, yeux fermés par un Kobi Farhi se laissant vite gagner par l’espace et l’écoute qui lui sont offerts !... La scène bis va revêtir pour l’occasion de charmantes couleurs allant du jaune au vert en passant par le turquoise et quelques nuances de bleu, soulignant profondément le coté rêveur du spectacle qui se déroule en ce début de soirée. Spectacle au coeur duquel on pourra d’ailleurs bien habilement constater la présence de 2 forces vives sur scène, entre Kobi et sa voix progressive parfaitement maîtrisée d’un côté et de l’autre un Yossi Sassi débordant d’énergie, passant de l’acoustique à l’électrique avec son (sa ?!) superbe Bouzoukitara ! Le pont ainsi créé est ensuite consolidé par une volée de titres issus de leur petit dernier avec "All Is One", "The Simple Man" et plus tard, "Our Own Messiah", titre après lequel le public légèrement transi retrouvera un peu d’énergie avec la montée sur scène d’une danseuse du ventre libanaise qui finira de nous charmer sur "Norra El Norra" puis, pour finir en beauté, "Ornaments Of Gold"... Rythmé, sincère mais surtout envoûtant, sont les mots qui me viennent à l’esprit en repensant à cette bien belle prestation colorée et chaleureuse du quintette israélien.

Setlist : "Barakah" / "The Kiss Of Babylon" / "Birth Of The Three" / "Olat Ha'tamid" / "All Is One" / "The Simple Man" / "Sapari" / "Our Own Messiah" / "Norra El Norra" / "Ornaments Of Gold".



Puisque nous en sommes à parler d’envoûtement et de sincérité, il me paraît indispensable de glisser quelques mots sur IMPALED NAZARENE, groupe furieusement antithétique d’ORPHANED LAND. Il s’agit là d’un black metal glacial, malsain et percutant qui vient nous heurter de plein fouet après ce doux rêve oriental... Le public dérangé par autant d'agressivité se trouvera malgré tout très vite porté par la violence finnoise dont cette date était la seule date française de leur tournée et se prendra même à jeter d’imposants "Hail", poings levés par des lignes rythmiques parfois bien plus soutenues et entraînantes que ce que l’on peut s’attendre à trouver dans les tréfonds de ce black sans concession !... Je ne suis pour ma part pas convaincu, bien que de voir le sourire qu’affichent certains fans de la première heure fasse plaisir en ce Samedi soir, après un assez long (peut-être un peu trop mais bon... tous les goûts ne sont-ils pas dans la nature ?) après-midi anarcho-punk !



À peine le temps de replier les valises de nos bien aimés adorateurs de Baphomet et autres Samael que voici les mots "GORE’N’ROLL" apparaître sur la Supositor, le backdrop est tendu, c’est parti pour une valse zombifiée en compagnie de BANANE METALIK qui pose à nouveau le pied en France après un agenda estival plutôt chargé... Une fois n’est pas coutume, l’introduction de leur set est laissée au soin du célébrissime thème composé par Nino Rota pour la trilogie du Parrain, une entrée en matière qui suscitera beaucoup d'intérêt et d’attention, d’entrée de jeu ! Et c’est sur une macabre mise en scène que les morts-vivants de cet ensemble bien de chez nous débarquent, énergiques, communicatifs et prêts à allumer ce second soir du Moto’ ! Après la reprise de la valse du Parrain, le combo horrifico-rock’n’roll nous balancera quelques titres de leur récent album avec le virulent "Maniac" ou le colérique "Nice To Meat You" ! Pour l’heure, c’est un rock teinté d’un blues très "rusty & groovy" qui nous est envoyé par un Ced’ se déployant de plus en plus sur scène, renforcé par les graves impacts de leur contrebassiste, Rico (une présence aussi surprenante que terriblement dynamique et efficace!). Le set sera malheureusement quelque peu haché puisque Ced’ se se fendra à de nombreuses reprises de petits discours tantôt démagogiques tantôt anticonformistes mais certainement trop longs pour la sanglante ambiance qu’ils parvinrent à créer ! Les "Macchabées" que nous sommes, comme l’ensemble nous appelle si bien, aurons également droit à des titres issus de leurs précédents disques comme "Pussycat" et "L’Immaculée Érection"... Ainsi s’achèvera cette funeste parenthèse que certains connaissant bien le groupe auront trouvée moins percutante qu’à l’accoutumée malgré un sens de la mise en scène toujours aussi affuté, une solide occupation de l’espace, des ambiances lumineuses lugubres à souhait et surtout une folie contagieuse !



Le temps des crêteux est bel est bien imparti et la place est désormais faite aux chevelus et à ANNIHILATOR sur la Dave Mustage ! Le thrash carré canadien précédé par sa grande réputation et sa longue et prolifique carrière monte sur ce grand espace orné pour l’occasion d’imposants murs d’amplis. Les effets de lumière vont au plus simple, sans fioriture d’aucune sorte, nous laissant pleinement apprécier les compositions qui nous sont assénées avec maîtrise et vigueur : rapides, directes, franches et lourdes, après tout il s’agit bien de LA tête d’affiche de ce fest’ ! Ce sera une véritable découverte (et quelle découverte !) le groupe entrant dans sa 30ème année déroulera minutieusement son set tout en nous présentant, non sans succès ce qui sera leur prochain album : "Feast", avec notamment "No Way Out"... Un son parmi les plus propres de tout le festival nous fera admirer les indéniables qualités de frontman de Jeff Waters comme sur le morceau suivant : "Clown Parade" aux plus que prenants choeurs et unissons des refrains / ponts ! De quoi secouer vigoureusement la tête, en vociférant, pied sur le retour, bras tendu, de grands "Oi!". Pas évident pour les Nord-Américains de sélectionner des titres dans leur ô combien riche musette, mais des morceaux comme "Ultra-Motion", "Set The World On Fire" suivront activement cette superbe première partie avant d’être rejoints par "Fiasco", "I Am In Command" puis, l’incroyable "Alison Hell" parachevant cette démonstration de maturité technique et scénique devant un public fasciné n’osant trop bouger !

Setlist : "Smear Campaign" / "King Of The Kill" / "No Way Out" / "Clown Parade" / "Ultra-Motion" / "Set The World Of Fire" / "W.T.Y.D" / "No Zone" / "Fiasco" / "The Fun Palace" / "I Am In Command" / "Alison Hell".


La masse de spectateurs venue prendre une jolie leçon de live avec ANNIHILATOR (la plaine était pour l’occasion remplie au delà de la régie !) voit maintenant sa population considérablement réduite et le dernier groupe s’avancer avec ROTTEN SOUND qui, comme son nom l’indique, nous enverra un son saturé, rouillé et terriblement violent pour fêter ses 20 bougies... Il faudra effectivement être amateur de gros blast beats et de chants brutalement gutturaux pour apprécier cette fracassante clôture du Samedi et se laisser aller à quelques pogos. Ce ne sera à première vue, malgré quelques rares passages plus orientés death que grind brut de décoffrage, pas un succès retentissant pour la formation à laquelle le public aura plus tendance à préférer le camping et la compagnie d’une tente ou d’un charmant verre de whisky entre "voisins" à la Supositor... C’est sur cette note profonde de par son agressivité mais plutôt mal choisie pour compléter la soirée, que va s’achever cette seconde journée de festival. C’est maintenant sur le camping que le plus clair de l’action va se dérouler, des scènes de ménage, des apéros, des éclats de voix, de rires, des chansons payardos-médiévales et encore des apéros après une rude journée ponctuée de rencontres avec, au choix, Papy Metal ou Alien autour du Metal Market et surtout d’interminables parties de volley à 40 entre parking et camping, bières en main !!! Le public perclus de courbatures aura certainement en tête de bien belles prestations comme celles d’HACRIDE ou GOROD mais surtout celles d’ORPHANED LAND et d’ANNIHILATOR ainsi que des efforts fournis par les régies pour contribuer tout en son et en lumière au bon déroulement des hostilités, aucun accroc notoire ne sera à déplorer si ce n’est le triste célèbre temps d’Ouest venu s’inviter aujourd’hui !...



Photos Byclown tirées de : www.byclown.com
Photos E.L.P tirées de : www.elp-photo.fr