Troisième et dernier jour de ce Motocultor Festival 2015 ! Déjà le dernier jour... Pas mal de monde dès 11h45 pour accueillir HEXECUTOR, ce groupe de thrash / speed français. On peut voir ça comme un rappel d'hier, cette journée remplie de thrash, old school à bloc, mélodique et incisif. La vieille école du thrash est bel et bien là, jusqu'aux bracelets cloutés et ceintures cartouchières. Au moins on ne peut pas être trompé sur la marchandise ! Il n'en faut pas plus pour démarrer cette journée sous les meilleurs augures. Ce groupe a cartonné avec son thrash bourrin mais aussi très mélodique, surtout dans les solos. Bref, le revival ça a du bon. Ils donnent le rythme pour la journée même si celle-ci ne tournera pas autour du thrash !

MACHETE, c'est un rock bien énervé et sans artifice, dense mais qui va droit au but. Et je vous assure que sur scène ça joue ! A la mode de la Nouvelle-Orléans. Un son bien gras qui n'est pas super original mais qui est mené d'une main de maître. Le seul  problème, c'est qu'ils n'occupent pas la scène, on les sent plus habitués aux petites scènes, aux bars et aux caves (ce qui n'est pas du tout péjoratif pour moi), il faut seulement qu'ils se familiarisent avec une scène plus imposante. Mais la mayonnaise prend bien, rapidement, et on se rend vite compte qu'on tape du pied, ils envoient du bois ces gars ! MACHETE Kills !

GUTULAX, c'est un groupe capable de foutre la merde au sens propre comme au figuré ! Initialement prévu le vendredi, le groupe tchèque a finalement joué le dimanche. Bien que les festivaliers n'aient plus toute la fraîcheur du vendredi, ils arrivent à balancer des pogos très festifs et bon enfant. Il faut dire que ce serait difficile de se prendre au sérieux quand on voit les gars avec leurs blouses tâchées de Nutella (enfin ça y ressemble fortement) ! "Le caca c'est de la merde !", amis de la poésie bonsoir ! Il y a des rouleaux de PQ qui volent dans tous les sens et je peux vous dire que c'est sans dessus-dessous dans le pit photo ! Sinon concernant la musique quand même, le combo joue dans le registre grindcore festif, énergique, par contre j'ai vraiment du mal avec ce style. Ils le font bien, ce n'est pas le souci, mais ça ne passe pas, tant pis.

Là aussi c'est du lourd avec les VERBAL RAZORS ! Energiques, c'est le mot qui pourrait les définir. Désinvoltes aussi comme lorsque le chanteur dit qu'ils ont l'habitude de jouer devant davantage de monde mais qu'ils vont faire avec, je ne sais pas si tout le monde avait saisi le second degré là-dedans... On a le droit à quelques nouveaux morceaux balancés en rafale, la machine est bien rodée et ça part vite, très vite ! Le chant est plus hardcore et peut dérouter au début mais ça fait un bon mélange, c'est électrique, violent, il y a de quoi se défouler.

Un groupe canadien vient s'installer, ce sont les Québecois de DOPETHRONE ! Un groupe qui mérite d'être connu de ce côté de l'Atlantique. La voix lorgne vers les standards du black metal alors que le reste est plutôt dans le heavy ou le rock bien gras. Quand tu mélanges ça, tu obtiens un truc explosif qui ne manque pas de te péter à la tronche, le public ne s'y est pas trompé d'ailleurs car il est venu en masse pour supporter nos cousins d'outre-Atlantique ! Il faut dire qu'il y a de quoi, la musique déboîte, sur scène on est gâtés aussi avec un groupe qui en a dans le bide et bien que la pluie commence petit à petit à refaire son apparition, le plaisir n'est pas du tout gâché. Il n'y a qu'à voir les mimiques que font les gars (surtout le batteur) pour voir qu'ils sont un brin déjantés, juste ce qu'il faut pour que ça parte en vrille. Une excellente surprise pour sûr ! "Vous êtes le meilleur crowd qu'on ai jamais eu !", pas de doute, ils sont Québecois ! Il n'y a qu'eux pour mélanger le français et l'anglais ! C'est beau le joual !

La conférence a lieu comme l'an dernier dans le catering artiste, par contre dommage, on loupe le set de MUEZLIT, j'aurais bien aimé les voir ! Le boss nous apprend qu'on tourne aux alentours des 22700 entrées sur un max de 24000, ce qui est pas mal du tout ! C'est une belle récompense pour le boulot abattu jusqu'à maintenant même s'il y en a encore pas mal de boulot. Le Motocultor est le deuxième festival metal français, il compte bien le rester ! On peut se féliciter aussi que le Motocultor, un festival 100% metal, soit le premier festival du Morbihan et un des 45 festivals français qui dépasse les 15 000 entrées ! Malgré tout, tout n'est pas rose car il y a encore 85K€ de déficit, c'est beaucoup mais en baisse depuis 2 ans, ce n'est donc pas si mauvais signe. Cette réduction du déficit est due notamment au passage de 45 à 66 groupes (avec l'arrivée de la troisième scène) et l'agrandissement de la jauge. La reconnaissance du festival est même européenne désormais et ça, c'est pareil, ça fait plaisir, comme de voir que 600 bénévoles s'impliquent sur ces trois jours pour nous rendre le festival le plus confortable possible (merci beaucoup à vous !). Afin que ce confort ne disparaisse pas, ce sont entre 7 et 10k entrées par jour pour 2016 qui sont prévues. La troisieme scène ne s'est pas faite sous chapiteau car le prestataire n'a pas réussi à le  planter, ça, je dois avouer que ça m'a fait marrer quand même. Mais bon, au moins ça montre aussi qu'au dernier moment ils ont pu se débrouiller pour avoir une scène, peut-être qu'on aura le chapiteau l'an prochain du coup. L'an prochain d'ailleurs, l'accent devrait être porté sur plus de doom / stoner / hardcore, tout en conservant une part importante de groupes français pour jouer le rôle de tremplin, voilà qui va plaire à certains ! Pour la première fois, c'est un autre partenariat qui nous réjouit : les rediff' sur Enorme TV ! On a aussi les raisons des annulations de cette année :
DELAIN => horaire déplaisant (apparemment ça se jouait à 30 minutes !)
KYLE GRASS BAND => se retrouve à jouer en Allemagne...
SIX FEET UNDER => pas de raison mais juste une proposition du management pour jouer l'an prochain.

Une fois la conférence terminée, on se dépêche d'aller voir NE OBLIVISCARIS, on a assez loupé de musique ! D'emblée, on entend ce son clair, ce qui aide bien lorsque l'on joue du black mélodique, très mélodique, le public était là en nombre important pour soutenir ce groupe, il était au taquet. Belle voix du violoncelliste qui apporte un côté mélodique assez plaisant, ça change des groupes plus extrêmes de ces derniers jours, surtout que c'est bien exécuté tout au long du set, pourtant ce n'est pas aussi  profond  que ça pourrait l'être. Leur temps de jeu passe bien vite, ils promettent de revenir vite en France. Une belle surprise, de même que le slam du violoncelliste à la fin ! A voir ce que ça donne sur disque !

Et voilà, la machine brésilienne est lancée ! SEPULTURA continue sur sa lancée du 30ème anniversaire en proposant une setlist best of, ce qui est dommage c'est que l'on entend toujours une majorité de titres de la période des frères Cavalera, même si j'adore cette ère-là. Depuis, le monstre brésilien nous a pondu pas mal de très bonnes choses, alors merci d'en jouer davantage ! Ils ne nous ont pas amené le soleil mais bon, on s'en passera, on va continuer la fête. Parce que quels que soient les morceaux jouésn c'est une sacrée fiesta un concert de SEPULTURA, on connaît tous les morceaux, certains par cœur, la setlist est en tous cas assez bien choisie même si j'aurais préféré, comme je le disais plus haut, davantage de titres récents. Mais un petit "Kairos" fait du bien par là où ça passe ! C'est la pleine bourre avec une formation toujours en très grande forme et qui cloue le bec plus d'une fois aux pleurnicheurs de la version Cavalera, j'ai vu Soulfly l'an dernier, et pour rien au monde je ne souhaiterais les revoir tandis que SEPULTURA, j'attends leur prochain concert toujours avec impatience ! On ne peut pas nier par contre que les anciens titres, qui sont passés au statut de légendes depuis longtemps, sont jouissifs, que ce soit pour nous ou les gars sur scène, c'est visiblement un des groupes qui aura le plus pris son pied sur ce festival, ça se voyait aisément malgré leur fatigue. Lorsqu'est venu le temps de "Roots Bloody Roots", je me suis dit "Cool, ils le jouent pour une fois en milieu de set", avant de me rendre compte que non, c'était déjà bel et bien fini en fait... Foncez de toute urgence sur ce groupe ! Le colosse nous qualifiera même de "Best fucking crowd of the tour", comme quoi c'était vraiment une belle démonstration de leur part également !

Quand on voit la préparation de la scène pour TRIVIUM, on devine que ce n'est plus la même catégorie, c'est le seul concert où on a vu une toile sur le devant de la scène, aux couleurs de l'album "Ascendancy" (qui fête ses 10 ans) pour cacher les préparatifs. Et lorsque le rideau tombe, on aperçoit une grande scène avec des éléments de décors qui, on doit bien l'avouer, ont de la gueule ! Un show à l'américaine qui en impose  ! Une fois partie, la machine ne s'arrête plus, on sent le groupe ultra rodé et c'est dommage, il en perd de sa spontanéité. Mais alors là, comme pour SEPULTURA, dans le genre groupe qui envoie la sauce, on est gâtés ! Les Américains ne font pas dans le détail ni dans le civisme, comme lorsque Matt Heafy nous déclare "You do not need to be polite !", en disant ça c'est clair que ça va être un beau bordel. C'est seulement au cinquième titre que l'on a le premierr wall of death / circle pit digne de ce nom sur "Blind Leading The Blind". Mais ce n'était que le début car même si on a senti Matt Heafy en petite forme, il n'en reste pas moins un super frontman à qui on mangerait presque dans la main. Deux épaules démises dans l'équipe de la sécu, voilà ce que peut provoquer un concert de TRIVIUM, le public n'en est pas ressorti indemne non plus car c'est bien dans ce genre de concert que tu donnes tout ce que tu as. Surtout le dernier soir ! Depuis le temps que je voulais les voir, je n'en suis pas du tout déçu, la setlist qui a tapé un peu partout était plaisante, toute en puissance, pas de temps mort, pas de pause pour les vrais guerriers ! Ils ont prouvé à plus d'une reprise qu'ils méritaient ce créneau, voilà encore un grand groupe !

S'il y a bien un autre groupe que je voulais voir depuis longtemps, c'était ORANGE GOBLIN ! Hormis le côté photographique, je n'en suis pas déçu du tout non plus ! Pour la petite anecdote, c'est par vague que les photographes ont dû se présenter dans le pit pour shooter, très peu de temps d'ailleurs, un titre il me semble... Mais bon, vu le côté très enfumé que semble aimer le groupe, ce n'était pas catastrophique. ORANGE GOBLIN oblige, l'espace devant la scène était rempli à 200%, je pense que c'est un euphémisme que de dire qu'ils étaient attendus ! Comme je m'y attendais, c'était impeccable, eux aussi un peu trop rodés pour que ça sonne vrai mais c'est tellement bon de les voir enfin, les maîtres en la matière, qu'on leur pardonne vite ce petit défaut. Par contre, les échanges avec le public sont répétés et sincères, on sent aussi que les gars ont de la bouteille (et quelle bouteille !), c'est tellement bon. Ces morceaux de stoner en fin de soirée, c'est royal ! C'est également l'anniversaire du gratteux Joe Hoare qui l'aura fêté directement sur scène. Même pour un musicien, ça n'arrive pas tous les jours un anniversaire souhaité par plusieurs centaines de metalheads. Je crois que l'on n'aurait pas pu rêver mieux pour boucler cette Massey Ferguscène ! Parce que ça, c'était du rock, du vrai !

Et voilà, on finit de prendre son pied sur OPETH et c'est déjà l'heure des au revoir tout en sachant que l'an prochain ce sera une année sans Motocultor pour moi, ça fait bizarre mais bon au moins on sait que l'édition 2016 aura bien lieu même si on ne connaît pas encore un seul nom de l'affiche. Ce festival, je l'adore, alors que pourtant les groupes à l'affiche ne sont pas tous dans mes goûs musicaux mais la taille humaine et l'ambiance sur le site sont tellements excellents. Tout n'est pas parfait comme l'entrée sur le festival ou encore les retraits de tickets, les stands de restauration (il y en aura davantage sur la prochaine édition) ou les douches sur le camping, mais dans l'ensemble il n'y a pas grand-chose à leur reprocher, merci à ses bénévoles, à la sécu et à l'orga ! Longue vie au Motocultor !