La review

MOTOCULTOR FESTIVAL
Saint-Nolff (56)
16/08/2014


Review rédigée par Alexandra
Photos prises par Antoine



C’est sous un beau soleil que démarre la deuxième journée de cette huitième édition du Motocultor. Le premier concert commence dès 13h sur la Supositor Stage avec YUGAL. Ce groupe originaire de Bretagne évolue dans un style thrash metal teinté de death avec des influences piochées dans le metal moderne. Les Français nous balancent au cours de leur 35 minutes de set une musique énervée avec des rythmiques efficaces et entraînantes, bien que l’ensemble paraisse un peu linéaire et répétitif. Le batteur est plutôt bon derrière ses fûts et rapide à la double, le chanteur reste un peu en retrait parfois mais entraîne la foule à mettre l’ambiance. Pas facile dès le matin de jouer en premier, devant un public pas toujours bien réveillé et réceptif, mais c’est tout de même sur le dernier morceau qu’arrive le premier wall of death de la journée. Voilà de quoi donner la pêche pour la suite de la journée, bravo les gars !!



On change de style à présent, et on passe à quelque chose de plus "punk" sur la Dave Mustage. Et oui, car au Motocultor il en faut pour tous les goûts, et tous les styles y sont représentés. Cette journée du samedi sera d’ailleurs pas mal orientée vers ce style-là, puisqu’une bonne partie de l’affiche comporte des groupes issus de l’univers punk. Seulement voilà, il ne fait pas partie de mes styles de prédilection, aussi, ce n’est que de loin que j’ai pu assister au concert de certains de ces groupes, je ne serais donc pas en mesure d’entrer dans les détails pour certains d‘entre eux. Après cette petite parenthèse, place à FLYING DONUTS donc, groupe de punk / rock français à seulement 3 membres, à savoir un batteur, un bassiste et un chanteur/ guitariste. Le public est encore peu présent à cette heure-ci, malgré l’énergie que le groupe déploie sur scène avec leur punk énervé chanté en anglais à deux voix, le bassiste faisant aussi office de second chanteur / choriste par moments. Le problème de son déjà rencontré hier sur la Dave Mustage, à savoir l’enceinte droite qui ne marche pas toujours, apparaît aujourd’hui encore, ce qui altère à la qualité du set, et gâche un peu le plaisir. Espérons que ce défaut soit corrigé à l’avenir.



COBRA est un groupe français de punk efficace et bien couillu, toujours dans l'humour décalé, blaguant sur les gais, le hard rock, le metal, etc… Malgré l'humour, la qualité musicale n'est pas en reste avec des guitares puissantes et une rythmique bien lourde pour du punk. A la vue de la programmation globale de cette journée, on est bien dans l'esprit avec un discours osé et un brin de provoc'. Quand bien même on passe notre temps à se marrer les paroles n'en sont pas moins sérieuses à l'occasion. Pour couronner le tout, on a des zicos charismatiques et un poil bourrins bien qu'un guitariste ait une jambe dans le plâtre. Bref que du bon chez eux ! (Antoine)



Petit changement au niveau du running order à présent, comme l’avait annoncé l’organisateur lors d’une intervention sur scène plus tôt dans la journée, CARNIVAL IN COAL a interverti son horaire de passage avec ENEMY OF THE ENEMY, et ne jouera pas avant 17h45 aujourd’hui. C’est donc ENEMY OF THE ENEMY que l’on retrouve sur la Dave Mustage à 15h20. Voici donc le deuxième gagnant du tremplin Headbang Contest à se produire sur la scène du Motocultor, après DAWN OF MIGHT hier. On vous avait dit que l’affiche serait éclectique cette année, et preuve en est ici aussi. Le groupe évolue dans un style alliant rap metal / et hardcore, mêlant également diverses influences piochées dans le raggae et des sonorités groovy sur certains passages. Le chant quant à lui alterne entre parties "rappées" et d’autres "gueulées". Le set du groupe est énergique et dynamique dans l’ensemble, le son puissant voire un chouia trop fort, et la basse très présente. Le chanteur n’hésite pas à motiver le public et à l’inciter à mettre l’ambiance, et intervient régulièrement entre les morceaux pour présenter les différents titres joués. Le pari était osé de se produire devant tant de monde sur une scène du Motocultor, le groupe s’en est plutôt bien sorti, mais au vu de la musique proposée ici, le choix du jury du HBC de voir gagner un groupe comme celui-ci n’était peut être pas très judicieux, beaucoup de monde semblait d’accord avec moi d’après les retours que j’ai pu avoir, et n’a vraiment pas accroché à leur musique malgré toute la bonne volonté et l’énergie déployée par les vainqueurs de ce tremplin. A noter toutefois que leur album a été enregistré par Mr Stéphane Buriez, un bon point pour eux.



THE DECLINE sont des Rennais qui nous font bien sentir qu'on est en pays celtique (au cas où on l'aurait oublié), du punk rock avec des éléments folk / celtiques, forcément on pense aux Dropkick Murphys d'abord, aux Flogging Molly et consorts. Autant dire qu'on a une sacrée banane ! Un groupe puissant, captivant mais qui reste malgré tout différent de leurs homologues américains. Une réelle surprise qui fait extrêmement plaisir. Bien qu'ils n'ont que peu joué, c'est exactement le genre de musique qui se prête à un festival : festif, énergique et des plus accrocheurs. On adore ! (Antoine)



Autre révélation de ce festival : il s'agit de BROTHER DEGE, en effet il a participé à la bande son du dernier Quentin Tarantino : Django Unchained ! Donc à priori un artiste folk paraît plutôt hors champ d'un festival principalement axé sur le metal extrême. Mais c'est aussi ce qui fait l'intérêt d'une programmation plus éclectique, la place pour des artistes créant la surprise, au début les festivaliers étaient bien hésitants et se demandaient ce qui leur tombait sur la tête mais rapidement l'Américain s'est fait accepter du public. On ne prend pas de claque visuelle, artiste solo oblige, mais par contre d'un point de vue sonore avec la dobro, on se retrouve transporté en Louisiane. Il y a l'émotion, la puissance, la classe : des éléments de base de la bonne musique en somme. A partir de là, on est suffisamment ouverts d'esprit pour apprécier ce moment tellement à part pendant ces trois jours. C'est d'ailleurs un des rares artistes à qui on a demandé des rappels… On peut dire que c'est une sacrée chance que d'avoir une telle programmation sur ce festival ! (Antoine)



Il est 17h50, comme il avait été annoncé plus tôt dans la journée, ENEMY OF THE ENEMY avait joué à la place de CARNIVAL IN COAL quelques heures plus tôt, c’est donc CARNIVAL IN COAL que l’on retrouve maintenant sur la Supositor Stage. Avec pas moins de six membres sur scène dont Arno Strobl au chant et Samuel Santiago (ex-Gorod) à la batterie, CARNIVAL IN COAL est, pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore, un groupe d’avant-garde metal, alliant des styles aussi variés que le death metal, le black ou encore le grind à des sonorités plus décalées et surprenantes comme le disco ou le zouk, bien loin du metal. La présence du clavier permet d’y ajouter divers éléments, ajoutant un côté expérimental, electro et un côté décalé à leur musique. Un groupe à ne surtout pas prendre au premier degré, si certains seraient tentés de se demander ce qu’est ce joyeux "bordel". Pour marquer les quinze ans de leur album "Viva La Vida", la majeure partie de la setlist est orientée sur cet album aujourd’hui, la durée du temps de jeu qui leur est impartie n’étant pas suffisante pour jouer l’intégralité de l’album sur la scène du Motocultor. Mais peu importe, CARNIVAL IN COAL, ça fait partie de mon adolescence, j’étais donc curieuse de découvrir cet Ovni musical en live, et je n’ai pas été déçue, le mélange des genres et le style décalé du groupe est étonnant, mais rondement bien mené, l’ambiance est au rendez vous, le public a l’air d’aimer, et moi aussi, et c’est tout ce qui compte. Le set se termine sur la reprise du fameux "Maniac" de Flashdance revisité version death metal par nos chers amis de CinC avec en guest Stéphane Buriez de Loudblast, en résumé que du bon !!



La journée est à présent bien entamée, il est déjà 18h30, on passe désormais aux choses sérieuses et à quelque chose de beaucoup plus brutal avec nos amis Stéphanois de BENIGHTED. L’occasion pour ceux qui ne les auraient pas encore (re)vus récemment de découvrir leur nouveau line-up, avec Pierre et Bert respectivement à la basse et guitare, en remplacement d’Adrien et Alexis. Emmené par le charismatique Julien au chant, avec leur death brutal teinté de grind, pendant près d’une heure, le groupe va semer le bordel sur le site de Kerboulard, la foule est très nombreuse, c’est une ambiance de folie dans le public, entre les wall of death, les circle pit et autres pogo. Kevin Foley est quant à lui toujours aussi rapide et efficace derrière ses fûts. La setlist est bien sûr pas mal orientée sur leur dernier opus "Carnivore Sublime", sans oublier d’autres morceaux plus anciens. Sont notamment joués aujourd’hui "Let The Blood Spit Between My Broken Teeth", "Experience Your Flesh", "Slut", sans oublier "Spit", sur lequel Niklas Kvarforth (SHINING) nous fait l’honneur de monter sur scène le temps d’un guest. BENIGHTED fait partie des groupes que pas mal de monde attendait certainement aujourd’hui, ils nous ont donné le meilleur d’eux-mêmes comme ils savent si bien le faire, un concert comme on les aime.



BENEDICTION commence à nous envoyer des riffs lourds et bien rythmés dignes d'un death metal pur et dur comme à la grande époque. Le public étant réceptif, cela démontre que le groupe prend du plaisir à jouer mais également à faire perdre des nuques à ses fans. Les musiciens, très imposants, occupent toute la scène. On peut dire que le groupe a su mettre une grosse claque musicalement parlant, mais aussi visuellement, et a prouvé sa valeur à ceux qui sont venus les voir. (Mia)



On revient au punk à présent avec les Français de TAGADA JONES. Il est 20h20, l’heure d’aller prendre des forces et manger un peu. C’est donc de loin que j’assiste au concert du groupe. Et c’est un set énergique que nous offre TAGADA JONES ce soir, avec leur punk teinté d’éléments rock et metal aux textes français engagés. Fort de la renommée du groupe, qui existe depuis 20 ans déjà, le public est très nombreux dans la fosse pour assister au show des Bretons. Et le groupe le leur rend bien, l’ambiance est au rendez-vous sur scène et chez les festivaliers, le chanteur Niko chauffe le public à plusieurs reprises et établit une bonne connexion avec celui-ci, qui semble apprécier le set du groupe. Les fans sont conquis.

Setlist : "De L’Amour Et Du Sang", "Instinct Sauvage", "Le Chaos", "Yech’Ed Mat", "Descente Aux Enfers", "Tout Va Bien", "Zero De Conduite", "Cargo", "Les Compteurs A Zero", "Vendetta", "Dissident", "Superpunk", "Karim & Juliette".



Direction la Supositor Stage pour les Suisses de MUMAKIL. Officiant dans un death brutal voire carrément grindcore, le combo nous offre un set brutal, à la musique ultra violente et efficace. Avec un batteur qui blaste à fond et rapide à la double, un frontman au chant tantôt growlé tantôt grind, pas de répit avec MUMAKIL. La foule s’en donne à cœur joie, la communication avec le public est établie et l’échange entre musiciens et festivaliers bien là. Parmi la setlist, le groupe nous offre une reprise des Dead Kennedys. Le jeu de scène des Suisses de MUMAKIL reste cependant assez statique, certains festivaliers se lasseront ainsi vite de ce groupe à cause de ce manque de dynamisme sur scène. Hormis ce petit détail, voilà de quoi bien se défouler une nouvelle fois, on apprécie !!



Autre groupe de punk français dont les textes sont ici aussi chantés en français : LES SHERIFF. Au vu de leurs 15 ans d’existence, le groupe a décidé de se reformer 15 ans après le temps de quelques concerts, ils n’en sont donc pas à leurs débuts. Sous des éclairages scéniques plutôt sympa, de couleurs principalement rouge et jaune, c’est un punk rock énervé que nous propose LES SHERIFF, qui n’est pas sans rappeler des formations tels que les Ramones. Leur musique reste toutefois assez simple et répétitive, leurs textes se veulent également simples mais assez efficaces. Le public semble toutefois avoir aimé le set du groupe, et c’est le principal.



Décidément, le punk est bien présent aujourd’hui, puisqu’on reste dans ce registre avec une formation venue tout droit d’Angleterre cette fois. Ce sont les anciens de GBH que l’on retrouve sur la Supositor Stage désormais. En effet, formé à la fin des années 70, ce groupe fait partie des pionniers du punk anglais et des groupes cultes du genre avec The Exploited, dont on retrouve d’ailleurs les influences dans la musique. La foule est nombreuse, mais beaucoup de monde est également présent devant la scène d’à côté pour regarder l’installation de celle-ci en attendant le concert de BEHEMOTH, à venir juste après. On revient sur GBH, qui nous a offert un set correct et efficace, avec des morceaux entraînants et énergiques. On regrettera un problème technique rencontré sur l’une des guitares qui a vu le set s’interrompre pendant cinq minutes, avant de reprendre plus tard une fois le problème résolu, mais ce sont des choses qui arrivent et on ne peut leur en vouloir pour ça, le public ne leur en tiendra pas rigueur et a profité de la fin du set de GBH pour leur plus grand plaisir.

La soirée est déjà bien entamée puisqu’il est déjà 23h55, voilà à présent la tête d’affiche de cette deuxième journée de festival, que tout le monde attendait : BEHEMOTH. Petite information concernant le concert à venir : suite à un problème de matériel qui est resté bloqué à l’aéroport d’Amsterdam, certains groupes dont BEHEMOTH, KREATOR, TROLLFEST et TESTAMENT ont vu leur participation au festival remise en cause, et ont ainsi dû se faire prêter du matériel et les instruments par d’autres groupes sur place. On découvre donc un BEHEMOTH sans artifices ce soir, pas de maquillage ou de tenues spéciales, pas de backdrop ou de décors scéniques, et bien sûr le groupe ne joue pas avec son propre matériel ce soir. Pas facile de jouer dans ces conditions, surtout venant d’un groupe d’une telle envergure comme celui-ci, dont une grande partie du show repose sur la mise en scène et le visuel, incluant des décors et tenues spécifiques, sans oublier leur maquillage et effets pyrotechniques, mais le groupe n’a pas souhaité annulé sa venue ici, et a quand même tenu à jouer ce soir, malgré les conditions. Le jeu de scène fut donc assez simple, la communication avec le public inexistante (ça fait partie du jeu de scène du groupe, on ne peut leur en vouloir pleinement), un léger manque de motivation pour jouer s’est toutefois quelque peu ressenti, ce que l’on peut comprendre vu les conditions, mais BEHEMOTH nous a offert un set efficace, mis en valeur par un superbe éclairage scénique et un très beau jeu de lumière. Parmi les titres joués ce soir, on retrouve "Blow Your Trumpets Gabriel", "Conquer All", "Christians To The Lions", "Ov Fire And The Void", "The Satanist", ou encore "O Father O Satan O Sun !". Je regrette pour ma part toutefois que certains titres comme "Slave Shall Serve" n’aient pas été joués, probablement est ce dû au fait que les Polonais ne jouaient pas avec leur propre matériel. Quoiqu’il en soit, le pari était osé de jouer dans de telles conditions, pas évident pour un groupe de cette renommée, mais le défi est relevé haut la main, ce fut tout de même du grand BEHEMOTH, on salue leur courage et leur professionnalisme !!



On se dirige vers la Supositor Stage pour le dernier groupe de la journée. Ce sont les Suédois de SHINING à présent, avec un Niklas Kvarforth pas dans sa meilleure humeur ce soir, puisque dès les premiers morceaux il n’hésite pas à frapper la tête d’un des photographes dans le pit contre les retours de scène, ce dernier ayant visiblement dérangé Niklas dans ses déplacements. Il y va également de remarques quelques peu salaces voire à la limite d’insulter le public, c’est aujourd’hui au "Niklas des mauvais jours" que l’on a droit, au grand dam de nombreux festivaliers. Hormis cela, SHINING nous offre un set assez ordinaire, sans fioritures ni débordements comme ce fut parfois le cas lors des "excentricités" de Niklas sur scène. En cours de set, juste retour des choses après le guest de Niklas lors du concert de BENIGHTED plus tôt dans la journée, voilà que Julien de BENIGHTED fait son apparition le temps d’un guest sur le titre "Lat Oss Ta Allt Fran Varandra" pour une version de ce titre plus brutale. Parmi les titres joués ce soir, on compte également "Fortvivlan, Min Arvedel", "Manniska O’avskyvarda Manniska", "Ohm (Sommar Med Siv)" ou encore "Han Som Hatar Manniskan". Pour le reste, la basse est assez présente, Peter Huss illumine chacun des morceaux par ses sublimes solos de guitare, l’ambiance reste assez sombre et torturée dans son ensemble. Un set plutôt simple mais un bon concert dans l’ensemble pour bien terminer la journée. Il est 1h55 lorsque le set de SHINING se termine, une deuxième journée de festival de passée, c’est à présent au camping que se termine la soirée, où l’ambiance est à la fête pour certains, autour d’apéros, chansons paillardes et autres déconnades, et repos bien mérité pour d’autres, histoire de recharger un peu les batteries et garder un peu d’énergie pour demain.