MOONSPELL + ROTTING CHRIST + SILVER DUST
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
01/11/2019
Review rédigée par Matthieu
Après une rapide mais excellente interview avec Miguel Gaspar, le batteur de MOONSPELL,
les portes de la Machine du Moulin Rouge ouvrent. Et ce sont les premiers fans qui se
précipitent à l’intérieur pour préserver leur place au premier rang pour les Portugais, mais
également ROTTING CHRIST et SILVER DUST. Si la fosse se remplit timidement, je vous rappelle
que nous sommes à Paris, et que la date affiche tout de même complet...
C’est donc avec SILVER DUST que nous entamons la soirée. Un sample étrange et intriguant
nous accueille. Magma (batterie) motive déjà la fosse alors que Kurghan (basse) et Tiny
Pistol (guitare) font leur entrée accompagnés de l’écran central pour une rythmique plutôt
lourde et qui éveille la curiosité. Mais ils sont rapidement rejoints par Lord Campbell
(chant), qui avance de manière robotique pour nous offrir un chant motivant. Et il est
rapidement suivi par une figurante voilée de noir, qui semble batailler avec lui puis qui trône
au centre de la scène. "Allez Paris, c’est un grand soir !" lâche le chanteur, qui motive une
fosse qui grossit de minute en minute. Et si les growls remplacent parfois le chant clair dans
un univers qui oscille entre gothique et heavy progressif, le son est toujours aussi bon.
Haranguant la foule, les musiciens se déplacent sur leur espace de jeu, et le show continue.
"Je veux voir tout le monde les mains en l'air ! Montrez moi le signe du metal !" lâche le
frontman suisse alors que les premiers rangs lui répondent de manière positive. Et si les
morceaux se suivent, avec un solo de guitare endiablé de la part du chanteur qui récupère
rapidement un instrument (terminé avec la langue, il est bon de le noter) en collaboration
avec le claviériste de l’écran, ils sont tous introduits avec la même ferveur, qui se trouve être
fédérative ! Le chanteur réussira d’ailleurs à faire s’agenouiller puis sauter la fosse deux fois
avant de clore son set.
Setlist : "The Unknown Soldier", "House 21", "The Calling", "La La La La", "Forever".
On change d’ambiance avec le rituel de ROTTING CHRIST qui monte sur scène après un
sample inquiétant pendant le changement de plateau. Et dès les premières secondes, Sakis
Tolis (chant / guitare) nous prouve à quel point il est déterminé à retourner la fosse entière. Si
lui se place souvent au plus près des premiers rangs, les musiciens ne sont pas en reste
puisque Kostas Heliotis (basse) et Giannis Kalamatas (guitare) headbanguent en rythme
à chaque note. Themis Tolis (batterie) matraque ses fûts avec une précision et une
puissance incroyable, ce qui donne à la fois de la fureur et cet aspect ritualistique aux
morceaux des Grecs qui s’enchaînent avec quelques interventions du chanteur. "Bonsoir
Paris ! Comment ça va ? We have our album out "The Heretics" !" lâche le frontman dans un
français teinté d’accent qui sera cependant acclamé et suivi d’un mosh incontrôlé de la part
du centre de la fosse. Et si l’ensemble des spectateurs adhèrent à ce son black metal teinté
de sonorités mystiques, les réactions sont diverses. Certains restent les bras croisés à
apprécier les riffs, d’autres headbanguent à s’en décrocher la nuque alors qu’une minorité
cherche à rentrer dans son voisin afin de relancer le pit. Et c’est après "Apage Satana" repris
en choeur par la foule et "The Forest Of N’Gai" aussi sombre que calme que "Societas Satanas"
donnera raison à la dernière catégorie de spectateurs que je viens de mentionner. Plus
punk que le reste du set, il permet d’évacuer, avant de revenir au son des Grecs qui séduit
aussi facilement. A la fois accessibles et intenses, les morceaux sont repris par une fosse
unie, qui acclame le groupe entre les samples et les remerciements du chanteur. Mais le
point d’orgue est atteint sur "Non Serviam", le dernier morceau, qui fera frapper l’ensemble
des spectateurs dans leurs mains, avant de laisser le groupe repartir en coulisses.
Setlist : "666", "Dub-Saĝ -Ta-Ke", "Fire, God And Fear", "Kata Ton Daimona Eaytoy", "Apage
Satana", "Dies Irae", "The Forest Of N'Gai", "Societas Satanas" (Thou Art Lord cover), "In
Yumen-Xibalba", "Grandis Spiritus Diavolos", "Non Serviam".
Dernier groupe de la soirée et pas des moindres, c’est sur une introduction très sombre que
Fernando Ribeiro (chant) arrive avec une lanterne. Et il est rejoint par les musiciens de
MOONSPELL, qui nous offrent le titre introductif de leur dernier album. Miguel Gaspar
(batterie) et Pedro Paixão (claviers) se placent à l’arrière de la scène tandis que Ricardo
Amorim (guitare / choeurs) et Aires Pereira (basse) prennent place aux côtés du maître de
cérémonie. "Bonsoir la Machine du Moulin Rouge, nous sommes Moonspell du Portugal !"
lance le chanteur après avoir enfilé un masque de médecin de la peste. Et ce n’est pas cette
terrible maladie qui nous frappe, mais bien "1755", issue de l’album éponyme, qui va ravager
la fosse.
Totalement possédé, le chanteur, qui semblait pourtant souffrir de problèmes de
voix, nous offre une prestation dantesque, se cabrant comme un beau diable. Et même
lorsqu’il enlève son masque, il suit les autres musiciens dans le traditionnel headbang qui
ponctue les morceaux de la formation. "Nous sommes très heureux de retourner ici à la
Machine du Moulin Rouge !" lâche le frontman pour introduire "Opium", revenant sur un album
plus ancien, mais également un son plus atmosphérique, plus gothique. Et c’est à partir de
ce moment que la basse et les claviers prendront plus d’ampleur dans le mix, sans toutefois
entacher la puissance des leads, la fureur du chant, ni les frappes de la batterie. Les
spectateurs chantent en choeur avec le groupe, qui alterne entre passages planants et
moments plus lourds, sans négliger l’aspect visuel du concert. "Moonspell, Rotting Christ
et Silver Dust à Paris cette nuit. Et la nuit est éternelle !" déclare Fernando pour introduire la
sublime "Night Eternal". Les choeurs du guitariste se joignent aux vocalises du chanteur, et
les musiciens se donnent pleinement dans leur performance. Le rythme ralentit, mais
l’intensité reste la même. Les musiciens jouent avec le premier rang qui est aux anges, et on
voit le bassiste alterner entre un jeu aux doigts très propre et une rythmique plus brute au
médiator, alors que Fernando part se changer après la puissante "Mephisto". "C'est l'heure
Paris de retourner à l'album "Wolfheart"... avec une dédicace spéciale à tous les Vampires et
Vampirias…" déclare-t-il, vêtu d’une cape et d’une capuche pour introduire le titre précité,
"Vampiria". Et les fans de la première heure savourent cet instant mythique, avant que le
groupe n’enchaîne avec la suite du set. Mais le groupe s’en va après un "Alma Mater"
magistral, provoquant des haussements de voix dans la fosse. Et les Portugais ont entendu
leurs fans. C’est donc pour deux morceaux, dont le sublime "Full Moon Madness" qu’ils
reviennent pour offrir un rappel prenant à ceux qui ont décidé de rester. Il va sans dire que la
performance est acclamée.
Setlist : "Em Nome Do Medo", "1755", "In Tremor Dei", "Desastre", "Opium", "Awake", "Night
Eternal", "Breathe (Until We Are No More)", "Everything Invaded", "Evento", "Mephisto",
"Vampiria", "Ataegina", "Alma Mater".
Rappel : "Todos Os Santos", "Full Moon Madness".
La Machine du Moulin Rouge se vide peu à peu, après un passage presque obligatoire par
le stand de merchandising. Si SILVER DUST a su motiver une fosse qui arrivait à peine,
ROTTING CHRIST a motivé l’assemblée parisienne avant l’attendue performance de
MOONSPELL. Tous les groupes ont mérité leurs applaudissements, et c’est avec le sourire aux
lèvres que je me dirige vers le métro, nettement moins accueillant.