La review

MINISTRY + 3TEETH
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
07/07/2019


Review rédigée par M.B.


Cela faisait deux ans que je n’avais eu l’occasion de voir la bande d’Al Jourgensen en live. La dernière fois, c’était en 2017 sur la Main Stage du Hellfest. A cette occasion, j’avais trouvé leur son exécrable et, par conséquent, leur prestation ne m’avait pas trop convaincu. Je m’étais même demandé si MINISTRY n’était pas définitivement un groupe des années 90 et si l’âge d’or de ce style de metal n’était pas révolu. Leur concert du dimanche soir à la Machine allait me prouver l’inverse.



Mais tout d’abord, le concert s’ouvre sur la première partie, assurée par 3TEETH. Sans surprise, il s’agit d’un groupe de metal indus originaire de Los Angeles. Cette formation est assez récente puisque datant de 2013. Le groupe mené par le vocaliste Alexis Mincolla, reconnaissable par sa moustache noire et son look entre Marilyn Manson et Trent Reznor, vient défendre son nouvel album, "Metawar", sorti récemment sur le label Century Media Records. La salle est pour le moment remplie à moitié, ce qui n’empêche pas les quelques pèlerins massés devant la scène d’exprimer leur totale adhésion à la musique. Le chanteur prend des poses typiques des artistes de metal indus / goth qui rappellent le jeu de scène de Trent Reznor, le légendaire frontman de Nine Inch Nails. Musicalement, il n’y a rien de surprenant ni d’atypique dans ce que propose le quintette. Leur musique est proche de ce que font des groupes phares du genre comme Die Krupps, KMFDM ou Frontline Assembly. J’ignore si 3TEETH va rentrer un jour dans l’histoire mais ceci dit, on ne peut que reconnaître au groupe son professionnalisme ainsi qu’une certaine efficacité. La bande d’Alexis Mincolla maîtrise les codes du genre à défaut d’être créative.



Après une courte pause, place aux vedettes de la soirée : MINISTRY. Les Américains sont là pour faire découvrir au public leur dernier LP en date, "AmeriKKKant", sorti l’an dernier et qui n’est pas moins que leur quatorzième album studio. Certes, ce n’est pas leur meilleur album mais il vaut néanmoins la peine qu’on s’y attarde ne serait-ce que pour la curiosité. Le groupe a décidé de commencer par jouer l’album dans son intégralité.
Le concert s’ouvre donc sur une intro, "I Know Words", enregistrée à partir de samples d’un discours de Donald Trump contenant son fameux slogan "Make america great again". Bien sûr, tout cela est de l’ordre de l’ironie car le moins qu’on puisse dire est qu’Al Jourgensen est loin d’être un supporter du président américain ! Après l’intro, le groupe entre sur scène et commence à jouer le premier (vrai) titre de l’album, "Twilight Zone" pendant que des images (subliminales) sont projetées derrière la scène. Les titres s’enchaînent de manière dynamique jusqu’au très engagé "Antifa". Visiblement, le groupe est en forme et Al Jourgensen harangue la foule, mettant le feu à la Machine (anciennement la Locomotive). Pendant le titre "Antifa", des membres de l’équipe technique du groupe passent sur la scène, affublés de drapeaux anarchistes qu’ils agitent en rythme pendant que le groupe joue. Le temps est venu pour MINISTRY de jouer le dernier titre de l’album "AmeriKKa". Passé ce titre, le groupe peut donc passer aux classiques, piochés dans la discographie du groupe et, en priorité, dans les albums des années 90. La bande à Jourgensen enchaîne donc sur un très vieux titre, "The Missing", tiré de son troisième album "The Land Of Rape And Honey" (1988). S’ensuivent d’autres titres tirés du même disque, "Deity", puis le très agressif "Stigmata". Dans la foulée, MINISTRY interprète un autre de ses classiques, "Jesus Built My Hotrod", tiré de son album de 1992, "Psalm 69". Décidément, le groupe a décidé de nous faire cadeau de la plupart de ses classiques des années 90 puisque le prochain titre sur la liste est l’archi célèbre "Just One Fix", qui est certainement une de leurs chansons les plus connues mais aussi les plus extrêmes. Entre deux titres, Al Jourgensen en profite pour lancer un "Fuck Marine Le Pen !" qui reçoit un certain écho auprès du public. A ce moment, la tension est à son maximum dans le public et les pogos s’enchaînent dans le mosh pit. Soucieux de porter la ferveur du public à son apogée, la bande à Jourgensen continue sur sa lancée avec un autre titre culte tiré de l’album "Psalm 69", à savoir "N.W.O.". Ensuite, le groupe opère un léger retour en arrière avec un titre issu de son album de 1989, "Mind Is A Terrible Thing To Taste", faisant vibrer la salle sur les riffs futuristes et le tempo robotique de la chanson "Thieves".
Par la suite, le groupe fait mine de quitter la scène avant de réapparaître pour la traditionnelle séance de rappel. Ce soir, Al Jourgensen a décidé de nous faire découvrir la discographie d’un de ses multiples projets parallèles. Le groupe commence donc à jouer le titre "No Devotion" du groupe Revolting Cocks qui a été formé par Al Jourgensen et des musiciens belges (dont un membre de Front 242) et qui a tout de même sorti 9 LPs entre 1985 et 2010. A la différence des titres de MINISTRY, "No Devotion" sonne plus mid-tempo, voire un peu groovy et dansant. En tout cas, cela contraste pas mal avec le reste de la setlist de la soirée, ce qui n’est pas plus mal. Au final, ce concert aura été une des meilleures prestations de MINISTRY qu’il m’aura été donné de voir !

Setlist : "I Know Words", "Twilight Zone", "Victims Of A Clown", "TV5/4Chan", "Wargasm", "Antifa", "Game Over", "AmeriKKKa", "The Missing", "Deity", "Stigmata", "Jesus Built My Hotrod", "Just One Fix", "N.W.O.", "Thieves".
Rappel : "No Devotion".