La review

METAL CABARET TOUR
Ayin Aleph + The Veil + Rosa Noctürna
La Scène Bastille - Paris
07/04/2009


Review rédigée par Eniel-Obtide


Qu’est-ce qu’un cabaret ? Un film avec Liza Minnelli, oui mais encore ? C’est un spectacle de divertissement composé de chansons et de saynètes. Ce soir, ce ne sont pas Le Chat Noir ou Les Folies Bergère qui reçoivent mais La Scène Bastille à l’occasion du passage dans la capitale du Metal Cabaret Tour.



Le groupe Parisien ROSA NOCTÜRNA, actif depuis 2005, ouvre le bal avec un metal aux parfums gothiques. Des braseros factices sont posés de part et d’autre de la scène pour rajouter à l’ambiance. La chanteuse est à peine audible en début de set, ce n’est qu’au troisième morceau que le volume de son micro est réajusté. Dommage car la demoiselle maîtrise son chant et sait monter dans les aigus. Côté guitares ces messieurs se font plaisir : ils alternent les solos, jouent face à face et l’un d’eux descend au milieu du public. Sur ce plan là, le groupe ne se sera pas laissé démonter par une salle très peu remplie (nous étions une trentaine à peine) et applique la philosophie du verre à moitié plein. Peu de gens sont présents ? Ils décident d’en rire avec un résonnant "Merci d’être venu si nombreux". Le guitariste nous parle entre chaque chanson, en profite pour remercier un grand nombre de personnes et annoncer leurs prochains concerts. ROSA NOCTÜRNA n’en est pas à son premier essai puisqu’il a déjà sorti un EP "Led By The Flows" en 2006 et le prochain, intitulé "In My Darkest Dreams", ne saurait tarder. Leur prestation, ma foi sympathique, dure 30 minutes. Ils remercient une dernière fois le public puis partent dans les coulisses.



Sur scène on s’affaire à démonter une partie du matériel pour installer celui de THE VEIL. Haaa ! Presque un an après avoir connu ce groupe par l’entremise de sa chanteuse Jensara, sans pouvoir venir à aucun concert, je vais enfin le voir ! THE VEIL nait en France en 2004 de l’association de Ben Notox (claviers / samples) et Jensara Swann (paroles / chant). Aujourd’hui, le duo est devenu un quintette qui compte à son actif une démo "Sleeping Among Serpents" éditée en 2006 ainsi qu’un EP "Vestige" sorti en 2008. Les lumières se baissent tandis que les 4 garçons prennent place, le sample se lance et voici qu’apparaît Jensara. "Labyrinth", "Revelation 12", "Voodoom" : des titres que je n’ai pu qu’écouter sur le MySpace du groupe pendant des mois… Je bois du petit lait ce soir. La salle –elle- a toujours du mal à se remplir, mais quand la chanteuse exhorte les gens à se rapprocher, tout le monde avance spontanément. THE VEIL nous offre une musique alliant metal, electro et influences industrielles / gothiques. Le show est énergique, les membres headbanguent (aille la conjugaison !) tout en encourageant le public à faire de même. Détail qui a son charme, le groupe utilise pour ses samples des bandes magnétiques à l’ancienne. Visuellement comme musicalement, le concept marche à merveille. Le set se finit sous les applaudissements, ces 40 minutes sont passées trop vite à mon goût.



Le moment approche où AYIN ALEPH commencera son show. Un an s’est passé depuis que je l’ai découverte en première partie de Samael. La dame est originaire de Russie où elle a appris à jouer du piano à 4 ans, pas étonnant donc de voir la scène réorganisée autour de son instrument. AYIN ALEPH est avant tout un projet solo (du nom de sa créatrice), parmi les musiciens présents ce soir se trouve Jean-Jacques Moréac, bassiste du groupe Misanthrope. C’est l’heure, AYIN ALEPH s’avance dans le silence le plus total et entame au piano une intro de Bach. "My Bloody Marriage" prend le relai et je retrouve ce qui m’avait plu dans le concept du "groupe". AYIN ALEPH c’est un peu comme un ovni : mêlant aussi bien metal et classique, la musique est complétée par l’interprétation baroque et hallucinée de sa créatrice. Cette dernière possède un registre vocal très varié qui lui permet presque tout : elle passe en un clin d’œil du registre lyrique à une voix profonde, elle susurre puis prend des accents hystériques avant de descendre dans les graves. Le visuel et particulièrement les tenues ont une place importante dans le show ; ainsi pour l’ouverture, AYIN a choisi une robe en résilles blanches avec des empiècements pailletés verts pour un effet graphique… un minimum habillé. Le set est "découpé" en plusieurs tableaux à la fin desquels la chanteuse quitte la scène pour changer de tenue tandis que les musiciens entament un morceau instrumental. Nous sommes au cabaret : les saynètes défilent avec une "frontwoman" successivement en robe cocktail noir aux écritures dorées, nouvelle robe résille dont les parties tissus dessinent une croix en laissant apparaitre des dessous chair, ou encore en ensemble de lingerie noir à frou-frou blanc agrémenté d’un grand nœud en faux-cul. Chaque nouvelle tenue est accueillie par des acclamations et des cris (proportionnels au degré de provocation bien évidemment) auxquels l’artiste répond en agitant les bras et en rajoutant une couche. Nouvel intermède avec un solo de batterie puis elle réapparait dans une grande tunique de toile éclaboussée de sang. Ultime excentricité, AYIN ALEPH décide toute seule de prolonger le show d’un morceau, malgré les protestations du représentant de la salle, et finit sa prestation allongée au sol comme morte.

Setlist : 1."Bach intro" - 2."My Bloody Marriage" - 3."Grey Ashes" - 4."Modulation n°1" - 5."Aleph" - 6."Valpurgis Night" - 7."The Purchase Of The Cathedral" - 8."Modulation n°2" - 9."Es Muss Sein" - 10."Army Of Love" - 11."Sebastian’s Prayer" - 12."Black Roses" - 13."Modulation n°3" - 14."Alcove Rhapsody" - 15."Foad" - 16."I came" - 17."Tomek solo" - 18."Greed".

Le cabaret se referme sous les applaudissements. Il est 22h50 braves gens ! Nous quittons la salle tandis que certains espèrent prendre une photo avec les artistes. Le trottoir s’est transformé en lieu de délibération, chaque groupe avait ce soir ses admirateurs… Pour ma part je n’ai pas trouvé de réel lien entre les styles de ROSA NOCTÜRNA, THE VEIL et AYIN ALEPH mais est-ce vraiment important ? La diversité des groupes en concert a cet avantage de nous réserver parfois de bonnes surprises.