La review

MEMENTO MORI FEST 2
Deviate + Eths + Headcharger + Hewitt + Bloodshot + Dollsex + Dark Sensation + Planey + Last Breath Messiah + When Blood Burns + Recidiv
Coliseum - Charleroi (Belgique)
24/01/2009


Review rédigée par Ichigo


S’il y a bien un festival débutant qui fait fureur, c’est le Memento Mori Fest. Une première édition sold out en 2008 et une seconde qui a ramené des gens des quatre coins de la Belgique avec son affiche très branchée HxC et surtout la reformation tant attendue des Bruxellois de DEVIATE, qui ont décidé de refaire surface après cinq ans de pause. Voici donc le compte rendu d’un bien beau 24 Janvier, rempli de découvertes !



On commence avec un peu de retard. Les gens sont entrés, examinent la belle salle qu’est le Coliseum (ancien théâtre doté d’une magnifique architecture et d’un assez bon son généralement) tandis que les balances ne sont toujours pas terminées. Certains fileront directement au bar afin de commencer la journée comme il se doit mais heureusement, les derniers réglages prennent fin et le premier groupe, à savoir RECIDIV ouvre le bal. Le groupe originaire de Braine-l’Alleud nous offre un son pas mal hardcore histoire de bien rappeler au public à quoi il devra s’attendre pour le reste du jour. Celui-ci, déjà très présent pour un groupe d’ouverture se montre enthousiaste et les premiers pits se forment déjà (et ne cesseront plus de tout le festival d’ailleurs). Le set sera d’une durée d’une demi heure (et il en sera de même pour les six groupes suivants, jusqu’à Hewitt) et composé majoritairement de titres de leur nouvel EP 6 titres éponyme. Si musicalement, le groupe ne brille pas par son originalité ni par son aisance sur scène, le chanteur Morgan rattrape le tout avec sa grande motivation ! A préciser aussi le duo avec Sly de No Brain sur "Rape Our Souls, Weapons Reply" qui a bien plu au public, et ce à juste titre !



Les deuxièmes à monter sur les planches sont les bruxellois de WHEN BLOOD BURNS chargé d’un metal-hardcore tout simplement ravageur. Guidé par deux chanteurs, respectivement nommés Fabian (le côté hardcore) et Gaeten (le côté metal), tous deux très à l’aise sur scène à l’image des autres gars, ils nous assèneront un set énergique et très précis à tous les niveaux, avec des chansons tirées je suppose de leur démo "DIY" sortie en 2007. Pour ne rien enlever à tout ça, le choix des lights se montre très bon lui aussi, et c’est dans la joie et la bonne humeur que le public conquis se jettera à corps perdu dans mosh pits et circle pits en tout genre. Attention, groupe prometteur à surveiller de très près que nous avons là.



Les mecs de LAST BREATH MESSIAH nous viennent de Mons et n’en sont pas à leur premier concert dans la région. Bien au contraire, les échos à leur égard sont extrêmement positifs et dès la fin de WHEN BLOOD BURNS, on devine que le public est acquis d’avance. Les ayant vus de très loin au Namrock, j’étais assez curieuse quant à ce qu’ils avaient dans le ventre pour avoir une réputation pareille. Eh bien croyez-moi, je l’ai compris très vite. En effet, LBM se situe entre le "simple" metal, le death et le hardcore et le font très bien à coup de riffs accrocheurs et de batterie percutante (on retrouvera d’ailleurs Jonas de DARK SENSATION et Komah derrière les fûts). Pour continuer niveau line-up, on retrouvera Sly cité plus haut mais à la gratte cette fois, et également un Fred (chant) qui assurera avec charisme et humour, de temps à autres aidé par des membres de RECIDIV. Les réactions du public y sont allées crescendo, de même que les pits pour un show tellement excellent qu’on a vraiment l’impression qu’il n’a duré que trop peu de temps.

J’ai toujours eu du mal avec PLANEY. Je conçois parfaitement qu’ils aient un très bon niveau pour leur jeune âge et que beaucoup apprécient, j’adore le death metal, mais les groupes à tendance "gruik gruik" me plaisent tout de suite beaucoup moins. J’en ai donc profité pour aller manger une fois les balances commencées et suis revenue tout juste à temps pour les Bruxellois de DARK SENSATION.



Avec Komah, il s’agit sans aucun doute possible du groupe du moment : ça plait aux jeunes par son côté Hatesphere comme aux plus mûrs par son côté plus HxC. Une intro plutôt singulière se lance : un mix entre "I Don’t Want To Set The World On Fire" de The Ink Spots et de "Hello Humanity" tiré du premier EP du groupe, "Fall Of Duty" ; original et surprenant, voilà qui nous change des banales intros classiques (quand il y a une intro). C’est donc un Jonas à la batterie, un Chris à la gratte, un Bruno au chant et un Nico à la basse qui s’empareront de la scène, tous plus motivés les uns que les autres de jouer en face d’un public tout de suite plus chaud et nombreux, et bien sûr de jouer à la même affiche que DEVIATE (cf maillot de Bruno) ! Personnellement, j’accrochais déjà bien à "Fall Of Duty", mais je dois dire que les morceaux prennent une tout autre dimension en live… et quelle putain de technique ! Sans chercher à faire dans le pompeux ou trop compliqué, on peut dire qu’ils misent sur l’efficacité pour mieux régner : des riffs carrés et accrocheurs, une batterie de fou furieux et un chanteur au charisme parlant, qui incite au respect. Niveau set, on comptera trois titres de "Fall Of Duty" ("Hello Humanity" bien sûr, "Beyond The Pain", et "Undying"), mais surtout un beau paquet de nouvelles bombes issues de leur premier album "Trendkill" qui sortira bientôt telles que "Glass Full Of Hate", "Death Machine", "We Are Our Own Gods", "FNG", "My War", de même qu’une reprise de "Spiral" du groupe Stake (ancien groupe de Bruno). Autant de morceaux pour un set qui paraîtra pourtant cruellement court. Avec une telle motivation de se faire connaître et de se donner à fond, DARK SENSATION ira loin, c’est un fait ! Et avec la claque je me suis prise, je n’ai qu’une chose à dire : vivement que "Trendkill" sorte !!!



Il était enfin temps pour moi de voir DOLLSEX. Adorés dans la région par un public en moyenne assez jeune qui ne jure que par eux, menés par un nouveau chanteur depuis quelques temps déjà et le retour de Niko (actuellement dans Mystica) à la batterie pour compléter l’histoire, ils ont fait couler pas mal d’encre et donc j’étais curieuse de les voir. Mais à l’inverse des autres groupes, ma curiosité a vite tourné en déception. Un son majoritairement perturbé par un grésillement qui à la force deviendra vraiment dérangeant en sera la première cause. Alors si musicalement c’est plutôt bon (bien que les anciennes compos sont meilleures), le choix du nouveau vocaliste me laisse perplexe car à ce niveau, c’est loin d’être bon…tout autant techniquement (le chant clair surtout fait mal) que scéniquement parlant (pas de présence particulièrement dégagée, peut-être que cela viendra avec le temps). Les autres membres quant à eux, tous de blanc vêtus bougent comme ils peuvent et ont l’air de s’amuser tout de même devant une fosse radieuse qui se complait dans les circles pits avec juste le temps minimum d’arrêt entre les chansons en guise de pause.



Dernier groupe à jouer une demi heure, c’est au tour de BLOODSHOT de se lancer sur la scène avec un hardcore qui non, n’est pas révolutionnaire ; qui oui, respecte toutes les règles, mais qui le fait avec professionnalisme pour une musique de qualité, et ce qu’on soit fan du style à la base ou pas ! Comprenant Shaun de Suhrim et Hellgium à la guitare, et Stef comme frontman, totalement impliqué dans son jeu et impatient de revoir DEVIATE sur scène, les Bruxellois (et oui encore…) délivreront un set de pure folie qui malgré tout m’a semblé durer plus de 30 minutes (et tant mieux), agrémentées de dédicaces à tout va en faveur des groupes, du public, etc… En parlant de celui-ci, la différence des gens formant le pit est flagrante en comparaison avec DOLLSEX : les jeunes métalleux ont laissé place aux coreux, toujours plus nombreux et toujours plus fous! Et pour le plus grand plaisir de tout le monde, le chanteur de LAST BREATH MESSIAH monte sur scène afin de partager un morceau avec BLOODSHOT ! A revoir, donc !



Les choses sérieuses commencent à présent. La première des têtes d’affiche, HEWITT ! Les Français bénéficient déjà d’une belle petite notoriété, même si elle est majoritairement due à la présence de Fred, le batteur de Pleymo. On commence avec une intro classique : "The Omen" de la BO du film "Damien-La Malédiction" (que Machine Head utilise aussi au passage). Au programme : 40 minutes d’émocore bien ficelé et très bien présenté même si je l’avoue, c’est loin d’être ce que je préfère ordinairement. Mais Jay assure parfaitement ses parties, autant le chant clair que hurlé, et il en va de même pour tous ! Parce que le groupe de donne à fond et croit tout simplement en ce qu’il fait, et ça se voit ! Tous headbanguent beaucoup, se démènent dans tous les sens et s’évertuent à faire bouger le public, ce qui aura l’effet d’un raz-de-marée : des slams tout le temps et partout, des mecs qui montent sur scène, d’autres qui s’en jettent, le public (essentiellement composé de jeunes) est aux anges d’avoir un tel échange avec le groupe, car il s’agit bien d’un échange. Belle prestation en clair !



On continue dans le Frenchy en chemise à carreaux avec HEADCHARGER, nous venant de Caen et contents d’être de retour en Belgique pour remettre une couche de leur rock metal dans les oreilles des gens. Une intro aux sonorisations orientales d’un joli effet précède l’arrivée du groupe et on est partis pour 40 minutes de set aux passages accrocheurs et catchy (bien que plus hard par moments). et interpréter les morceaux de leurs deux albums, même si ceux de leur deuxième opus "Watch The Sun" priment largement ("You Wanna Dance You Gotta" par exemple). Scéniquement, ça rend très bien : tous les membres font preuve de beaucoup d’aisance sur scène et Seb (chant) s’amuse à jouer avec son micro et danse tout simplement, sans prise de tête. Il assurera son chant hurlé sans aucun problème ainsi que la majorité du chant clair. Le public quant à lui s’amuse, danse et chante en cœur de la musique tandis qu’un petit groupe d’irréductibles arrivera quand même à former un pit durant la totalité du concert. Personnellement, ce qu’ils font n’est pas vraiment ma tasse de thé donc j’ai plutôt regardé ça de loin, mais n’empêche que ça fait du bien de changer un peu du reste des groupes partageant l’affiche. Et puis chapeau pour le jeu de lumière, très recherché et varié !



C’est là qu’on arrive à ETHS… groupe pour lequel, comme d’habitude, énormément de fans se sont rassemblés et campent devant la scène depuis le matin ; pour lequel, comme d’habitude, des fillettes pleurent en apercevant Candice passer ; pour lequel, comme d’habitude les gens se mettent à hurler le nom de Candice dès que quelque chose bouge sur la scène… bref, un concert de ETHS par excellence. Le soundcheck se fait, les poissons complètent le décor, l’intro se lance, les membres arrivent tous d’un coup et c’est le rugissement du côté public. On commence avec le doublet "Samantha" / "Crucifère" et s’en suivra des un melting pot de "Soma" ("Détruis-Moi", "Infini") et de "Tératologie" ("Bulimiarexia") avec une dominance pour ce dernier (à mon grand désarroi). Si les Marseillais varient toujours leur setlist, leur show reste toujours aussi précis et carré au millimètre près. Les lights mettent une ambiance glauque et malsaine qui colle si bien à la musique et qui montrent une Candice (visiblement très fière de sa nouvelle tenue, surtout de son pantalon…) à la gestuelle plus provocatrice que les autres fois où je les avais vus, sans oublier les scènes d’agonie où la jeune femme rampe à genoux sur scène en hurlant ses textes. Vocalement parlant, même si le son du micro est un peu trop en dessous de celui des guitares, sa voix hurlée en live reste toujours impressionnante contrairement à son chant clair qui a déjà été bien meilleur (même si, c’est vrai j’ai beaucoup de mal habituellement à me faire à son timbre). Le public, lui est… comment dire, dans un véritable état second : en effet, dès que Candice met un pied sur le retour ou tend la main à quelqu’un, c’est une quinzaine de personnes qui lui sauteront dessus et qui ne la lâcheront qu’à grand regret. Mais cela prend tout de même un petit air touchant lors de "Bulimiarexia", où la chanteuse est à cheval sur un retour et chante main dans la main, yeux dans les yeux de ses fans... Pour lesquels ce show fut le plus merveilleux de leur vie sans aucun doute. Personnellement c’est le moins bon que j’ai vu d’eux et ce malgré leurs qualités qu’on ne peut nier… Peut-être une autre fois, dans une région où ils seront un peu moins considérés comme des dieux !



L’édition précédente, une fois le set d’ETHS terminé, la salle s’est vidée de manière phénoménale, ne laissant qu’une poignée de personnes pour Angel Crew. Mais cette année, les choses ont changé et la salle reste pleine car les gens veulent assister à ce grand évènement qu’est la reformation de DEVIATE. Pour rappel, le groupe formé en 1991 est rapidement devenu l’un des poids lourds du genre en Belgique et en dehors, a joué avec tout ce qu’il est possible de souhaiter (Slayer, Pantera, Sepultura pour ne citer qu’eux) et ce jusqu’au Japon même. En Décembre 2003, leur tout dernier concert à l’Ancienne Belgique de Bruxelles est immortalisé en DVD et il s’en est fini ainsi de l’aventure DEVIATE… du moins, à ce qu’on croyait. Car après avoir bougé avec Angel Crew pour Danny et avec Length Of Time pour Kirby, ils décident de reformer la bande en apportant tout de même quelques changements de line-up (deux Liégeois à présent en font partie), ce qui leur vaudra un procès avec Laurens Kusters, ex-membre qui ne tenait pas à ce que la reformation ait lieu sous le patronyme de "DEVIATE". Bien heureusement, le groupe remporte le procès et n’a donc pas à changer de nom après presque vingt ans d’existence… Nous voilà donc en ce 24 Janvier, fin de soirée et les derniers ajouts sont administrés à la scène : lumières en plus et écrans pour permettre à tout le monde d’avoir une vue au moins correcte sur la scène. Les lumières s’éteignent, les gars arrivent un à un jusqu’au moment ou Danny fait son entrée sous les exclamations des fans de la première heure, tous réunis et émus, prêts à profiter un maximum de ce concert que ce soit dans les pits ou pas. Un beau best of de leurs meilleurs titres nous est envoyé en plein dans la face et même si au niveau de la mise place, on sent que la reprise est encore un peu difficile et que Danny surtout est encore un peu rouillé. Tout se passe à merveille sinon, tout sonne comme ça doit sonner, le groupe a l’air de prendre son pied, et se sentira de plus en plus à son aise au fur et à mesure. Mais quand on voit DEVIATE en live, on comprend tout de suite de qui s’est inspiré toute la vague hardcore (du pays surtout), on comprend quelle est la source de toutes ces influences, ne serait-ce que des groupes qui ont joué à ce même festival, ce même jour, avant eux. Au fil des chansons, le frontman incitera la foule à bouger encore plus, aux moshs et aux stages divings comme la tradition le veut (ce qui au passage, vu la hauteur de la scène n’est pas des plus évidents) et les fans sont heureux ! Une ambiance de solidarité et de joie règne dans la salle, et sur les deux côtés de la scène, on remarquera une multitude de membres mais surtout de chanteurs des groupes précédents, scandant les paroles, se les répondant d’un côté à l’autre de la scène, même Ross de Length Of Time est présent et, joint à Bruno de DARK SENSATION, pique le micro d’un des gratteux de DV8, l’espace de quelques secondes. Après une heure de jeu et un rappel, il est temps pour le groupe de se retirer de scène et au public de se remettre de ses émotions pour certains et d’échanger ses impressions pour tout le monde. DEVIATE est de retour mes amis et on l’espère pour longtemps encore, alors préparez-vous !

Suite à ça, Eagles Road a assuré une "after party", avec leur look kitsch et leurs reprises des tubes des années 80 que tous les poivrots de la soirée chantent de bon coeur, une bière à la main et la chaleur au cœur… Je n’ai assisté qu’au début de leur prestation, faute de fatigue… Mais ce qui est certain, c’est que j’ai passé un excellent festival qui m’a permis de faire de très bonnes découvertes ! En tout point meilleur que la première édition ! Ca promet pour la suite !

Photos Eths et Deviate tirées de : http://monsunphotosconcerts.skyrock.com