La review

MAYHEM + GAAHLS WYRD + GOST
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
05/11/2019


Review rédigée par Matthieu


Dernier concert de cette folle série, c’est devant la Machine du Moulin Rouge que je reviens à présent pour les ténèbres de MAYHEM et GAAHLS WYRD, accompagnés du petit ovni musical qu’est GOST. La date affiche finalement complet, mais les amateurs de noirceurs ne semblent pas vraiment pressés de rentrer dans la salle.



C’est donc GOST qui ouvre cette soirée avec des lumières tout bonnement ignobles (il faut dire ce qu’il est) et des flashs incessants voir même épileptiques. "Hey what’s up we’re GosT !" lâche le chanteur avant de se lancer dans un hurlement viscéral digne des grands noms du black metal sur une rythmique qui mélange synthwave, gothique et metal indus. Arpentant la scène en vociférant ou en matraquant son clavier, le frontman attire les regards, si tant est qu’on peut le voir dans cet enfer lumineux, laissant son bassiste headbanguer sur sa position, comme s’il était mort à l’intérieur. Et si l’ambiance nightclub gothique est réussie, que les membres sont volontaires et le son plutôt bon, les amateurs sont vraiment peu nombreux. Mais le set est court, et les applaudissements sont tout de même là pour soutenir le duo.

Setlist : "Relentless Passing", "Wrapped In Wax", "Genesee Avenue", "Timeless Turmoil", "Ligature Marks", "Garruth", "Push", "Severance".



On entre dans le vif du sujet avec GAAHLS WYRD qui s’apprête à monter sur scène, devant une salle finalement comble. C’est sur une introduction calme que les musiciens prennent place sur le devant de leur espace de jeu, et lorsque la rythmique débute, Gaahl (chant) s’avance, lentement mais d’un pas assuré. Et comme à chaque fois, c’est la même claque : l’homme au charisme incroyable est également doté d’une voix surpuissante qu’il sait exploiter autant dans un chant clair mystique que dans des hurlements, et il l’utilise à la perfection. De chaque côté, Eld (basse), Lust Kilman (guitare) et Ole Hartvigsen (guitare) haranguent la fosse, headbanguent et se place au devant des spectateurs, tout en se déplaçant de manière millimétrée pour laisser la place au colosse sombre vêtu d’une veste en cuir, qui captive l’assemblée. Que ce soit sur un blast fougueux de Spektre (batterie) ou des passages plus atmosphériques, l’intensité ne faiblit pas, et le rituel des Norvégiens se poursuit, avec quelques cornes pointées vers le public de la part du chanteur. Les lumières subliment chaque ambiance, et les titres s’enchaînent sans un mot. Même lorsqu’un souci technique contraindra la formation à patienter quelques instants, le frontman ne bouge pas, sa main dressée vers le ciel et son pied ancré sur le retour. Et la tornade reprend sur "Ek Erilar", qui lance les hostilités dans la fosse, qui se calmera cependant bien vite avec l’arrivée de la douce "Carving The Voices". Les musiciens ne perdent pas une seule seconde pour jouer entre eux, se séparant à nouveau à l’arrivée du maître qui mène clairement la danse, et c’est dans cette même ambiance éthérée et sombre que le concert se finit sans aucun mot.

Setlist : "Ghosts Invited", "Fra Mitt Gamle…", "Wound Upon Wound", "Ek Erilar", "Carving The Voices", "From The Spear", "Alt Liv", "Prosperity And Beauty", "Through Past And Past", "Exit", "Through Carved Stones".



Lors de son dernier passage, MAYHEM avait surpris par un excellent son, et le sample introductif qui voit l’installation d’Hellhammer (batterie) derrière son impressionnant kit ainsi que de Teloch et Ghul, les deux guitaristes, laisse présager une excellente surprise. Et lorsque le coup d’envoi est donné, avec notamment l’arrivée en trombe de Necrobutcher (basse) ainsi que les pas lents et lourds d’Attila Csihar (chant), c’est la confirmation. Le frontman, masqué, semble totalement possédé par une énergie nouvelle, et la rythmique est tranchante à souhait. Le bassiste regarde la foule d’un oeil mauvais, pendant que les guitaristes headbanguent sur leur position, laissant au chanteur la possibilité d’attirer tous les regards, notamment grâce à son jeu de scène mi-mystique mi-théâtral et ses hurlements.
En proie à une démence scénique, le groupe enchaîne les titres avec une fosse qui part dès le deuxième morceau, et les membres semblent s’en amuser, haranguant parfois les spectateurs. Les lumières accompagnent parfaitement cet ouragan de noirceur concentré, ainsi que les diverses vociférations du frontman. Les leads transpercent littéralement l’assemblée et la fumée s’invite au tableau, permettant aux membres de s’y dissimuler en jouant, prenant dès lors l’aspect de silhouettes menaçantes. Décidé à jouer la carte de la scénique à font, Attila ira chercher une croix en os pour "Bad Blood", et l’agitera au-dessus de ses fidèles. Les titres s’enchaînent sans réelles pauses entre les morceaux, et c’est une fosse totalement acquise à la cause de MAYHEM qui moshe ou headbangue de manière totalement incontrôlable. Les psalmodies impies du chanteur accompagnent une rythmique toujours aussi puissante, et c’est vers le milieu du show qu'interviennent les morceaux les plus connus. Non sans quelques changements de costumes. Teloch se retrouve alors dissimulé sous une capuche et Attila se débarrasse de son attirail pour jouer avec son crâne fétiche lors de l’enchaînement "Freezing Moon", "Pagan Fears", "Life Eternal" que tout le monde attendait, avant de nous envoyer en pleine face un "De Mysteriis Dom Sathanas" des plus noirs. Une bande-son nous interrompt dans cette transe, et le show reprend avec la violente "Deathcrush", qui a certes divisé la critique mais qui est toujours aussi efficace sur scène. Et la fin du set reste dans ce même esprit de violence impie avec notamment un "Pure Fucking Armageddon" final dantesque qui vaudra au groupe des applaudissements bien mérités.

Setlist : "Falsified And Hated", "To Daimonion", "Dark Night Of The Soul", "A Bloodsword And A Colder Sun, Part II", "Bad Blood", "Malum", "Symbols Of Bloodswords", "Invoke The Oath", "Freezing Moon", "Pagan Fears", "Life Eternal", "De Mysteriis Dom Sathanas", "Silvester Anfang" (sur bande), "Deathcrush", "Chainsaw Gutsfuck", "Ancient Skin", "Carnage", "Pure Fucking Armageddon".

Les ténèbres se dissipent peu à peu au fur et à mesure que les spectateurs quittent la salle. Si GAAHLS WYRD et MAYHEM nous ont régalés avec deux sets à la hauteur de leur réputation légendaire, GOST, en bon ovni musical de la soirée, a peiné à convaincre mais a tout de même séduit une poignée de curieux qui n’étaient pas au bar à pester sur la présence du groupe à ce moment-là. Nous remercions en tout cas Garmonbozia pour la soirée, qui était excellente !