La review

MAIN SQUARE FESTIVAL
Queens Of The Stone Age + Pleymo + Gojira + Damian "Jr. Gong" Marley
+ Roméo Elvis + Jungle + Nekfeu + Paul Kalkbrenner
La Citadelle - Arras (62)
06/07/2018


Review rédigée par Antoine


La saison des festivals bat son plein à nouveau en ce début de mois de Juillet et c’est à nouveau à la Citadelle d’Arras d’ouvrir ses portes pour trois jours de musique sous toutes ses formes ! Mais plutôt des formes énergiques. Entre le rock, l’electro et le hip hop, tu n’as que peu de temps de te reposer ! Le programme rassemble sur deux scènes des artistes très variés comme d’habitude sur ce festival éclectique. Un événement qui n’hésite pas à proposer notamment GOJIRA, Damian Marley ou Nekfeu sur la même scène et la même journée !



Le temps d’arriver à la Citadelle, j’arrive pour le concert de Damian "Jr. Gong" Marley donc autant dire que même si on est sur du reggae, là on est quand même sur du gros son ! Si à ça on ajoute la victoire encore toute chaude de la France contre l’Uruguay à la Coupe du Monde de football, et donc un public bouillant et n’arrêtant pas de scander "on est en demi !" avant l’arrivée de Damian. S’ensuit la Marseillaise reprise en cœur et un clap. Difficile de faire mieux pour une entrée en la matière ! Certains trouvent le reggae ennuyeux ? Alors qu’ils viennent voir un des concerts du Junior Gong parce qu’il arrive à mixer le côté posé général du reggae avec un son actuel très electro et plein de basses. Un très bon exemple est le morceau en duo avec Skrillex qu’il interprète en deuxième, le très rythmé "Make It Bun Dem". Le concert se poursuit dans un mélange de son répertoire et des reprises de son paternel, il aurait bien tort de s’en priver surtout que personne ne lui dira non. Et qui se refuserait à écouter un peu de Bob Marley live ? Personne à n’en pas douter. Avec tout ça, je peux vous assurer que le public est déjà bien chaud, et il choisit bien sa setlist avec entre autres un "Punky Reggae Party" surpuissant ! Ce soir, ce n’est pas welcome to the jungle mais bien welcome to Jamrock ! Et en prenant la route pour Zion, on prend notre pied sur "Exodus", "Is This Love", entre autres. Pour moi, c’est une grosse claque que nous envoie ce dreadeux jamaïcain de talent, le dernier des fils Marley sait comment faire jumper le public !

S’ensuit le concert de ROMEO ELVIS, un artiste belge pendant le match qui amènera la Belgique en demi-finale, ça vous assure l’ambiance aussi, surtout que les Belges sont présents en nombre, on le voit bien aux maillots des diables rouges !



Passer de ROMEO ELVIS à GOJIRA, il y a un sacré gap ! Mais GOJIRA sait comment mettre l’ambiance dans un festival où pourtant ils ne jouent pas que pour des oreilles attentives. GOJIRA n’en est pas à son premier festival hors metal mais dès les premières notes, on remarque vite la tête de certaines personnes qui ne devaient pas s’y attendre. Surtout en démarrant sur "Only Pain", les gens ont droit à un bel échauffement, la setlist assez classique pour le groupe reste quand même très puissante, ils ont entre autres joué "The Heaviest Matter Of The Universe", "Love", "Backbone" et "Vacuity", comme quoi ils ne cherchent pas la facilité pour s’emparer de cette citadelle d’Arras.
Lorsque vient le moment d’interpréter "Flying Whales", des vraies fausses baleines volent dans le public, le groupe joue le côté interactif avec le public et certains sont tellement chauds qu’ils chevauchent les baleines, une nouvelle méthode de slam / rodéo plutôt originale ! Comme à son habitude, c’est un morceau qui fait office de thermomètre pour le public, plutôt chaud et motivé aujourd’hui. Le groupe étant peu présent en France cet été, il y a fort à parier que certains ne sont venus que pour voir les Basques et ils se sont donc bien défoulés. Malgré tout, le public et le groupe ont encore de l’énergie à revendre car il n’y a que la moitié du set de joué et avec GOJIRA, on sait que le maître-mot c’est l’intensité. Le seul temps mort que l’on pourrait considérer en tant que tel, c’est "Terra Inc.", judicieusement placé après ce qu’on peut considérer un peu comme le point d’orgue de leur concert : "Backbone". Et ce Backfuckingbone ne fait pas exception, c’est un raz-de-marée sonore, les corps s’entrechoquent dans la foule, toujours aussi implacable. Joe fait un peu l’historique du groupe et rappelle qu’ils ont beaucoup tourné dans la région à leurs débuts, avec leur premier tourneur qui venait de Saint Quentin. Le souvenir qu’ils en conservaient, c’était celui d’une région très rock / metal, comparé à leur pays basque natal. Si ce n’est pas un défi lancé au public pour tout retourner, je ne sais pas ce que c’est… Et le résultat est sans appel, bien qu’aimant ce groupe au-delà du raisonnable, j’avais peur que ça n’accroche pas trop avec le public plus généraliste du Main Square… Erreur ! On ne va non plus comparer ça à un concert que le groupe donnerait dans le milieu metal où ils sont déjà assurés du succès. Là, c’était un gros défi, mais comme au Rock In Evreux l’an dernier ils ont su s’imposer.
Le côté scénique qu’ils ont développé participe à ce succès, notamment la pyro. La pyro, ça impressionne toujours, la fumée aussi, les confettis… pas sûr qu’ils étaient indispensables ! En n'utilisant ces effets que sur un morceau à chaque fois, on ne peut pas non plus parler de show à l’américaine. Ce qui était plus intéressant à mon sens, c’était le grand écran derrière le groupe qui diffusait des paysages dépouillés, des dessins de Mario ainsi que des éléments graphiques que l’on retrouvait déjà dans les artworks des différents albums. A la différence d’autres groupes, GOJIRA ne se cache pas derrière cette mise en scène, ce qu’on retient du concert c’est surtout les quatre potes du Pays basque qui impressionnent encore et toujours malgré le nombre de fois où on peut les avoir vus sur scène. Et ce n’est pas le dernier morceau que l’on entendra qui prouvera le contraire. "Vacuity", c’est juste un condensé de ce que propose le groupe. Bref, GOJIRA a retourné la Citadelle !

Setlist 1. "Only Pain", 2. "The Heaviest Matter of the Universe", 3. "Love", 4. "Stranded", 5. "Flying Whales", 6. "The Cell", 7. "Backbone", 8. "Terra Inc.", 9. "Silvera", 10. "Liquid Fire", 11. "The Shooting Star", 12. "Vacuity".



Bon, on ne va pas se mentir, n’enchaîne pas un set de GOJIRA qui veut ! Et j’ai beau avoir beaucoup écouté PLEYMO jusqu’à la fin de la Team Nowhere, on ne joue pas dans la même catégorie. Mais ils l’avouent eux-mêmes, "Face à Gojira, on est des Pleymobil !". Il ne faut pas se méprendre non plus, PELYMO c’est une machine sacrément bien huilée et ils ont raison de vouloir marquer leur retour. La Team Nowhere, ça reste un pan du metal français, que l’on aime ou pas le genre.
On retrouve un groupe en grande forme même si ça fait toujours étrange de le revoir après autant de temps, je m’attendais à beaucoup moins honnêtement. La première impression passée, on peut enfin apprécier le concert comme il se doit et il y a bien des paroles qui résument leurs concerts c’est "Ce soir on joue les barbares et Pleymo fout la foire", plutôt vrai ! Pour un retour, on ne s’attendait pas à les voir en demi-teinte de toute manière et ils ont sorti tous les classiques parce que ce soir, c’est grand soir ! On sent vite monter l’adrénaline en nous, j’avoue c’est un peu le côté nostalgique qui parle sur ce concert mais j’espère bien quand même qu’on ne restera pas que dans le passé avec PLEYMO et qu’il y aura bien un avenir aussi. A les voir jouer sur scène, on dirait bien qu’ils sont repartis pour un nouveau tour, for a new wave. Tout le monde se lève dans la génération hardcore, on dirait bien que l’intérêt pour le groupe est toujours présent et cette prestation était plus que convaincante. Depuis le temps, ils ont peut-être perdu quelques fans qui seront passés à d’autres styles musicaux mais il y a toute une nouvelle génération qu’ils peuvent conquérir sans problème. Ils ont un son plus costaud que ce que j’aurais cru, ils veulent muscler le propos on dirait, "Nawak" me laissait un souvenir un peu plus posé, peut-être pas après tout mais là ils sont lâchés et profitent bien de ce retour en grande pompe et de ce contexte particulier avec la Coupe du Monde de football pour se donner à fond et encore un peu plus. Mais il y a des demandes qui se doivent d’êtres considérées pour le groupe : "Un braveheart ! C’est la tradition !", j’étais trop loin pour en voir le résultat mais ça a dû se cogner sévère, comme le reste du concert de toute manière. Même si hormis quelques morceaux ce groupe ne me donne plus autant de frissons qu’il y a une dizaine d’années, ça fait toujours plaisir un peu de PLEYMO. En 1998, c’était la création de la Team Nowhere, en 2008 c’était la Nowhere Prod et en 2018 le retour de PLEYMO, à priori on a encore une bonne décennie pour apprécier à nouveau ce son qui a fait slammer et pogoter un bon paquet d’entre nous. Un retour qui semble authentique, à voir par la suite !

Setlist  : 1. "United Nowhere", 2. "Ce Soir C’est Grand Soir", 3. "Rock", 4. "Adrénaline", 5. "Tout Le Monde Se Lève", 6. "Chérubin", 7. "Nawak", 8. "Muck", 9. "Le Nouveau Monde", 10. "New Wave", 11. "Tank Club", 12. "Polyester Môme", 13. "Zéphyr", 14. "Blöhm".


Il est vrai que PLEYMO avait une place un peu particulière puisqu’entre deux mastodontes, GOJIRA et la tête d’affiche de la journée, les QUEENS OF THE STONE AGE. Et alors là, avec QOTSA, la déception n’était pas de mise, le groupe a été assez exceptionnel je dois bien l’avouer. N’étant pas non plus un fan acharné du groupe, je m’attendais juste à prendre une bonne claque rock’n’roll. En fait, on a pris un peu plus que ça, c’était une vraie leçon. Le groupe n’a pas fait dans la surenchère, juste un mur lumineux composé entre autres de néons flexibles qui pouvaient avoir une fonction secondaire de puching-ball pour les musiciens, efficace et drôle.
On est de toute façon ici en compagnie d’un groupe qui ne laisse pas indifférent, que ce soit d’un côté comme de l’autre. Musicalement on savait que ça ne pouvait être que du positif quelle que soit la setlist qu’ils auraient proposée on savait qu’on se prendrait une heure vingt de rock américain et c’est une setlist best of qu’ils ont sortie. Tous les morceaux qui restent dans les esprits de chacun grâce notamment à des riffs mémorables, un rythme quasi dansant et des lignes de chant qui ont fait la renommée du groupe. Il y aura eu aussi plusieurs performances du batteur Jon Theodore juste pour le fun et pour s’imposer un peu plus comme un des plus grands groupes de rock actuel. Quand Josh annonce "We’re gonna cut loose and dance !" tu ne peux que le croire et tu sais qu’il a raison donc pourquoi faire différemment ? On le laisse en maître de cérémonie et on ne trouve aucune raison de le contredire. On sait le groupe capable d’emmener le public, loin… très loin. Un des moments qui peut symboliser cet état d’esprit, c’est bien le désormais mythique "Make It Wit Chu", ce titre est ultra dansant, et on se laisse vite porter. Et à côté de ça, le groupe est capable de te jouer des morceaux comme l’excellent "Little Sister" qui est bien plus centré sur la guitare. Instrument phare du groupe d’ailleurs. Un concert de QOTSA, c’est un peu un lieu saint de la guitare tellement ça fuse et dans tous les sens. De quoi prendre son pied ! Le dernier album en date, "Villains", est certes un peu moins rock que ce à quoi ils ont pu nous habituer mais ça n’en reste pas moins excellent. Ce qui peut agacer, ce sont les "motherfucker" lancés un nombre incalculable de fois par Josh Homme mais bon, on connaît le bonhomme depuis le temps et on en rigole plus qu’on s’en plaint. Sauf un gars qui s’est fait rembarré car il aurait demandé au groupe de jouer plus vite (ou bien j’ai mal compris ?!), en guise de retour il aura eu un magnifique "GO FUCK YOURSELF !!!". Et juste après, on voit un chanteur qui balance au public que l’on fête les 32 ans du bassiste, Michael Shuman, ce à quoi le public chante la chanson qu’il se doit d’une seule et même voix. Il faut bien avouer que Josh Homme et sa bande sont en forme, en grande forme ! Et ça s’en ressent à voir leur attitude sur scène, on sent que, malgré tout, le groupe reste proche de son public, avec ce côté un peu débridé américain mais on les aime aussi pour ça. Enfin bon, vous l’aurez compris, c’est le genre de concert qui mérite d’être vécu pour de vrai, ça fait partie de ces groupes qui donnent une autre dimension à leur musique quand elle est jouée live. Plus impérial que royal quand on voit une prestation comme celle de ce soir.

Setlist : 1. "Regular John", 2. "If I Had A Tail", 3. "Monsters In The Parasol", 4. "My God Is The Sun", 5. "Feet Don’t Fail Me", 6. "The Way You Used To Do", 7. "You Think I Ain’t Worth A Dollar, But I Feel Like A Millionaire", 8. "No One Knows", 9. "The Evil Has Landed", 10. "Smooth Sailing", 11. "Domesticated Animals", 12. "Make It Wit Chu", 13. "Little Sister", 14. "Go With The Flow", 15. "A Song For The Dead".


J’avoue volontiers qu’entre QOTSA et Paul Kalkbrenner, pour moi il ne s’est pas passé grand-chose entre JUNGLE et Nekfeu, ça aura été le calme plat. Concernant JUNGLE, je n’ai pas du tout accroché, ça reste trop loin de ce que j’écoute pour apprécier, on ne peut pas tout aimer mais il y avait bien des fans, ça c’est certain et on dirait qu’ils se sont bien éclatés, chacun sa came. Je ne pense pas avoir besoin d’épiloguer sur la prestation de Nekfeu, je suis resté un peu me dire que je ne critiquerai pas sans voir. Maintenant j’ai vu. Il déplace les foules sans trop de difficultés, et l’ambiance semble bien survoltée. Clairemen, ce n'est pas ma came alors que j’aime aussi le rap et le hip-hop mais j’attendrais plutôt IAM pour prendre mon pied. Durant ces deux concerts, j’aurai pu m’imprégner un peu plus du site du festival qui est plutôt bien organisé je dois dire, hormis la zone entre les deux scènes qui devient impraticable pendant les têtes d’affiches, à cause de l’entassement du public. Pour le reste, on peut flâner entre les stands et le long des photos en grand format affichées sur les remparts. Pour manger un morceau, il y a largement de quoi faire, idem pour la boisson et vu la chaleur, c’est pas superflu ! En tous cas, l’ambiance est détendue, les matchs de foot aident sûrement aussi, tout comme la mini boîte de nuit dans laquelle on peut danser tout au long de la journée. Le tout fait un peu ambiance colo et c’est cool, tous les éléments sont réunis pour passer un bon week-end.



La dernière étape de la journée, c’est Paul Kalkbrenner, le DJ allemand sait lui aussi y faire quand il s’agit de faire danser des festivaliers. De toute façon, ce n’est pas une grande nouveauté, la musique eectro et l’Allemagne c’est une grande histoire d’amour. Je ne l’avais jamais vu sur scène donc je ne peux pas juger si c’était mieux ou moins bien qu’à son habitude, j’ai juste été scotché par ce mur de son electro mais qui a un côté très vivant, à la différence de ce que proposent beaucoup de DJs. Et on sent que le gars est dans une certaine forme de transe quand il est sur scène, on a le privilège de voir les artistes d’un peu plus près quand on les photographie et on voit les mimiques, les expressions, en tout cas bien plus que la personne à l’autre bout de la foule. Mais là, pour que tout le monde puisse s’en rendre compte, il diffusait via plusieurs caméras des bribes du concert en cadrage serré avec quelques effets bien à lui, j’ai été assez fan du résultat. En fait, je crois que ce que j’aime chez ce gars c’est ce son electro mais un peu old school. Tout ce qui est plus orienté hardcore, très peu pour moi, sauf si on l’entend façon Madball and co, là ça me parle ! Dans le son de Paul K, il y a la mélodie, les basses, le côté dansant et fun, bref tout pour passer une bonne soirée. Ce qui m’a bien fait marrer, c’est que tu le vois tourner beaucoup de potards mais mes oreilles n’ont pas senti la moindre différence, il faudra vraiment que je m’intéresse un peu à ce milieu musical pour savoir si c’est histoire de les occuper et si ça change vraiment quelque chose ! En tous cas, même si la fatigue m’a fait louper une partie de son show, pour moi c’était déjà bien réussi et ça donne envie de le revoir en étant plus en forme.



Pour ce qui est du Main Square en lui-même, c’est clairement devenu un des festivals sur lequel il faut compter et la qualité des affiches depuis des années le prouve, cette édition 2018 n’échappe pas à la règle, bien au contraire ! Pourvu que la Citadelle tienne face à tous ces murs de son et vivement l’année prochaine !