La review

MAGOA + DARKNESS DYNAMITE + TESS + HELL RULES HEAVEN
Le Divan Du Monde - Paris
16/11/2013


Review rédigée par E.L.P


Une fois n’est pas coutume, le Divan du Monde sera de nouveau le théâtre de l’action de la soirée !
Mais, cette fois-ci, il s’agit d’une cause autrement plus "importante" : celle de soutenir sa scène locale... Ce soir, la désobéissance sera de mise car Magoa fête son petit dernier, "Topsy Turvydom", qui nous est parvenu en ce dernier trimestre de l’année et qui est mis à l’honneur en ce soir de release party !
L’affiche a de quoi tenter les plus réticents, car vont se retrouver, sous les feux des projecteurs, aux côtés du quintette à emblème de lion, des groupes tels que HELL RULES HEAVEN, TESS ou encore DARKNESS DYNAMITE !



Et c’est donc un Divan malgré tout assez vide qui nous accueillera pour profiter de la première partie : HELL RULES HEAVEN ! Le ton sera donné dès les premières mesures avec un combo oscillant entre rusty rock bien trempé et metal percutant d'énergie ! Le groupe rediffusé en direct avec son Sud natal aura ainsi la lourde charge d’ouvrir et de réchauffer cette belle salle parisienne avec "Hell’s Gate" et, une petite nouveauté pour la jeune formation, le très sympathique "DeadSpade"... Leur son fortement teinté de l’univers des plus grands du rock US nous sera ainsi envoyé, près de 30 minutes durant, avec force et vigueur !
L’ensemble lui aussi chaperonné par le grand Charles "Kallaghan" Massabo (Magoa, Hell Of A Ride, Vise Versa, Dagoba...), sur son premier EP "Sinners" et à l’ambiance chargée de grooves n’aura cependant pas le succès mérité... Une prestation au démarrage un rien brouillon, des guitares parfois trop en retrait et des backings par moments trop hasardeux contrasteront avec la puissante voix d’Evan (chant) et la furieusement lourde batterie de Ronnie, pourtant prête à faire vibrer la salle au balcon sur des titres rageurs tels que "Silver Eyes", mais surtout "Seven" et "Raging Pistols" (aux accents très inspirés de la bien connue reprise de "Word Up!" par Korn) qui raviront, par exemple, les amateurs de Hell Of A Ride, The Milton Incident et autres Face Down présents ce samedi. La basse de Gerry sera, elle aussi, bien sentie et l’ensemble en ressortira comme agréablement efficace et charismatique (quoique manquant légèrement de prestance sur cette grande scène vide...) notamment pour le dernier morceau : une reprise du célèbre "Viva Las Vegas" durant lequel Evan passera une imposante coiffe indienne !...
Une très agréable découverte, inspirée et énergique qu’il apparaît important de suivre dans un avenir proche tant les compositions de leur petite pépite semblent efficaces et entraînantes !

Setlist : "Hell’s Gate", "DeadSpade", "Snake", "Seven", "Raging Pistols", "SilverEyes", "Viva Las Vegas".



Le temps d’un court changement de plateau et le public s’étant légèrement étoffé et réchauffé voit apparaître la seconde partie : TESS ! Nouveau groupe placé sous la houlette productrice de Monsieur Kallaghan, le combo Hardcore qui n’est pas sans rappeler ses confrères de Smash Hit Combo nous arrive, avec la ferme intention de faire, une nouvelle, fois grimper la température de la salle du 18ème...
Interrogé sur le style de TESS au détour du stand de merch, la réponse de Vince (guitariste de MAGOA) fut sans appel : "C’est que de l’amour... !". Et effectivement, empoignant fermement le public, voici que TESS entame son set avec toujours cette incroyable énergie, fer de lance du post-hardcore nouvelle génération qu’ils viennent nous asséner aujourd’hui ! Entraîné par l’effervescent Thibaut Sibella (chant) et fort des furieuses compositions de leur plus qu’hargneux opus "La Confrérie", le groupe s’évertuera à nous emporter dans son monde, à grand renforts de textes français puissamment jetés, tout en saturations et breakdowns, à la face du parterre qui s’en trouvera bien plus éveillé qu’au début de la soirée... Le charisme de l’ensemble basse / chant / guitare à l’épreuve des balles ira d’ailleurs jusqu’à faire descendre les membres de la confrérie dans le pit pour y savourer quelques instants de violence ! Reconnaître l’énergie et la virulence que le combo applique sur la salle ne fera néanmoins pas oublier les quelques soucis rencontrés par Thibaut plongeant parfois sa voix dans les méandres de certains morceaux mais également un son de batterie (tenue par Damien Golini) malheureusement trop inconstant et un léger manque d’amplitude des guitares de Vincent Gothuey / Vincent Giorgetti...
Une vive performance malgré tout de haute tenue, prouvant une nouvelle fois que les sonorités modernes de ce croisement entre hardcore / post-hardcore et metal plus lourd ont toujours les armes nécessaires à faire se soulever les masses !



Reprise de la valse du matériel, un rien plus longue cette fois-ci, puisque c’est un univers entier qui se met en place, celui des hommes forts de la soirée : MAGOA. La scène nous apparaît ainsi surmontée de 2 estrades latérales, de deux «colonnes» de bois reprenant les symboles présentés au dos de l’album mais également surmontée d’un backdrop à tête de lion réutilisant l’artwork de leur dernière pépite ! Les fauves s'apprêtent à être lâchés, le coup d’envoi du "main event" de ce soir est donné, et c’est à "Eat You Alive" que les furieux présents ce soir auront affaire. Ce titre à l’énergie un rien plus terne que le reste, sur disque, nous arrivera, là, plus fracassant que jamais, porté par un Cyd (chant) puissant et nerveux, mais également un Swammer (basse) imposant de charisme et à l’incroyablement solide prestance !
Autre point fort de cet ensemble de nouveaux titres, le premier single issu de l’album : "Estamos Locos", qui déchaînera les passions d’un pit résolument décidé à rendre hommage au petit dernier de la famille des produits Kallaghan (oui, ce grand homme est aussi derrière la production de cet album-ci !). S’en suivront les très bons "Wall Of The Damned" et "Max Bet" définitivement calibrés pour le live, (comme l’on pouvait s’en douter), tout comme le groupe entier qui se laissera littéralement aller, non sans fierté, à ses compositions et parviendra ainsi à établir une véritable communion, un pont entre son énergie dépensée et les bouillonnements d’un public affamé ! La solidité de Swammer (basse) n’aura ainsi d’égal que celle de Vince (guitare), lui plus en retrait (ses lignes l’étant malheureusement aussi...) mais tout aussi transi par cette ambiance ! De l’autre côté de la scène, David (guitare en main) ne sera pas en reste lors de titres tels que "Betraying Grace" obtenant étonnement un accueil plus chaleureux que ce que l’on était en droit d’espérer d’un titre aussi tranché. Suivi par "Ailleurs" puis par "Broken Record", le dernier titre de ce féroce panoramique de "Topsy Turvydom", "There Is No Tomorrow" finira, lui, de mettre en valeur le bond en avant de Martin (batterie) et de Cyd dont l’agressivité technique (contrairement au mauvais traitement lumineux infligé à la salle) ne sera pas étrangère à la réussite de cette release’ !
La setlist verra un dernier morceau, lui issu de leur dernier EP, "Animal" compléter et clôturer cette parenthèse «magoesque», une parenthèse truffée de bonnes surprises ! Le groupe ayant joué la carte de la simplicité sur les samples / ornementations, les morceaux ne s’en sont trouvés que plus naturels et, de ce fait plus incisifs et percutants que leurs homologues studio ! MAGOA : définitivement un groupe à suivre et à vivre en live tant la déflagration est grande et rugissante... Encore quelques mois de rodage de leur petit dernier et l’avenir n’en sera que plus radieux !

Setlist : "Eat You Alive", "Estamos Locos", "Wall Of The Damned", "Party Time", "Max Bet", "Forgotten Saints", "Betraying Grace", "Ailleurs", "Broken Record", "There Is No Tomorrow", "Animal".



Chose rare en cette soirée de release party, le groupe à l’honneur n’est pas la tête d’affiche... le Divan accueillera donc le dernier groupe du jour : DARKNESS DYNAMITE !
Mis en place sur un fond de fumée et vidjing ainsi que des ambiances sonores et lumineuses très immersives et psychédéliques, voici que le quintet parisien prend possession de l’espace. Une estrade centrale surmontée d’un large spot orienté, en contre-plongée, vers le visage de Junior Rodriguez (chant), et ce qui sera pour de nombreux spectateurs ressenti comme un acte manqué, le contraste ainsi dévoilé n’ayant pas réellement sa place en tête d’affiche d’une soirée comme celle-ci, pourra commencer... Un univers des plus riche en devenant parfois dur à suivre tant par ses influences que par la dynamique scénique ainsi crée mais également quelques soucis techniques occasionnant de nombreux changements de micros en début de set, tel sera le décor planté par les cinq compères. Entre rock psyché / indie et metal parfois plus orienté post-hardcore ou metalcore, la forte énergie développée par la formation aura bien du mal à être canalisée, et ce malgré une assez bonne maîtrise des guitaristes Zack Larbi et Nelson Martins (dont les backings seront malheureusement trop discrets au milieu de cet ensemble aussi expressif qu’expérimental !)... Il faudra, malgré le triste départ de nombreux membres du public, saluer l’inspiration de leurs démentielles atmosphères aussi psychédéliques qu’hypnotisantes.

Un résultat en demi-teinte, donc, que cet ultime groupe clôturant ainsi la soirée sur une note délirante et originale mais amenée avec un regrettable manque de finesse et d’harmonie après ses trois prédécesseurs : HELL RULES HEAVEN, TESS et MAGOA ! De bien belles premières parties et une prestation haute en couleur du groupe de ce jour : MAGOA, qui aura parfaitement su conquérir le public avec ses nouveaux titres. ... La première pierre est posée !...
Merci à MAGOA pour cette jolie soirée !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr