La review

MAGOA + DENIUM + BABHARCORE
Star Café - Paris
08/01/2011


Review rédigée par Stanaron


Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas le Star Café, je vous présente l’un des "grands" points de rendez-vous de la scène underground du metal Parisien. Un petit bar miteux dans le quartier prestigieux de la Tour Eiffel… Je vous rassure, ce bar quant à lui n’a pas grand-chose de prestigieux. La soirée est organisée par Hybrid Production, une autre de ces innombrables petites associations organisatrices de concerts à qui nous – métalleux – devons beaucoup. Car sans eux nous devrions nous contenter de "vrais" concerts. J’entends par là des concerts qui vous coûtent trois ou quatre loyers tellement les prix des entrées deviennent exorbitants.



La soirée commence avec BABHARCORE, groupe de hardcore fusion (quoi ? vous vous attendiez à du jazz ?) sans grandes prétentions sauf celle de nous jouer un hardcore plutôt joyeux au chant Français très lourd et occasionnellement rappé. Le quintet de Cergy s’est ce soir transformé en quatuor par l’absence du bassiste : le groupe nous a demandé de préciser qu’il avait la tourista, autrement dit, "la diarrhée du voyageur". Vous êtes probablement ravis de l’apprendre.
Pour un groupe qui joue sans bassiste, le son est loin de manquer de basses. Entre les têtes d’amplis Laboga et Diezel qui envoient du très lourd, la grosse caisse frénétiquement présente d’un batteur qui, décidément, sait frapper ses fûts, et la voix grasse et bien agressive du géant vert au micro, nous avons droit à un mur de son tout à fait convenable étant donné les circonstances. La musique, cependant, n’a rien de particulièrement marquant, et les riffs de guitare se suivent et se ressemblent, le seul élément réellement intéressant étant le niveau du batteur qui aime bien en mettre partout. Ce dernier fera d’ailleurs un solo vers la fin du set qui, bien qu’impressionnant, n’apportera pas grand-chose au concert. Le set se termine assez rapidement, et tandis que la musique elle-même ait été assez vite oubliée, il est cependant à retenir que ce groupe tient très bien la scène, même avec ses effectifs diminués.

Setlist : Intro, "Insane", "Enragé", "Y’en A", "Outro", "Ferme La Et Sois Belle", "Fucking Rich", "Blasphème", Solo de batterie, "Wait", "Part A Normal", "Ephémère Et Déchu".



Changement de plateau, et le groupe qui aura attiré la plus grande partie du public ce soir s’installe sur scène. DENIUM, c’est du death mélodique aux influences très metalcore par moments. Les deux guitaristes envoient des riffs harmonisés appuyés par un batteur qui, sans avoir le niveau de son compère de BABHARCORE, a tout de même un très bon sens de la rythmique lourde. Cela est probablement accentué par la présence d’un bassiste qui, sans se faire particulièrement remarquer pour son jeu de l’instrument, a malgré tout un très bon jeu de scène. Malheureusement, ces musiciens restent tous trop en retrait par rapport au chanteur à l’allure inquiétante et au t-shirt "Je vous pèterais bien la gueule à tous, mais je ne suis pas assez nombreux". En effet, bien que ce dernier ait un charisme appréciable, sa versatilité vocale laisse à désirer, et il tombe malheureusement dans le cliché de parler avec une voix "death" entre les morceaux… Pourquoi tant de haine ?
Justement, parlons-en de cette voix. Car au début du set, elle était plutôt bonne : très lourde, très agressive. Elle tournait en rond, certes, mais passons. Après quelques morceaux, cependant, il est devenu évident que le vocaliste n’a pas pris la peine d’échauffer son instrument avant le concert. Faute de temps ? Après tout il se chargeait aussi de l’organisation. Toujours est-il que sa voix est devenue rauque et éraillée – eh oui, même sur du death, ça se sent quand la voix va mal ! Il convient d’insister sur ce point, car en plus de porter préjudice au groupe (cette faiblesse vocale a été le principal point négatif de DENIUM), les cordes vocales ne sont pas encore vendues en magasin, donc : chanteurs, prenez soin de vos voix !
Le concert continue sans encombre (lorsqu’on passe outre le problème vocal susmentionné) et le public en redemande après la reprise de "Roots Bloody Roots" (ai-je besoin de préciser de qui est l’originale ?) qui devait conclure le set. DENIUM cèdera à la demande générale en rejouant un de ses morceaux avant de laisser la place à MAGOA.

Setlist: "Fate", "For Them", "Betray", "Fucking Error", "It’s Hurting Me", "So Blind", "Roots Bloody Roots" (Sepultura cover).



Amateurs de gros, de lourd, d’efficace et de mélodique à la fois, Bibi vous présente sa découverte personnelle de 2010. MAGOA c’est du metal… Il est difficile de classer ce groupe autre part, car bien qu’il y ait de fortes sonorités hardcore, on y sent des influences de partout, autant dans le death progressif que dans le post thrash. Le concert de ce soir commence cependant très mal pour le groupe, lorsqu’un des guitaristes casse une corde dès les premières secondes du set. Dépité et sans cordes de rechange, ce dernier range sa guitare et passe du coté du public tandis que le reste groupe, souffrant d’une sévère perte de motivation, tente tant bien que mal de jouer les morceaux, amputés d’un membre. C’est donc devant un groupe statique au son mal équilibré que le public commence à déserter la salle.
Après deux morceaux, le deuxième guitariste revient parmi les vivants avec un instrument prêté par l’un des membres de DENIUM. Après un rapide branchement et un réglage approximatif du potard de volume, le groupe enchaîne sur le prochain morceau. Il n’y a pas à dire, c’est déjà beaucoup mieux, et bien que les niveaux ne soient pas parfaits nous commençons à sentir les riffs. Le groupe reprend également de l’assurance, mais ne se lâchera pas complètement.
MAGOA nous fait donc une prestation carrée en nous présentant des morceaux d’une maturité rare au niveau de la composition. Le batteur, sans faire étalage de technique, a une frappe hors du commun, bien que non adaptée à la taille de la salle, tandis que le chanteur porte très bien la voix du groupe. Une voix tantôt grasse, tantôt claire mais toujours couillue et lourde, avec des lignes de chant efficaces et accrocheuses. On sent malgré tout un manque de motivation déplorable chez MAGOA, qui ne semble pas avoir réellement la volonté de séduire le public ce soir. Les musiciens sont pour la plupart statiques, restent enfermés dans leur bulle, avec très peu d’interactions entre eux, et semblent ‘‘réciter’’ leurs morceaux de façon automatique sans faire attention au public. C’est dommage, car des morceaux de la trempe de "Swallow The Earth" ou de "WAGTPAG" méritent une bien meilleure présentation en concert. La prochaine fois peut-être ?

Setlist : "Pure", "No More Pride", "Anything / All Around Us", "Face Your Lies", "Swallow the Earth", "Neurotic King", "WAGTPAG", "Regression Zero", "Skinthetic Sin".