La review

LYON'S GOT TALENT
It Came From Beneath + Self Esteem + Fasteria + Waiting For Breakfast + DisHonor
Warm Audio - Décines (69)
10/12/2016


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Swamp Fox


Pour cette fin d'année 2016, Sounds Like Hell nous donne rendez-vous au Warm Audio pour une soirée metal / hardcore entièrement dédiée à la scène locale. Au total, cinq groupes se partageront la scène pour une soirée placée sous le signe de la violence.



On débute la soirée avec une jeune formation qui nous vient de Charvieu-Chavagneu. Œuvrant dans un style plutôt deathcore mélodique, DISHONOR est né de la scission des groupes D.O.A. et Chaosis. A la manière de L'Esprit Du Clan ou de Black Bomb Ä, le groupe doit sa particularité à la présence de deux frontmen qui se partagent les lignes de chant en français. Le plus jeune œuvre dans un style plutôt scremo tandis que l'autre adopte un style plus hardcore à l'ancienne. Ils sont appuyés par deux guitaristes, un bassiste et un batteur qui nous balancent des riffs bien foutus mais rendus un peu confus par un son global assez brouillon. Scéniquement, on sent aussi que le groupe n'a pas encore pris complètement ses marques et qu'il manque encore un peu de fougue du côté des musiciens. Si l'ambiance à un peu de mal à prendre en ce tout début de soirée, les DISHONOR nous auront tout de même fait passer un bon moment et nous auront donné l'envie de suivre leur évolution dans les mois et les années à venir.



Le second groupe a faire son entrée sur scène est bien plus attendu par le public. Et pour cause, c'est un événement assez spécial pour les Lyonnais de WAITING FOR BREAKFAST qui donnent ce soir leur concert d'adieu après une courte carrière débutée en 2013. On commence par une entrée sur scène humoristique sur une obscure chanson de Johnny, "La Bagarre". Entre collier à fleur, lunettes de plage, maillots de foot et marque de bière, le groupe arbore un style vestimentaire qu'ils définissent eux-même comme "gros beauf". Un style décalé et décontracté qui contraste énormément avec la violence et la lourdeur de leur musique. En effet, WAITING FOR BREAKFAST délivre un doomcore ultra écrasant et malsain. Cet étonnante dichotomie entre noirceur et décontraction donne à la prestation des Lyonnais un aspect totalement nihiliste. On a ici l'expression d'une violence complètement gratuite, placée sous le signe du fun. Cet état d'esprit se retrouve totalement dans le public qui alterne entre danses débiles genre Macarena ou Paquito et lancé de coups de pieds et de poings au milieu du pit. Le groupe encouragera d'ailleurs ce dernier en partageant un gros cubi de vin avec les spectateurs du premier rang. Au final, on pourra dire que, malgré un set d'une courte durée, WAITING FOR BREAKFAST aura vraiment marqué la soirée pour ce dernier baroud d'honneur.



Après un rapide changement de plateau, c'est au tour des Isérois de FASTERIA d'entrer en scène sur une musique electro. Tout de suite, on sent que l'ambiance se veut beaucoup plus sérieuse. Entre le chanteur torse nu et en jean, et le guitariste lead en survêtement rouge avec masque de chirurgien sur la bouche, on sent que le groupe réunit des musiciens aux univers assez différents. Formé en 2014, le groupe défend son EP éponyme sorti cet été. Ils nous livrent un metalcore incisif et vraiment bien inspiré. Le chanteur varie constamment de registre vocal avec une impressionnante maîtrise tandis que les guitares à sept cordes envoient des riffs mélodiques parfaitement exécutés. On appréciera, de même, la performance de la session rythmique qui nous offre quelque chose de vraiment entraînant. Le seul point qui m'a dérangé est la présence intempestive de certains breakdowns qui, selon moi, nuisent parfois à la dynamique des morceaux. Mais dans l'ensemble, on comptera beaucoup de très bons passages bien amenés, qui s’avéreront extrêmement efficaces en concert. Un groupe très prometteur qu'on aura plaisir à suivre et à revoir sur scène.



Il est temps maintenant d'accueillir un autre groupe très attendu ce soir. Je parle des Lyonnais de SELF ESTEEM qui entrent sur scène au son écrasant des infra-basses devant une salle maintenant bien remplie. Pendant trois quarts d'heure, le groupe nous livre une prestation de hardcore beatdown d'une rare férocité mené par leur frontman dont le regard mauvais transpire la violence. Durant cette prestation, le Warm Audio prend des allures de fight club. Sous les encouragements et les insultes du groupe, des coups de poings et de pieds commencent voler dans le pit dès les première secondes du concert. Certains vont même jusqu'à taper au hasard sur les spectateurs les plus passifs, ce qui ne manque pas de créer des tensions dans la salle. On assiste ainsi à plusieurs altercations dans la fosse. Entre deux morceaux, le chanteur s'inquiète parfois de la situation : "Qu'est-ce qui se passe là-bas ? J'espère au moins qu'il y a du sang !". Vous l'aurez compris, le groupe fait tout pour chauffer à blanc son public et déchaîner la violence. Ils nous balancent des bouteilles à moitié pleines à la tronche, ils crachent de l'alcool à la figure des premiers rangs... Amateurs de papillons et de poésie s'abstenir, les SELF ESTEEM n'auront pas fait dans la dentelle ce soir et m'auront offert d'assister au concert le plus violent qu'il m'ait été donné de voir.



On termine la soirée avec IT CAME FROM BENEATH qui a le plus d'années d'existence avec déjà un album et deux EPs au compteur. Cette fois-ci, le groupe entre en scène sur une musique épique futuriste. Très vite, je suis gêné par le son général ; la batterie a un son vraiment très aigu et les guitares sont difficilement audibles. Si bien qu'il devient difficile d'apprécier la prestation du groupe. D'ailleurs, en cette fin de soirée, la salle s'est déjà considérablement vidée. Pourtant, le frontman ne baissera pas les bras et ira même jusqu'à venir en personne chercher les spectateurs pour les rapprocher de la scène. Il est dommage que le groupe ne bénéficie pas de meilleures conditions de jeu car on sent que leur deathcore est vraiment bien travaillé et qu'ils ne manquent pas d'énergie sur scène. D'ailleurs, ils bénéficieront du soutien d'un bon petit groupe de fans qui réussiront à obtenir un rappel in extremis.

Au final, cette soirée nous aura permis de découvrir deux facettes différentes de la jeune scène metalcore régionale : celle du beatdown ultra lourd et violent à la WAITING FROM BREAKFAST ou à la SELF ESTEEM, et celle plus accès deathcore mélodique à la DISHONOR, FASTERIA ou IT CAME FROM BENEATH. Malgré une fin d'année extrêmement chargée en concerts de toute sorte, le public lyonnais aura pourtant répondu présent pour venir soutenir et découvrir la scène locale. Mis à part les tensions durant le set de SELF ESTEEM, il aura régné une ambiance très conviviale durant toute cette soirée marathon. Encore une fois, je remercie Sounds Like Hell et le Warm Audio d'avoir organisé et accueilli cet événement. Vive le hardcore ! Vive le metal ! Vive le scène locale !

Photos tirées de : www.sons-of-metal.com