La review

LEPROUS + AGENT FRESCO + ALITHIA + ASTROSAUR
CCO - Villeurbanne (69)
14/11/17


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Jérémy Girard


Ce soir, les Norvégiens de LEPROUS débarquent au CCO pour défendre leur nouvel album, "Malina". Pour cette tournée, ils sont accompagnés de leurs compatriotes ASTROSAUR, des Australiens d'ALITHIA, et des Islandaisde AGENT FRESCO. Nous aurons donc là un plateau de quatre groupes qui promet d'être riche en découvertes !



Quand on veut faire jouer quatre groupes en début de semaine, on a intérêt à attaquer le concert de bonne heure. Ainsi, ASTROSAUR fait son entrée en scène dès 19h devant une salle encore très peu remplie. Pour débuter cette soirée, Eirik Kråkenes à la guitare, Steinar Glas à la basse et Jonatan Eikum à la batterie nous proposent une sorte de post-metal instrumental. Ne disposant que d'une demi-heure de jeu, le groupe enchaîne les morceaux sans temps mort en passant par des énergies assez variées. Leur musique se fait parfois bien lourde et "doomesque", parfois plus pêchue et plus rock, ou parfois encore, bien planante et post-rock. Jouant avec de nombreuses pédales d'effets, le bassiste propose parfois une utilisation originale de son instrument en créant des nappes sonores psychédéliques. Le son global est vraiment très bon avec, notamment, une batterie parfaitement mixée. Le groupe nous offre une prestation impeccable et termine sous les applaudissements nourris de la salle qui commence à bien se remplir.



Originaire d'Australie, ALITHIA est un groupe qui témoigne du mélange culturel de ce pays avec sept talentueux musiciens issus de différentes ethnies. Ce soir, nous avons sur scène Nguyen Phambam et John Rousvanis aux guitares, Tibor Gede à la basse, Mark Vella à la batterie, Danny Constantino au clavier et aux chœurs, Jeffrey Ortiz Raul Castro au clavier, aux percussions et aux chœurs, et Marjana Semkina, de I Am The Morning, au chant principal. Ensemble, ils nous proposent une musique progressive riche et assez ambiante. Chaque musicien se montre très investi et participe au show de façon originale. Sur un morceau, Nguyen s'empare du micro pour nous servir un chant hurlé, Tibor fait de même sur un autre, Danny cède sa place au clavier pour aller jouer des percussions, Jeffrey ne tient pas en place et vient fréquemment chanter et se trémousser au centre de la scène, et John va même jusqu'à prêter sa guitare à un spectateur pendant qu'il s'amuse à manipuler ses pédales d'effets ! Vous l'aurez compris, Alithia nous propose une prestation qui sort de l'ordinaire, autant d'un point de vue scénique que musical. Pour ma part, j'apprécie l'effort et l'originalité sans que la musique du groupe ne parvienne vraiment à m'embarquer. Je passe un bon moment mais on est loin du coup de cœur.



On revient à une formation plus traditionnelle avec les quatre Islandais d'AGENT FRESCO. Avant de débuter le concert, le chanteur prend le micro pour saluer humblement son public. On part alors dans une musique mélodieuse soutenue par le jeu de batterie très prog de Hrafnkell Örn Guðjónsson qui ne lésine pas sur les contre-temps. Sur certains morceaux, le guitariste Þórarinn Guðnason s'installe derrière le clavier pour nous jouer de superbes parties de piano. Quant au bassiste du groupe, il n'est malheureusement pas présent ce soir suite à des soucis familiaux. Son remplaçant s'avère cependant tout à fait à la hauteur avec un son superbe et une belle implication sur scène. Le pilier du groupe reste toutefois le chanteur Arnór Dan Arnarson qui vit pleinement sa musique en y apportant beaucoup d'émotion. Son beau chant haut perché s'avère parfaitement maîtrisé et bascule même, à certaines occasions, dans des registres vocaux plus extrêmes. Avec beaucoup de simplicité et de naturel, il évoque des thèmes qui touchent à la fois à l'intime et à l'universel. Le son est, encore une fois, excellent et le travail des lumières soigné. Le groupe nous joue ce soir des morceaux issus de ses différents albums et nous fait même le plaisir de nous offrir un titre encore inédit. Pour la dernière chanson, le frontman s'offre un bain de foule en venant chanter au milieu des spectateurs puis en grimpant sur une barrière face à la régie. Le groupe nous sert alors un puissant final instrumental guitare / basse / batterie qui tire vers un math rock déstructuré. Au final, AGENT FRESCO nous a offert un très beau concert devant un public conquis.



LEPROUS est un groupe de metal progressif norvégien que j'ai eu l'occasion de découvrir il y a plusieurs années en première partie de Therion, avec leur excellent album "Bilateral". Ils ont fait beaucoup de chemin depuis et leur musique a évolué vers quelque chose de plus mélancolique parfois influencé par la pop ou la cold wave. La frénésie des débuts a laissé place à une musique toujours aussi riche et complexe mais qui va plus dans la nuance en laissant beaucoup de place au chant remarquable d'Einar Solberg. Pour ma part, cette évolution n'est pas forcément celle que j'aurais espérée mais j'attends de voir, ce soir, le rendu sur scène.
Malgré un mois de Novembre très chargé, il y a du monde au CCO pour accueillir la tête d'affiche. Le concert débute par une longue introduction au violoncelle interprétée par Raphael Weinroth Brown. Présent en tant qu'invité sur l'album, ce violoncelliste est également sur scène auprès du groupe pour cette tournée. Après cette introduction, les Norvégiens font leur entrée sous les acclamations de la salle. Comme on s'y attendait, les morceaux joués sont en majorité issus du dernier album. Aussi bien dans la composition que dans l'interprétation, on apprécie l'impressionnant travail sur les nuances, avec de très belles montées en puissance. Le son bien particulier du groupe fait l'objet d'une attention toute particulière, tout comme la dimension visuelle du concert avec quatre écrans qui accompagnent chaque chanson d'images vidéo. Avec le violoncelle et la batterie de chaque côté au fond, le groupe occupe parfaitement l'espace scénique durant tout le show. Chaque musicien joue ses parties complexes avec aisance et virtuosité mais c'est surtout le formidable jeu de batterie de Baard Kolstad et, bien sûr, l'énorme performance vocale d'Einar Solberg qui m'impressionnent le plus. Entre les morceaux, le violoncelle de Raphael Weinroth sert de fil conducteur et assure les transitions. Cependant avec presque deux heures de jeu, je trouve le temps un peu long sur la fin. En effet, après un "Malina" très calme, le groupe enchaîne sur un long duo violoncelle / voix pour le morceau "The Last Milestone". C'est très beau, mais beaucoup trop long et trop mou à mon goût pour cette fin de concert. Les deux derniers titres, "Echo" et "The Price", assez mélancoliques eux aussi, ont du mal à raviver mon intérêt et je regrette définitivement l'absence de titres plus énergiques et agressifs. Au final, ce concert nous a montré un groupe au sommet de son art avec une maîtrise musicale très impressionnante. Je continue, cependant, de regretter l'absence du côté explosif des premiers albums.

Setlist : Intro violoncelle, "Bonneville", "Stuck", "Acquired Taste", "Rewind", "Illuminate", "From The Flame", "Foe", "The Weight Of Disaster", "Mirage", "Malina", "The Last Milestone", "Echo", "The Price".

Pour le troisième passage du groupe en tête d'affiche, Mediatone a fait les choses bien ! Ce fut une bien belle soirée, avec de belles lumières et un son parfait pour tous les groupes. Les amateurs de prog sensible ont pu en prendre plein les yeux et les oreilles ! Merci à l'organisation, aux groupes et aux techniciens pour ce beau moment !

Photos tirées de : www.jeregirard.wixsite.com/jeremygphotographe