La review

LEPROUS + SPHERE + RENDEZVOUS POINT
Le Divan Du Monde - Paris
05/10/2015


Review rédigée par Sharknator


LEPROUS est un grand groupe. Un groupe ayant séduit au fil de ses albums des centaines de fans, de tous bords, tous horizons, tous lieux, toutes confessions. À des albums mythiques tels "Bilateral" et "Coal" succéda plus tôt dans l’année leur dernier skeud, "The Congregation", ayant quasiment fait l’unanimité ; un album, toujours prog, très bon, très marquant, une jouissance pour les oreilles et l’esprit. Ainsi, sans surprise, leur passage dans la capitale parisienne attisa l’intérêt d’un large public. Sortez donc du métro Pigalle (avec un bras d’honneur en direction du cinéma X en face), marchez quelques minutes, et vous arriverez devant une file d’attente assez longue ; vous saurez dès lors que vous êtes devant le Divan du Monde, en prévision de votre soirée 100% Norvège progressive.



RENDEZVOUS POINT ouvrit le bal. Un groupe de metal prog assez orienté rock sur ses sonorités, rappelant tant leurs aînés de LEPROUS sur certains aspects, que Pink Floyd par épars moment, dans une moindre mesure. Voilà donc de bonnes gens pour nous rappeler avant la tête d’affiche que la Norvège n’est pas en reste du côté progressif. Que ce soit la demoiselle à la basse, la batterie au jeu millimétrée, le clavier séduisant… Presque tout le set de RENDEZVOUS POINT côtoya la perfection. Et pourquoi n’ai-je pas parlé de la guitare, tout simplement pour un petit problème technique nous en ayant privé pendant un petit passage sollicitant heureusement beaucoup plus le reste des instruments. Une ou deux autres avanies suspendirent également temporairement le concert (nous parlons heureusement de plages de temps ne dépassant pas une minute), que le chanteur ne parvint pas à totalement combler, au point de carrément déclarer "Please wait for one moment". Déception. Niveau ambiance, tout, finalement, en un peu plus de trente minutes, n’alla pas plus loin que quelques headbangs dans le public, mais le groupe séduit, tout de même, dans l’ensemble. Nombreux "Merci beaucoup !" en français à la fin des morceaux, petits discours sympathiques à l’attention des spectateurs, un balayage de la salle avec la caméra de son portable à la fin du set, Geirmund Hansen – le chanteur –, visiblement, nous aimait bien.



La particularité majeure de SPHERE par rapport à leurs comparses de la soirée fut le son djentisé de leur musique. Effets de voix éthérés, jeu de lumière significatif, on put aisément deviner que cette formation s’articulait autour du thème de l’espace, l’univers, l’intersidéral. Le set visait ainsi, visiblement, en grande partie sur l’atmosphère (Sphere... calembour...) produite. Et en effet, ce jeu de lumière eut toute son importance. Pour commencer, le logo du groupe, au fond de la scène, fut de néons clignotant en rouge, bleu ou vert, tandis que le manche de la basse d’Øystein Sundsbø projeta des petites loupiotes vermeilles, et que durant le concert, les lumières, blanches ou de ces trois autres mêmes couleurs, fusèrent des nombreux projecteurs sur la scène. Combinées à la fumée parfois dégagée, nous pûmes, effectivement, nous sentir dans l’espace, ou à défaut dans une autre dimension, à certains moments. Mais… il y a un mais. Eh oui ; hélas, le concert, à force, en devint répétitif. Le growl d’Isak Haugan, systématiquement alterné avec le chant clair, dans les parties plus atmosphériques du set, de Marius Strand ; à plusieurs reprises, les mêmes effets lumineux, durant des parties musicales semblant elles aussi très similaires entre elles… Au final, au lieu de quarante minutes, personnellement j’en vis passer la moitié. Cette critique pouvant être prise positivement, donc à contresens, comprenez bien qu’un groupe avec du potentiel comme SPHERE, rappelant souvent – agréablement – des groupes comme Meshuggah, Born Of Osiris ou Veil Of Maya, donnant l’impression d’une telle linéarité dans son show, put aisément donner matière à déception. Il ne me reste plus qu’à retourner voir ce groupe dans quelques années, pour voir comment auront évolué leurs prestations scéniques et le choix de leurs morceaux. C’est d’ailleurs vraiment à partir de SPHERE que prendre des photos devint anarchique. L’augmentation significative de l’affluence empêcha de se frayer un chemin réellement praticable pour dénicher de bons postes, même au balcon. Celles que vous pouvez contempler furent prises au prix de nombreux efforts et pérégrinations.



S’avancer vers la scène : impossible ; les barrières du balcon : inaccessibles ; tous les objets, sièges, tables, pour gagner de la hauteur : utilisés. Certes, quand vint le tour de LEPROUS d’entrer sur scène, les voir distinctement, autant que prendre des photos, dans la configuration de la salle, fut loin d’être une partie de plaisir.
Une scène tamisée de lumières bleues intenses (plus encore que pour SPHERE), quatre écrans assez larges diffusant tous les mêmes images, promontoires pour les guitaristes/bassiste… L’ambiance s’annonçait déjà singulière avant même que les musiciens ne commencent à jouer. Et "The Flood" vint submerger une assemblée de spectateurs médusés, captivés, par autant de virtuosité. L’un des meilleurs morceaux du dernier opus des Norvégiens suffit à présager un excellent set, ni plus ni moins. Et ce fut une heure et demie d’un concert de maître, saisissant, presque irréel. Einar Solberg, derrière son clavier, sut nous montrer la quasi perfection de son doigté et de ses cordes vocales, avec un chant frôlant le surnaturel ; hypnotisant, envoutant, excellent en somme. Les guitaristes, le bassiste, utilisèrent beaucoup leurs promontoires, mais heureusement, nullement trop, pour ne pas faire excédent d’ombre à leur camarade batteur ; hélas, je ne réussis pas à prendre beaucoup de photos de ces poses, et la plupart furent ratées. Cela dit, on peut notamment regretter dans ce concert que les quatre écrans disposés sur la scène diffusèrent des clips si abstraits, si étranges, qu’ils en retinrent parfois un peu trop l’attention au détriment de la musique, et de la prestation de LEPROUS. Et lors des passages sans chants, libérés de l’emprise de la voix d’Einar, nous pûmes relever quelques erreurs dans le jeu de Baard Kolstad, notamment sur la grosse caisse. Le public parisien n’étant toutefois pas en reste, l’heure du rappel finit par tonner, des "Leprous ! Leprous !" furent scandés en chaîne. Nous l’attendions, nous ne l’espérions plus, mais ils le firent : dix minutes de rappel, consacrées à leur masterpiece, au bas mot l’un de leurs plus grands chefs-d’œuvre, "Forced Entry". Nul doute que le public déjà émoustillé par une setlist magistrale ne put retenir un orgasme auditif intense durant cette fin de soirée.

C’était le 5 Octobre 2015, au Divan du Monde, dans le 18ème arrondissement de Paris ; c’était LEPROUS, avec SPHERE et RENDEZVOUS POINT.