La review

LEGACY FEST
Dessau (Allemagne)
21-23/05/2009


Review rédigée par Eniel-Obtide


Mercredi 20 Mai
Départ un peu en retard, la route est estimée (sans pause et sans couac) à grosso-modo 9h. Sauf que voilà, votre serviteur est une poissarde doublée d’une gaffeuse… Alors, histoire de ne pas faire les choses simplement, j’ai testé pour vous (comme on dit) : les bouchons et les travaux sur les autoroutes Allemandes, les déviations foireuses et les orages de nuit sur route aux marquages presque effacés. Bref, petit retard deviendra grand et, après une entrée en fanfare… par la porte des artistes et des officiels (non non ça n’a pas marché), c’est à 2h du matin passé que nous avons pu monter notre tente, toujours entre deux orages ! Première impression pas fameuse : aucun panneau "Legacy Fest" aux abords de la ville (du moins rien de visible de nuit) ni même – plus gênant – devant les entrées VIP / festivaliers, accueil pressé d’en finir (bon ça je peux comprendre : 2h du mat, mais quelques explications ça ne fait jamais de mal) et qui nous a envoyé à la chasse au Dahu en nous disant de chercher le staff présent pour se placer sur le camping. Allez, il y a pire dans la vie d’un festivalier, ça sera mieux demain.

Jeudi 21 Mai
Réveil à 6h30 du matin… Et merde ça fait même pas 3h que je dors. Dehors les lèves-tôt émergent aussi, à moi qu’on soit les seules nouilles à s’être couchées… 8h, Badaboum ! ODIN donne de la voix tandis qu’un rideau de flotte nous tombe dessus (ça faisait longtemps tiens…) et que nos voisins s’éclatent à brailler "Odin" à chaque coup de tonnerre. Finalement on est bien là, dans la tente. 9h, j’en peux plus, ça s’est calmé, je sors ! Il fait moche et venteux, au moins l’insolation attendra.



RAS jusqu’à l’arrivée sur le site des concerts, tout juste pour voir la fin du set d’ILLNATH. Trop court mais assez entraînant avec un petit côté sympho. A revoir au moment du Metal Camp.



Arrivent alors un des groupes qui poussait ma curiosité : ALESTORM. Amis, comptez maintenant avec un nouveau venu à la liste déjà fournie des genres : le "Pirate Metal" ! Véridique, cette appellation vue au détour du magazine de Nuclear Blast m’avait fait sourire mais, une fois devant le fait accompli, je dois reconnaître que leur musique aux airs de guinguette – parfois – et de chansons à boire – très souvent – dégage une ambiance bon enfant et festive. J’ai déjà trouvé sympa le principe du clavier virant vers un son d’accordéon mais dites-moi qui, dans la scène metal, décore son instrument de stickers girafe, teckel, lapin, koala, canard et autres bestioles incongrues ? Bref, les Ecossais sont là pour se faire plaisir ! D’ailleurs le public du Legacy avait pris les devants pour ce joyeux set, verres de bière, drapeaux de pirate et bandanas étaient de sortie.



Changement manifeste avec le groupe Norvégien KEEP OF KALESSIN. Très sérieux dans leur attitude et leur port, affichant des tenues rehaussées de cuir, les 4 hommes venus du froid nous servent sur un plateau leur black metal carré… qui a commencé à se mordre la queue au bout de plusieurs morceaux. Cet avis n’engage que moi, mais toujours est-il que j’ai préféré me diriger vers la "petite" scène (Stardust Stage) afin d’être bien placée pour HACRIDE. KEEP OF KALESSIN sera pour les chanceux au Hellfest le 21 juin. Personnellement je retenterai le coup au Metal Camp…



Revenons à HACRIDE. Mon souci était de me faire une nouvelle idée de ces compatriotes en live car lors de leur passage à Paris, ils n’avaient pas déclenché en moi le déclic attendu (voir le report du concert au Nouveau Casino le 25 Avril). Après le balcon, me voici au 1er rang cette fois (j’aime les compromis) et – effectivement – il a été plus simple de se laisser entraîner par la musique. HACRIDE a joué devant un public Allemand conquis en quelques morceaux et plus prompt à headbanger que les Parisiens. Malgré n’avoir eu que la seconde scène, le groupe a bénéficié du fait que cette dernière était couverte pour ne pas être tributaire du ciel et s’offrir un éclairage qui a rajouté à la musique une ambiance et une force très appréciables. Content de l’accueil réservé et spontané, le chanteur descendra même jusqu’à la barrière de sécurité pour saluer les premiers rangs.



On traîne un peu, ce qui nous vaudra d’arriver au milieu du set de KATAKLYSM. Bien efficace et agressif, d’ailleurs le frontman harangue le public dans ce sens. En même temps, du death… Les gens qui ressortent de la fosse sont littéralement trempés. A voir en entier la prochaine fois !

Nouvel objet de curiosité de la journée, DIE APOKALYPTISCHEN REITER. Eh bien ! On parle souvent de "spécificité franco-Française" mais nous n’avons pas le monopole, et là j’ai été servie : placez-vous au centre du public à un festival en Allemagne pour le set de ce groupe et vous vous sentirez comme un étranger balancé en pleine fosse pour un concert d’Ultra Vomit. Déjà avant même que le set ne commence, les gens se pressaient telle façon que je me suis dit : "oh, groupe culte ou quoi ?". Et d’un coup tout le monde se met à chanter et bouger comme un seul homme : ça saute, ça bouscule et moi je ne touchais presque plus le sol. Ca ne valait pas le coup de rester comme une idiote au milieu de tous ces gens remontés à bloc, repli stratégique. Une fois sortie de la masse, je me suis rendue compte du phénomène : une marrée humaine qui chante en chœur et des musiciens aux anges de voir un tel spectacle. Comment se sentir à l’écart, mode d’emploi… Du coup, ballade sur les stands merchandising en attendant que ça passe.



Cette première journée touche à sa fin et ce sont de nouveau des Norvégiens qui montent sur scène. Le duo de SATYRICON est devenu un ensemble de 6 personnes, Satyr laissant aux musiciens le soin de s’occuper des guitares tandis que lui assure le chant, et la plus grosse partie du show. C’est parti pour plus d’une heure de black metal où l’on retrouvera les classiques "Now, Diabolical", "K.I.N.G" et les récents "Die By My Hand", "The Wolfpack".ou encore "Black Crow On A Tombstone". Le set se finit sans surprise sur "Mother North".

La place se vide, pressée de retrouver ma tente. Au passage on en profite pour raccompagner un voisin rencontré sur le camping juste après la fuite du set DIE APOKALYPTISCHEN REITER. Complètement ivre, il a pour sa part fini par dormir debout sur SATYRICON. Retour au bercail et trou noir.



Vendredi 22 Mai
De nouveau réveillée à 6h30 par un orage, les nuits sont courtes décidément. La journée commence vraiment avec le concert de GRAVEWORM. Cela fait des années que j’attends de les voir et d’autant plus plaisir que le poster de l’album "(N) Utopia" était de ceux qui ornaient ma chambre d’étudiante. Pas mal ce set ! Le chanteur est très présent et mène le show d’un bout à l’autre, exception faite du moment où il invite le chanteur de DISBELIEF (qui joue le soir même) à le rejoindre. Excellent duo qui conclu en beauté un set déjà réussi à mon goût.



Suite du programme de l’après-midi avec MERCENARY. Outre les toiles de décors que j’ai personnellement trouvé très belles (GRAVEWORM avait fait fort aussi, mais en plus massif), le groupe lui-même était agréable. Un peu de clavier juste ce qu’il faut et un mélange chant grave / aigu. Côté scénique, malgré une très grande mobilité du chanteur assurant les parties aigues, le guitariste / chanteur en imposait plus.



Dernier du tir groupé sur la scène principale : ELUVEITIE, vu 4 fois depuis un an mais je ne m’en lasse pas. Au lieu du bon moment attendu, j’ai été déçue, mais déçue ! Par tant par le groupe lui-même, malgré un son mal réglé sur "Slanias Song" (une des plus belles et l’on entend à peine la chanteur !), mais par le public. Et que ça se bouscule comme des forcenés presque à se battre par endroit pour attraper la barrière, que ça piétine tout sur son passage pour passer… Et ces slams ! Sans jouer ma fillette, je ne suis pas venue pour faire porteur et passer la moitié du show dos à la scène pour anticiper les slammers. Tant que ça reste ponctuel, ok, mais pas un flux presque continu, ni sur des chansons acoustiques on-ne-peut-plus calmes… Bref entre la presse et la boue sur les chaussures que je devais soit soutenir soit me manger, j’en ai eu marre et j’ai remonté toute la "fosse" (si on peut parler ainsi en plein champs). Sinon musicalement le nouvel album passe plutôt bien, les musiciens se posent assis à la cool.



Un début de pluie rappelle à mon bon souvenir que CENTAURUS-A va commencer à jouer sur la petite scène dans le hangar. Même chose qu’à Paris lorsqu’ils ouvraient pour HACRIDE : CENTAURUS-A est un rouleau compresseur. Les Allemands jouant à "domicile", le public ne s’est pas fait prier pour manifester son enthousiasme. Revers de la médaille : il est lassant d’être face à un groupe qui communique énormément, mais dont on ne comprend pas un traitre mot (5 ans sans avoir pratiqué, IUT je te hais !).

Nous étions sensé voir ANIMA, mais c’est une foule trempée arrivant de la scène principale et impatiente qui nous a foncé dessus en beuglant "Sodom !". Un membre du staff est monté sur scène pour faire une annonce… exclusivement en Allemand et avec un cheveu sur la langue : j’ai rien compris, même pas les quelques mots habituels. Communication à l’internationale zéro. Dans les faits, il n’était pas dur de deviner que SODOM était déplacé dans ce hangar, mais quid d’ANIMA ? De BEHEMOTH et des autres ? Aucune idée. Au bout de quelques minutes où presque tous les fumeurs du fest s’étaient donné rendez-vous sous le hangar, j’ai suffoqué et j’ai préféré braver la pluie – qui au final s’est arrêtée de tomber très vite. En repassant devant la main stage, on pouvait constater que la plus grande des bâches s’était effondrée, maintenant les techniciens s’affairent pour ranger le maximum et protéger le restant. Quelques minutes plus tard, un panneau annonce la couleur : le hangar est réquisitionné et la programmation a été revue, adieu petits groupes qui devaient jouer ce soir. Relevé des changements et passage au camping.

Retour – en théorie – pour BEHEMOTH et la signing session d’ELUVEITIE.



"Heuuu, c’est pas le décors d’ARCH ENEMY sur la grande scène là ?". Pas mieux pour le reste, le stand des signatures est tout simplement fermé et le coupable programme de remplacement a été enlevé. Je suis frustrée d’avoir raté les Polonais, je ne sais pas ce qu’il y a autour de ce groupe mais les festivals n’ont pas l’air de leur porter chance. Déjà au Metal Camp, le ciel s’était déchiré pendant leur prestation (très bon souvenir ça par contre), les obligeant à couper court. Voilà que cette fois un orage chamboule l’organisation et qu’ils sont ballotés d’un changement d’heure à l’autre. Bof, faisons contre mauvaise fortune bon cœur et profitons de ce que nous avons là. Quelques cervicales dépoussiérées plus tard, et déçue d’avoir raté tant de choses, je retourne à mes pénates.



Samedi 23 Mai
Magnifique début de journée sous un soleil de plomb, mais qui fait la météo ici ?! Nous arrivons un peu en avance sur le festival. ENSTILLE est en plein set, corpse paint et tous pics dehors. Le plein soleil donne une atmosphère étrange sur le black metal et pourtant ENSTILLE a mobilisé du monde. Je ne connais pas suffisamment la scène black mais le groupe s’est plutôt bien défendu.



La rotation débute, les membres de BELPHEGOR viennent faire les réglages retour avant d’entamer les hostilités. Il y a un peu moins de monde pour les Autrichiens mais baste ! Je n’en serai que plus près. Pas un pet de nuage, Helmut est le premier à se plaindre et feint d’éteindre "that fucking sun" à l’arme à feu. Dur dur en effet, les zicos se prendront l’astre en pleine face tout du long. Ca ne les empêchera pas de nous balancer un set bien trempé où leurs dernières bombes, "Justine : Soaked In Blood" et "Bondage Goat Zombie" font figure de coup de grâce. Le groupe enfonce le clou pour la fin du set en s’aspergeant de sang puis, dans le cas d’Helmut, en revêtant une cagoule de cuir rehaussée de pics sur le front.



Un petit tour du côté du hangar pour voir ce qu’on y donne, juste le temps de regarder un peu MISERATION et repartir car de l’autre côté du terrain résonne déjà l’appel du pagan avec EQUILIBRIUM.



Présents au Heidenfest en Novembre 2008, un imprévu m’avait fait rater presque tout leur set et du coup je ne me souvenais pas très bien ce qu’ils donnaient sur scène. Retard rattrapé avec plaisir ! Outre le fait que j’adore le pagan, EQUILIBRIUM a été le meilleur moment du festival pour moi. Le genre de prestation qui vous fiche la pêche, étonnamment aussi le soleil – toujours aussi présent – ne se ressentait plus comme une gêne mais apportait un regain d’énergie. Vivement le Summer Breeze qu’on remette ça !



Les émotions ça creuse, une fois le groupe parti j’ai filé droit aux stands de nourriture. Sur ce point, chapeau aux organisateurs ainsi qu’aux cuistots : c’était varié et (le plus important) bon. C’est donc comme un coq en pate avec mon repas que j’ai assisté distraitement de loin à la prestation d’EISREGEN.



ENSIFERUM, deuxième groupe assimilé pagan / viking de la journée, je suis gatée. Pas de frénétique envie de voltige des slammers aujourd’hui, quelques uns du public ont tenté une chenille sur le côté mais trop tard et la chanson suivante ne leur a pas permi de continuer. Côté musiciens, la bonne humeur est au rendez-vous et leurs tenues de scène (des kilts aux couleurs de la Finlande) sont décidément très sympa. J’ai piaffé jusqu’au bout en espérant "Battle Song" mais en vain. Ne nous plaignons pas, 1h de prestation simple mais appréciable et j’ai pu finir le festival tranquillou.

Dans l’ensemble le Legacy Fest a été sympa, bien organisé (le truc en plus : les dédicaces) et varié dans sa programmation. Le site d’accueil était relativement petit mais bien agencé avec un camping à l’arrache – ce qui fait aussi un peu partie du charme –. Autre point positif, l’équipement : suffisemment de WC, douches (payantes), grand point d’eau, éclairage du camping, merchandising dont Nuclear Blast et rien à redire à la nourriture. Par contre si je devais y retourner, ce serait cette fois avec un groupe d’amis. Non pas que les gens y soient moins intéressants qu’ailleurs, mais je les ai trouvé bien moins liants qu’au Metal Camp par exemple. Est-ce parce que nous étions les seuls (ou rares) Français, que le fest se déroulait en ancienne Allemagne de l’Est (ça peut sembler fumeux mais c’est l’explication que m’a donné un type rencontré au bar) ou est-ce le hasard des personnes qui campaient autour de nous ? Aucune idée… J’émets donc une réserve pour l’année prochaine à moins d’y aller à plusieurs.