A Paris, on voit de tout, tout est palpable, tout est possible, c'est ainsi que d'un week-end à l'autre on peut se faire un petit plaisir et aller voir certains de nos groupes cultes dans de petites salles. J'ai donc testé pour vous ces deux premiers week-ends de Mai, LAIBACH, le Dimanche 8 Mai au Divan du Monde et ATARI TEENAGE RIOT le Dimanche 15 Mai 2011 à la Maroquinerie. Deux groupes, deux ambiances, deux publics, mmh, du fun, du peace, du rock 'n' roll quoi.

LAIBACH REVISITED
Je suis allée gaiement voir LAIBACH, la bouteille à la main, accompagnée d'une bande de joyeux drilles, des étoiles dans les yeux me disant, ça y est, je vais voir le géant en sarouel et capuche, enfin, LAIBACH quoi, la classe. J'arrive au Divan du Monde, queue de 200 mètres, première grosse surprise car apparemment, le concert était loin d'être complet, peu importe, le temps d'aller se prendre une bière en bonne compagnie, de toute façon LAIBACH, pas de première partie, nous saurons plus tard en entrant dans la salle que ce qui nous attend en ambiance sonore avant le show, c'est de la musette. Après tout, rien de bien étonnant.
Je reviens donc sur cette entrée au Divan du Monde, sur les portes d'entrée on nous avertis : "Tout signe ou slogan incitant à la haine sera passible d'expulsion de la salle", oui, c'est vrai que le public Laibachien n'est pas en général le plus bisounours. Ceci dit, la salle est plutôt calme et se remplit au fur à mesure, toujours sur cette ambiance musette. Afin de mieux voir, puisque rappelons le, LAIBACH ce n'est pas de la viande à pogo, non, c'est du spectacle, du vrai, de la trompette et du vidéoproj'. Et effectivement on voit déjà sur la scène deux écrans équipés. Ca va être biieeeen.
L'attente est longue mais enfin, LAIBACH arrive sur scène, c'est la magnifique Mina Spiler avec son mégaphone qui ouvre la cérémonie, elle accompagne le groupe pour ce concert Revisited. Je dois dire d'emblée qu'heureusement qu'elle était là ainsi que les vidéoprojections, j'ai au moins pu mater quelque chose pendant la première demie heure de concert où, avouons le, je me suis sévèrement faite chier. Pour le plus gros du concert c'était donc des reprises, on voit sur les vidéoprojections que de toute façon, le groupe n'a pas l'air de porter la France dans leur coeur, à coups de petits slogans rapides "French people smell...", et pour clôturer le spectacle une charmante reprise de la Marseillaise. Je ne connaissais pas assez bien LAIBACH pour reconnaître les morceaux et donc les apprécier à leur juste valeur, certains diront que c'était le concert de leur vie, moi je me suis plus figurée ce show comme une balade dans une musée, un cabinet de curiosité, avec chaque nouveau rebondissement de plus en plus incompréhensible. Alors que dire quand à la fin du show, je me dirige vers le stand merch par curiosité et voit ce type au stand qui sort furtivement de derrière son comptoir un immense poster LAIBACH, representant une tasse avec une croix gamée. Pour les intéressés, je vous laisserai fouiller. Encore plus étonnant, en sortant de la salle, non moins de 6 camions de CRS nous attendant, parce que ouais, ils avaient prévu le coup, une horde de fans de LAIBACH, à Pigalle de surcroit, ça risque de faire mal. Plus de peur que de mal donc, pour ces organisateurs qui à coup d'affiches de prévention et d'appel au CRS s'en sont très bien sortis, dans la joie et la bonne humeur. Vivement le week-end prochain, parce qu'avec cette si belle et calme organisation, je me suis au final bien ennuyée.

VERSUS
Oui parce que, si d'un week-end à l'autre on peut à ce point changer la destinée d'un Dimanche soir, c'est bien grâce à un groupe, et même si la prestance de LAIBACH impressionne et noue le ventre, celle d'ATARI TEENAGE RIOT prend tout simplement aux tripes !

ATARI TEENAGE RIOT
Ça fait bien 20 minutes qu'on trépigne devant la salle, on voit défiler les gens, il y en pour tous les goûts, du cyber punk au teufeur, et grosse suprise, je retrouve pas mal de gens croisés au concert de LAIBACH, ben oui, finalement les nazis sont ouverts d'esprit (là il faudrait rire). Bref, enfin le concert commence, à sec, sans première partie, et de toute façon c'est comme ça qu'on les aime, les ATR. C'est donc envahissant tout à coup la scène de la Maroquinerie et à grand coup de stroboscopes, que tout de suite c'est la folie, le public se bouscule, les gens dansent et reprennent les morceaux en coeur.
ATARI TEENAGE RIOT est aussi là cette fois-ci pour défendre leur nouvel album "Is This Hyper Real?", qui pour le coup s'annonce un peu moins bourrin que ceux qu'on a adorés mais fonctionne très bien en concert puisque qu'on se retrouve vraiment dans une ambiance dancefloor, c'est surpuissant. En même temps on ne pouvait pas retrouver le même son qu'avant, car Alec s'était juste donné une pause forcée de 10 ans avant de remonter le groupe ATARI TEENAGE RIOT et reprendre une tournée en 2010, on était resté sur notre faim avec la sortie de leur rétrospective. Ceci dit, pas de déceptions, le groupe est en grande forme, on découvre sur scène Cx kidtronik qui remplace maintenant Carl Crack aux synthés et voix, après que celui-ci soit mort d'une overdose en 2001 stoppant donc net toutes nouvelles compositions du trio, son remplacant assure tout de même bien le show, un style à la Prodigy, une énergie démusurée, Cx Kidtronik n'hesite pas à grimper sur ses machines pour balancer des beats à coup de sneakers. De son côté, Alec reprend un peu de vitamines une fois après avoir gerbé dans un coin de la salle, le mal du voyage qu'il nous dit (on y croit tous), nous, on avait même pas remarqué qu'il était malade, alors la reprise, elle est encore meilleure ! Nic Endo idem, belle, survoltée, qui hurle les morceaux qu'on connaît par cœur. En conclusion, le concert d'ATR aurait été salvateur pour nos pauvres esprits malades, on constate qu'il existe toujours pire que soi, un bon concert, dans une bonne salle, ça se partage, et rien de mieux qu'Alec Empire un Dimanche soir pour nous aider à éliminier les toxines emmagasinées durant le week end.

Faites votre choix.