La review

KYLESA + SIERRA + JAGGED VISION + REGARDE LES HOMMES TOMBER
La Maroquinerie - Paris
27/01/2014


Review rédigée par Angie
Photos prises par Sigried Duberos


Organisée par la team Kongfuzi, cette soirée du 27 Janvier 2014 s’annonce épicée. Attendu avec une certaine impatience depuis l’annonce de leur passage dans la capitale, KYLESA, groupe de Savannah signé sur le label français Season Of Mist n’a su manquer d’éloges quant à la qualité de ses productions depuis un premier éponyme sorti en 2002 et s’est posé comme figure imposante majeure de cette scène underground.

On démarre tôt, vers 19h, la ponctualité doit être de mise si l’on ne veut pas rater le set de REGARDE LES HOMMES TOMBER (RLHT), j’oserais dire l’un des groupes les plus prometteurs du sludge / black / post-hardcore apocalyptique (appelez ça comme vous voulez) français, notamment depuis leur passage de remplacement sur le Hellfest de l’an dernier dont la prestation contribuera en grande partie à leur découverte et leur notoriété. Actifs depuis environ deux ans, les cinq Nantais révèlent un premier album éponyme en 2013 résultant de nombreuses performances dans l’hexagone. Ce soir, la capitale les accueille dans l’enceinte de la Maroquinerie en guise d’apéro corsé. C’est dans un noir quasi total que la prestation de se déroule, quelques projections de lumière blanches ponctuelles, une quarantaine de minutes sous le signe d’une ambiance tumultueuse. Issus d’horizons musicaux variés, les différentes influences des musiciens s’entremêlent. Une pointe black metal assez prononcée sur la voix et un jeu de batterie aux blasts épisodiques, des cordes post-hardcore / atmosphérique à la Celeste & co, leurs notes aiguës qui tranchent avec des accords au penchant obscur, la lenteur et le redondant d’une rythmique sludge massive… le tout est éclectique formant une cohérence intacte. Les titres s’enchaînent en gardant cette intensité désenchantée, cette atmosphère lugubre entrainée par la frappe fidèle et musclée d’un batteur qui se sera fait piquer la place centrale-arrière par les deux amas de fûts de la tête d’affiche. Peu importe, le jeu à gauche de la scène fait son petit effet décalé. Hormis quelques passages où les longueurs se font un peu trop ressentir (à mon goût) et un problème de niveau sonore vocal dans le mix, le résultat s’avère hautement respectable et conquis grassement son public.

Le temps de quelques minutes d’entracte à peine, les hostilités réattaquent sur les piles électriques de JAGGED VISION. Cinq Norvégiens, un stoner / hardcore comme il le nomme qui envoie sévèrement. Des riffs exités, de gros breaks comme conçus specialement pour casser des mâchoires, le mélange est explosif, l’assemblée réceptive à souhait. Comment ne pas penser à Kvelertak lorsque l’on voit ces cinq gars au chanteur leader charismatique profondément "encré" et au jeu de scène débridé. Ca groove, ça punch, la reprise de "Rather Be Dead" de Refused marquera la félicité du set. Une découverte de taille.

Les pauses sont expéditives, les SIERRA sont installés en un laps de temps athlétique. Trio de stoner canadien, le nom m’était alors jusque là inconnu. Quelque dizaines de minutes d’écoute me suffiront hélas. Les sonorités ne m’entraînent pas, la voix me figure plate. L’ensemble est loin d’etre médiocre, le jeu est soigné, le niveau professionnel, le son vintage étudié. Mais aucune magie n’opère. L’ennui m’envahit, je décide de m’absenter pour le reste du set…Petite déception après la tornade JAGGED VISION, j’aurais procédé à un changement d’ordre de passage.



Arrive le moment tant attendu, la foule s’agglutine, chacun choisit son endroit clé dans la salle offrant un choix de fosse pour les plus téméraires, de balcon pour les plus sages ; les quelques degrés supplémentaires se font suffisamment ressentir.
Sur scène, deux batteries de coutume, une intro mystique du chanteur / guitariste sur notes de thérémine laisse filer le show sur l’explosion "Scapegoat". C’est un appel de guerre que ce titre fulminant en choix premier, l’ambiance est dès lors posée. En groupe qui excelle dans l’art de l’alliage stoner / doom / psyché, les switch entre passages envoûtants et brutaux sont fréquents. Sur "Unspoken", l’état second est touché du bout des doigts, les projections visuelles psychédéliques aidant, Laura Pleasants pose sa voix de manière honnête, bien que moins limée que sur support. Sur les deux premiers titres, la qualité du mix n’est pas au rendez-vous, inconvénient idéalement rattrapé par la suite. "Hollow Severer", en troisième position, fera bouillonner une fosse de plus en plus agitée. Le public est réceptif, un mini pit se crée, pas si étrange que ça, les coreux adorent KYLESA. On s’excite sur des riffs transportés par une déferlante arrière de fûts frappés à l’unisson. Le cran du dessus est atteint avec "Tired Climb", la bombe de "Spiral Shadow" (2010), puis c’est l’hypnose avec "Quicksand", ses flangers et sa voix généreusement réverbérée. La technicité des deux batteurs reste remarquable et cette nana, elle a du charisme quand même ! La plupart des albums sont passés en revue, dont quatre morceaux du dernier "Ultraviolet" sorti en 2013. Une setlist généreuse de quatorze titres, rappel sur "Don’t Look Back" puis "Said And Done" de "Static Tensions" (2009) sur lequel Laura achèvera la prestation par deux jetées dans la foule, crowdsurfing guitare en main. Un deuxième saut qui lui vaudra apparemment un orteil foulé…
KYLESA, une bombe d’énergie ; soirée exquise.

Photos tirées de : www.sig-photogaphie.com