La review

KVELERTAK + GLOWSUN
L'Aéronef - Lille (59)
31/10/17


Review rédigée par Rm.RCZ


En ce 31 Octobre, comme un vent venu du Grand Nord souffle sur le Nord justement. Et pour cause, les Norvégiens de KVELERTAK débarquent dans la capitale des Flandres pour y planter leurs drapeaux au son de leur douce musique énervée. Pas la peine de les présenter ni de décrire l’ambiance d’un pit sous l’effet d’un "Mjød" ou d’un "Blodtørst", KVELERTAK et sa réputation parlent d’eux-mêmes alors il n’y avait qu’à se présenter gaiement à l’Aéronef au beau milieu du dernier jour du mois d’Octobre. C’est donc vers un peu plus de dix-neuf heures que l’Aéronef en mode club ouvre ses portes et à peine vers un peu plus de vingt heures que GLOWSUN entame son set en guise de bonne première partie.



Pour la rapide présentation, ayant vu le jour en 1997, GLOWSUN est une de ces pépites lilloises servant de référence de son genre, le stoner-rock-psyché. Référence hexagonale ou référence européenne, GLOWSUN tient une trentaine de minutes de show en ce jour de fête des morts (soulignons la passion pour le déguisement de certains audacieux). Au menu de cette (trop) petite demie heure, une prestation instrumentale où les riffs se font religion et les enchainements ou arrangements un art. Peu de paroles donc mais un sens de la composition inné et un talent non caché pour en faire la démonstration (notamment avec "Behind The Moon" ou "Arrow Of Time"). La maîtrise est clairement là et GLOWSUN avance dans un exposé clair, net et sans bavures de sa musique. Le set file avec une rapidité assez déconcertante malgré la longueur des pistes du trio. D’ailleurs cette durée moyenne des pistes se fait au détriment du nombre de titres présents dans la setlist. Mais très honnêtement, peu importe, une prestation réussie ne se juge pas au nombre de compositions jouées. En cela, le pit est visiblement conquis et GLOWSUN repart largement gagnant de sa venue sur les planches de l'Aéronef. Alors résumons cette moitié d’heure de show à une très bonne découverte pour certains, une confirmation pour d’autres et un bon moment pour la quasi unanimité de la fosse lilloise.

Setlist : "Death’s Face", "Behind The Moon", "Dragon Witch", "Arrow Of Time".



C’est à peine un petit quart plus tard que KVELERTAK entre en piste par "Åpenbaring". Tradition oblige, c’est masqué de son attirail d’homme chouette qu’Erlend Hjelvik fait son entrée et commence à prêcher la bonne parole norvégienne. Bien évidemment, le show est véritablement lancé lorsque ce dernier délaisse enfin le pied du micro pour brailler au plus près de la fosse. Et une chose frappe d’emblée, même s’il y colle toute la volonté du monde, le frontman de la formation n’est décidément pas en forme ce soir. Cordes vocales en vrac oblige, le leader de la bande originaire de Stavanger force sur une voix assez faiblarde qui s’avère assez loin du rendu studio que l’on peut connaitre de KVELERTAK (soucis vocaux dont il s’excusera à plusieurs reprises). Ce qui rend malgré tout le show moins percutant que les sorties studios du sextet.
Pour le reste, même si les vocales du frontman à tête de chouette (comprendra qui pourra...) ne se font pas folichonnes, l’instrumental lui est cadré (sauf quelques hésitations sur "Blodtørst") et énergique. Energique et survolté, à l’instar du bassiste sautillant se plaisant à slammer, escalader les retours et mettre quelques coups de pompes dans les premiers rangs. L’électricité scénique est donc là et par conséquent, le pit est bien bordélique, les épaules bien entrechoquées et quelques têtes bien piétinées. L’ambiance est au rendez-vous et les nuques s’éclatent tant leurs propriétaires prennent du bon temps. Forcément ça remue, ça pousse, ça crie, ça bouge et ça débouche les tympans depuis les premières notes de "Åpenbaring" (bon d’accord, véritablement depuis "Bruane Brenn"). L’animation du pit ne changera d’ailleurs pas vraiment, le tout ressemblant à un mille-pattes assez vénère ou plutôt à un pogo loin d’être déplaisant. Pogo, mosh, pogo, mosh appelle-ça comme tu veux mais c’est ce qui occupa Lille une bonne partie du show. Puis vient "Svartmesse", qui dit "Svartmesse" dit "wall of death" et qui dit "wall of death" dit "un mec qui me file sa bière" (true story). Un second braveheart (cette fois-ci sans bière) sur le titre qui suit, "Offernatt", se tentera mais s’écroulera rapidement pour se finir en gigantesque câlin ou marre aux canards au sol. Quoi qu’il en soit, et pour l’anecdote de la soirée, rappelons toutefois le vent mémorable, assez proche de l’ouragan, que se mangea le guerrier norvégien lorsqu’il asséna la foule pour qu’elle se scinde au rythme d’un circle pit. Quoi qu’il en soit, le set (d’une seizaine de pistes) est assez rapidement expédié. KVELERTAK enchaînant les titres les uns à la suite des autres sans vraiment de secondes ni de larsens de repis. Un enchaînement très rapide pendant un peu plus d’une heure dix de prestation qui se finira dans la sueur, l’émanation d’alcool et quelques bleus qui apparaîtront le lendemain (en même temps, avec des titres comme "Bruane Brenn", "Mjød" ou "Nattesferd", c’est fortement logique).
Retenons donc que malgré une salle qui se vide au gré du concert, KVELERTAK servira toutefois deux titres en guise de rappel ("Heksebrann" et "Kvelertak" évidemment) et a tenu coute que coute une prestation énergique dont les derniers coups résonneront aux alentours de 22h40. Alors pour conclure, disons que KVELERTAK a assuré le show en dépit de l’état de santé de son charismatique leader, quelque peu effacé sur cette date. Points noirs du concert : un son pas toujours à la hauteur, un slammeur trop envahissant et des guignols s’improvisant lanceurs de gobelets sur artistes. D’ailleurs, ils seraient très largement embauchés chez Pinder ou Bouglione les bougres, tout un plan de carrière... Points positifs : KVELERTAK s’est donné malgré tout et le pit lui a plutôt bien rendu la chose. Pour le reste, cette date lilloise n’était clairement pas la meilleure prestation de KVELERTAK ni même sa meilleure date bien que notre bon vieux pote Erlend ait clamé assez vivement "This is the best fuckin show we ever done in France". Hypocrisie d’un soir ou non, ne tombons pas non plus dans le négatif ou le pessimisme, le show n’était pas mauvais. Alors disons plutôt "moyen / moyen-plus" avec parfois des passages assez longuets et d’autres bien plus intéressants. Et comme j’ai fini de parler comme un vieil aigri, remercions l’Aéronef d’avoir concocté une telle date mais également GLOWSUN et KVELERTAK d’être venus se défouler dans la nuit lilloise. Bien évidemment, merci à mon éternelle acolyte-photo toujours vivante après s’être fait envolée plus d’une fois par une épaule ou un uppercut dans ce monde de brutes dociles que nous sommes. A la revoyure !

Setlist : "Åpenbaring", "Bruane Brenn", "Mjød", "1985", "Berserkr", "Evig Vandrar", "Ulvetid", "Bronsegud", "Nattesferd", "Ordsmedar Av Rang", "Nekrokosmos", "Svartmesse", "Offernatt", "Blodtørst".
Rappel : "Heksebrann", "Kvelertak".