La review

KORPIKLAANI + ARKONA + HEIDEVOLK + TROLLFEST
Le Transbordeur - Villeurbanne (69)
25/02/18


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Jérémy Girard


TROLLFEST, ARKONA, KORPIKLAANI et HEIDEVOLK de passage à Lyon sur une même affiche : en tant qu'amateur de la scène folk / pagan actuelle, voici un événement que je n'aurais pas voulu manquer ! C'est ainsi que je prends place, en ce froid jour de Février, dans la longue file d'attente formée devant le Transbordeur. A n'en pas douter, il y aura du monde ce soir dans la salle !



Voyant que je risque fort de manquer le début du premier groupe, je me décide à gruger les derniers mètres de la file d'attente pour récupérer mon accréditation. J'entre ainsi dans la salle pile au moment où TROLLFEST arrive sur scène. Cela fait la troisième fois que j'ai l'occasion de voir le groupe en concert et, le moins que l'on puisse dire, c'est que ces garçons ne s'arrangent pas avec le temps ! Ce soir encore, les Norvégiens semblent avoir repoussés encore un peu plus les limites du mauvais goût avec des costumes de scène plus ridicules que jamais. En plus des tenues d'explorateurs façon boy-scout, certains se sont peinturlurés le visage de différentes couleurs et un des guitaristes débarque même sur scène vêtu d'une espèce de slip léopard... Cerise sur le pompon, le chanteur arbore un couvre chef tout a fait délirant formé d'une vingtaine de ballons de baudruche fixés à son chapeau. D'ailleurs, des ballons, on en retrouve partout sur la scène : des bleus, des jaunes, des verts, des rouges, des ronds, des longs, en forme de cœur... Bref, le TROLLFEST assume toujours plus son esprit carnavalesque au grand damne de nos chastes yeux ! Musicalement, le groupe nous distille son cocktail de folk metal festif avec guitares électriques, accordéon, saxophone, percussions, batterie qui tabasse et chant hurlé sans retenu. Les mélodies irrésistiblement sautillantes nous semblent aussi bien inspirées des musiques traditionnelles d'Europe de l'Est que des rythmes chaleureux de d'Amérique du Sud. Le public s'en donne à cœur joie, encouragé par cette bande de saltimbanques imprévisibles qui agrémentent leur jeu de scène par tout un panel de danses ridicules. Mais Trollmannen, le chanteur / percussionniste en chef, en demande toujours plus. Après une reprise tout en finesse d'une chanson de Britney Spears, il nous invite à oeuvrer pour le chaos avec eux : "Pour le prochain morceau, je veux un moshpit ici, un circle pit ici, cinq personnes qui sautent des gradins au fond et, ici, six personnes qui ont une discussion passionnante !". Inutile de vous dire que, dans le Transbordeur déjà bien rempli, c'est un joli foutoir agrémenté de ballons de baudruche qui volent en tous sens. Les choses se corsent encore lorsque le groupe nous demande de faire la chenille sur un autre morceau... Ceux qui ont déjà essayé de danser à la file indienne avec plusieurs centaines de personnes comprendront ce que je veux dire ! Bref, pour ce début de soirée, TROLLFEST nous a offert trois quarts d'heure de bonne rigolade au son de leur musique festive en diable. On ne pouvait pas espérer meilleure ouverture pour chauffer la salle !



Place maintenant aux Néerlandais de HEIDEVOLK que j'ai déjà eu l'occasion de voir au Sylak Open Air cet été. Fait appréciable que je n'ai pas relevé jusqu'ici, chaque groupe joue sur sa batterie et dispose de la totalité de l'espace scénique du Transbordeur. Cela change de tous ces concerts durant lesquels les premiers groupes sont contraints de se serrer à l'avant-scène pour ne pas gêner l'installation de la tête d'affiche... Ainsi, les quatre groupes semblent être mis sur un pied d'égalité pour cette tournée. Après le set déjanté de TROLLFEST, HEIDEVOLK nous propose une prestation bien plus classique. Fait notoire, le groupe à tout de même la particularité d'être mené par deux chanteurs, appuyés régulièrement par les growls du bassiste. Pendant presque une heure, les Néerlandais nous livrent un metal épique et guerrier qui prend clairement ses racines musicales dans la pure tradition heavy. Avec ses rythmiques efficaces, ses voix puissantes et ses bonnes parties de guitare, HEIDEVOLK nous offre des morceaux captivants et brillamment exécutés. Le groupe sait aussi se faire plus solennel avec, par exemple, un chant a cappella au milieu de leur set. A l'exception de quelques rares grésillements de micro, le son est excellent et nous permet de profiter de leur musique dans des conditions idéales. Au final, c'est un sans faute pour les Néerlandais qui ont su parfaitement captiver leur auditoire avec un metal un brin classique mais très convaincant.



Décidément, le concert de ce soir a été extrêmement bien organisé car les transitions entre les groupes s'effectuent à une vitesse record. Les Russes d'ARKONA ne se font pas attendre et leur concert démarre rapidement au son d'une obscure incantation. Masquée par une capuche noir, la chanteuse Masha vient se placer en avant scène pour frapper sur un grand tambour rituel orné d'un imposant crâne de bœuf. A l'image de leur nouvel album - clairement mis à l'honneur sur la première moitié du set - la musique des slaves ne nous aura jamais parue aussi sombre. Totalement envoûtée et envoûtante, la chanteuse prend des allures de sorcière en communication avec d'anciennes forces chamaniques. En alternant entre chant extrême et mélopées mélancoliques avec le soutien de la batterie, de la basse, de la guitare électrique et divers instruments à vent tels que la flûte ou la cornemuse, la musique des russes prend son temps et détonne dans cette soirée par sa dimension introspective. La puissance des instruments amplifiés se marie au souffle mystique des instruments anciens pour un résultat envoûtant. De TROLLFEST à ARKONA, on est passé du folk metal débile et festif au pagan profond et bouleversant. Sur la deuxième partie de leur set, les slaves reviennent tout de même sur des morceaux plus connus et fédérateurs en terminant même par deux titres bien festifs avec "Stenka Na Stenku" et "Yarilo" sur lesquels le public se déchaîne. Au final, Arkona reste fidèle à lui même en continuant sans cesse à explorer de nouveaux horizons, quitte à frustrer certains de leurs auditeurs. En ce qui me concerne, la prestation de ce soir m'a donné l'image d'un groupe toujours en évolution qui ne cesse de gagner en intensité et en émotion. Respect !

Setlist : "Mantra" (Intro), "Shtorm", "Tseluya Zhizn", "Khram", "V Pogonye Za Beloy Tenyu", "Mantra" (Outro), "Arkaim", "Goi, Rode, Goi!", "Zakliatie", "Skvoz' Tuman Vekov", "Stenka Na Stenku", "Yarilo".



Après toutes ces émotions, il est enfin temps d'accueillir le dernier groupe de la soirée. Formés depuis une quinzaine d'années avec un bon petit paquet d'albums à leur actif, les Finlandais de KORPIKLAANI font partie des têtes de proue du folk metal festif. Aussi, le groupe maîtrise ce style à la perfection et s'avère être une valeur sûre pour mettre de l'ambiance sur scène. Cependant, avec les années, nos amis scandinaves semblent finir par tourner un peu en rond. Aussi avais-je apprécié d'entendre quelques morceaux plus lents et solennels dans leur dernier album "Noita" qui venait apporter un peu d'eau neuve à leur moulin. Malheureusement pour moi, cette facette de leur musique n'est pas vraiment mise en avant ce soir avec des morceaux essentiellement festifs et dansants. Après les trois groupes précédents, j'avoue que je sens la fatigue me gagner en cette fin de week-end, aussi ai-je du mal à m'enthousiasmer de ces mélodies légères et sautillantes. Heureusement, certains titres parviennent à me sortir efficacement de ma torpeur. Citons, par exemple, "Petoeläimen Kuola" qui vient titiller le thrasheur qui sommeille en moi, ou l'instrumental "Vaarinpolkka" qui nous montre l'énorme virtuosité de l'accordéoniste Sami et du violoniste Tuomas. Comme à leur habitude, chaque musicien assure parfaitement le show avec professionnalisme et bonne humeur. Le son est plutôt bon, à l'exception du chant principal très fluctuant, au point d'être quasiment inaudible sur certains passages. Pour finir en beauté, le groupe termine par ses plus fameuses chansons à boire avec "Tequila" (agrémenté d'un bon petit solo de batterie), "Beer Beer" et "Vodka". Pour le plus grand plaisir des fans, KORPIKLAANI nous a offert un set classique et très efficace dont il a le secret. Seul le choix du rappel s'avère surprenant avec le lent et heavy "Crows Bring The Spring" issu du tout premier album du groupe. Une façon, peut-être, de faire redescendre la tension pour clôturer cette longue soirée haute en couleurs.

Photos tirées de : www.jeregirard.wixsite.com/jeremygphotographe