La review

KORN + DIMMU BORGIR
Ancienne Belgique - Bruxelles (Belgique)
01/10/2010


Review rédigée par Elz
Photos par Sandrine Puiseux


KORN et DIMMU BORGIR se partageant l’affiche ? Non non, vous ne rêvez pas, cette rencontre improbable s’est même produite plusieurs fois en Europe cet automne, dont une fois à l’Ancienne Belgique à Bruxelles le 1er Octobre. J’entends déjà d’ici les commentaires désabusés de certains gardiens de la foi, sur "le black metal n’est plus ce qu’il était" (d’ailleurs DIMMU fut-il jamais un groupe de black metal ? s’empressera-t-on d’ajouter…), les "décidément DIMMU va de mal en pis", ainsi que les interloqués "mais qu’est-ce qu’il lui prend, à Jonathan Davis ??", et les craintifs "ça risque de castagner dans la salle". Je vais probablement décevoir tout ce beau petit monde – et tuer dès à présent le suspense par la même occasion – car cette alliance apparemment contre-nature m’a permis de passer une très bonne soirée, de constater que DIMMU n’était pas devenu encore moins black metal que la dernière fois que je les avais vus, et que Jonathan Davis n’avait pas l’air plus allumé que d’habitude. Et, est-il vraiment nécessaire de le préciser, tout cela sans qu’aucun lynchage n’ait lieu, sur la scène ou dans la salle.

Tout a commencé avec la brève apparition de TURBOWOLF, un petit groupe aux influences hard et heavy, originaire de Bristol (non signé). Brève apparition, disais-je donc, puisque le groupe n’a joué que trois chansons, dont son single "Read And Write". A peine le temps de commencer à apprécier l’énergie et l’originalité du groupe, malgré un chanteur à la voix parfois un peu faiblarde, que le set était déjà fini. Trop court donc pour se faire une véritable idée du potentiel du groupe. Il faudra pour cela attendre qu’ils sortent un album, ce qui ne semble pas prévu pour le moment



Changement total de décor et d’ambiance avec les Norvégiens de DIMMU BORGIR, qui, s’ils gardent bien l’esthétique black, offrent un metal de plus en plus ouvertement symphonique, à l’image de leur dixième album "Abrahadabra", sorti fin Septembre chez Nuclear Blast Records, et décrié par de nombreux critiques. La scène est très sobre, avec simplement une reproduction de la pochette de leur dernier album en fond, mais les membres du groupe rivalisent d’originalité au niveau des tenues et du maquillage. Si le chanteur Stian "Shagrath" Thorensen paraît particulièrement en forme, les autres membres du groupe ne sont pas en reste : les guitaristes Sven Atle Kopperud (aka Erkekjetter Silenoz) et Terje Andersen (aka Cyrus, du groupe Susperia, en remplacement de Galder, absent de la tournée en raison de difficultés familiales) en particulier font le show à grand renfort de riffs déchirants et de grimaces. Du début à la fin de leur set d’une dizaine de chansons, le son est vraiment nickel, et les transitions, assurées par le clavier Geir Bratland (ancien clavier d’Apoptygma Berzerk, et musicien de studio pour The Kovenant), contribuent à fluidifier et à donner une cohérence au set. Les premiers morceaux, surtout tirés du dernier album, comme "Dimmu Borgir", "Gateways", ou "Chess With The Abyss", suscitent un enthousiasme plutôt mesuré de la salle. Mais peu à peu, avec la reprise de morceaux plus anciens, la fosse commence à s’agiter : d’abord avec les excellents "Spellbound" et "Mourning Palace" (de l’album "Triumphant", sorti en 1997), mais surtout avec des titres de l’album "Puritanical Euphoric Misanthropia", sorti en 2001, comme "Puritania" ou "Vanity Or Perfection". Vers la fin du set, DIMMU BORGIR nous offre également des morceaux plus récents, comme "The Serpentine Offering" (de l’album "In Sorte, sorti" en 2007) ou "Progenies Of The Great Apocalypse" (de l’album "Death Cult Armageddon" sorti en 2003), qui finissent de ravir les nombreux fans présents dans la salle. DIMMU BORGIR nous a offert un set bien rôdé, professionnel, sans fioritures et concentré sur l’essentiel, qui m’amène à penser que j’ai peut-être un peu trop rapidement (mal) jugé leur dernier album, auquel il me faudra donc laisser une deuxième chance.



L’intermède entre les deux groupes est assuré par l’énergique DJ Kid Knuckles, par ailleurs membre du staff de KORN, qui occupe et chauffe le public avec quelques morceaux choisis de KORN, mais aussi de Rammstein ou de Metallica. On a donc l’impression que quelques minutes seulement se sont écoulées depuis la fin du set de DIMMU lorsque KORN monte sur scène. Cette tournée étant placée sous le signe du retour aux sources, c’est un Jonathan Davis en pleine forme, et dans son fameux survêtement Adidas noir et blanc, qui déboule sur scène, entouré de ses vieux compagnons de route Fieldy et Munky pour jouer en intro "For You", de l’album "Issues" sorti en 1999. Le groupe alterne ensuite quelques chansons de leur dixième et dernier album en date ("Korn III - Remember Who You Are", sorti en 2010 chez Roadrunner Records) comme "Pop A Pill", "Oildale" et "Let The Guilt Go", avec des titres plus anciens du groupe, comme "Right Now" et "Did My Time" (tous deux tirés de "Take A Look In The Mirror", 2003). Le public est à fond, en particulier lors de la reprise d’autres titres de l’album "Issues" comme "Falling Away From Me" ou "Somebody Someone". Ca secoue pas mal dans la fosse, toutes générations confondues, et même les balcons sont debout. La première partie du set se termine sur "Throw Me Away" (du controversé, mais à mon avis excellent, album "See You On The Other Side", sorti en 2005). Fieldy et Ray Luzier, l’époustouflant batteur qui a rejoint le groupe en 2007, se livrent alors pendant quelques minutes à une petite démonstration de leur virtuosité, de nature à dégoûter tous les bassistes et batteurs présents dans la salle… et le set reprend de plus belle avec "Freak On A Leash" (de l’album "Follow The Leader", 1998), et surtout quatre titres enchaînés de leur album éponyme sorti en 1994, "Helmet In The Bush", "Blind", "Shoots And Ladders" (mixé à quelques mesures de "One" de Metallica) et "Clown". L’ambiance dans la salle est incroyable, et le set se conclut, après quelques phrases de remerciement de Jonathan Davis (les premières de la soirée, le chanteur ayant été aussi loquace qu’à son habitude) avec l’excellent "Got The Life" (tiré de "Follow The Leader").

Au total donc, un concert très bien mené, mêlant avec bonheur de vieux succès des premiers albums avec des titres plus récents. Les Californiens ont une fois de plus prouvé leur grand professionnalisme, et tout ce qu’on peut peut-être leur reprocher, c’est un certain manque de spontanéité, et une mise en scène focalisée sur les trois membres "historiques" du groupe, Jonathan Davis, Fieldy et Munky, bien que Ray Luzier semble avoir à présent gagné le statut de membre plein du groupe, et avoir rallié l’adhésion des fans.