La review

KEEP OF KALESSIN + VREID + VREDEHAMMER
Kulturfabrik - Esch-sur-Alzette (Luxembourg)
11/11/2015


Review rédigée par Man Of Shadows


En cette soirée commémorative de l'Armistice de 1918, nous nous rendons à la sympathique Kulturfabrik où un parterre 100% black metal norvégien nous attend, constitué des chasseurs de dragons KEEP OF KALESSIN, du commando VREID et des guerriers de VREDEHAMMER. Le Luxembourg est une première pour les trois groupes ce qui ajoute encore au côté spécial de cette soirée. Au regard du petit caractère événementiel de l'affiche, l'affluence est décevante ; à peine 70 personnes ont répondu présentes et on déambule aisément dans la vaste salle.

VREDEHAMMER ouvre les débats avec un black / death froid et classique mais fort bien exécuté, malgré un son un peu approximatif. Le trio, qui n'a qu'un seul album à son actif, joue quelques très bons morceaux de ce dernier, tel le bon "Chthulhu" ainsi que son nouveau single, l'excellent "Spawn King" pourvu de riffs noirs et venimeux comme une vipère. VREDEHAMMER sait aussi aérer son jeu en proposant des passages plus atmosphériques et "musicaux". Il tente de créer de la dynamique et de la richesse au cours de cette petite demi-heure. Malheureusement le groupe peine à convaincre le public qui ne lui accorde que quelques pauvres applaudissements sans le moindre enthousiasme (ce qui sera d'ailleurs une constante durant toute la soirée ; un public amorphe et qui ne jouera jamais le jeu). Une belle découverte néanmoins.



VREID prend la relève et recueille le meilleur accueil de la soirée, ce qui ne constitue en rien un exploit. Le public se fait plus "chaleureux" mais reste désespérément mou. Il est vrai que le black metal mélodique du groupe est irrésistible. Présentant son nouvel album "Solverv" sorti le mois précédent, le commando joue pas moins de quatre (sur sept) longs extraits dont le fantastique morceau éponyme et l'énorme "Aetti Sitt Fjedl" à l'intro menaçante. Sture, le chanteur / guitariste, nous met sur le cul pour deux raisons. Primo, il chante et joue des soli de guitares aux mélodies différentes des mélodies vocales et avec une justesse et un brio éclatant. Secundo, il chante avec puissance en articulant bien sans pousser outre mesure sa voix et sans trop bouger sa mâchoire. Le résultat est si intriguant de prime abord que l'on pense à un subterfuge, des samples. Mais il s'avère que non, et l'effet et saisissant. Quand aux autres membres, ils ne sont pas en reste : le géant Hvall fait le show avec ses poses et ses parties de basse mélodique, Strom est comme touché par la grâce à chacune de ses interventions en solo (magnifiques leads, souvent poignantes, parfois épiques et entraînantes) et Steingrim est impressionant dérrière son kit, déployant un jeu varié et puissant. On compte comme autres moments marquants un "Vaepna Lengsel" martial et atomique et un "Pitch Black" furieux ("Disciplined" extrait de "Milorg"est inscrit sur la setlist mais ne sera pas joué). Un superbe show, émotionnel et rageur. VREID dans toute son essence.

Setlist : "Nar Byane Brenn", "Raped By Light", "Eldast, Utan Å Gro", "The Reap", "Disciplined", "Haust", "Aetti Sitt Fjedl", "Arche", "Vaepna Lengsel", "Solverv", "Pitch Black".



La tête d'affiche KEEP OF KALESSIN arrive au son d'une intro grandiloquente digne du Seigneur des Anneaux. Le trio entame le premier titre, "The Spiritual Relief" et, d'entrée, on est sidéré par la puissance titanesque émanant des enceintes. On n'ose imaginer ce que donnerait la musique de KOK en live avec un deuxième guitariste. De même, les parties vocales et les nombreux chœurs sont rendus avec brio par les deux seuls hommes de terrain que sont Obsidian C et le bassiste Wizziac. Certes, il y a moins d'ampleur et de faste que sur album mais le tout est restitué fidèlement et avec panache et fureur par les deux gratteux. Le départ de Thebon il y deux ans n'a en rien déstabiliser le groupe. Les longues compositions de black épique et technique prennent une autre dimension en live, c'est une véritable armée qui nous fonce dessus (le batteur Vyl nous met sur le cul : il tient ses blasts titanesques et intenses sur des durées interminables). Et ils ne sont que trois, bon sang !! Mais l'homme de la soirée est sans aucun doute Obsidian qui fait un tour de force magistral en jouant des parties complexes, des soli d'une précision chirurgicale, chantant comme un guerrier parti à la conquête de royaumes célestes, le tout en headbanguant et en imposant son physique aux quatre coins de la scène. Les morceaux du dernier opus "Epistemology" passent très bien le test de la scène et s'avèrent être plus convaincants que leurs pendants studio ("The Grand Design", "Universal Core"). Ils complètent à merveille les plus vieux titres "Judgement" et "Ascendant", jouissif final.
Le groupe ne joue pas "The Dragontower", ce qui nous déçoit un peu et ne joue qu'une heure. L'enthousiasme débordant du public a de quoi atteindre le moral du groupe, on le comprend, mais Obsidian est bon joueur ("C'est notre première fois au Luxembourg et c'est déjà un bon début"). Il n'empêche que nous avons mal pour lui lorsque le public ne répond quasiment pas à ces sollicitations et ses petits speechs, malgré tout le mal donné et la grande qualité du show. Une soirée énorme musicalement et scéniquement mais déplorable du côté du public, froid et sans vie (lorqu'on est peu, la moindre des choses est de participer au maximum, même s'il on est d'un naturel discret). Cela ne nous empêche heureusement pas de passer une bonne soirée en compagnie de ces groupes venus du grand froid nordique. A voir ou revoir très vite.

PS : Un grand merci à Pete et à la KuFa pour l'accréd' et aux groupes pour cette superbe soirée musicale.