La review

JUDAS PRIEST + DISCONNECTED
Le Zénith - Paris
27/01/2019


Review rédigée par Matthieu
Photos prises par Peetoff - United Rock Nations


Le rythme des concerts reprend doucement, et ce soir c’est une légende qui s’apprête à accorder ses guitares. JUDAS PRIEST, ni plus ni moins ! Accompagnés des Français de DISCONNECTED, les Anglais entendent bien enflammer la salle. L’entrée au Zénith se fait dans le calme, mais un peu en retard, ce qui ne nous empêche pas d’aller savourer une bière avant de rejoindre… les gradins ?! Ce sera donc une grande première pour moi d’être assis à un concert de metal. L’attente s’effectue dans le calme, pendant que la foule se masse dans la fosse.



Soudain, les lumières s’éteignent, et DISCONNECTED prend possession de la scène pour une intro très intéressante. C’est alors qu’Ivan Pavlakovic (chant) s’avance d’un pas décidé pour réellement lancer le premier morceau avec un "Foutez-moi vos putain de mains en l’air Paris !". La composition est très groovy, mais compte également du heavy et du death mélodique dans ses influences, et il est facile de se laisser entraîner par ce premier morceau. Entre les frappes puissantes de Jelly Cardarelli (batterie) et la basse lourde de Romain Laure, le chanteur alterne entre voix claire et saturée, ce qui peut décontenancer un peu. De chaque côté de la scène, Adrian Martinot et Florian Merindol (guitares) se partagent les harmoniques avec une facilité déconcertante. Et si les spectateurs semblent satisfaits de cette première partie, annoncée il y a seulement quelques jours, ils ne sont pas les seuls. "Bonsoir Paris ! Est-ce que vous avez le feu sacré ? Est ce que je peux avoir un peu de grosse caisse et de caisse claire ? Message perso pour notre ingé son." hurle le frontman. "On rentre d'une tournée à travers l'Europe, avec Tremonti ! On est les enfoirés les plus chanceux de France ! On ouvre pour des pionniers, on ouvre pour des légendes, on ouvre pour les dieux du metal, on ouvre pour Judas Priest !" continue-t-il, sous les applaudissements avant de débuter le titre suivant. A nouveau, le metal moderne des Français fait mouche, et les musiciens se montrer très charismatiques. Proche du public, le chanteur haranguera la foule à grand coups de "Je veux voir ces putains de doigts en l'air !" pendant que les guitaristes se rejoignent sous une lumière puissante pour un sublime duo d’harmoniques. Le groupe s’arrête à nouveau pour s’adresser à la foule, qui les applaudit chaleureusement. "Merci d'avoir l'esprit ouvert et de venir voir la musique qui est la nôtre, le metal ! Pour la prochaine je veux voir des gens sauter avec nous, ça s'appelle "Loosing Yourself Again" !". Et c’est après cette salve de remerciements que le titre suivant débute, beaucoup plus mélodique et presque sans hurlements, mais le public semble conquis. Malgré cela, l’entrain des musiciens ne suffira pas à faire bouger la fosse, même lorsque le chanteur leur demande, et seuls quelques timides headbangs arriveront après les derniers remerciements du groupe. "Nous on est un grain de sable et eux c'est l'océan ! Mais ça fait plaisir de voir qu'il y a pas que des gens haineux derrière des ordinateurs !" lâchera l’homme, heureux de sa performance avant de terminer ce set avec un titre supplémentaire et une photo devant la salle presque comble.

Setlist : "Intro", "Living Incomplete", "Blind Faith", "Losing Yourself Again", "For All Our Sakes", "White Colossus".



L’entracte est assez conséquente, ce qui laisse aux plus courageux le temps de se frayer un chemin jusqu’au bar ou jusqu’aux toilettes avant l’introduction sur bande qui fait chanter la fosse entière. Et c’est alors "Firepower" qui annonce le début du set de JUDAS PRIEST. Et bordel, les musiciens ont beau avoir dépassé la soixantaine pour certains, ils ont toujours autant le feu sacré ! Rob Halford (chant) est une vraie pile électrique qui parcourt la scène en haranguant les spectateurs alors que Ian Hill (basse) headbangue en promenant ses doigts sur son instrument, un peu en retrait. Et alors que Richie Faulkner et Andy Sneap (guitares) alignent les nouveaux riffs du combo anglais en posant devant les photographes, le chanteur nous gratifie d’aigus monumentaux. Concentré et le sourire aux lèvres, Scott Travis (batterie) nous assure une rythmique d’une précision chirurgicale, le tout avec énergie.
Sans marquer de pause, le deuxième morceau commence, et même si le frontman avait disparu, il revient très vite marcher sur chaque centimètre carré de l’espace de jeu du groupe, allant même jouer avec les guitaristes. Les costumes traditionnels en cuir sont de sortie, et contribuent à l’ambiance heavy metal qui nous frappe de plein fouet à chaque note. L’entrain des musiciens est très vite contagieux, et la fosse s’enflamme au son des solos. "Hey Paris, the Priest is back !" lance Rob Halford . "Are you ready ? Are you ready ?! It’s the "Sinner" !" hurle le frontman avant de relancer la machine. Les riffs iconiques du combo anglais sont éclairés par les spots du Zénith, et il est impossible de ne pas taper du pied lors de ces passages désormais cultes. Scott fait tournoyer ses baguettes, Andy et Richie se rejoignent pour jouer face à face, et l’écran au fond de la scène change à chaque morceau. Ajoutez à cela le décor de scène composé de draps et rappelant une arène, et il y a de quoi en prendre plein les yeux et les oreilles à chaque seconde ! "Wow ! Is everybody okay ?" demande le chanteur. "We are the heavy metal community, we never give up !" hurle-t-il pour introduire le titre suivant. Et le bulldozer scénique qu’est JUDAS PRIEST continue sa progression dans la setlist, avec notamment quelques choeurs de Richie lorsque celui-ci ne s’agenouille pas pour jouer ses solos, qu’il partage avec son compère guitariste. Et après l’incontournable "Turbo Lover", le frontman nous informera de sa joie de commencer sa tournée 2019 par Paris, et lance finalement "Killing Machine", un autre titre qu’il est impossible de ne pas connaître lorsqu’on est amateur de la formation anglaise, et qui n’a pas été jouée en live depuis plus de trente ans. Le charismatique chanteur s’amusera à faire chanter la fosse, puis le concert reprend avec une qualité sonore exceptionnelle, qui nous laisse profiter de chaque note lors des solos, chaque ronronnement de basse, mais surtout chaque hurlement de Rob Halford lorsqu’il se penche en avant pour sortir ses notes les plus aiguës ! Le chanteur profitera de "Night Comes Down", un morceau beaucoup plus calme pour nous laisser apprécier toute la puissance de sa voix claire. Après ce moment très prenant s’enchaînent des titres plus ou moins récents qui explorent la discographie du groupe, avec divers changements de tenue, pour laisser aux musiciens le temps de jouer une partie instrumentale, puis Rob Halford revient en brandissant une épée laser en plein milieu de la scène, juste devant la batterie. La formation ne craint pas la fatigue, puisque l'enchaînement des titres est rapide, avec parfois quelques mots entre deux titres, mais les fans en auront pour leur argent avec notamment l’arrivée en moto du sieur Halford pour un "Freewheel Burning" qui lui donnera l’occasion de faire tournoyer sa canne à cheval sur son destrier à moteur, mais aussi "You’ve Got Another Thing Comin’" et "Hell Bent For Leather", repris en choeur par la foule. Soudain, la scène se vide, et Scott prend le micro situé à côté de lui. "Thank you ! It’s our first time of this tour, we went through Canada, Japan, what a great place to start a tour ! What song do you want to hear ? Can't hear you !" nous lance-t-il alors que la fosse scande "Painkiller". Et c’est ce dantesque solo de batterie qui démarre, suivi du reste du titre qui fera hurler le chanteur aussi bien que les cordes des guitares, le tout sous une vidéo du groupe à ses débuts, et de Glenn Tipton qui aligne le solo. Une véritable bourrasque d’énergie pure.
A nouveau, la scène se vide, cette fois-ci entièrement, de ses musiciens. Mais cette pause n’est que de courte durée, puisque JUDAS PRIEST revient pour un rappel de non pas un ni deux, mais bel et bien cinq titres ! Et pas les moins connus, car ce ne sont que des gros titres que le groupe nous joue finalement, alors que quelques slammeurs se réveillent enfin. "The Hellion" et "Electric Eye" fera headbanguer les gradins, alors que "Metal Gods" fera chanter toute la foule alors que Rob growle sur le final. C’est aussi l’énergique "Breaking The Law" qui va déclencher des crises de headbang pour les plus jeunes, sous les yeux attentifs des musiciens, mais c’est déjà la fin, car même si le chanteur n’a de cesse de haranguer la fosse sur "Living After Midnight", l’écran affiche finalement “The Priest Will Be Back” à l’issue de ce titre, alors que les musiciens, chaleureusement applaudis, distribuent quelques poignées de médiators aux premiers rangs.

Setlist : "War Pigs" (Black Sabbath, sur bande), Intro "Firepower" (sur bande), "Firepower", "Running Wild", "Grinder", "Sinner", "The Ripper", "Lightning Strike", "Desert Plains", "No Surrender", "Turbo Lover", "Killing Machine", "The Green Manalishi (With The Two Prong Crown)" (Fleetwood Mac cover), "Night Comes Down", "Guardians", "Rising From Ruins", "Freewheel Burning", "You've Got Another Thing Comin'", "Hell Bent For Leather", "Painkiller".
Rappel : "The Hellion", "Electric Eye", "Metal Gods", "Breaking The Law", "Living After Midnight", "We Are The Champions" (Queen, sur bande).

Eh bien mes aïeux, quelle soirée mémorable ! Si DISCONNECTED ont fait preuve d’efficacité et de volonté pendant leur courte demi-heure, JUDAS PRIEST a littéralement retourné le Zénith avec une maîtrise et un savoir faire qu’ils cultivent depuis tant d’année. Les Français n’ont cependant pas à rougir de leur performance, car comme l’a fait remarquer le chanteur, ce n’était malheureusement pas leur public, mais les réactions ont été positives ! En tout cas, je m’estime chanceux d’avoir pu assister à une performance aussi monstrueuse et millimétrée que celle des Anglais, et je retenterai l’expérience avec grand plaisir ! En attendant, c’est le métro qui m’attend pour regagner mes pénates jusqu’au prochain concert !