La review

INGESTED + CONDEMNED + CYTOTOXIN + CARNOPHAGE + GUTTURAL DEEPTHROAT
Le Gibus - Paris
08/10/17


Review rédigée par Matthieu


C’est par un temps bien gris que je me rends sur la capitale en ce dimanche, car ce soir c’est la soirée de la poésie. En effet, les Anglais d’INGESTED, privés temporairement de leur chanteur, sont venus pour nous apprendre la définition du mot “brutal”. Avec eux pour ce Gutting Europe V, le groupe américain CONDEMNED, les Allemands de CYTOTOXIN, les Turcs de CARNOPHAGE mais également nos petits Français de GUTTURAL DEEPTHROAT. Une superbe affiche donc, et le début sera assuré par un passage au stand de merch, qui est à peine installé. Espérons cette fois que la salle soit plus lumineuse…



Rapidement après que le public soit rentré, le duo parisien GUTTURAL DEEPTHROAT monte sur scène. C’est donc une boîte à rythmes qui va accompagner Adrien (guitare) et Louis (chant) durant leur court set. En effet, pendant leurs vingt minutes, les deux compères vont nous jouer un mélange de grindcore et de brutal death qui ravira une bonne partie de la foule, visiblement habituée à les voir. Cependant, un problème subsiste. Le son est très faible, et j’en arrive même à retirer mes bouchons d’oreilles pour pouvoir réellement les entendre. Même s’il n'est pas statique, le duo a du mal à occuper la scène, ce qui ne pose aucun problème à quelques personnes pour commencer à mosher gentiment. Enchaînant rapidement les titres au nom tous plus mignons les uns que les autres, la mayonnaise prend et les headbangs sont plus nombreux. Un sympathique petit échauffement.

Setlist : "Guttural Deepthroat", "Cyprin Pool", "Phallic Asphyxiation", "Vaginal Congestion", "Gagging On My Foreskin", "Tremolo Cliting", "Erectile Spasmophilia", "Guttural Gurglectomy".



Alors que les Français quittent rapidement la scène, cette dernière est investie par cinq gaillards plutôt décidés à en découdre. Totalement inconnus au bataillon pour ma part, je découvre alors un death metal plutôt technique et lourd. La basse, très mise en avant, se fait réellement maltraiter par Bengi Öztürk, qui slappe joyeusement, tout en se concentrant sur son instrument. Si la musique de CARNOPHAGE plaît, le son n’est pas réellement bon globalement. Assez mal mixés, les instruments se chevauchent et noient également la voix d’Oral Akyol. En changeant de place, je parviens à entendre à peu près la voix du bonhomme, dont les expressions faciales délirantes correspondent parfaitement à la musique. Alors que les blasts pleuvent, le show s’écoule et les riffs déclenchent l’hystérie chez certains fans, et particulièrement un, qui a visiblement envie d’en découdre, seul où avec ses camarades de mosh. Les breaks du groupe lancent des séries de headbangs furieux qui ne cesseront qu’avec la fin du concert.



Après un changement de plateau plutôt rapide (les instruments, quelques cymbales et deux bannières de scène), c’est au tour de CYTOTOXIN de venir déverser son brutal death sur la capitale. Portant tous un masque à gaz, les Allemands menés par Grimo, un géant que l’on aimerait plutôt éviter d’énerver. Alors qu’une pluie de blasts démarre, le pit s’enflamme immédiatement et les coups pleuvent. En même temps, il est difficile de ne pas succomber aux riffs massifs et recherchés du groupe. Le dernier album, "Gammageddon", était excellent, et le portage en live confirme mes impressions. Vous savez comment on demande un circle pit chez les Allemands ? Visiblement il suffit de sortir un panneau de signalisation, et le Gibus s’exécute, à la fois motivé et amusé de cette pratique. Le set est carré, le son excellent et les musiciens occupent tout l’espace possible. Pour nous signaler la fin du set, Grimo remettra son masque à gaz et ouvrira un bidon de matière radioactive. Eradication terminée.



Vous en avez assez ? Ca tombe bien, parce que nous aussi on en voulait encore. Alors les Américains ont pris place sur scène et ont absolument tout détruit sur leur passage. Les cinq gaillards de CONDEMNED sont arrivés avec leurs riffs à la fois tranchants et gras à souhait, ils nous les ont mis en plein dans la face, et ensuite Sam Townsley a commencé à chanter. Le charisme du chanteur épaulé par ses musiciens a suffi à faire exploser la salle, et le mosh a démarré instantanément après l’introduction. Le premier rang s’est probablement décroché la nuque, mais ça en valait la peine. Avec presque une heure de show, les Américains ont clairement eu le temps de piocher dans toute leur discographie pour convaincre, et à en juger par les hurlements et les applaudissements entre deux titres, c’est chose faite et il y a fort à parier que leur prochain passage le sera encore plus. Plutôt joueurs, les musiciens haranguent le public, ce qui encourage la fosse à redoubler d’efforts sur une rythmique toujours aussi puissante du début à la fin. Alors que les derniers riffs s’achèvent, la sueur coule sur le front de tous, le Gibus a pris au moins cinq degrés après cette performance exceptionnelle.

Setlist : "World-Reaving Terror", "Fixation On Suffering", "Omniscient Perturbations", "Servants Of Derangement", "Catharsis Of Human Impurity", "Ascending The Spectral Throne", "His Divine Shadow", "Habitual Depravity", "Impulsive Dismemberment", "Dawn", "Legion", "Chapter Of Defilement".



Après une performance pareille, pas facile de prendre la relève. A moins de s’appeler INGESTED. La tête d’affiche de la soirée s’installe tranquillement, et nous envoie ses riffs démentiellement lourds avec une facilité déconcertante. Les Anglais, forts d’une présence scénique exceptionnelle, ont pourtant fait peur à quelques uns en annonçant que Jay Evans (chant) ne pourrait pas participer à la tournée. Mais ils ont rapidement annoncé que leur ami Jason Keyser (Origin, ex-Skinless) allait le remplacer. Même si je suis un peu déçu de ne pas avoir vu la formation (dont le line-up reste inchangé depuis leur formation en 2006 !) au grand complet, le remplaçant a très clairement assuré ce soir. Les hurlements de rage accompagnés des blasts furieux et de la rythmique pachydermique ont eu tôt fait de retourner la salle. Piochant dans l’intégralité de sa (trop courte) discographie, INGESTED nous a tous achevés. Alors que Jason annonce "Skinned And Fucked", le public s’enflamme de plus belle et la fosse explose littéralement sous les riffs du groupe. Le son était à nouveau excellent et permettait de discerner chaque couche de gras aussi clairement que les petites harmoniques.

Setlist : "Narcissistic Apathy", "Copremesis", "Manifesting Obscenity", "Individious", "Titanomachy", "The Divine Right Of Kings", "Skinned And Fucked", "Anal Evisceration".

Alors que la salle se vide, les musiciens discutent entre eux et avec les rares fans qui sont restés pour eux. Les derniers t-shirts trouvent preneurs et le grand rangement débute. Encore une fois, Suden Promotion nous a fait profiter d’une affiche d’excellente qualité, et le son toujours millimétré du Gibus l’a sublimée. Seul défaut qui subsiste encore et toujours, la lumière. Si les musiciens ont le malheur de ne pas se trouver en plein milieu de la scène, ils ne sont que des ombres à nos yeux.