INFECTED RAIN + DUST IN MIND + KLOGR + MOEBIUS
Le Gibus - Paris
16/03/2019
Review rédigée par Matthieu
Retour au Gibus pour cette deuxième soirée consécutive et un changement radical
d’ambiance, car c’est le metalcore d’INFECTED RAIN qui sera à l’honneur ce soir ! Mais avant
eux, DUST IN MIND, KLOGR et MOEBIUS auront la lourde tâche de réveiller un public parisien
qui vient de se faire assommer par la techno de la Marche pour le Climat ! J’arrive d’ailleurs
à quelques minutes seulement du début du premier show après avoir bravé une foule
compacte à quelques dizaines de mètres de la salle.
A peine mon appareil réglé que MOEBIUS débarque sur scène. Ne connaissant le groupe ni
d’Eve ni d’Adam, j’observe avec attention les premières notes mi-prog mi-jazz des Italiens.
Mais soudain, c’est bel et bien un hurlement que pousse Andrea Orrù (chant), alors que la
rythmique s’énerve. Concentré sur ses cordes, Nicola Lampis (basse) exploite parfaitement
le potentiel de son instrument qu’il fait vrombir en accord avec les harmoniques lacérantes
d’Andrea Palmes (guitare). Et d’un coup, le chanteur se détache les cheveux et commence
à headbanguer en déambulant sur scène, s’avançant parfois très près du public, qui ne
montre pas la moindre once de réactivité mis à part quelques applaudissements entre les
titres. "Thank you France !" lâche le frontman, avant que Valentino Sanna (batterie) ne
relance la machine avec une précision impressionnante. La technicité des musiciens
mélange leurs différentes influences, qui passent du jazz au mathcore, mais toujours avec
le sourire aux lèvres. Pourtant, le public ne semble pas accrocher au son de MOEBIUS,
malgré l’entrain des musiciens. "We are Moebius, it’s a pleasure and a true honor to be
here !" nous annonce le chanteur avant qu’une nouvelle partie instrumentale inspirée ne
parte. Alternant chant clair et hurlements, Andrea Orrù attire les regards, en plus d’être le
seul éclairé devant nous, mais à nouveau c’est l’absence de réaction de la part du public qui
me marque. Même lorsque le groupe nous annonce son dernier morceau ou son départ de
scène, il n’y a que de timides applaudissements.
Le public se rapproche, et j’attends patiemment ma deuxième découverte musicale de la
soirée, j’ai nommé KLOGR ! Des marchepieds à l’effigie de Sea Shepherd sont disposés pour
le chanteur, et ce n’est que lorsque les lumières s’éteignent que Gabriele “Rusty”
Rustichelli (guitare / chant) prend place sur scène. C’est donc un metal alternatif, bien
loin du style du premier groupe, que les Italiens nous envoient, et le moins que l’on puisse
dire c’est que c’est motivant ! Dans le public, ça s’agite doucement alors que sur scène,
Pietro Quilichini (guitare) se penche dans tous les sens en alignant ses riffs avec une
aisance incroyable, sans trop de lumière. De l’autre côté, et tout autant dans l’ombre, Rob
Galli (basse) harangue la fosse en sautillant. Et dès le début du deuxième titre, le
charismatique frontman met de côté sa guitare pour prendre le micro et s’avancer au plus
près du public pour chanter, tandis que Maicol Morgotti (batterie) accompagne son chant
de quelques frappes calmes. Alternant passages atmosphériques progressifs et un hard
rock / metal alternatif couillu, le groupe commence à séduire les sceptiques. "Fuck yeah !
You are real ! Merci !" hurle le chanteur avant de reprendre un titre tout aussi énergique.
L’énergie que déploient les musiciens est communicative, et c’est bientôt toute l’assemblée
qui remue la tête en rythme avec les musiciens, qui ne se font pas prier pour redoubler
d’efforts afin de rallier la foule à sa cause. Entre deux discours visiblement engagés en
faveur de la planète, le groupe offre à la foule un show qui passe tout seul, et c’est
finalement en français que le chanteur décidera de s’exprimer. "I just know a few words…"
annonce-t-il. "Faites du bruit for Moebius, Dust In Mind and Infected Rain !" ordonne-t-il
alors que les cris des spectateurs résonnent déjà dans le Gibus. Et le groupe n’est pas
seulement surmotivé, les membres partagent et échangent beaucoup avec leur public ! Pour
preuve, Rusty récupèrera le téléphone d’un spectateur qui filmait le concert pour jouer
rapidement avec avant de le lui rendre et jouer son riff de guitare. "I want to dedicate this
song to the guys from Sea Shepherd !" annonce le frontman pour introduire le dernier titre,
saluant le courage des militants avant de nous offrir quelques minutes supplémentaires de
leurs riffs entraînants, et de finalement quitter la scène sous une nuée d’applaudissements.
Pendant que l’équipe technique essaye d’organiser tant bien que mal la scène avec le
plafond qui semble un peu bas, DUST IN MIND s’apprête à monter sur scène. Les lumières
sont totalement différentes lorsque le sample introductif retentit. Jackou Bider (batterie)
s’installe sous des acclamations venues des premiers rangs alors que les autres membres
s’installent, et c’est Damien Dausch (guitare/chant) qui donne le coup d’envoi.
A ses côtés,
Jennifer Gervais (chant) commence à charmer le public de sa douce voix, parfois rejointe
par les hurlements de Damien. Le mélange prend, et le groupe redouble également
d’énergie pour son public malgré la chaleur. Xavier Guiot (basse) et Yann Roy (guitare)
headbanguent de chaque côté de la scène en rythme avec le death mélodique très groovy
des Français. Très communicatif et joueur avec le public, le groupe n’a aucun mal à
convaincre, et le peu de récalcitrants sont assommés par la puissance de leurs riffs aux
influences indus. "Ok Paris, on n'est pas habitués à ce genre de salle", hurle Damien , "mais
on va faire le maximum pour vous réveiller ! Bougez !". Et c’est aussitôt un nouveau
morceau entraînant qui prend d’assaut le Gibus. Alors que la chanteuse se déplace sur
scène, haranguant les premiers rangs, les musiciens attirent également les regards en
headbanguant avec un entrain palpable qui fait de nouveau monter la température. Les
lumières sont étrangement praticables, et elles mettent plutôt en valeur les cinq
Strasbourgeois, qui tirent le maximum de potentiel du mélange de leurs deux voix. Mais
DUST IN MIND, ce n’est pas qu’un groupe au très haut potentiel scénique, comme en
témoigne la casquette en cuir de Jennifer, c’est aussi un groupe de musiciens avec de
l’énergie à revendre, alors qu’ils se défoncent sur scène depuis vingt minutes, puisque
Xavier décide de sauter dans la fosse, et que Yann n’hésite pas à se placer sur le devant
de la scène pour un tapping efficace et motivant. "Ca nous fait très plaisir d’être de passage
à Paris ce soir, merci pour votre accueil !" lance la demoiselle avant que le prochain titre ne
vienne frapper la salle, précipitant le show vers sa fin inévitable. Mais avant cela, nous
avons droit à "Get Out", qui est pour moi l’un des titres les plus puissants et entraînants du
combo, avec un break auquel il est tout bonnement impossible de ne pas succomber. "On
arrive à la dernière, elle s’appelle "Open Your Eyes" !" annonce Damien. "Montrez-nous toute
votre énergie !". Et c’est en effet ce que vont faire les spectateurs, en déclenchant un petit
mouvement de foule alors que les premiers rangs headbanguent en compagnie des
musiciens, qui redoublent d’efforts pour nous offrir un final d’exception, pendant que
Jennifer joue avec la foule en incitant les spectateurs à les accompagner jusqu’à la fin. Il va
sans dire que la prestation a été applaudie comme il se doit par une salle entièrement
conquise !
Setlist : "From Ashes To Flames", "This Is The End", "Spreading Disease", "Another Dimension",
"Oblivion", "I’ll Never Forget", "I’m Different", "Get Out", "Open Your Eyes".
Débarrassée de tout artifice, y compris les amplis, la scène est prête pour accueillir les
Moldaves, que tout le monde attend. C’est sur un sample que les musiciens se placent face
à nous, impassibles, et l’entrée d’Elena “Lena Scissorhands” Cataraga (chant) provoque
des nuées d’applaudissements alors que la jeune femme headbangue déjà lorsque la
rythmique part. Le son lourd d’INFECTED RAIN frappe de plein fouet la fosse qui met quelques
secondes à réagir avant de bouger.
Le duo Vadim "Vidick" Ozhog (guitare) et Sergey
Babich (guitare) permet d’assurer à la fois un son lourd mais également très planant grâce
à quelques harmoniques planantes, qui viennent contraster avec les hurlements de la
maîtresse de cérémonie. A l’arrière de la scène, Evgeny Voluta (batterie) alterne entre un
roulement de double pédale impressionnant, soutenu par la basse de Vladimir Babich, et
de légères frappes pour accompagner les passages aériens des guitaristes. Mais celle que
tout le monde regarde, malgré l’entrain des musiciens, c’est la chanteuse, qui se place aussi
souvent que possible sur l’avancée de scène. Ses hurlements bestiaux, qui n’ont
absolument rien à envier aux chanteurs de deathcore actuels, sont parfois remplacés par un
sublime chant clair prenant. Jouant en permanence avec les photographes, la chanteuse est
un monstre de charisme, alors que les musiciens enchaînent les poses pour plaire au public.
"How are you doing tonight ? This is very hot on stage !" lance alors la chanteuse en
remettant ses dreads en place, pendant que les musiciens prennent le temps de respirer.
Mais il n’y a pas de temps à perdre, car le titre suivant part déjà, tout aussi groovy et
entraînant que les précédents, provoquant le headbang de Vadim, qui fouette le sol de ses
longues dreads. Vladimir pose un pied devant la batterie, laissant de la place à Sergey qui
joue ses parties leads au centre alors qu’Elena arpente la scène sous une lumière de
façade rose fluo. "Merci !" lâche-t-elle rapidement alors que le morceau suivant nous frappe
à nouveau en plein dans les dents, provoquant mouvements de foule et headbang autant
sur scène que dans la fosse. Très concentrés, les musiciens alignent leurs parties sans
broncher, qu’il s’agisse d’un break ravageur ou d’un riff plus complexe, ils ne mettent pas
une seule note à côté. "Are you having fun ? How do you say it in french ?" demande la
frontwoman alors que les musiciens déposent déjà quelques médiators dans les mains du
public. Côté setlist, le groupe explore toute sa discographie, allant même jusqu’à nous jouer
un titre inédit beaucoup plus lourd et violent que les autres. "Paris, I have a serious
question… Are you ready for some new shit ?!" hurle la jeune femme comme si la réponse
n’était pas évidente, puisque c’est la fosse au grand complet qui se met à hurler comme d’un
seul homme. C’est d’ailleurs sur ce morceau qu’un slammeur atterrira, visiblement malgré
lui, sur scène, avant de repartir tout aussi maladroitement, alors que le titre vient de
terminer. C’est d’ailleurs ce moment que la foule choisit pour scander le nom du groupe, ce
qui amusera Evgeny, qui les accompagnera de quelques coups de pédale. "Je t'aime Paris !
This is absolutely killer !" s’exclame la jeune femme avant d’annoncer le dernier morceau du
set. Si l’introduction est calme, la tempête ne sera pas longue à intervenir, à grand renfort
de riffs lourds et de hurlements sauvages. Elena tombera à genoux devant les premiers
rangs pour finir ses cris, alors que Vadim se met à désaccorder sa guitare à genoux,
pendant qu’elle sonne encore.
Et si tout le monde croit le concert terminé, le groupe décide
de nous offrir un dernier morceau, mais demande un circle pit qui part instantanément, alors
que les riffs sont de plus en plus puissants. A la fin du morceau, Vadim se jette sur les
premiers rangs pour slammer quelques secondes tout en terminant sa rythmique, qui signe
en effet la fin d’un show sans aucun répit.
Pour le plus grand bonheur des fans, Elena se rend directement au stand de merch pour
discuter brièvement et faire quelques photos. La salle se vide progressivement, et les
métros sont investis de spectateurs surpris par l’univers de MOEBIUS, motivés par
l’engagement de KLOGR, enchantés par les mélodies de DUST IN MIND et soufflés par la
puissance d’INFEC RAIN. Un plateau certes différent, mais tout le monde a pu y trouver
son compte grâce à Garmonbozia !