La review

I AM MORBID + VITAL REMAINS + ATROCITY + SADIST
Le Petit Bain - Paris
05/05/2019


Review rédigée par M.B.



La soirée au Petit Bain commence sur les chapeaux de roues avec les Italiens de SADIST. Les Italiens ne sont pas tout à fait des nouveaux venus. En effet, la naissance du groupe de death progressif remonte à 1990 ! Il faut le reconnaître : c’est un groupe culte, sans aucun doute. Leur show est très théâtral, le chanteur portant un masque de cuir avec des cornes ainsi qu’une blouse (en cuir aussi) qui évoque celles que portent les employés des abattoirs. Musicalement, on oscille entre death metal old school et progressif. Si la plupart de leurs morceaux sont assez speed dans l’ensemble, il n’empêche que leur musique est traversée par des passages très prog, voire carrément jazzy par moments. En tout cas, on sent que le groupe n’en est pas à ses premiers pas et le son est carré. Le groupe est très professionnel et la musique incontestablement assez technique, ce qui n’empêche pas quelques accélérations bien jouissives.



Dans la foulée, on enchaîne sur un groupe de death allemand dont l’histoire remonte elle aussi à l’aube des années 90, voire la fin des années 80. Il s’agit bien sûr des teutons d’ATROCITY. Cela faisait bien longtemps que j’avais cessé de suivre ce groupe. Depuis le milieu des années 90 en fait ! J’avais suivi leurs premiers albums puis j’avais déroché au moment où le groupe avait suivi une évolution gothic metal, faisant même une collaboration avec le groupe dark wave Das Ich. Il était temps que je me remette à jour car leur dernier album en date, "Okkult" (2013), est particulièrement brutal avec un petit côté symphonique de bon aloi mais tout en restant très death metal. Leur chanteur, Alexander Krull, est un géant chevelu avec un putain de charisme qui hurle de toutes ses forces dans le micro au pied en fer forgé. Je ne m’attendais pas à entendre (et voir) quelque chose d’aussi brutal et très maîtrisé à la fois. Leur musique a un côté symphonique qui n’enlève rien à la rage contenue dans leur son. Bref, il ne faut jamais se fier à ses à priori et se contenter de juger sur pièce.



Après ce moment de virtuosité, place à quelque chose de plus classique : c’est au tour des Américains de VITAL REMAINS d’investir la scène du Petit Bain. Pendant ce temps-là, la salle a commencé à se remplir même si l’affluence n’est pas à la mesure de groupes aussi cultes ! Une fois n’est pas coutume, les death métalleux ne sont pas des novices puisque le groupe s’est formé en 1989. Décidément, c’est une soirée réservée aux groupes de quadragénaires (voire quinquagénaires). Signe du destin, le groupe est originaire de Providence qui n’est autre que la ville où a résidé l’écrivain H.P. Lovecraft ! Leur musique n’a pas beaucoup évolué depuis leurs débuts. On reste dans le créneau du death metal old school bien blasphématoire à la Deicide. D’ailleurs, le vocaliste Glen Benton a chanté (ou plutôt hurlé) sur l’un de leurs albums, "Dechristianize" (2003). Le chanteur Brian Werner sait tenir en haleine le public, n’hésitant pas à slammer à plusieurs reprises et même à brandir un crâne de bouc en l’air à la manière d’un obscur gourou de secte satanique. A ce moment, le concert prend des allures de messe noire. Musicalement, c’est très carré et professionnel. Y'a pas à dire : VITAL REMAINS n’est pas le genre de groupe à se renier mais plutôt à rester fidèle à lui-même, au gré du temps qui passe…



Une fois passé ce show apocalyptique, il est donc temps pour ceux que tout le monde attendait de monter sur scène. Place donc aux Américains de I AM MORBID. Nouveau projet du bassiste-chanteur David Vincent (qui n’est autre que le membre fondateur de Morbid Angel), le groupe est composé en outre de Tim Yeung (ex-batteur de Morbid Angel) et des guitaristes Bill Hudson (Circle II Circle, Trans-Siberian Orchestra) et Ira Black (Metal Church, Lizzy Borden). Cette formation a repris son nom au titre d’un morceau de Morbid Angel, extrait de leur album de 2011 ("Illud Divinum Insanus"). Le groupe s’est donné pour objectif de jouer sur scène les titres des quatre premiers albums de Morbid Angel, à savoir "Altars Of Madness" (1989), "Blessed Are The Sick" (1991), "Covenant" (1993) et "Domination" (1995). Malgré ses 54 ans passés, David Vincent n’a rien perdu de sa hargne légendaire, bien au contraire, et cela se ressent sur le show qui met instantanément le feu au Petit Bain. Le set commence sur les chapeaux de roues avec "Immortal Rites", un titre extrait de leur album de 1989 ("Altars Of Madness") qui est sans doute leur meilleur, puis enchaîne sur "Fall From Grace", qui est extrait de "Blessed Are The Sick". La setlist fait la part belle à ses deux albums, avec des titres comme "Visions From The Dark Side", "Blessed Are The Sick" ou "Maze Of Torment". Le groupe offre également au public des extraits de ses autres albums comme "Sworn To The Black" (extrait de "Covenant") ou "Eyes To See Ears To Hear" (extrait de "Domination") ou encore le fameux titre "I Am Morbid". Pendant son set, David Vincent aime plaisanter avec le public, ironisant notamment sur son âge avancé ! Après un solo de batterie de Tim Yeung suivi d’un solo de guitare de Bill Hudson, on enchaîne sur le titre "Dominate", puis sur "Where The Slime Live" et enfin on poursuit avec le très heavy et mid-tempo "God Of Emptiness". Le concert se clôt en beauté sur un morceau extrait de l’album "Covenant", à savoir le titre "World Of Shit (The Promised Land". Il n’y a pas à dire : le death metal n’est pas mort ! En effet, le concert qui a eu lieu ce soir-là en est la preuve irréfutable.

Setlist : "Immortal Rites", "Fall From Grace", "Visions From The Dark Side", "Blessed Are The Sick", "Rapture", "Pain Divine", "Sworn To The Black", "Eyes To See Ears To Hear", "I Am Morbid", "Maze Of Torment", "Dominate", "Where The Slime Live", "God Of Emptiness", "World Of Shit (The Promised Land)".