La review

HYPNO5E + NAÏVE + SEYLEN + REBORN TO DIE AGAIN
Le Metronum - Toulouse (31)
20/03/2015


Review rédigée par Thomas
Photos prises par Mathilde


Cette soirée du 20 Mars était particulièrement attendue par bien des Toulousains car nous avions affaire à un panel exceptionnel de groupes. Tout d'abord les Toulousains de SEYLEN ainsi que REBORN TO DIE AGAIN. La plupart étaient venus pour NAÏVE qui fêtaient alors la sortie de leur sublime et nouvel album, "Altra". Pour finir et enfoncer le clou, nous avons eu un superbe set de la part des Montpellierains d'HYPNO5E.



SEYLEN est un groupe qui s'est formé à Toulouse en 2010. Ils allient un meal moderne et violent à des passages atmosphériques et aériens. Le Metronum n'était que très moyennement rempli lorsque le groupe est entré. Le son était très propre, les morceaux parfaitement exécutés et les musiciens étaient assez à l'aise sur scène. Jok, au chant, faisait preuve d'un certain charisme malgré une position très en retrait et peu de paroles entre les morceaux (ce qui n'était pas dérangeant pour autant). Techniquement, il n'y a rien à dire. C'était en place, le son était travaillé et maîtrisé, tout particulièrement celui de Max, le batteur et le chant (autant clair que hurlé) de Jok. Musicalement, la force des morceaux de SEYLEN provient de leur efficacité. Il est rare de voir un groupe dans ce style qui sache lier riffs simples et rendre-dedans sans trop de technique ainsi que de belles mélodies claires et ambiantes. Une belle découverte et un bon moment pour ouvrir une telle soirée. On espère de bonnes choses pour la suite...



Après un bref changement de plateau c'est au tour de REBORN TO DIE AGAIN de monter sur les planches du Metronum. Ce groupe, lui aussi originaire de Toulouse, propose un mélange de death et de metal progressif. Tout a très bien commencé. Le son était toujours très correct. Les musiciens semblaient à l'aise sur scène et exécutaient leur morceaux sans qu'il n'y ai rien à ajouter tellement c'était bien joué et propre. Nous avions affaire à de longues pièces tantôt violentes et très techniques, tantôt douces et oniriques. La voix était puissante et bien placée et la technique ne prenait pas le dessus sur la musique. Malheureusement, la guitare de Martin lui a fait défaut. Il est difficile de dire si c'était un faux contact à partir de l'entrée du jack de la guitare ou s'il s'agissait d'un problème d'ampli mais il y a eu, soudainement, un souffle, un grésillement qui empiétait sur le son global du groupe. Cet incident l'a énormément handicapé mais il ne s'est pas démonté. S'il y avait de la colère ou de la panique, il n'a rien laissé paraître et a continué a assurer le chant, très en place, et la guitare comme il pouvait. Il tentait, bon gré mal gré, de régler ce souci qu'il a pu enrayer en changeant d'instrument. Un grand bravo à lui qui a su faire face à ce genre de souci seul, ce qui est loin d'être évident. Malgré tout cela, nous avons eu droit a une très belle prestation et à une musique de qualité. A suivre...



Enfin nous y étions. Après tant de temps passé à suivre les avancées de ce nouvel opus, bien des gens étaient impatients de le découvrir sur scène. Ca faisait, en plus de cela, un bon moment que NAÏVE n'avait pas joué à Toulouse. Tout s'est éteint et le grand "N" entouré de son hexagone fut projeté derrière la batterie de Mox, sur un écran géant. C'est sur l'excellent "Elevate/Levitate" que le trio a investi la scène.
Le groupe nous a offert le plus beau live qu'ils aient pu nous proposer jusqu'alors. Sur le grand écran, le "N" a vite laissé place à de superbes vidéos projections qui accompagnaient très bien la musique et qui ont donné une dimension simplement grandiose au concert. Des images, pour la plupart en noir et blanc, qui montraient de vastes paysages (souvent marins) ou des lieux désertiques ou abandonnés ainsi que des parties de la pochette d'"Altra". Une aide à l'immersion dans l'univers si touchant et personnel qu'est celui de NAÏVE. Musicalement, c'était irréprochable. Colin a fait un superbe travail sur le son. Que ce soit au niveau des samples ou des instruments, tout était d'une grande clarté. Les trois musiciens étaient parfaitement ensemble, de véritables pros. Jouch communiquait bien plus qu'avant avec le public et semblait plus détendu. Ce qui est frappant à chaque fois qu'on voit NAÏVE, c'est la sorte de transe dans laquelle sont Jouch, Mox et Rico et dans laquelle il nous emportent avec eux. C'était un moment touchant. Malgré les grands espaces que proposait l'écran, nous avions l'impression d'être tous ensemble, eux et nous, avec nous. Une dimension très intimiste et chaleureuse. Un réel moment d'échange et de voyage car leur musique propose de véritables voyages intérieurs. Elle est tantôt lourde, pesante et très rythmique, tantôt aérienne, prenante, triste et mélancolique. Les parties d'electro viennent s'ajouter aux instruments mais parfois c'est l'inverse qui se produit : sur une nappe ou un thème de musique électronique, la basse, la guitare, la batterie et le chant viennent se poser. Que ce soit dans un sens ou dans l'autre, ça forme un subtil mélange, complexe mais accessible malgré tout. Niveau setlist, nous avons eu droit à quelque chose de plus rentre-dedans que d'ordinaire. NAÏVE s'est totalement lâché et nous a montré la part la plus metal de sa musique, sans pour autant en oublier le reste, bien entendu. En effet, que ce soit par des morceaux plus violents ou bien ces longues plages oniriques, NAÏVE propose une musique sensible, envoûtante, qui touche au plus profond de nous-mêmes.
Un excellent moment. Des gens humains qui véhiculent quelque chose de peu commun et de très appréciable. Avec ce live, NAÏVE a mis la barre un peu plus haut, que ce soit par le côté imposant et impressionnant de la vidéo projection ou par le fait que le groupe était bien plus assuré et en osmose totale avec ce qu'il faisait : une musique aboutie et mature. Nous avons eu un live de professionnels.

Setlist : "Elevate/Levitate", " Transoceanic", " Surge", " Monument Size", " Luna Militis", " Yshbel".



Comme si tant de génie n'avait pas suffi, il fallait en rajouter une couche... Encore une fois, une couche des plus appréciables. Les Montpellierains d'HYPNO5E nous ont offert une fin de soirée magnifique, dans la parfaite continuité de ce qui avait été proposé.
C'est sur "Acid Mist Tomorrow" qu'ils sont entrés et le mélange explosif de leur musique a fait effet immédiatement. Le Metronum s'était un peu vidé mais tous ceux qui sont restés ont été estomaqués par la qualité musicale et scénique d'HYPNO5E. Sur album, leur musique est on ne peut plus viscérale. Elle prend aux tripes et ne nous lâche pas, du début à la fin des disques on oscille entre angoisse et mélancolies rêveuses... C'est pourtant en live que cette musique et son aspect viscéral prend tout son sens. Le chant d'Emmanuel Jessua nous transportait avec brio parmi les méandres de leurs morceaux. Sa voix hurlée sur les parties violente et sa douce voix mélancolique sur les parties ambiantes... Tout comme la musique de NAÏVE, celle d'HYPNO5E est difficile àdécrire car elle se ressent et se vit. Noire et belle, angoissante et triste, prenante et pourtant si légère parfois... Le son était impeccable. Et les musiciens faisaient preuve d'une grande maîtrise de la scène et de leurs instruments (petit élément atypique : E. Jessua joue de la guitare électrique aux doigts, mêmes les passages saccadés et lourds...). Ils ont poursuivi le set avec "Maintained Relevance Of Destruction Part II", issu du premier album. Même si la chanteuse lyrique n'était pas là et que nous n'avions qu'un sample pour entendre sa voix, elle a rendu ce morceau bouleversant. C'est un mot qui colle bien avec ce que propose HYPNO5E : bouleversant... "Gehene I, II et III", la fin sur les deux parties de "Brume Unique Obscurité" (et bien d'autres entre temps). Tout ces contrastes, toute ces émotions profondes ont fait de ce concert un instant magique. HYPNO5E propose quelque chose d'atypique et tiraillant...

Une magnifique soirée et un voyage au cœur des noires émotions humaines mais aussi un échange chaleureux et humain. Une très belle première partie et deux têtes d'affiches époustouflantes. Merci à eux tous, à Jerkov et au Metronum...