La review

HOMMAGE A SCHULTZ
L'Alhambra - Paris
14/03/2015


Review rédigée par Intissare


Comme cela était prévisible, on constate énormément d’affluence ce soir devant la salle de l’Alhambra pour cet évènement présenté par Rage Tour que l’on aurait préferer qu’il ne nous ait pas été amené à vivre ou du moins le plus tard possible. Avant même l’ouverture des portes de la salle, on s’apperçoit qu’une majorité de punks de tous horizons et de tous âges a répondu présent pour rendre hommage à celui qui est considéré et dont on se souviendra comme le "papa du punk" ainsi que pour célébrer les plus de 30 ans de carrière de Parabellum.



La soirée débute à l’heure et dès notre arrivée on ne peut s’empêcher de passer à côté du portrait géant de Shultz dréssé sur le fond de la scène comme un étandard. Ce sont donc les Fatal Monstrum qui sonneront le glas, composé du guitariste Sven Polhammer et de la chanteuse Maroucha, ils nous offrent un croisement de sonorités constitué d’emprunts à de diverses influences, aussi bien punk que rock’n'roll teinté de nuances psychédéliques avec alternance du chant qui passe du français à l’espagnol tout comme l’atmosphère des chansons, ils alternent des titres rythmiques avec d’autres plus nuancés et enjolivent peu à peu l’ambiance, ils sont d’ailleurs très appaudis.

Setlist : "Plan Condor", "Are You", "Golden Parachute", "Caniche", "Mirawar", "Hoyo Negro", "Dans Tes Yeux", "Necessito".



La salle en ce début de soirée est dans l’ensemble relativement calme mais ça ne sera que furtif, une flopée d’artistes va venir se succéder et monter sur scène à tour de rôle ou à plusieurs pour même venir l’envahir à certains moments ou l’on y compte facilement plus d’une quinzaine de personnes, compagnons de route de Schultz, amis, artistes aux visages familiers ou simplement des proches, tous pendant plus de trois heures nous extirpent de la léthargie avec le sourire aux lèvres explorant les titres qui ont forgé le parcours de Parabellum aussi bien que l’univers de Schultz, parmi ces artistes on a pu entendre notement Niko des Tagada Jones entonner "Osmose 99" qui vient faire éructer le public, dans la fosse, ce sont rapidment des pogos entremêlés de plongeons dans la foule qui font que l’on est vite emporté dans un mouvement ou il est difficile de tenir en place cadenceant le rythme des festivités, on a pu aussi croiser les membres du Bal Des Enragés, Poun du groupe Black Bomb Ä, le trio Dolly venu interpréter une reprise de Nancy Sinatra, "Bang Bang" aussi reprise par Parabellum où la chanteuse Manu fait résonner sur un ton rock’n'roll emplie de mélancolie une émotion sourde presque rageuse. Reuno de Lofofora prend le micro pour "A Saint Lazare", on a pu aussi entendre Sanseverino chanter "Saturnin", une reprise par Parabellum du générique des Aventures de Saturnin, série télévisée française diffusée de 1965 à 1970 sur la première chaîne de l’ORTF qui de par l’univers de la série et la reprise du groupe qui comme celle Sanseverino est faite sur un ton risible complètement déjanté s’accole et exploite parfaitement cet esprit décalé qui, sous des allures loufoques, exprime la volonté de ne jamais se prendre au sérieux. Entrent également en scène Vx de Punish Yourself accompagné par Niko enflammant les corps sur "Amsterdam" et le culte "Cayenne", il est d’ailleurs impossible de rester impassible ou insensible tant l’énergie est communicative au fil de la soirée. Il nous a aussi été donné d’apercevoir et entendre sur certains morceaux Yves Panik et la mélodie de sa contrebasse.



Puis le trio des Svinkels arrive pour "Anarchie En Chiraquie" qui avait aussi été chantée par Parabellum ici faisant sauter, slammer, pogoter et bouger le public plus que jamais qui désormais se mêle aux artistes, se succède et s’invite sur la scène qui sera d’ailleurs évacuée par la suite à plusieurs reprises sur différents morceaux tant elle finit par ressembler à un conglomérat disparate où il est difficile de distinguer qui fait quoi ni même qui est en train de chanter, on y voit des personnes venues sauter dans la fosse avant de retourner dans le slam, d’autres chanter, danser, ou bien simplement s’emparer du micro pour quelques instants ou juste pour déclamer quelques mots appropriés et bien choisis tels que "Mort aux vaches, Mort aux condés".



On assiste à un melting pot ou se mêlent et se déploit la palette de toutes les nuances du punk rock ou quelque soit la couleur des reprises, entre autres celles de Motörhead à Nirvana en passant par Rage Against The Machine, Jimi Hendrix, Black Flag, les Stooges, bien sûr les Sex Pistols, les Ramones ou encore Sepultura sont toutes soulevées par le même esprit. L’humeur se maintient à travers la fête et la célébration dans la fidélité de la musique que Shultz aimait, à certains moments on ne peut s’empêcher de penser en au Berurier Noir, ou du moins de faire le rapprochement, de les avoir à l’esprit en filigrane, que cela soit de part les déguisements désuets et ubuesques comme l’accoutrement du clown qui apparaît sur scène au personnage loufoque que l’on voit cagoulé et traîné par une laisse durant la reprise de "I Wanna Be Your Dog", la danseuse aux flambeaux en bustier et jupe courte durant "Vive Le Feu" où le rapprochement devient alors éloquent, sans oublier une frénésie et une fraîcheur insouciante, tous ces éléments nous amènent à penser que l’ambiance ce soir-là était très berurière. Bien plus qu’un clin d’œil, cette ambiance, cet esprit de révolte enjouée et fédératrice représente d’une part la personnalité de Schultz et certainement la manière dont il aurait aimé qu’on se souvienne de lui, mais surtout l’essence de ce qu’est le punk et de ce que Schultz a contribué à faire qu’il soit, Para Bellum en latin "prépare la guerre", les mots accolés faisant référence à la devise romaine "Si vis pacem, para bellum", autrement dit "Si tu veux la paix, prépare la guerre" ou encore les calibres Parabellum et la cartouche sur laquelle est inscrit "A voté" sur la pochette de l’album du même nom sorti en 2012. Cette symbolique se rattache et fait référence non pas à une volonté belliqueuse et destructive au sens propre mais plutôt à une force contestatrice, un appel à l’insoumission et au soulèvement porté par la musique, mais également à un désir de rassemblement, d’unité et de résistance à travers les différences.



On ressent une dimension extatique et à la fois nostalgique où l’émotion des artistes et du public est tangible et nous traversent tout au long de cette soirée d’hommage fidèle à son image, on peut entendre les artistes faire résonner avec émotion et enthousiasme des phrases telles que "On voudrait le remercier d’avoir été la belle personne qu’il a été"" ou bien "Là haut ça doit être la fête". Quoi qu’il arrive tous les protagonistes s’efforcent de faire perserverer l’ambiance dans la légereté et la bonne humeur à l’effigie de la reprise de "What A Wonderful World" qui clôture le concert, on peut souligner que toutes les reprises de Parabellum ont été jouées avec la guitare de Schultz et que l’ensemble des bénéfices de la soirée sera reversé à sa famille.

Le concert vient se conclure par la foule qui les mains tendues entonne :

"Mort aux vaches
Mort aux condés
Vive les enfants de Cayenne
A bas ceux de la sûreté"


Lorsqu’il faut reprendre ses esprits et se diriger hors de la salle, la descente du retour à la réalité est plutôt difficile tant tout le monde semble épuisé, en sueur et abasourdi par l’intensité du concert, plus de trois heures qui nous ont paru s’écouler en un instant, un espace trop court pour lui rendre hommage mais dont on se souviendra, et à travers la mémoire du punk ou l’héritage qu’il lui a légué, il sera avec certitude toujours présent, vivant.

Repose en paix Schultz...



Setlist : "Osmose 99", "A Saint-Lazare", "Le Dernier Trocson", "Saturnin", "Papa", "La Roue De La Fortune", "Le Bal Des Canailles", "Le Treizième Salopard", "Stand By Your Man", "La Bande A Bonnot", "Comme Un Chien En Laisse", "SVP", "Zig Zag Rock", "Welcome To Paradise", "Bang Bang", "Anarchie En Chiraquie", "Tant Qu’il Y Aura Des Watts", "Amsterdam", "Cayenne", "Le Bal".

"Ace Of Spades" (Motorhead cover), "Hate To Say I Told You So" (The Hives cover), "Rise Above" (Black Flag cover), "Bad Reputation" (Joan Jett cover), "Holiday In Cambodia" (Dead Kennedys cover), "Killing In The Name" (Rage Against The machine cover), "I Wanna Be Your Dog" (Stooges cover), "Maxwell Murder" (Rancid cover), "Sick Boy" (GHB cover), "Know Your Product" (The Saints cover), "You Really Got Me" (The Kinks cover), "Rockaway Beach" (Ramones cover), "I Fought The Law" (The Crickets cover), "Ring Of Fire" (Johnny Cash cover), "Broken Down" (Los carayos cover), "Mama" (Los carayos cover), "Cheque Book" (Dr. Feelgood cover), "I Was Wrong" (Social Distorsion cover), "Fire" (The Jimi Hendrix Experience cover), "Reveille Le Punk Qui Est En Toi" (Svinkels cover), "La Bière" (Les garçons bouchers cover), "God Save The Queen" (Sex Pistols cover), "Nice Boys Don’t Play Rock 'N' Roll" (Rose Tattoo cover), "Refuse/Resist" (Sepultura cover), "Territorial Pissing" (Nirvana Cover), "If The Kids Are United" (Sham 69 cover), "Vive Le Feu" (Bérurier Noir cover), "What A Wonderful World" (Louis Amstrong cover).