La review

HELL MILITIA + BLACKLODGE + AOSOTH
Le Glazart - Paris
05/04/2010


Review rédigée par Célin


Qui aurait cru qu’un lundi de fête religieuse chrétienne soit l’occasion pour réunir 3 figures du black metal de la scène Française à Paris pour une soirée 666. Depuis la fermeture de la Loco cet hiver, je m’inquiétais un peu du devenir de la scène black metal Française dans notre capitale aux salles aux prix plus qu’excessif, pour des raisons pas toujours évidentes…Bref, le Glaz’Art pourrait très bien devenir le nouveau havre du black metal et du metal extrême en général. Salle a capacité humaine (500 personnes apparemment), des sièges dans le fond qui nous rappelle notre bonne vieille Locomotive et une terrasse très classe pour sortir fumer sa clope tranquille. Que demander de plus ?! Un meilleur son certainement… oui car bien que le son ne soit pas catastrophique, les basses semblaient être montés au maximum pour chacun des groupes. Je sais que le Glaz’Art a pour habitude d’accueillir des soirées dub ou drum n' nass jusqu’à pas d’heure mais s’il vous plait messieurs on est à 10 000 lieux là ! Alors oui on entend les mélodie de la basse (fait plutôt rare dans le black metal vous en conviendrez) mais les guitares sont un peu étouffées du coup... arf, on peut pas tout avoir.



On en entend pas mal parler depuis quelques temps, AOSOTH semble être la nouvelle révélation underground Française. Réunissant les non moins célèbres BST et Mkm, AOSOTH produit un black metal noir et malsain comme il se doit. Encore une fois, le son n’a pas vraiment joué en leur faveur ce soir, les guitares sonnaient assez brouillon et j’ai vraiment eu du mal à rentrer dans leur univers infernal. J’y ai tout de même décelé des rythmiques accrocheuses, limites old school, des sonorités aiguisées me rappelant la fougue d’un Balrog à certains moments. Quoi de plus normal vous me direz, on peut difficilement échapper à ses propres influences. Les titres s’enchaînent dans ce chaos musical et ce sont les dernier morceaux de leur set qui feront apparaître le véritable potentiel du groupe, avec des titres qui envoient sec sans mettre de côté les rythmiques plus "catchy" de leur composition. Je m’attendais personnellement à quelque chose de plus malsain et plus accrocheur, là j’ai un peu eu l’impression d’assister à un concert de Merrimack, un groupe que je trouve assez plat au final.



"BLACKLODGE, BLACKLODGE… non ça ne me dis toujours rien…" et pourtant j’étais convaincu de les avoir déjà vus ! Il a fallut que le set commence pour que je me rappelle pourquoi est ce qu’ils sont parti aussi vite de mon esprit qu’ils y sont entrés. Une boite à rythme en guise de batterie… c’est pourtant pas faute d’essayer, de faire abstraction de ce son synthétique… non ça ne passe définitivement pas, je veux une vrai batterie, je veux que la grosse caisse transperce mes tympans et transmette cette énergie que je recherche à chaque concert de black metal. Pourtant ils y ont mis toutes leur tripes les mecs, avec des musiciens sur scène qui se sentent véritablement possédés par ce qu’ils font. Et puis ce son brouillon… la boîte à rythme n’avait aucun punch et les riffs des guitares étouffés. Du coup il reste quoi de leur prestation ? Eh bien là où je leur tire mon chapeau, c’est du côté de l’ambiance, de l’univers qu’ils ont tenté de mettre en place pendant leur set de 45 minutes. Une ambiance définitivement industrielle, mécanique desservie par des guitares au son synthétique et une rage chaotique qui émanerait d’une grosse usine. En plus des beats "catchy" et de rythmes proches de la techno ou de la hard tech, les morceaux m’ont semblé totalement déstructurés, plein de sonorités, de bruits synthétiques qui partaient un peu dans tous les sens (la faute à la qualité du son je pense aussi). J’ai tout même été scotchée par une boucle envahissante en milieu de set, avec toujours ce son industriel qui leur est propre mais pas de chance… l’un des guitaristes disparaît tout à coup (problème de guitare)… que voulez vous j’ai toujours mis en doute la fiabilité des machines.



La tête d’affiche et certainement le groupe le plus controversé de la soirée. Une imagerie glauque, sombre, crade et morbide au service d’un black metal lourd, profond et subversif. Tout comme AOSOTH, HELL MILITIA regroupe de grande figure du black metal Français avec Meyhna’ch de Mutilation au chant et un membre d’Arkon Infaustus en la personne de T. Persecutor. Je sais bien que ce n’est pas dans l’attitude "black metal" de remercier son public et pourtant je suis sûre que leur set aurait gagné en intensité si les zicos avait été un tant soit peu plus reconnaissant de l’accueil du public Parisien. Pourquoi nous tourner le dos à chaque fin de morceau ? Pourquoi est ce que le vocaliste se barre avant la fin totale du set en balançant un vulgaire "bonsoir Paris" ? Ah oui c’est black metal j’oublais… arf, le public était pourtant bien présent, la fosse chaotique par moments, de quoi donner envie de rester avec son public non ? Sur scène, Meyhna’ch hurle à la mort, il pousse des cris de souffrance, de haine tel un martyr qui voudrait mourir. Le chant de Meyna’ch est vraiment très caractéristique et je pense reconnaissable entre mille, ces râles ultra glauques comme s’il était au fond d’un gouffre moisi et humide. Parfait. Ce qui fait qu’HELL MILITIA produit un black metal ravageur est cette capacité à alterner blast, rythmique accrocheuse et tempo lourd et pesant. La tempête nous montre la voie, la marche guerrière nous entraîne et tout cela pour bien sur finir dans les ténèbres. Des écrans un peu partout dans la salle laissaient apparaître des visuels morbides, glauques ce qui desservait particulièrement bien l’ambiance du groupe.



La fin du concert sera très festive sur scène. Des membres de BLACKLODGE venant prêter main forte au groupe le temps d’un morceau, d’une bière, d’un cri de rage ou de haine. Je suis persuadée que ce morceau aurait pu être d’une plus grande intensité, si les micros avaient fonctionnés correctement. Imaginez vous 3 vocalistes de black metal sur scène, hurlant en même temps, voilà quelque chose qui aurait pu faire froid dans le dos.

Une bonne soirée tout de même en ce Lundi de Pâques. La salle était malheureusement à moitié vide et si j’avais su plus tôt qu’une distro black metal était aussi de la soirée, je pense que j’aurai pensé à donner à manger à mon porte monnaie.

Merci à Somnyum et à Déphaz pour leurs photos !