Il existe, dans la vie de certains adorateurs du Nord, des amateurs de viande d’élan séchée, des 18h d’ensoleillement annuelles, de brioche à la cannelle ou de combiné nordique, certaines étapes obligées pour secouer sa chevelure en rythme, sur des mélodies tout droit venues des fjords les plus lointains... Il y a le Pagan Fest, le Cernunos Pagan Fest, mais également, depuis quelques années déjà, le Heidenfest, incroyable affiche folk / pagan / viking qui a déjà su rassembler des groupes comme Korpiklaani, Eluveitie, Primordial, Finntroll, Alestorm ou, comme ce soir : FROSTTIDE, SUIDAKRA, EQUILIBIRUM, TURISAS et ENSIFERUM... Et c’est avec bonheur que l’étape parisienne de cette année ouvre ses portes ce lundi 23 Septembre à la ribambelle de païens ayant sorti, pour l’occasion, leurs plus belles griffures de gouache, lustré leurs plus belles cornes et poli leurs plus beaux marteaux !
16h45 : Ouverture des portes d’un Bataclan étonnement rempli dès la première partie (surtout pour un lundi !), et c’est, fourrures et bracelets de force au vent que le public s’avance, massé depuis déjà quelques minutes devant le hall de la grande salle à coursive !...

Tandis que l’affluence aux stands de merch’ bat son plein, l’importante poignée de présents peut prendre possession de la salle où, malgré tout, elle ne sera ni gênée ni bousculée pour la première partie : FROSTTIDE. En parlant du loup, les voici qui s’avancent devant le backdrop à tête de viking estampillé Heidenfest 2013 ! Les 5 comparses finnois nous arrivent tout sourire après la sortie de leur premier album "Awakening" fin Août dernier chez Noise Art Records. Le combo au synthé prend place, que cette nouvelle édition commence !...
Et c’est avec une setlist 100% "Awakening" que ce groupe montant de la scène folk / death mélo’ va tenter de convaincre le public parisien ! Force est de constater que la jeune formation va, avec le morceau titre de l’album : "Awakening" puis "Ruins Of Defeat" parvenir à échauffer la fosse avec son death mélodique aux rythmiques parfois proches de Wintersun ou, comme sur l’intro (ponts et solos ambiants) de "Siege", guère éloignée de certains riffs d’Insomnium. Cet aspect mélo’ du travail de FROSTTIDE sera très rapidement couplé à de très efficaces (bien qu’un rien "bateau") accents folk proches d’EQUILIBIRUM, comme sur le morceau suivant : "Quest For Glory" ! Il faudra cependant noter le léger bémol, pour cette prestation d’ouverture, du charisme du frontman Joni Snoro assurant chants et guitare, qui oubliera parfois de rentrer pleinement dans la peau du chanteur au profit de celle du guitariste qu’il est aussi. La formation apparaîtra donc souvent (au milieu de ce sombre éclairage...) comme une formation à guitares, très appliquées, certes, mais manquant d’accroche et de «charme» sur le chant... Puisque nous parlons de "charme", il paraît essentiel de souligner que, à défaut de charisme de la part du frontman, le bassiste Lauri Myllylä (intégré au line-up pour la tournée) nous gratifiera de ses plus beaux headbangs, occupant royalement la scène et ryhtmant frénétiquement les lignes de Joonas Nislin (batterie) et appuis mélodiques de Felipe Muñoz (typiquement finlandais isn’t it ?!...) au clavier. Le son sera dans l’ensemble d’une assez bonne qualité même si certains backings se perdront au coeurs de quelques brumeux enchaînements de batterie... Un nouveau "discours" de la part de Felipe et vient le tour de "No Turning Back" puis d’"Unwritten (Engraved In The Stars)", qui fera office d’outro, de s’enchaîner pour voir le premier changement de plateau s’effectuer.

Setlist : "Intro, Warrior’s Call", "Awakening", "Ruins Of Defeat", "Siege", "Quest For Glory ", "No Turning Back", "Outro, Unwritten (Engraved In The Stars)".

Le Bataclan voit maintenant sa scène accueillir SUIDAKRA, groupe allemand comptant parmi les vétérans du genre (1994 tout de même !...) revenu, après la sortie de son assez bien ficelé "Eternal Defiance" en Mai dernier, sur le devant de la scène folk européenne ! La formation n’affichant réellement complet que depuis 2011 entamera son set avec le duo ouvrant également l’album, "Storming The Wall" et l'implacable "Inner Sanctum" sur lequel l’homme fort du groupe, celui sans lequel l’identité de la formation ne serait plus qu’un souvenir poussiéreux et grâce auquel tout à commencé : Akradius Antonik (chant / guitare) entamera, de concert avec Lars Wehner (batterie) et sa claquante double pédale sur ledit morceau, de réveiller un public déjà bien échauffé après le passage de FROSTTIDE. C’est d’ailleurs sur "Isle Of Skye" que les premiers slams et les premières vraies bousculades se feront apercevoir, le public ayant manifestement répondu présent pour relever le "défi" SUIDAKRA ! Suivra d’ailleurs, dans cette même optique de mélodie entraînante le catchy morceau instrumental "Dead Man’s Real", précédant le single d’"Eternal Defiance", j’ai nommé, le martial "March Of Conquest" qui s'avérera d’une rare efficacité lorsqu’il s’agira de faire se soulever le public. Il se trouve que ce soulèvement observé n’était qu’une ébauche de ce dont le public venu acclamer le carré d’outre-Rhin était capable, et le morceau suivant : "The IXth Legion" est bel est bien là pour nous le faire remarquer à grand renfort de samples de cornemuse sur lesquels d’éparses gigues pourront même être vues en milieu de pit !... Faute d’un éclairage correct (encore une fois manquant de frontlights et abusant outrageusement de certaines couleurs comme ce sera malheureusement également le cas sur ENSIFERUM) le son sera, lui, un rien plus harmonieux que celui du groupe précédent bien que les backings ne soient ni retentissants ni réellement... harmonieux... Qu’à cela ne tienne, il est maintenant temps pour le groupe de dépoussiérer l’un de leurs morceaux tiré de l’album "Arcanum" (sorti en 2000), "Wartunes" et de nous laisser sur cette note extrêmement positive, pleine de bonne humeur et de sourires qui se liront (et ce depuis le début du set) notamment sur le visage de Tim Siebrecht (basse).
...Une très généreuse façon de terminer un set d’une très bonne qualité et de faire place aux suivants, EQUILIBIRUM, TURISAS et ENSIFERUM !...

Setlist : "Intro, Storming The Walls", "Inner Sanctum", "Isle Of Skye", "Dead Man’s Reel", "March Of Conquest", "The IXth Legion", "Wartunes".

Voici d’ailleurs que l’heureux quintette allemand avec lequel il faut désormais compter lorsqu’il s’agit de folk / epic metal prend place, Robert Dahn (chant) et son imposante carrure de quarterback en tête ! Et c’est avec l’un de ses plus gros succès, certainement le plus gros à y repenser, que le groupe va littéralement embraser la fosse dès son arrivée.
"Blut Im Auge" a beau venir du passé du groupe, c’est un titre terriblement bien monté sur lequel Robert Dahn n’aura rien a envier à l’ancien frontman Helge Stang, assurant, entre growls et screams avec la plus grande solidité qui soit ! Les instrumentations, comme celle du morceau suivant, "Der Sturm", revisité près de 8 ans après son apparition sur l’album "Turis Fratyr" à l’occasion de la toute récente sortie de leur EP : "Waldschrein" (ardemment mis à l’honneur ce soir en étant joué en intégralité) laisseront, comme sur disque, le public rêveur, entre les roulements de batterie de Hati et certains passages de basse savamment claqués par Sandra Völkl ornés des quelques samples de synthé et autres frais gazouillis d’oiseaux comme sur "Waldschrein" et ses ponts parmi les plus épiques de ce qui se fait actuellement dans le genre... ! Le ton est désormais donné, pour ceux qui en doutaient encore, à cette édition du Heidenfest, les slams, pogos et wall of death se feront de plus en plus soutenus, le tout n’étant malheureusement pas encadré par un quelconque dispositif de sécurité que ce soit (Pas de crash barriers et donc ni sécurité, ni photopit !...). Le paganisme et les extraits mythologiques ayant pris possession de la salle parisienne, le combo germanique nous apportera une nouvelle preuve de son talent et de sa réussite actuelle avec "Himmelsrand" et son retentissant appel aux "Dovakhins". Reprenant ainsi le thème du désormais bien connu jeu "Skyrim" (que les 2/3 du public scanderont, en réponse aux appels du frontman), la formation rajoutera une couche de son EP avec les très abouties guitares de René Berthiaume et Andreas Völkl sur "Zwergenhammer" pour refaire en suite un bond dans la passé avec "Met".
Ce dernier rappel de leur discographie se verra complété par le bouillonnant "Unbesiegt" à la suite duquel le groupe se fendra, tout comme ses prédécesseurs, d’un petit bain de foule, sourire aux lèvres. Une reconnaissance à double sens faisant réellement plaisir à voir et à ressentir entre 2 poignées de mains et remerciements derrière le charmant sourire de Sandra ou le plus viril claquement de main de Robert Dahn !...

Setlist : "Blut Im Auge", "Der Sturm ", "Waldschrein", "Unter Der Eiche", "Himmelsrand", "Zwergenhammer", "Met", "Unbesiegt".

La performance des plus réussies d’EQUILIBRIUM, posant les jalons de l’arrivée de Turisas, s’achève. Le Bataclan se voit, le temps d’un inter-plateaux plus long que les précédents, revêtir ses plus belles warpaints et se draper de rouge et noir...
Backdrop : check !
Machines à fumée+LED: check !
Place à la co-tête d’affiche de ce soir, place au power / folk finlandais de TURISAS !
Il suffira simplement au sextet, fer de lance d’un folk énergique, entêtant, dansant et conquérant de prendre place pour que le parterre serré (parfois un peu trop, quelle idée de fermer la coursive au tout venant et de l’improviser en pit photo pour une pareille affiche ?!...) et bien réchauffé par les 3 groupes venant de se succéder, se mette à hurler et scander certains mots ayant fait la force de morceaux qui seront d’ailleurs joué ce soir. L’introduction retentit finalement avec "Bosphorus Freezes Over" et le premier morceau "For Your Own Good" (issu de la dernière galette proposée par le groupe elle aussi fin Août dernier) à la mélodie travaillée mais plus épurée qu’à l’accoutumée annonce la couleur d’une setlist essentiellement axée sur l’album "Turisas2013"... Mathias Nygård et Olli Vänskä travailleront, occupant majestueusement la scène sur les titres suivants, à faire exploser ce public dont l’effervescence n’est plus à prouver ! Ce sera notamment le cas sur l’incroyablement puissant et profond "A Portage To The Unknown" mais aussi sur le plus épique des morceaux du dernier opus : "Piece By Piece". Le set dont la mécanique semble déjà bien huilée sera malheureusement troublé par quelques slameurs s’improvisant stage divers sur certains morceaux, au grand damne de Mathias et des techniciens / roadies qui se verront forcés, en plus de devoir réparer les "dégâts" de certains, de faire office de vigiles derrière les retours afin d’enrayer toute nouvelle intrusion scénique et rétablir un peu l’équilibre qui devrait y regner, occasionnant parfois de dangereuses situation sur les 5 premiers rangs lors de leurs montées au créneaux ! Malgré ces petits points noirs qui émailleront encore le live, le Bataclan se verra littéralement conquis par le charisme de la formation sur l’un de ses hymnes : "To Holmgard And Beyond" puis par les effets de fumées / lumières nous plongeant dans la folie d’Hadès sur "Greek Fire"... Les poings en viendront naturellement à se lever et le public à s'égosiller par la suite, sur "Battle Metal" et la batterie introductive de "We Ride Together", galopant jusqu’au dernier morceau, ultime temps fort de cette prestation riche en émotions: le magistral "Stand Up And Fight" !
Et c’est sur un son cette fois de bonne qualité, des lumières maîtrisées, en harmonie avec l’univers et l’incroyable identité du groupe que ce show de la soirée prendra fin. Seuls regrets quant à ce set, l’absence du délirant "Rasputin" réclamé à maintes reprises et le triste choix de certains morceaux parfois moins massifs de "Turisas2013"...

Setlist : "Intro, The Bosphorus Freezes Over", "For Your Own Good", "A Portage To The Unknown", "Ten More Miles", "Piece By Piece", "To Holmgard And Beyond", "Greek Fire", "As Torches We Rise", "Battle Metal", "We Ride Together", "Stand Up And Fight".

La saga des warpaints arrive à son terme tandis que s’annonce le plus gros morceau de la soirée, le joyau de la couronne viking / folk / pagan : ENSIFERUM. Qu’Heimdall se prépare car le quintette s'apprête à nous offrir à tous un voyage dans le temps et l’espace en direction d’Asgard...
Fièrement avancé sur scène, le combo nous propulsera d’emblée en pleine Baltique pour d’ultimes offrandes, et c’est avec le très fort "Into Battle" que s’en ouvrira le chemin. Ajoutant à cela l’hymne rapidement entonné par un public suivant le thème Ô combien martial et dynamique d’"In My Sword I Trust" et de son refrain "...march my brothers, we are blessed by steel...", et la soirée prendra des allures de célébration païenne tant pour le plaisir des yeux avec l’incroyable prestance de Petri Lindroos (chant), le chahutant charisme de Sami Hinkka (basse), que pour celui des oreilles avec les merveilleux choeurs assurés aussi bien derrière la basse de Sami que derrière les guitares de Markus Toivonen que de Petri !... C’est avec des warpaints discrètes, du moins plus que TURISAS, ainsi que des tenues de cuir unies, teintées de marron, que les 5 forgerons de cette scène nous martèlerons les esprits avec les titres suivant, "Unsung Heroes" et ses terriblement harmonieux choeurs chantés par la formation, notamment par la ravissante Emmi Silvennoinen, cachée sur une estrade attenante à la batterie, derrière son clavier à écu, puis "Burning Leaves" et enfin le transcendant "From Afar" respirant les grandes étendues, le pin et les airelles (et ayant très certainement inspiré EQUILIBRIUM sur quelques compositions à épiques lignes de synthé’...). Un autre morceau de cet album sorti en 2009 fera lui aussi son apparition ce soir, "Twilight Tavern" et son superbement mélodique playback de choeur féminin sur lequel Sami s’appuiera pour nous offrir un nouveau headbang de grande qualité ! Avant d’en arriver aux dernières "odes", il faudra penser savourer pleinement le petit interlude de "Tumman Virran Taa" et de son époustouflante polyphonie qui ne sera elle non plus que passée en playback (au grand regret de certains) le temps d’un changement de guitares avant de passer à "The Longest Journey (Heathen Throne, Part II)" et l’incorrigible "Wanderer" arrivé après un rappel de courte durée... Avant de quitter la scène, le groupe a encore une dernière petite surprise a présenter au public français... D’imposants sombreros géants font leur apparition sur les têtes, et le dernier morceau, une reprise du tube des Gipsy Kings : "Bamboleo" verra cet ardent show se clôturer tout en joie et en légèreté !
ENSIFERUM aura décidément bien assuré sa prestation (tout comme les précédents d’ailleurs), entre un Petri et un Sami solidement campés sur leurs appuis et un public ravi à l’extrême, malgré de conséquents soucis de réglages de batterie (double vibrant jusqu’aux poteaux de la coursive supérieure...).

Setlist : "Into Battle" "In My Sword I Trust" "Windrider" "Unsung Heroes" "Burning Leaves" "From Afar" "Twilight Tavern" "Ahti" "Tumman Virran Taa" "The Longest Journey (Heathen Throne, Part II)" "Wanderer" "Bamboleo"

Quelques rapides conclusions s’imposent bien facilement dès la sortie de cette nouvelle édition du Heidenfest par un public essoré, mais heureux, ayant puissamment mijoté dans cette fosse comprimée !... Il s’agit bien entendu de rendre à César ce qui appartient à César en disant que les groupes présentés en ce lundi soir auront décidément su charmer bien rapidement un public venu nombreux pour ce voyage nordique. Un FROSTTIDE somme toute très correct pour un groupe d’ouverture, suivi par les 2 très bonnes prestations que furent celles de SUIDAKRA et d’EQUILIBRIUM (malgré des lumières toujours aussi décevantes et encore une fois la dangereuse absence de crash barriers / sécu’...) avant de passer à la dévorante et exaltée performance de TURISAS puis, à la passionnée présence d’ENSIFERUM qu’il faut, si ce n’est pas déjà fait, inscrire au panthéon des profanes adeptes de folk / viking metal !...
Il faudra bien entendu noter la présence de la sublime et talentueuse Audrey Dujardin aperçue sur scène pour la photo de groupe de Turisas ainsi que celle du sensationnel YoG...!
Un énorme merci à toute l’orga’ du Heidenfest mais aussi à Garmombozia pour les avoir fait tourner une nouvelle fois par chez nous pour notre plus grand plaisir... Kiitos !...

Photos tirées de : www.elp-photo.fr