La review

HAUNTING THE CHAPEL
Samael + Dust In Mind + Slatsher + Wheelfall
Les Trinitaires - Metz (57)
29/01/2016


Review rédigée par Man Of Shadows
Photos prises par Cédric


C'est fin Janvier, comme d'habitude, que se tient cette nouvelle édition, la quatrième, du festival annuel Haunting The Chapel dans cette ancienne chapelle désormais reconvertie en lieu culturel. Cette année, les deux soirées ne sont pas divisées en thèmes comme cela a été le cas l'an dernier avec une soirée purement death metal et une seconde nuit centrée sur le metalcore. L' association Damage Done nous offre deux soirées placées sous le signe de l'éclectisme avec SAMAEL et Destruction comme têtes d'affiches. Cette première soirée, contrairement à l'année dernière, est loin d'être sold-out, la faute à une programmation annoncée tardivement.



C'est malheureusement en retard que nous arrivons sur les lieux ce qui nous fait louper la première moitié du set des Nancéens de WHEELFALL. L'affluence est plutôt correcte pour un groupe d'ouverture et si le groupe ne reçoit pas un accueil dingue, le public présent reste poli et attentif. Baigné dans une épaisse fumée bleue cachement quasiment tous les musiciens, le quintette délivre un metal déviant, au caractère bruitiste et plombé, avec une imposante puissance de frappe. Fabien, chanteur et guitariste, hurle à s'en faire crever les amygdales et évoque toute la puissance et l'intensité du chant de Joe Duplantier de Gojira, en plus possédé cela dit. La musique, monolithique et très subtilement ambiancée, est difficile d'accès pour les non-accoutumés aux styles "post", surtout en conditions live. Mais pour les autres dont nous faisons partie, c'est un régal, et si nous n'arrivons pas à rentrer totalement dans le set, nous avons tout même grandement apprécier ces courtes minutes de musique ténébreuse et massive.



Place maintenant à SLATSHER et son death technique et progressif. Le changement de décor est drastique. SLATSHER, qui nous vient de Jarny, envoie la sauce et les notes comme personne. Difficile d'accès, comme la musique de WHEELFALL mais dans un autre genre, l'art de SLATSHER est pourtant gavé de plans techniques époustouflant et la maîtrise des zicos est totale. Mickael délivre des plans de batterie ultra complexes et précis mais s'en sort les mains dans les poches. Les guitaristes balancent quelques soli pas piqués des vers et proposent un bel équilibre entre riffs malsains à la Morbid Angel, plans technique à la The Faceless et mélodies étudiées. Les longs morceaux aux nombreuses cassures rythmiques et parties atmosphériques instrumentales sont impressionnants mais durs à suivre. On préfèrera les deux nouveaux morceaux joués ce soir (à paraître sur le prochain album), plus concis, brutaux et à l'orientation plus droite, clôturant ainsi de fort belle manière ces superbes 30 minutes.



La soirée se poursuit avec le cas le plus épineux, pour notre part, de la soirée : DUST IN MIND. Le décalage entre la musique jouée et la présence des musiciens d'une part et la voix et l'attitude de la chanteuse d'autre part est si énorme que le résultat fait vraiment pâlir. Le metal moderne aux relents indus, quoique peu inspiré et vite redondant, tient bien la route et se suffit à lui-même avec quelques bons riffs et un chant hurlé / growlé masculin convaincant. Mais lorsqu'on voit à côté de cela une chanteuse, Jen, à la voix pop sans grande personnalité chanter des parties lisses à en mourir, minaudant et ne proposant en "jeu de scène" qu'une gestuelle et des pas de dance music, cela nous désespère au plus haut point. Avoir sa propre attitude, c'est bien, mais il faut être un minimum cohérent pour éviter que le show se transforme en blague. Cela nous attriste de dire cela car tout n'est pas à jeter dans la prestation des Strasbourgeois, la performance instrumentale est solide et quelques bons morceaux sont joués comme "The End Of This Chapter" ou "Purity". Mais cela ne nous fera pas oublier cette prestation globale en rupture totale avec les autres groupes présents à l'affiche.



L'heure est désormais venue d'applaudir les maitres du dark metal Made in Switzerland. Plongés dans la pénombre, la tension monte avec la diffusion d'un extrait de la B.O. du film Iron Sky, oeuvre de Laïbach, et donc le thème martial / dark ambient couplé aux paroles "spatiales" et transcendantes collent à merveille à l'univers de SAMAEL. Le groupe fait son entrée de façon conquérante : d'abord vient Drop (ancien leader de Sybreed) ; le nouveau bassiste ; puis Xy prenant place derrière son kit, Makro avec son maquillage mi-ombre-mi-lumière et ses bottes militaires d'un autre temps, et enfin Vorph débarque triomphement. Le groupe joue d'emblée deux classiques, "Shining Kingdom" et "Rain", tous deux énormes comme d'habitude. Le light-show est énorme, parfaitement synchro avec la percussion et rend la prestation encore plus massive. Le son est globalement bon, les guitares et la basse ressortant bien et lorsque Xy saute de ses synthés à son kit de batterie, le son est encore plus monstrueux. Seuls les sons de claviers et la voix de Vorph sont un peu mixés en retrait. Vorph qui, d'ailleurs est bluffant de charisme. Il impose sa présence tel un leader naturel, comme un général motive et harangue ses troupes (il faut le voir lorsqu'il chante sans guitare sur "Infra Galaxia" marteler dans le vide en cadence et vociférer comme un diable). Deux des meilleurs extraits de "Lux Mundi", son dernier album datant déjà de 2011, "Of War", lent et majestueux, et "Luxferre", destructeur, sont joués avant deux pépites, "Slavocracy", aux sonorités retravaillées et qui prend une autre dimension en live et "Reign Of Light", au riff titanesque. En guise d'interlude, Makro se fend d'un intermède solo fait de riffs dissonants et slayeriens très intéressants et exotiques dans le contexte. Le fin du show est constituée surtout de morceaux issus de l'album "Ceremony Of Opposites" que le groupe joue régulièrement dans son entièreté depuis deux ans maintenant dont au dernier Hellfest. On retient surtout de fantastiques titres tels "Black Trip", "Flagellation", "To Our Martyrs" et "Crown", impeccables et impériaux. Le show se conclut par l'apocalyptique "Ceremony Of Opposites" et le nouveau classique et extrême "The Truth Is Marching On". Une heure et quinze minutes intenses et sombres comme l'Enfer, qu'on n'a pas vu passer. Bon, et maintenant, messieurs, à quand le nouvel album ?

Setlist : Intro ("B-Machina" - Laïbach), "Shining Kingdom", "Rain", "Of War", "Lux Ferre", "Slavocracy", "Reign Of Light", "Infra Galaxia", "Jupiterian Vibe", "Solar Soul", "My Saviour", "Black Trip", "Baphomet's Throne", "Flagellation", "Crown", "To Our Martyrs".
Rappel : "Ceremony Of Opposites", "The Truth Is Marching On".

PS : Merci encore une fois à Damage Done pour nous offrir des concerts variés et de qualité et pour le travail de passionnés entrepris.