Je suis certain que vous êtes dégoûtés d’avoir raté ce concert. Pourquoi ? Parce qu’après
l’avoir vécu, je serais profondément dégoûté de l’avoir raté également. La violence des cinq
groupes de l’affiche de ce soir dépassait largement la limite légale, mais personne ne s’en
plaindra, bien au contraire. Arrivant un peu en avance au Gibus, nous voyons les groupes
défiler, allant et venant à leur van garé juste devant, fumant une cigarette… Et enfin les
portes ouvrent avec quelques minutes de retard. Rien de bien grave. L’entrée est rapide, la
salle est toujours aussi sympa que la première fois. Posez vos cerveaux à côté, on démarre
rapidement.
Si les Espagnols de MUTILATED JUDGE ont une réputation, c’est bien celle de faire n’importe
quoi. Et pour preuve, le groupe se compose de Babyrapist à la basse (dont les effets
suffisent largement pour couvrir le manque de musiciens), de Gutcock au chant, et d’une
boîte à rythmes. Si le groupe se présente comme sérieux à la base, le chanteur descend très
rapidement dans la fosse pour lancer lui-même le pit. S’ensuit une séance d'effeuillage très
grindcore. En effet, ni son t-shirt ni son legging (oui, oui) ne tiendront bien longtemps, et
Gutcock finira en caleçon dans le pit, à se rouler par terre. Plus le show avance, et plus le
chanteur se montre déterminé, jusqu’à ce que retentisse (sur bande) "Dragosta Tin Dei" d’Ozone,
marquant la fin de cette incroyable épopée.
Setlist : "Cretin Child", "El Viaje Astral Powerade De Luis Prieto", "What the Fuck Is Netflix ?",
"Amor De Pus", "Tacitus' Fallacies", "Pajas Con Tuenti", "La Vieja Que Se Santiguaba Al Salir
De Casa", "Simian Raticus", "My Girlfriend Left Me For A Guy With A Hakuna Matata Tattoo",
"The Milwaukee Cannibal", "Dinosaurs And Koalas", "Persecution Bricomania", "Hail
Zumalakarregi", "The Menace Of Garrandi", "Arizona Hitler".
Un rangement d’instruments rapide, et voici les Américains de SPLATTERED qui ont fait le
déplacement pour nous donner une petite leçon de slam death. Les compositions
s’enchaînent à merveille, le son est excellent et le pit réagit. Les frappes d’Andrew (batterie)
résonnent à merveille avec la rythmique de Travis (guitare) et Josh (basse), alors qu’Andy
se démène au chant pour un rendu absolument merveilleux. SPLATTERED nous offre une
facette de la violence qui mérite d’être vue, entendue et vécue. Enchaînant les rythmiques
aussi lourdes qu’entraînantes, je ne pense pas être le seul à avoir gagné quelques
courbatures sur ce set puissant, qui finira avec un titre en duo avec Dominik “Pumpa”
König de STILLBIRTH au chant.
Setlist : "Gutted", "Guttural Species", "Seething Putrid Malevolence", "Carnivortex", "Entrails Full
Of Vermin", "Sculpted Flesh Puppet", "Glistening Septic Discharge", "Abnormal Necrosis",
"Antideluvian Horror".
Et soudain, c’est le drame. Coupure de courant. Mais qu’importe, les Allemands de STILLBIRTH
s’affairent avec des lampes de poche pour s’installer, et prient leur Dieu couvert de sang,
d’entrailles et qui boit une bière pour que l’électricité revienne. Visiblement, leur souhait a
été entendu, car quelques minutes avant le début de leur set, le courant reviendra, leur
permettant de s’échauffer eux et leurs amplis. L’attente en valait-elle la peine ? Eh bien oui.
Très clairement. Tout simplement parce que le chant démentiel de Lukas Swiaczny doublé
de la rythmique propulsée par Dominik “Pumpa” König (basse), Jan Widemann (guitare)
et Martin Grupe (batterie) est tout simplement l’une des plus lourdes qu’il m’ait été donné
d’entendre. Leur slam death mêlant rythmiques puissantes, harmoniques assassines et
breaks monumentaux m’emporte dès les premières notes, et ma nuque souffrira
énormément. Mais ça, je ne le saurai que le lendemain matin, tellement les compositions
de STILLBIRTH annihilent tout sur leur passage. Le public, plus que réceptif, met le pit en
ébullition pour le plus grand plaisir du groupe qui invitera Mr. "Oscarnivore" Macias au
chant sur la fin. Un régal.
Après un passage au merchandising qui aura raison de mon maigre budget et avoir
récupéré une bière, je me replace à temps pour assister au show des Colombiens de
CARNIVORE DIPROSOPUS. Mr. "Oscarnivore" Macias reprendra le micro laissé quelques
minutes plus tôt, alors que ses compagnons, Fabio "Dr Grinder" Ramirez (batterie), Jose
"Nacho" Rondon , Andres "Predator" Perez (guitares) et Daniel Luces (basse)
envoient une rythmique grasse et plutôt old school. Leurs compositions énergiques ne
tardent pas à réveiller le public qui commence presque à fatiguer, alors que les lumières
deviennent de plus en plus pénibles, laissant parfois apparaître seulement une partie de la
scène (et donc des musiciens). Même avec ce désagrément, le show est extrêmement
plaisant et le groupe nous laissera en sueur après avoir interprété une bonne rasade de leur
répertoire, composé de trois albums.
Place au groupe le plus dépaysant de la soirée, les Indiens de GUTSLIT. La bande menée
depuis dix ans par Gurdip Singh Narang (basse) et son fameux turban a décidé de nous
offrir ce soir un mélange de leurs deux albums avec un son absolument dantesque. Les
frappes d’ Aaron Pinto (batterie) concurrencent les hurlements bestiaux mais totalement
maîtrisés de Kaushal LS (chant), alors que les cordes de Prateek Rajagopal (guitare) sont
littéralement maltraitées pour obtenir un son faisant remuer la fosse qui sue à grosses
gouttes. Chaque musicien possède sa propre mimique, et le show est aussi bon
auditivement que visuellement. Toute la scène est remplie alors que les Indiens nous
déballent leur discographie en pleine face, ce qui a l’effet d’un rouleau compresseur. Leurs
riffs gras et malsains touchent toute l’assemblée qui se prend évidemment au jeu, alternant
circle pit et mosh furieux. Malheureusement leur set est court, et la fin est déjà annoncée,
mais le dernier titre déclenchera une furie autant sur scène que dans la fosse. Un pur
moment de bonheur qui s’achève.