La review

GUTALAX + SPASM + GUINEA PIG
Le Glazart - Paris
25/04/17


Review rédigée par Sharknator


Si un jour tu veux écouter n’importe quoi, écoute du goregrind. Et si un jour tu veux FAIRE n’importe quoi, fait un concert de goregrind (goregrind, porngrind, les deux sont du même acabit). Entre les groupes et le public, tu ne seras franchement pas déçu. Peut-être que, dans un premier temps, les gens habillés en banane ou avec des masques de cochon et les ballons, les bouées et les bouteilles géantes (tout ça gonflable), volant de part et d’autre d’une fosse en furie te surprendront. Mais une fois franchi le cap de la gêne et de la circonspection, tu ne peux pas ne pas te prendre au jeu. Et si cette description te branche un tantinet, soit très attentif aux nouvelles dates de concert, car ce genre de concert est relativement rare. Heureusement que GUTALAX n’est pas trop en reste au niveau popularité, car ce passage bienheureux dans la capitale leur permet de ne pas passer inaperçu, même si c’est pour faire fuir la moitié de ceux qui les connaissent. Tant pis pour eux. Hélas, arrivé trop tard pour Squirtophobic, il va falloir te contenter des trois plus gros poissons.



Un petit trio d’Italiens (GUINEA PIG) qui commence par t’asséner un soundcheck des plus ragoûtants, que l’on croirait fait de rots tonitruants, avant de t’offrir le plat de résistance : un gros concert de bourrins très lourd et bien gras, avec des vocaux puissants et des instruments accordés très bas. Et pour une fois, l’éternel problème de la sono horrible du Glazart ne te posera aucun problème, et ce pour l’ensemble des groupes ! Car qu’a-t-on à faire que de se préoccuper de la qualité du son d’un concert de goregrind, un genre dont le son lui-même est par essence dégueulasse ? Même si les productions plus actuelles tendent à infléchir cette tendance en améliorant leur qualité, ici ça nous fait donc un retour aux sources. Et puisque tu ne te préoccupes pas du son, tu peux donc regarder les premiers quidams monter sur scène pour effectuer leurs chorégraphies bourrées et leurs danses chaloupées tandis que le guitariste saute faire un slam dans la fosse, malgré le toit relativement bas de la salle.



Maintenant que tu as vu GUINEA PIG, tu n’es pas en reste, il t’en faut plus. Et quand tu vois SPASM débarquer sur scène tu comprends que tes désirs sont des ordres pour le Gorecrusher Tour (parce qu’en plus tu viens de te rappeler le nom de la tournée à laquelle tu assistes). Débarquent donc sur scène des gratteux et un batteur en short et un frontman vêtu de rien moins qu’un slip Borat tout vert fluo et un masque blanc sur lequel darde un pénis de dimensions pantagruéliques (que, triste, tu le vois enlever après deux morceaux, parce que fréquenter les concerts de goregrind te rend pervers) et te déverser une musique incompréhensible mais trop marrante. Avec un tel apparat, c’est bien sûr le chanteur que tu regardes et c’est tant mieux, car si sa voix faite d’un mélange de rot et de moteur d’automobile te fait souvent penser à GUTALAX, c’est tout un show à lui tout seul. Il traîne comme il peut sa grosse masse d’un bout à l’autre de la scène à te régurgiter ses tripes dessus, il te parle beaucoup à toi et à toute la bande de dégénérés qui t’entoure, on a parfois l’impression de le voir manger littéralement son micro. Et pendant ce temps-là tous tes copains s’échangent la bouée pour slammer avec, jettent des ballons gonflables partout, pogotent en dansant, font n’importe quoi avec SPASM ; vous vous invitez même sur scène pour faire vos danses rituelles de la gloubiboulga party. Le frontman te fait même une grosse accolade à la fin avant de repartir.



Mais bien sûr, tout ça, c’est pas encore assez pour toi, c’était toujours que l’apéritif suivi de l’entrée. Tu veux le plat de résistance, et tu vas l’avoir, car GUTALAX arrive, avec leurs combinaisons de peinture couvertes de... peinture du plus bel (ou glauque) effet (c’est selon). Et pour le coup t’en as encore plus rien à faire de ce que ça vaut au niveau musical, puisque de toute façon c’est de la merde (et en l’occurrence, c’est un compliment !) ; toi t’es là pour déconner et rigoler avec le public. Et ose dire que tu n’as pas ton content avec cette bande de dégénérés nageant dans leurs déjections qui se font balancer du papier toilette dessus ou qui violentent une poupée gonflable (bon marché quand même), quand ils ne sont pas en train de danser une bonne grosse polka des familles au rythme de l’accordéon qui pointe de temps en temps dans toute cette margaille. C’est la joie, c’est la folie, c’est incroyable, bref c’est n’importe quoi, et c’est pile poil ce que tu voulais. Donc t’es content et t’as adoré. CQFD.