Dessel, Belgique. Tous les ans, à la fin Juin, la petite ville de campagne voit sa population tripler le temps d'un week-end. Et ce n'est pas n'importe quelle population qui débarque dans ce petit coin paumé de la région d'Anvers ! Cheveux longs, t-shirts imprimés à l'effigie de groupes, styles divers et variés : du metalleux dans toute sa splendeur, partout partout partout. Et une population dans laquelle je me sens bien. C'est pour ça que cette année, j'ai décidé d'aller y traîner mes guêtres à l'occasion du Graspop Metal Meeting, qui fêtait ses 19 ans cette année. Du 27 au 29 Juin, presque 140 00 festivaliers s'étaient dit la même chose que moi apparemment. (Ouais bon, en fait, c'était mon premier Graspop... Pas de quoi fouetter un chat, mais quand même !!)


Jeudi 26 Juin

Débarquement sur le site. Comme la majeure partie des festivaliers, d'ailleurs. Une foule plus que compact à l'entrée, chaque personne chargée comme un bœuf, bref on sent déjà l'ambiance fest' dès la file d'attente pour le petit bracelet magnétique, le sésame du Graspop. Ça chante, ça gueule, ça dit des conneries, ça lie déjà connaissance dans la queue. Atmosphère bon enfant, et qui donne déjà le sourire. Je vous passe les détails de l'installation sur le camping, c'est partout pareil, c'est la merde pour poser sa tente et essayer de garder un trou assez grand pour les copains tellement y'a de monde !

Installation faite, il est temps de commencer à aller faire un tour sur le site du festival... Qui s'avérait être bien désert malgré les quelques concerts programmés sur la Jupiler Stage (nouvelle scène Open Air) et le Metal Dome (la MainStage 2, située juste à coté de sa sœur jumelle, a été accueillie avec joie par les habitués des lieux). La foule a commencé à arriver vers 1 heure du matin pour le Top 100 sous le Metal Dome, qui a duré jusqu'au petit matin. Perso, je suis allée me "coucher" (ouais c'est pas totalement vrai hein... Qui se couche en fest ?), histoire d'être au taquet pour ma première journée-marathon...


Vendredi 27 Juin

On commence les hostilités avec ALESTORM. Amatrice du groupe de folk mâtiné de piraterie et d'histoires maritimes, j'ai été enchantée de les voir enfin. Chris, marié à sa bouteille de rhum et à sa keytar, met une ambiance dès l'ouverture du festival. Le groupe est déchaîné, le public aussi d'ailleurs. On a eu droit à un très joli wall of death, réclamé par Chris, et le reste du show, toute la joyeuse bande de marins d'eau douce a fait bouger et tourner la tête à ses fans.

Après ce premier concert mouvementé, je suis allée rendre visite aux différents stands alimentaires... Et là, on se rend compte que le week-end va coûter cher, très cher, si on veut se restaurer sur place. Mais bon, faut bien rémunérer les personnes bossant pour notre divertissement ! C'est le même souci avec la boisson, c'est pas pour rien que dès que possible, on retournait au camping histoire de se désaltérer (oui oui, la bière ça désaltère !! - Bon tu vas te taire toi, oui? C'est moi qui raconte !)

Bref, après les pirates et l'air marin, direction les thrasheux d'ANNIHILATOR. Et comme tout bon thrash qui se respecte, ça envoie du lourd... et malgré l'âge qui commence à se faire sentir pour certains – le groupe n'est plus de première jeunesse, 1984 – il garde une excellente énergie scénique et attire toujours autant la foule.

J’enchaîne de suite avec ma première découverte-grosse claque de ce fest pour moi : GHOST B.C. Mamma mia, d'habitude le darkwave ne m'attire pas plus que ça, mais là... Les Suédois - après avoir fondé le groupe en 2008 et tournant intensivement depuis 2010 un peu partout dans le monde - m'ont séduite, non seulement visuellement, car le groupe est très basé sur le visuel (costumes ecclésiastiques, anonymat des musiciens qui sont déchaînés tels des goules incontrôlables et pseudonyme pour le chanteur – appelé Papa Emeritus, concert joué tel une messe ou un rituel) mais également par leur musique ! Après décorticage des morceaux après le festival, leurs textes basés sur des passages bibliques ou personnages (oc)cultes (je pense à la Comtesse Elizabeth Bathory, à qui ils ont consacré une chanson) m'ont totalement charmée. Un groupe à suivre de très près !

Un petit mot sur SEPULTURA... Pour les amateurs du genre, ce fut un régal, mais pour moi ça a été d'un léger ennui... Mais bon, je suis restée avec les copains, car mine de rien, il y avait une super ambiance niveau public, avec moshpits, pogos et wall of death au menu. Et ça reste un excellent groupe scéniquement parlant, avec une énergie débordante, je peux pas le nier.

Et hop, on quitte les MainStage pour aller faire un tour sous le Marquee afin de passer à une petite séquence doom. Ah CANDLEMASS... Un vrai régal à voir sur scène ! Surtout qu'ils ont démarré avec une chanson que j'aime particulièrement d'eux, "Mirror Mirror", ça met direct dans l'ambiance. Seul petit bémol : malgré leur petite touche heavy qui les caractérise, au bout de 30 minutes de set, on s'ennuie un peu. Les joies du doom...

Je suis ensuite repartie vers les MainStage afin de profiter un peu de STEEL PANTHER Pas grande fan de glam, mais juste pour le show, car chez eux, ça déménage ! Et aussi, le petit "rituel" d'avoir plein de filles sur la scène, pour la plus grande joie des fans. Agréable à écouter pendant la pause repas du soir, pour attaquer les premières parties et les têtes d'affiche.

Seconde claque de la journée : OPETH. J'avais entendu parler de ce groupe de death prog suédois par des amis, mais j'avais jamais penché l'oreille sur leur musique. Bah une sacrée découverte ! On sent que le groupe a déjà de la bouteille (1990), et que la technique vocale et instrumentale est poussée, et toujours en pleine évolution. J'ai eu l'occasion d'entendre d'anciens morceaux et des plus récents, ainsi que des extraits du dernier album, "Pale Communion", sorti cette année. Des gros riffs bien gras entre deux passages calmes, avec quelques sonorités orientales qui apportent de la fraîcheur. Chose qui m'a surprise aussi de la part de Mikael – le chanteur / guitariste rythmique – c'est qu'en plus d'être très bavard avec ses fans, il est de ces rares musiciens qui prône la sécurité dans les mouvements de foule.

Groupe suivant, aïe aïe, aïe... déjà que je trouve que ce qu'ils font est déjà trop entendu partout, mais AVENGED SEVENFOLD, malgré que musicalement ils soient bons, qu'ils attirent les fans et que au final ça se laisse écouter, ça reste du mélodique, et le mélo en voix masculine j'ai du mal, j'y peux rien, je suis plus sensible aux voix féminines. Autre bémol, Matthew, en plus de se la péter un peu trop, a un peu craché dans la soupe en fin de show. En effet, beaucoup de fans de SABATON (seconde tête d'affiche de la soirée) étaient agglutinés parmi les fans d'A7X sur la MainStage 2, ce qui a apparemment énervé le leader du groupe. Il s'est mit à crier au scandale et a décrété qu'il ne viendrait plus à ce festival... Bref, du caprice de diva qui ne supporte pas de ne pas avoir toute la couverture pour lui... C'est quand même dommage, ils avaient bien fini leur set avec "A Little Piece Of Heaven", seul morceau qui m'éclate vraiment, avec diffusion du clip-vidéo sur les écrans.

Une fois tout ce pataquès passé, on attaque le lourd, le très lourd de la soirée... SABATON ! Première fois que je les voyais sur scène – comme une majeure partie des groupes que j'ai vu durant ce fest d'ailleurs – et ça a été la méga-claque (oui oui 3 en une journée j'ai fait très fort) : entre le jeu de scène millimétré, les effets pyrotechniques, les deux gatlings de part et d'autre de la batterie, un Joakim survitaminé et bavard comme une pie... et qui nous avait réservé une petite surprise ! En effet, le Graspop tombait aux mêmes dates que la cérémonie païenne du Mid-Summer, du coup on a eu droit à la préparation du repas traditionnel sur la scène, Joakim a fait monter 6 personnes du public afin d'aider et déguster. Joakim n'a pas pu s'empêcher de taquiner les premiers rangs avec des morceaux de poissons marinés, et vu les têtes, ça sentait pas la rose ! "Ghost Invasion", "Carolux Lex", "Go To Hell And Back", "Swedish Pagan"s.. Que des morceaux cultes ! Un excellent moment passé en leur compagnie, au milieu des fans de la première heure...

Et après ça, retour camping histoire de finir la soirée – et la nuit...


Samedi 28 Juin

Deuxième jour ! Et on attaque avec du français, du gros, du bourrin : DAGOBA. Je ne connaissais pas, mais j'ai été entraînée par les potes - encore, l'avantage d'aller en fest en petits groupes. Et bah l'effet Cocorico m'a vite prise aux tripes ! Malgré le "petit" public, la foule était survoltée: deux walls of death, circle pits un peu partout... Le dynamisme du groupe a bien aidé aux mouvements de foule, et le seul bémol que j'ai à leur attribuer est la batterie qui était un poil trop forte... Mais bon, ça ne gênait en rien, et j'ai passé un super moment, qui m'a permis d’enchaîner avec l'autre groupe français, que lui j'ai attendu des mois pour le voir enfin : GOJIRA !

Le concert démarre avec "Explosia" puis enchaîne sur "The Axe"... Et c'est à ce moment là que la pluie a décidé de se joindre à la fête, pour notre plus grand bonheur, parce que entre les pogos, les circle pits et le wall of death démentiel réclamé par Jo sur "Back "fucking" Bone", grosse joie pour moi sur "L'Enfant Sauvage"... Et final avec "Vacuity". Et grosse déception car Jo et sa petite bande se sont carapatés limite en catastrophe au bout de 35 minutes et après avoir joué leur set à la vitesse d'un TGV... Et malgré le fait que GOJIRA ait fini plus tôt, il a fallu que je coure jusqu'au Marquee pour ne pas rater le début du show d'ELUVEITIE ! Autre groupe que je connais depuis très longtemps, et que j'avais encore jamais eu l'occasion de voir sur scène. Du bonheur liquide ! Le Marquee était bondé, la foule complètement déchaînée au fur et à mesure des morceaux, on a même eu un wall of death... Il faut dire qu'on a eu droit à du lourd : "Inis Mona", "Grey Sublime Archon", "A Rose for Epona" – chanson que j'aime tout particulièrement car j'adore la voix d'Anna Murphy – et une exclusivité, "King", qui est présente sur le tout prochain album qui sera bientôt dispo. Par contre, j'étais tellement à fond dans le concert que j'en ai oublié les photos... J'espère que vous ne m'en voulez pas trop.

Petite pause, puis direction MainStage 2 pour découvrir TRIVIUM, dont j'avais entendu parler bon nombre de fois. Peu friande de metalcore, j'ai eu peur d'être déçue, mais au final je me suis mangé une belle claque ! Déjà rien que pour leur intro et outro de show : des musiques extraites de l'OST de Final Fantasy VII Advent Children ("Divinty I" et "One Winged Angel"), déjà rien qu'avec ça, ils m'avaient charmée, ça m'a donné envie de rester afin d'écouter. Un excellent jeu de scène de la part des musiciens, TROIS backdrops qui se sont enchaînés sur la scène en fonction de l'évolution du show, les chanteurs ont des voix qui collent parfaitement avec le style musical, mais étant loin, je n'ai pu profiter que des écrans... Du peu que j'ai vu, le public était très réceptif et en mouvement !! Et le meilleur, c'est que c'est un metalcore que j'ai peu entendu, très mélodique, et varié. Si vous ne connaissez pas, je vous conseille de vite sauter sur leur discographie !

La soirée passe, et là ma plus grosse déception du week-end : LIMP BIZKIT. Et ce sur plein de petits détails. Déjà, c'est un groupe que j'appréciais étant ado, là Fred Durst m'a littéralement massacré mon morceau préféré, "Rollin'". Le show étant lent, très lent, énormément de blabla entre deux morceaux.. Et pour un groupe "classé" en catégorie nu-metal... Metal ? Ah bon ? Bah, plus maintenant mes petits gars ! Trop de paroles rappées, trop de son electro, trop de beat-box... Bref, pour moi – et pour pas mal de personnes qui étaient avec moi – LB n'a plus rien à faire dans un fest metal, ou du moins pas sur une MainStage en tête d'affiche. Mais, mis à part ça, Fred est toujours aussi communicatif avec ses fans, il est monté sur la grille, sans prendre en compte les agents de sécu qui devaient devenir fous à le voir se balader à deux pas de la foule.

Bref, je suis pas restée au-delà de 30 minutes, et je suis partie voir CARCASS. Un ami m'avait fait maintes louanges sur ce groupe de death / grind britannique, et en effet, c'était pas mal. Leurs petites touches de heavy rend leurs compos plus légères, mais malgré tout, le grind c'est pas ma tasse de thé. Je me suis attardée environ 30 minutes sur leur show, le temps de me rendre compte quand même que CARCASS et son chanteur, Jeff, sont très présents pour leur public, et Jeff fait preuve d'un humour décapant ! En effet, plus le temps passait et plus le Marquee se remplissait, du coup il a demandé si les gens fuyaient les "andouilles de la MainStage". Certes, c'est un peu dégueulasse pour LIMP BIZKIT, mais vu le fou-rire général, ça valait le coup !!

Et après cette bonne petite soirée, retour camping, histoire de finir ça dignement... Et essayer de dormir un peu pour avoir un peu de forces pour le dernier jour !


Dimanche 29 Juin

Dernier jour des festivités, le plus dur pour le cerveau et les guibolles. La fatigue se faisait sacrément ressentir, ce qui fait que je ne suis pas allée sur le site avant 16 heures et du coup j'ai raté GLORYHAMMER et BLACK LABEL SOCIETY, j'ai les nerfs. Soit ! Je suis arrivée pour ANTHRAX, je ne voulais quand même pas rater ça ! Même si je ne connaissais que très peu, ça reste un grand nom du thrash metal. Je dirais même qu'ils auraient mérité un créneau horaire plus tardif, en première partie par exemple, car vu le show qu'ils nous servi, on en a pis plein les yeux. Avec une reprise d'AC/DC, "TNT", et en final, "Antisocial", j'ai été plus que ravie ! Ça met d'entrain pour le reste de la soirée.

D'ailleurs, ALICE IN CHAINS et son grunge dynamique ont bien continué sur la lancée. Des morceaux rythmés, alternés avec d'autres plus calmes permet de faire une petite pause dans les mouvements de foule, ça fait du bien aux gambettes fatiguées mine de rien. Encore un groupe que je ne connaissais pas trop, mais j'ai très fortement apprécié leur enthousiasme, surtout celle du chanteur, qui n'arrêtait pas de sauter partout !

Cette pause a fait du bien, parce que après j'ai enchaîné avec HATEBREED, et moi qui suis pas hardcore du tout, j'ai sautillé pendant 40 minutes non-stop. Il faut dire que ces petits gars sont du tonnerre, ils savent mettre le feu à une foule fatiguée, et je me suis rendue compte que je connaissais un morceau depuis un bail, "Destroy Everything". Du coup, j'ai encore plus apprécié le concert et le groupe, car même si c'est du hardcore, j'ai trouvé leurs compositions très mélodiques, et le niveau des musiciens était excellent ; Un régal pour les yeux et les mirettes !!

Puis arrive un des concerts que j'attendais avec grande impatience : ROB ZOMBIE !! Un pur bonheur !!! Début de set avec "Dragula", Rob était monté sur ressort, est monté sur la grille afin de faire profiter un peu la foule en délire, puis est descendu pour courir le long de la grille et "checker" le premier rang. Les musiciens étaient à fond dans leurs délires, surtout John 5, et le batteur s'est payé le luxe d'un petit solo complètement déjanté.

Puis enfin, arrive la fin de soirée, et le dernier concert du week-end... Et je dois avouer que j'ai été un peu déçue de la performance de BLACK SABBATH... Ozzy était un poil mou, a chanté un demi-ton en dessous de ce qu'il fait d'habitude, m'a massacré "Children Of The Grave" en la jouant à un rythme très lent.. Mais dans l'ensemble, c'était sympa, et Ozzy a été repris du même délire qu'au Hellfest – de ce qu'on m'a dit : le "coucou" intempestif entre deux morceaux.

Et la "surprise" annoncée a fait l'effet d'un pétard mouillé. Un "mix" bizarre de metal et de variété diverse... Quand le mix a commencé avec "Thunderstruck" d'AC/DC et un morceau de Black Eyed Peas, j'ai limite pris la fuite !!!

Conclusion : 3 jours géniaux ! Malgré les petits couacs sur certains groupes, j'ai fait des découvertes et des redécouvertes détonantes. Le Graspop est un festival à vivre, et à revivre, pour les amateurs de bon metal et de bon temps entre potes !