La review

GLAD STONE FEST IV
Jumping Jack + Escape From Paris + Flesh & Dust + Abrahma
+ Coffin On Tyres + Huata + Wheelfall + Otehi
Le Klub - Paris
25/03/2012


Review rédigée par Angie


C’est une soirée de feu à laquelle nous a convié le Glad Stone Fest en ce Dimanche 25 Mars pour sa quatrième édition. Fraichement inauguré par sa fondatrice Glad avec l’aide de ses joyeux acolytes en Septembre 2010 pour sa première production, le festival a su devenir célèbre pour sa capacité à faire découvrir et redécouvrir à son fervent public des groupes gravitant autour de la scène stoner rock, impliquant des genres plus ou moins débridés (southern / desert rock, doom, sludge, punk-hardcore psychedelic… sont au rendez-vous). Certains de la scène Française, voire outre-hexagonale, sont de passage pour se frayer un petit nom dans notre capitale, d’autre des plus virulents sont carrément abonnés au lieu et ne ratent jamais une occasion de se reproduire sur les planches du Klub ; vous connaissez ? Ce petit endroit familier situé au cœur de Châtelet dans lequel le public alterne sans répit salle du haut - salle du bas pour profiter des performances de huit groupes de l’heure de l’apéro à celle du dernier métro. Autant vous dire que les bières s’enchaînent !



C’est vers 18H qu’OTEHI ouvre les hostilités avec leur doom Italien névrosé. Le chant majoritairement assuré par le guitariste est effréné et fragmentaire, le son des trois musiciens se voulant plus atmosphérique que mélodique. Les riffs de guitare sont aériens, presque crispants de répétition, leur maître s’adonnera même à quelques bidouillages de pédales afin de laissant chantonner la belle tandis qu’il s'exécutera à la création de quelques notes incongrues de flute à bec en plastique ! Le bassiste s’exercera également au micro pour quelques passages en imposant simultanément les grondements de sa quatre cordes. Sombre, psychédéliquement malsain et complètement barré, voici l’univers dans lequel OTEHI évolue et a su nous faire partager d’entrée de jeu. Un agréable moment.

Le temps d’une pause clope et d’une gorgée de bière, les trois Nancéiens de WHEELFALL nous attendent déjà dans la salle du haut et lancent les premiers riffs, à première écoute bien vaseux comme on les aime. Deux guitares et une basse maxi lourde, ça en fait des décibels crachés pour à peine 19 h, période encore un peu prématurée pour ceux qui n’ont pas décuvé de la veille. La salle n’est donc pas encore comble mais laissons le temps à tous les curieux d’arriver. Les compositions ne sont pas folles mais le niveau suffisamment sympathique pour se laisser entraîner par les quelques passages à faire remuer la tête en up and down.



Arrive le tour de HUATA qui ne lésine pas sur la mise en scène. Un ampli vintage MI (Musique Industrie) pour la guitare attire déjà l’œil, le son s’annonce trouble et nébuleux, sans compter le synthé marquant le devant de la piste sur lequel une bible et une croix en bois sont naturellement posées. La tenue ecclésiastique du chanteur n’est pas non plus sans suggérer la mise en scène du groupe occulte Suédois Ghost. Les sonorités en seront tout aussi malsaines mais me rappelleront plutôt la lourdeur d’Electric Wizard. C’est sympa mais assez répétitif, les quatre gars dressent charisme et potentiel mais abuse un peu trop à mon goût de déjà-vu / déjà-entendu.



Passons à COFFIN ON TYRES qui me fait l’effet d’une belle découverte avec le grain desert / stoner bien prononcé que les p’tits gars de la capitale apportent dans la soirée. Ok, j’ai tout de suite pensé à du Clutch qui se lit décidemment sur tous les t-shirts, ce qui pourrait donner la sensation d’un nouveau groupe ne faisant que répéter les techniques de leur précurseurs, parce que des formations qui sentent la bouteille de Jack, on en a découvert pas mal ces derniers temps. Mais la patte musicale et le groove communicatif de ces quatre "frenchy" les démarquent du lot, en tout cas ils auront réussi à me faire passer un agréable moment et rester jusqu’au dernier accord.



C’est au tour d’ABRAHMA dans la petite salle du bas que j’expie, pardonnez-moi, n’avoir observé que pour la fin du set, la pause ayant durée un peu trop longtemps… Le peu que j’en est vu m’en a été toutefois bien engageant, les riffs doom / sludgy pour ne pas déroger à la règle ne pouvant que flatter mon oreille, quinzaine de pédales aux pieds et guitare "Zakk Wylde" en main, ça sature vénère et fait trembler les murs en pierre. Là encore on s’accordera à dire qu’il n’y a rien d’extraordinaire dans la construction musicale mais le jeu est "propre" (oui tout est relatif !) et le résultat satisfaisant pour un groupe récemment signé, à suivre.



Pas de pause trop longue pendant cet entracte qui ne dépassera pas les dix minutes chrono, on ne voudrait pas rater le groupe le plus fidèle du lot qui n’aura jusqu’à présent loupé aucune occasion de performer pour le festoch’ de leur pote Glad. Les plus férus reconnaîtront bien sûr les FLESH & DUST, actifs depuis maintenant quelques années et qui engagent à se faire connaître de la scène stoner metal Parisienne. Et pour cause, ça envoie du très lourd, l’expérience scénique se fait ressentir, là, on ne rigole plus. Les cinq musiciens sont carrés à souhait, il serait malvenu de prétendre le contraire et le jeu de prestance et bel et bien rempli. Un show assuré haut la main par un chanteur charismatique qui ne tend pas à être une nouvelle copie de Phil Anselmo mais qui garde son essence et compte bien le faire comprendre ! Sans oublier des musiciens qui tiennent leur instrus de deux mains de fer et d’un guitariste qui n’hésitera pas à slammer six cordes en main sous un plafond ne devant pas dépasser les dix centimètres de capacité respiratoire. Ce soir sera apparemment le dernier de Ben, leur bassiste d’origine, alors il faut plus que jamais que ça bourrade ! Bref, ça pogote et ça s’éclate allègrement, ça cogne et ça headbangue, pas trop violemment tout de même, ne pas oublier que c’est une grande fratrie qui s’est réunie ce soir. Les riffs sont d’une lourdeur furieuse, la voix massive et imposante, comme d’habitude, on adore.



22h et des poussières… On retourne dans la tanière du bas pour observer les cinq compères d’ESCAPE FROM PARIS. Drapeau à l’effigie des cornes du diable fièrement dressé sur l’ampli gratte, ça annonce déjà la couleur. Et pourtant, rien de dramatiquement sombre dans la musique du groupe aux concerts réputés pour être marqué du label "ambiance électrique garantie". Parce qu’on assiste pas à un show d’EFP sans saisissement tant ces mecs-là savent créer une atmosphère survoltée. C’est forcément sans compter sur leur chanteur qui n’a pas son pareil pour affrioler la foule de sa démence. Et toi, tout devant, n’ais pas peur si de ses yeux exorbités il te fixe comme pour t’ensorceler, ça fait partie du jeu, et qu’est ce que c’est efficace ! Tenus d’une voix punk / metal / fusion, suivis de près par des riffs variant du vilain son gras doom au progressif plus hospitalier, les titres se suivent et ne ressemblent pas ; bienvenue dans leur univers.
Au début, on est peut être une vingtaine à apprécier les tonalités à la marque de fabrique bien trempée, mais il faut voir en combien de temps l’espace fait salle comble. Honneur, nous aurons droit ce soir à deux titres tout nouveaux tout frais, "Introducing Le Diablo" portant on ne peut mieux son nom avec ses petits accords malfaisants (accords du diable ?) et "Nouvelle-Orléans" (ouuuh que j’aime ce titre !). Le climat devient hystérique, l’excitation est à son comble, le public ne peut s’empêcher de venir foutre le bordel et vient s’éclater autour des musiciens, on se croirait dans un mini concert des Suicidal Tendencies ! Alors évidemment quand on folichonne comme ça, on a plus envie de s’arrêter, donc on en redemande! Faveur qui nous sera satisfaite puisqu’un dernier morceau sera joué sans prédiction pour finir de nous achever…On attend avec empressement de revivre un set pareil.



Arrivera vers 0h00 la tête d’affiche de la soirée, les Bretons de JUMPING JACK qui commencent à se faire un petit nom grimpant dans la scène alternative Française avec la sortie cette année d’un deuxième album au son stoner variant du sombre mélodique aux accents plus punchy. Ce ne sera pourtant pas mon coup de cœur de la soirée. Les riffs sont massifs et entraînants certes, mais ma déception sera de découvrir un groupe qui en termes de qualité de jeu assure bien moins ce soir sur scène que sur les skeuds que j'ai pu apprécier. Un chant pour ma part bien trop noyé dans la reverb et un batteur… pas vraiment carré ; certains ne s’attarderont pas sur ces détails et apprécieront, profitant du groove et mettant le feu dans la mini-fosse, d’autres comme moi resteront observateurs et bon public, mais pas vraiment convaincus.

Il est (déjà ?) 1 heure du mat’, s’achève la quatrième édition d’un festival qui nous en a ENCORE mis plein la tronche et les oreilles, le rassemblement organisé par Glad étant toujours une occasion manifeste de découvertes et redécouvertes scéniques pour notre plus grande satisfaction. Merci, on attend le nouvel acte avec impatience !