Bien que le temps soit favorable à une petite excursion au bord des quais parisiens, le public se fait rare, et malheureusement il n’y aura pas foule non plus à l’ouverture des portes. IZEGRIM débute son set dans ces conditions sans toutefois se laisser démonter. Le gros riff death de "White Walls", de leur dernier album en date, retentit dans la salle et nous plonge immédiatement dans le bain. Marloes au chant et à la basse est impressionnante, quel charisme ! Sa voix est puissante tout en gardant une certaine féminité, on est conquis. L’équilibre entre le death traditionnel à base de guitares au son gras et de rythmiques lentes et la violence du thrash est parfait. On enchaîne avec "Deathstrip" issu de "Code Of Consequences" (2011). On sent sur ce titre l’évolution du groupe, qui tout en gardant un esprit old school, sonne tout de même plus moderne aujourd’hui. La qualité n’en est pas moins présente, c’est un très bon titre death qui fait bien secouer les têtes. Même s’il y a peu de gens, ceux-ci répondent bien à l’appel ! L’ambiance est bonne, le groupe est très communicatif et heureux d’être avec nous ce soir. "Reclaim My Identity" est un des points forts de la soirée, il déboule comme un boulet de canon et vient nous exploser à la figure à coup de blast beats et de refrains catchy portés par une basse lourde comme un 36-tonnes. Bien partis comme nous le sommes, on ne peut décemment pas s’arrêter comme ça. "The Legion" prend le relais tout en finesse et délicatesse (pour le style…). Ce morceau plus thrash que les autres délivre une énergie et une violence qui ne laisse pas indifférent, même pour les plus réfractaires d’entre nous. On retient également "Celebratory Gunfire", au refrain accrocheur scandé tel un hymne, et suivi par un superbe solo, alliant la mélodie et la technique de jeu. IZEGRIM nous en met une dernière fois plein la vue avec "Endless Strive", morceau sans prétention qui achève de nous convaincre quant au talent scénique du groupe. Une très bonne mise en bouche donc, qui nous satisfait et nous chauffe bien pour ce qui va suivre !

C’est au tour de DEW-SCENTED de nous prouver ce qu’il a dans le ventre. Le Petit Bain est désormais plus rempli, sans hélas être pleine à craquer. Qu’importe, ça ne nous empêchera pas de passer une bonne soirée ! Le groupe ouvre les hostilités calmement dans un premier temps, avec l’introduction que l’on peut entendre sur leur dernier album "Intermination" (2015). Le calme et la sérénité ne durent pas longtemps, c’était prévisible ! On enchaîne sur "On A Collision Course", qui, pour ceux qui n’avait pas écouté l’opus auparavant, est très certainement une grosse claque ! On se retrouve devant un mur de guitares et basse impénétrable, orné d’une batterie à la rythmique totalement débridée. La frénésie se poursuit sur "Turn To Ash", qui se tourne plus vers le death metal pur, notamment dans le son et les riffs, sinueux et coupants. Mais que ce serait un titre de death sans un bon chanteur ? Leif Jensen est toujours au top après toutes ces années, c’est un chanteur et un frontman exemplaire. La foule le suit avec ardeur, ça fait plaisir à voir ! Après quelques belles paroles et remerciements, le groupe retourne sur le champ de bataille où "Scars Of Creation" fait des ravages. Pour être la guerre, c’est la guerre ! Dans le pit premièrement, et sur scène où on nous mitraille de riffs et lignes de basse bien gras et cradingues, qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler la lourdeur de leur confrère Exodus. Bref, c’est un sans faute. On ne nous avait pas menti, cette soirée s’annonce pour le moment monstrueuse ! Mais, cessons de parler du présent, et back to the old days, comme les groupes se plaisent à dire. "Cities Of The Dead", c’est un vieux de la vieille ! Ce morceau de presque quinze ans d’âge n’a pas pris une ride, et tout comme IZEGRIM quelques heures auparavant, il allie avec finesse et subtilité tout le meilleur du thrash et du death metal. Le riff conducteur est accrocheur, presque hypnotique. Je parle beaucoup de la puissance des riffs chez DEW-SCENTED, mais cela vaut pour tout le reste, ainsi que pour la formation elle-même. Celle-ci s’amuse d’ailleurs ce soir à naviguer entre les différentes époques, et parcourt sa discographie de long en large. Ainsi, on en vient à "Storm Within" (2013), à la structure bien plus moderne, en piochant dans les ressources du death metal fin 90’s-2000. Amateurs de death traditionnel comme ceux plus "avant-gardistes", il y en a pour tous les goûts ! La fin approche, doucement mais sûrement… "Thrown To The Lions" sonne le glas, toujours dans cette touche de frénésie et de modernité. Un morceau sympathique en soi, et qui met tout le monde d’accord : DEW-SCENTED, c’est le bien !

A mon grand soulagement, FLOTSAM AND JETSAM jouera ce soir devant pas mal de monde, un public assez nombreux l’attend. Lors de son dernier passage à Paris, le groupe était en support act de Destruction, nous n’avons donc pas pu en profiter pleinement !
On attaque avec "Seventh Seal" ("Flostam & Jetsam", 2016). Malgré la jeunesse de ce morceau, il sonne old school à souhait ! Guitares saturées au possible, vibratos, batterie forte, refrain sympathique, tout y est. Sans être aussi violent que ses aïeuls, il passe très bien et nous amène dans les règles de l’art vers "Dreams Of Death" qui a un effet sans précédent sur le public. Il faut dire qu’il casse vraiment la baraque ! Eric A.K. au chant est toujours aussi survolté, c’est une vraie pile électrique. Michael Spencer (basse) assure les chœurs parfaitement, tandis que ses confrères à la guitare se renvoient les solos, le tout dans une complicité et une ambiance bon enfant. Quoiqu’on en dise, ce sont toujours les vieux morceaux qui fonctionnent le mieux… le groupe l’a bien compris, et nous introduit le prochain titre, qui va faire se déchaîner la foule sitôt le premier accord joué… c’est parti pour "Hammerhead" ! Même si Eric ne tiendra pas autant la note que lors de ces jeunes années, sa prestation est plus qu’honorable, peu d’entre nous en ferait autant ! Après le groovy et très efficace "Monkey Wrench", nous revenons aux 80’s avec "Desecrator", qui enchaîne les solos frénétiques à la Slayer, dans une montée en puissance magistrale. A l’instar de "Monkey Wrench", "Life Is A Mess" est entraînant, la basse au son du tonnerre – oui, littéralement ! - constitue la pierre angulaire de ce titre vraiment très bon. Nous ne sommes plus vraiment dans le thrash metal pur, mais je dirais que comme beaucoup d’autres groupes de sa génération – Overkill entre autres -, FLOTSAM AND JETSAM se débrouille très bien dans ce style groovy et hybride. La soirée se poursuit, essentiellement dans la nostalgie des années d’or du groupe, avec "She Took An Axe" - un des meilleurs titres du set à mon goût -, ou encore "No Place For Disgrace", morceau sombre, naviguant entre les passages violents thrash et les bridges mélodiques et harmonieux à la Heathen. Magnifique ! "Iron Maiden", de leur dernier album, parvient tout de même à avoir sa part du gâteau dans cet enchaînement de tubes. Certes, c’est toujours plaisant de voir jouer sur scène leurs greatest hits, cependant c’est bien aussi d’entendre un peu les nouveautés, qui sont souvent mises de côté par essence. Et en effet, le groupe termine – sans grande surprise donc - par "Doomsday Of The Deceiver", LE titre attendu ce soir. L’intro en guitare claire est reconnaissable entre mille, l’excitation se répand comme une traînée de poudre dans le Petit Bain. Ce morceau termine en toute beauté et perfection la performance de FLOTSAM AND JETSAM qui, lui aussi on l’espère, reviendra vite dans nos contrées !