La review

FINNTROLL + HATESPHERE + PROFANE OMEN
Le Divan Du Monde - Paris
06/10/2014


Review rédigée par E.L.P


Une fois n’est pas coutume, c’est, après le très réussi concert d’Alestorm, au tour des géants finlandais de FINNTROLL de fouler les planches du Divan du Monde pour fêter, aux côtés de PROFANE OMEN et HATESPHERE, les 10 ans de leur majestueuse pépite qu’est "Nattfödd" !... Alors en tournée européenne pour fêter la première décade de cet album, les finlandais esprits sylvestres de FINNTROLL ont ainsi su s’entourer de leurs compatriotes de PROFANE OMEN, mais également des turbulents Danois du groupe HATESPHERE afin d’offrir à "Nattfödd" une célébration de choix.



Tout commence avec l’abattement d’une fine bruine parisienne sur les quelques épaules déjà présentes pour la fête, tandis que les portes s’entrouvrent, annonçant les début des hostilités !
C’est rapidement au tour de PROFANE OMEN de faire son entrée sur une scène hélas un rien réduite par la mise en place d’une seconde batterie, elle, réservée aux groupes d’ouverture. Le ton décalé et effervescent sera rapidement donné dès leur introduction, par le biais de ses sonorités electro / 70-80’s, mais surtout par l’évidente énergie dégagée par les 5 comparses prenant promptement leurs aises sur les planches. C’est alors qu’une vive mais brève (avec seulement une demi-heure de jeu au compteur), puissance empruntant au rock’n’roll, sludge et death metal ce qu’ils ont de meilleur, s'abattra sur le parterre, d’ores et déjà plutôt fourni, présent entre les murs du Divan du Monde pour la déferlante PROFANE OMEN. En effet, le quintette ne sera pas reste question énergie, puisque le duo vocal Antti Kokkonen (guitare, chant) / Jules Näveri (chant) déroulera, à grand renfort de riffs plaqués avec aisance et mouvements explosifs, une musique incisive et déjantée, servie par des musiciens débridés déjà passés par la capitale aux cotés d’Ensiferum ! Des titres comme "Wastehead" et "The Instigator" ou le puissant single de leur récent album "Reset" : "Trails" retentiront enfin, pour, manifestement, le plus grand plaisir des métalleux ayant bien vite pris le plis de cette folle ambiance ne demandant qu’à exploser ! Le son on ne peut plus correct des fédérateurs Finlandais poussés par la prestance de leur frontman viendra, malgré quelques légers manquements de basse, à se taire pour laisser place, après les plus sincères sourires, à leurs collègues danois d’HATESPHERE.



N’ajoutant pas en cohérence d’affiche avec la lourdeur et le matraquage de leur thrash / death résolument hardcore et old school, voici donc que prennent place les 5 coéquipiers venus faire trembler les murs de la salle parisienne de leurs lignes durcies et martelantes ! C’est avant tout sur une curieuse introduction, celle du célèbre générique de la série télévisée Amicalement Vôtre, que le coup d’envoi sera donné, pour la plus grande stupéfaction d’un public ne s’attendant pas à être confronté à pareille lourdeur.
Force est de reconnaître que le style somme toute relativement brut et brutal des Danois n’a, à défaut de pleinement marcher dans le sens d’une affiche plutôt typée folk / death festive, pas à rougir de sa solidité ni de son expérience à mesure que des titres tels que "Resurrect With A Vengeance" retentissent avec la plus grande violence sous le balcon du 18ème arrondissement ! La formation multipliant ainsi les titres tous plus pesants et incisifs les uns que les autres se verra finalement comblée d’un incroyablement chaleureux accueil du public parisien alors totalement rentré dans leur virulent univers (aidés par des titres comme "Pandora’s Hell") et prêt à se dépenser sans compter afin de partager ce grand moment d'énergie avec les 5 compères ! Pareille solidité n’aurait su, malgré sa simplicité, être récompensée par autre chose qu’une multitude de slams et autres joies du pogo, et pourtant, la formation alors étrangement statique, s’est trouvée étonnée devant la réaction du public de la capital, répondant d’une seule voix au groupe soutenant, entre autres choses, sa dernière sortie en date, "Murderlust".
Sans aucun excès si ce n’est celui de l’absence de mouvements et de réelle emprise scénique, le groupe thrashant à l’essentiel achèvera finalement son set sous les applaudissements d’un public conquis par l’impact de ses lignes et de ses compositions d'apparences simplistes mais souvent élaborées avec la plus grande ingéniosité pour faire se déchaîner les foules ! Une dernière vibration jazz au travers de leur musique de sortie de scène et ce sera alors la fin pour HATESPHERE, regagnant, joyeux, leurs quartiers en coulisses.



Une avance totalisant désormais une dizaine minute soldera cette première partie de soirée avec tous les honneurs dus aux 2 groupes d’ouverture devant pareils déroulements d’énergies et d’authenticité !
Le départ de la seconde batterie annonçant la tant attendue venue des 7 fameux trolls à l’honneur ce soir a finalement lieu, laissant brièvement le public dans une étrange ambiance marécageuse, les croassements finiront par se dissiper pour voir apparaître la fine fleur de ce que le Folk festif propose actuellement en matière d’ambition musicale, les hommes sur tous les patchs de l’assemblée : FINNTROLL ! Toujours fièrement affublés de leurs vestes, grimages, lunettes de soudeurs et montés de leurs plus pointues oreilles, le groupe rentrera instantanément dans le vif du sujet avec un trio de titres menant invariablement au premier pic de température de la nuitée: l’hymne "Trollhammaren", voyant le public se déchaîner un peu plus à chaque mesure ! Le second pic voyant, pour l’occasion, le mercure franchir le seuil de tolérance à l'humidité quasi tropicale de la salle par le public alors conquis sera celui du duo "Det Iskalla Trollblodet" / "Grottans Barn" proposant toute l’étendue du talent finlandais de ce bien curieux équipage, entre profondeur instrumentale folklorique, puissance rythmique et ingéniosité vocale poussant à la plus franche des camaraderie. Le coeur de la fosse sera par là même, rapidement à la gigue et aux autres frictions corporelles que seuls les plus justifiés des pogos ont la prétention de pouvoir créer au rythme cinglant des samples et claviers déjantés de cette taverne ainsi laissée ouverte une nuit durant, au coeur des Parisiens !
Le temps d’un rapide et ensorcelant interlude (aux féériques allures d’"Apprenti Sorcier", de Paul Dukas) avec l’introduction de leur premier opus "Midnattens Widunder" dont certains déploreront la présence au détriment du regretté mais néanmoins superbe "Routas Vaggvisa" (seul titre manquant à l’appel de cet anniversaire de "Nattfödd", et le second pan de la soirée alors consacré au reste de leur dynamique discographie commencera ! S’enchaîneront alors des titres aussi passionnés et passionnants que "Blodsvept", "När Jättar Marschera" ou "Häxbrygd" issus de leur dernière pépite en date mais également "Svartberg" piochant dans les tréfonds de leur élégant historique musical.
Un son là encore réglé avec une précision des plus agréable parachèvera la plus que chaleureuse prestation suivie jusqu’aux balcons par des personnes de choix comme notre fierté nationale, Monsieur Sylvain Coudret (guitariste émérite de Soilwork).

Setlist : "Människopesten", "Eliytres", "Fiskarens Fiende", "Trollhammaren", "Nattfödd", "Ursvamp", "Marknadsvisan", "Det Iskalla Trollblodet", "Grottans Barn", Interlude: "Intro Midnattens Widunder", "Blodsvept", "Mordminnen", "Solsagan", "Svartberg", "När Jättar Marschera", "Nedgång", "Ett Folk Förbannat", "Jaktens Tid".
Rappel : "Skogsdotter", "Häxbrygd", "Under Bergets Rot", Outro : "Rök".

Le résumé de cette soirée tiendrait donc, tout comme pour celle d’Alestorm une poignée de jours plus tôt, en quelques simples mots que sont ceux de la passion, de l’authenticité, du charisme et de la communion...Des premières parties aussi dévouées qu’engageantes malgré le peu d’exposition qui leur est fait et l’apparente incohérence de l’affiche globale, chauffant (parfois à l’excès tant la température sera à la limite du supportable tant matériellement et physiquement) la salle avec brillance et un groupe de tête assurant avec la plus belle emprise qui soit, son rôle de meneur, fédérant, ensorcelant la moindre carcasse métalleuse présente devant elle par son univers et sa maîtrise. Voici donc ce qu’il faudra retenir d’une pareille soirée, la scène folk festive façon Alestorm, FINNTROLL, Trollfest, Equilibrium et j’en passe, a décidément de bien beaux jours devant elle ! Rendez-vous est pris pour la suite avec Eluveitie ou encore Korpiklaani !...

Photos tirées de : www.elp-photo.fr