La review

ELUVEITIE + ARKONA + SKÁLMÖLD
Le Trabendo - Paris
08/11/2014


Review rédigée par E.L.P


Lister les salles parisiennes pouvant dorénavant accueillir pareils plateaux n'étant plus une tâche ardue, voir s’afficher, à la fin de l’été, un arrêt parisien du premier pan de la tournée européenne d’ELUVEITIE au Trabendo n’était donc finalement qu’une demi-surprise. Apprendre pas moins de deux mois plus tard, que ledit concert, pris d’assaut par la communauté folk / pagan francilienne, affiche complet à plusieurs semaines du jour J prouve, au-delà de la petite capacité dudit espace, le poids grandissant acquis par la détonnante formation helvète ainsi que la croissante ferveur de la communauté pagan actuelle !
Les acérés courants d’airs parcourent les allées du Parc de la Villette tandis que les valeureux adorateurs des cultures celtes et nordiques occupent maintenant la voie menant au Trabendo.



S’offrant alors à ce parterre déjà étonnement fourni par un public à la jeune moyenne d’âge, voici que les premiers assistants du groupe de tête font leur entrée, il s’agit des très attendus Islandais de SKÁLMÖLD ! Soutenant alors les deux poids lourds que sont respectivement ARKONA et ELUVEITIE, le sextette originaire de Reykjavik semblant déjà avoir une petite fanbase implantée sur le sol parisien se lancera rapidement dans une énergique démonstration de ses talents. Mené par Björgvin Sjigurdsson (guitare / chant) mais surtout par Baldur Ragnarsson (guitare / chant), la formation proposera, au delà de son conséquent lot de nouveautéz provenant de leur album, un folk / pagan puissant et argumenté par le charisme de Baldur fermement ancré sur scène (à défaut de pouvoir trouver son écho en la prestance de Þráinn Árni Baldvinsson présent de l’autre côté des planches). Malgré une désastreuse gestion lumineuse du set, le groupe profitera malgré tout d’un son on ne peut plus correct, aussi bien dans l’harmonisation de ses parties vocales (claires comme saturées) que dans la clarté de certaines lignes de basse, comblant par instants une remarquable absence de clavier sur les brutaux temps forts de nombreux titres... La performance de SKÁLMÖLD touchant à sa fin, c’est avant tout un public comblé par les Islandais qu’il sera donné de côtoyer en les murs du Trabendo. C’est alors un parterre charmé tant par ses explosions rythmiques tirant parfois sur une dynamique et festive énergie aux accents croisant punk et folk que par une imposante emprise vocale (essentiellement imputable aux solides polyphonies structurant brillamment ses compositions), que les fiers islandais quitteront, après avoir fait démarrer cette soirée païenne sous les meilleurs auspices !



Viendra ensuite le tour des emblématiques slaves d’ARKONA de franchir les portes d’un Trabendo prêt à recevoir ce nouveau trait folklorique brillant lui aussi par une singularité des plus assumées : l’univers folklorique du groupe rattaché à la culture Vyatichi, induisant un parti pris dialectique adopté (comme pour SKÁLMÖLD) dans l’ensemble de leurs textes. Constater que, là encore, l’ingénieur en charge des lumières aura décidé de plonger la salle dans une abondante obscurité entrecoupée d’odieuses explosions colorées saturées de backlights sera, à bien des égards, la tâche la plus aisée du set des moscovites, apprécier la qualité vocale de ladite prestation ne sera, en revanche pas d’une évidence à toutes épreuves... La pétillante Masha (chant) redoublera alors d’efforts quant à son habituel dynamisme scénique (cette dernière sera, hélas, curieusement sous mixée dans le son global du set), projetant un rendu somme toute relativement bancal à l’ensemble du groupe tout le set durant, à mesure que des titres aussi représentatifs que "Goi, Rode, Goi!" ou "Slav’sja, Rus!" seront proposés. À noter en revanche que l’ambiance sera, à défaut d’être pleinement représentative de la terne qualité sonore du set défendu par le groupe, on ne peut plus chaleureuse et accueillante, reflétant souvent la liesse que ce folklore martelé par d’abondantes lignes de basse, batterie et d’instruments traditionnels déchaîne dans leur propos ! Une clôture de prestation manifestement au goût de l’ensemble du groupe se verra finalement refermée par quelques effusions et nombres de sourires échangés entre les deux plus forts charismes en place, Masha et Sergei, et les présents arborant parfois d’audacieuses tenues médiévalo-fantastiques mais souvent les couleurs du groupe décidément très attendu.

Setlist : "Yav", "Goi, Rode, Goi!", "Serbia", "Zakliatie", "Na Strazhe Novikh Let", "Slav'sja, Rus'!", "Pamiat", "Stenka na Stenku", "Yarilo".



Désormais mis en jambe après le départ des slaves d’ARKONA, le Trabendo se verra alors accueillir la large formation suisse, fer de lance actuel de ce folk / death faisant aujourd’hui battre le Trabendo : ELUVEITIE ! Après une saison estivale chargée en actualité pour les huit helvètes (Hellfest, Graspop...), la formation richement saluée pour son septième album studio "Origins", enverra, en guise de préambule, son titre phare : "King", pour le plus grand plaisir d’un public demeurant, malgré tout, tristement morne, n’affichant, au-delà des cris d’encouragement et appels à "Inis Mona" qu’un enthousiasme physique modéré, avare en slams, pogos... etc ! Continuant alors de piocher le plus allègrement du monde dans leur dernière pépite à l’aide de titres comme "Carry The Torch" ou "Sucellos", la formation compressée sur ce petit espace les accueillant en terre parisienne (leur dernier passage remontant à 2011, sur les larges planches du Bataclan) entrecoupera sa montée en puissance, de morceaux plus anciens, tels que l’impérial "Thousandfold" rejoint plus tard par "Havoc". Ce seront finalement pas moins d’une dizaine de titre issus d’"Origins" qui trouveront leur place sur la setlist de la formation ne comptant alors pas ses efforts pour proposer une performance de qualité, portée par le toujours aussi charismatique Chrigel Glanzmann (chant, flûte, bodhrán). Ladite performance rencontrera malheureusement quelques solides écueils outrepassant l’étroitesse de la scène, celui d’un son, comme à leur habitude, brouillon, mélangeant les pistes dans de nombreux capharnaüms sonores, aplanissant certaines lignes de vielle (Anna Murphy), de flûte mais surtout, de violon (la charmante Nicole Ansperger), grèvant l’ensemble d’une partie de son impact, de sa portée... L’ambiance malgré tout, à la fête, c’est indubitablement au rappel composé de "Luxtos" et du très demandé "Inis Mona" qu’appartiendront les clés de la soirée, clôturant ce set en demie teinte sur une foule bien plus impliquée et une frappe rythmique de Merlin Sutter (batterie) bien plus lourde et riche qu’observée avant cela.

Setlist : "King", "Nil", "From Darkness", "Carry the Torch", "Thousandfold", "AnDro", "Sucellos", "L'Appel Des Montagnes" ("The Call Of The Mountains" en français), "Omnos", "The Nameless", "Inception", "Kingdom Come Undone", "The Silver Sister", "Vianna", "A Rose For Epona", "Havoc".
Rappel : "Prologue", "Helvetios", "Luxtos", "Inis Mona", "Epilogue".

La soirée touche à sa fin, le public quittera finalement la petite salle parisienne en laissant à certains un goût de "trop peu" concernant l’ambiance générale de cette soirée s’annonçant pourtant divinement prometteuse pour les amateurs du genre ! La découverte de SKÁLMÖLD sera malgré tout à porter au crédit de cet arrêt parisien de la tournée européenne d’ELUVEITIE, comblant dans certains coeurs le manque d’enthousiasme de ce jeune public, la piètre qualité lumineuse de pareille affiche et le cruel manque d’espace réservé aux artistes, ayant contribué à ce mitigé résultat pourtant porteur d’une grande richesse musicale, historique et folklorique !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr