La review

DIRTY SHIRT + ASTIMOS + TRAPPED IN FREEDOM
El Diablo - Lille (59)
09/11/2016


Review rédigée par Miss Bungle


Tandis que les Etats-Unis se réveillaient avec à la tête du pays un grassouillet à la mèche folle tel un vieux punk défraîchi, nous à Lille nous décidions de festoyer avec les trublions de DIRTY SHIRT, supportés par les locaux TRAPPED IN FREEDOM et ASTIMOS.



TRAPPED IN FREEDOM a commencé le set plus tôt qu'annoncé sur l'affiche. C'est donc sur le troisième morceau que j'arrive en hâte. Je découvre 4 musiciens déguisés de façon tout à fait cocasse. Un batteur avec une tunique d'inspiration indienne, voire une djelabah  - on ne sait pas bien - et une casquette de chasseur. Un guitariste-trappeur, un bassiste hummm... princesse ? Et un chanteur tout de rouge et de bleu vêtu, scintillant à souhait et portant un masque sur les yeux, une sorte de Spiderman qui aurait "La fièvre du samedi soir". La vision est donc assez étonnante et désopilante. On pourrait craindre que le travestissement soit une façon de cacher un set de mauvaise qualité. Bien au contraire. Les quatre zouaves déroulent des morceaux qui mélangent plusieurs genres aussi farfelus que leurs accoutrements. Ils se qualifient eux-mêmes de "fusion metal comédie", c'est dire. Et effectivement se mêlent au metal des parties aux sonorités jazzy, reggae, funk et parfois même des passages carrément zouk qui rappellent les îles. Ça chaloupe dans la cave du El Diablo. Un cocktail explosif et fantasque donc. Mais surtout c’est carré et avec une totale maîtrise instrumentale. Ça dit beaucoup de bêtises, ça se déhanche de façon tout à fait scandaleuse, mais bon dieu que ça joue bien ! Quant au chanteur, il passe aisément du chant clair (avec une tessiture assez large) au growl le plus agressif. C'est toujours très dur de chauffer une salle et c'est vrai que le public reste très timide en ce début de soirée. Mais le combo ne lâche rien et vient parfois un peu bousculer l'auditoire dans la salle. Des titres aussi drôles les uns que les autres ("Chicken", "Craddle Of Fist")… Puis l'inévitable reprise du moment chez les métalleux, l'horrible et insupportable "Libérée, Délivrée" qui reste pour dix jours en tête quand on l'entend (qu’on fasse taire cette Reine Des Neiges une fois pour toutes !!!). Evidemment c'est drôle et très groovy, et ça fonctionne toujours sur le public qui ne peut s'empêcher de murmurer les paroles (eh oui ! Vous êtes pris en flagrant délit, bande d'adorateurs de dessins animés pour petites filles !!!). Une prestation de qualité donc et qui invite à découvrir les TRAPPED IN FREEDOM sur album. A noter que les Lillois ont à leur actif un EP intitulé "Six Frites Under" (Oui vous avez bien lu ! Si vous doutiez encore du côté humoristique de la chose...).

Setlist : "Chicken", "Benio B.", "Cumshot", "Cold Cat", "Hangover", "Libérée, Délivrée", "Craddle Of Fist", "Perpendicular".



Le temps aux musiciens d'installer la scène, et aux spectateurs d’aller boire un verre au bar, la salle s'est bien remplie. Quoi de mieux avant la déferlante roumaine que le groupe ASTIMOS, qui, si l'on en croit la bio, signifie en romanès "Santé ! Bonheur !". C’est de bon augure. Et effectivement on entame déjà le voyage vers les pays de l'Est avec un metal teinté de subtiles et réjouissantes incursions musicales à tendance très slave. Les balkans ne sont pas bien loin. Le mélange est très efficace. Contrairement à TRAPPED IN FREEDOM qui explore de nombreux styles musicaux, ASTIMOS signe une orientation musicale plus franche, plus cadrée et plus dirigée vers un style unique. Style qu'ils définissent comme "Gypsy World Metallic Fiesta". Et pour le coup, c'est extrêmement bien trouvé. Tantôt agressif avec des guitares lourdes, un chant guttural et un rythme qui fait méchamment bouger la tête. Tantôt extrêmement dansant et festif grâce aux petites mélodies sautillantes. Pour peu, on se croirait dans le film Underground avec en fond la musique du serbe Emir Kusturica qui se serait coincé méchamment les doigts dans la prise. ASTIMOS dégage une grosse énergie que l'on pourrait assimiler à celle du punk et qui réussit à enfin faire bouger un public qui restait jusqu’à présent un peu statique. Ajoutez à cela une communication simple et sans blablas, basée sur les boutades avec le public, tout comme le faisait juste avant eux les Trapped, et vous obtenez un cocktail de bonne humeur. Je dois préciser que j'avais déjà vu en live ASTIMOS un an auparavant au feu Skakalaka, non loin de Lille. Mais, ce mercredi soir, au El Diablo, je suis tombée extrêmement sous le charme de ce groupe qui a réussi à me surprendre. Est-ce dû à un meilleur son, à une meilleure préparation ? Peu importe, le résultat est qu'il s'est dégagé de leur prestation une énergie sauvage que je n'avais pas autant ressentie la première fois, et que j'ai redécouvert avec grand plaisir ce groupe lillois ! (Chauvine et fière je suis des groupes de la région !). ASTIMOS est actuellement en préparation d'un album. Surveillez la sortie et en attendant, n'hésitez pas à aller découvrir leur univers sur scène.

Setlist : "Luzil", "Django And Me", "Palinka Romania", "Why?", "Sons Of Gaïa", "Black Polka", "Strangers And Monsters", "The Fat Is Dead".



Quelques mètres carrés de scène, c'est tout ce qu'il y a pour accueillir les 8 membres (les 7 membres du groupe + 1 violoniste guest) de DIRTY SHIRT mais chacun trouve sa place avec bonne humeur. Cette fois, le public est massé devant les fanfarons roumains et l'impatience est de mise.
Le set commence direct avec un bon "Manifest" agressif et rentre-dedans qui met tout de suite tout le monde à l'aise et en condition pour la soirée. Mais c'est l'enchaînement avec "Rocks Off" qui va vraiment déclarer les hostilités et nous plonger dans l'univers diablement gai et remuant de DIRTY SHIRT. Si le rock / metal de Dirty est assuré par des guitares aux riffs metalcore et la voix grave et ô combien grasse de Robert Rusz, les mélodies sont soutenues par la voix très fluette de Dan Rini Craciun. Le folklore flamboyant avec violon et rythmiques sautillantes côtoient les compositions agressives pour le plus grand bonheur de tous. On pourrait imaginer que le résultat est kitch et amusant. Bien au contraire, la force de DIRTY SHIRT est dans ce savant dosage de musiques traditionnelles et de rock couillu. Le duo de chanteurs ajoute un élément essentiel et unique à l'ensemble, et amène le même côté relevé que la sauce mujdei ! DIRTY SHIRT, c'est aussi des musiciens ultra sympathiques, souriants, communicatifs ! Bon soit, on vous l'accorde, communicatifs dans un français très approximatif mais qui a pour effet de faire sourire les spectateurs. Après une bonne dizaine de morceaux tous dans la même veine, les corps sont échauffés, les jambes courbaturées, les sourires grands comme ça sur les visages, et les pulls sont tombés dans le public. Il règne une ambiance sacrément euphorique. C'est le moment choisi pour toucher nos petits coeurs sensibles avec "Saraca Inima Me", reprise de la chanson traditionnelle roumaine "Saraca Inima Mea" de Nicolae Fuidui Iancu - si mes recherches sont correctes. Le violoniste s'avance au milieu des deux chanteurs et entame la mélancolique mélodie. La voix grave et profonde de Robert Rusz crée une émotion palpable dans la salle, et quand Dan Rini Craciun le seconde, on en aurait presque la larme à l'oeil. Pendant quelques instants on se sent nous aussi roumains. D'ailleurs plusieurs fans, qui connaissent les paroles par coeur, accompagnent le duo. Instant de grâce. Et c'est déjà (presque) la fin avec le terrible "Bad Apples" que tout le monde chante à tue-tête en formant un pogo géant.
C'est sous un tonnerre d'applaudissements que les DIRTY SHIRT se retirent. Les spectateurs réclament un nouveau morceau et leur voeu est exaucé avec en point d'orgue "Pitbull Terrier". A partir de cet instant, plus personne n’est sous contrôle et même Dan Rini Craciun se joint au public qui l'entoure en sautillant pour terminer sur un porter qui a failli aplatir le chanteur au plafond de la cave ! On n'a plus l'impression d'être à un concert mais à une fête de famille ou à un mariage tant l'osmose est forte entre tous les protagonistes de cette soirée. C'est sur ce sentiment incroyable et une satisfaction énorme que DIRTY SHIRT finit par nous laisser.

Setlist : "Manifest", "Rocks Off", "Ride", "Freak Show", "Moneycracy", "Dulce-I Vinu", "Intro Balkanique", "My Art", "Dirtylicious", "Mental", "Hotii", "Maramu", "Saraca Inima Me", "Bad Apples".
Rappel : "Pitbull Terrier".

Une soirée des plus réussies, du début jusqu'à la fin. Merci TRAPPED IN FREEDOM, merci ASTIMOS, et un grand multumesc DIRTY SHIRT ! Merci aussi à Fred Singer pour les photos.