La review

DELAIN + TRILLIUM + HALCYON WAY
L'Alhambra - Paris
11/05/2012


Review rédigée par Margot Adan et Braindead


Une vague symphonique s’est abattue sur la scène metal Parisienne depuis le début de l’année ; Nightwish à Bercy, Epica sold out, Xandria, Kells, Wildpath et consorts ont tous donné des concerts exemplaires prouvant à juste titre qu’il faudrait plus que jamais compter sur un genre pas forcement apprécié à sa juste valeur. La venue de DELAIN pour la sortie de leur dernier opus "We Are The Others" est un évènement à ne pas rater, deux mois après l’interview promotionnelle, où Charlotte Wessels m’avait vraiment mis l’eau à la bouche.
C’est la queue des grands jours devant la superbe salle de L’Alhambra ; fans de tous horizons, du métalleux tout en volume et tatouages au quinquagénaire amateur de symphonique, DELAIN a cette capacité, à l’instar d’Epica et autres membres de cette communauté, de drainer un publique varié et connaisseur, ayant eu vent des précédents concerts réussis des Hollandais en France.

Deux premières sont au programme, finalement assez différentes de la tête d’affiche ; à commencer par les Américains d’HALCYON WAY et leur heavy progressif vraiment pêchu. Le frontman, n’est certes pas de la première jeunesse, mais son implication et son attitude font plaisir à voir ; en témoigne l’entrée en matière ou face à un micro aphone, le bougre s’empresse d’aller voler celui du guitariste qui à son tour traverse la scène pour s’emparer de celui du bassiste ; situation rocambolesque qui aura eu le mérite de conquérir le public dès la première compo, du grand art totalement improvisé. Mais Steeve Braun ne se limite pas à une énergie de jeune premier survolté ; il distille un heavy metal symphonique old school réellement enivrant et peut compter sur une connivence qui fait plaisir à voir avec Jon Bodan, guitariste clone de Kerry King et Kris Maltenieks, jeune bassiste capable de jouer à l’horizontal… un set de trente minutes composés de titres issus des trois albums du combo qui savent mettre l’ambiance comme personne, avec pour preuve la dernière pitrerie du frontman qui après avoir salué un public très empathique, quittera la scène son backdrop sous le bras ; drôle, touchant et diablement efficace.



Quinze minutes de soundcheck, ce qui est très peu comparé au cauchemar Paradise Lost, la semaine précédente.
Petite entrée mélodique et TRILLIUM entre en scène ; pour être honnête je ne connaissais pas ce groupe atypique, projet solo d’Amanda Somerville, chanteuse confirmée qui a obtenu ses lettres de noblesse en accompagnant des groupes comme Epica et Avantasia ; et pour rester dans la franchise, je le regrette, à la vue de cette frontgirl, d’une classe et d’un charisme rare ; la demoiselle a d’ailleurs ses fans dans l’assistance ce qui n’est pas étonnant. Côté musique, c’est du heavy mélodique classique, mais techniquement parfait, si ce n’est la voix de l’artiste mise un peu trop en avant, au détriment des musiciens relégués au rang de figurants. Ce n’est certes pas rare sur album, en revanche sur un live, c’est assez étrange d’autant que le guitariste (qui joue avec une chaîne monstrueuse autour du cou) et le bassiste font le job ; mais la diva Amanda capte toute l’attention, notamment sur les titres phares "Machine Gun", "Mistaken" ou encore "Coward" ; en revanche, le reste du set (9 titres interprétés) regroupe des titres mainstream sans grande imagination, aux refrains guère travaillés ; la belle en quinze années de carrière nous avait habitué à mieux, mais au vu de sa prestation scénique nous lui pardonnerons volontiers ce pêché de suffisance.



Les roadies s’occupent de reconfigurer la scène, tandis que les backliners réalisent les derniers check ; tout est parfaitement organisé, la scène optimisée à son maximum. Sur une intro classique les membres de DELAIN prennent possession de la scène, acclamés comme jamais ; leurs show sont connus pour être de véritables communions et leur public jubile de cette proximité offerte par une salle aussi mythique que L’Alhambra. A l’applaudimètre, Martijn, l’homme qui a tant apporté au symphonique depuis quinze ans, est vainqueur haut la main, suivi de Charlotte, plus coquette que jamais en hôtesse de l’air tout droit sortie du Memphis Belle. Les Hollandais entament naturellement leur récital par "Mother Machine", premier titre issu de leur dernier opus "We Are The Others" ; le combo en interprètera d’ailleurs huit titres, soit les trois quarts de l’album, prouvant qu’ils savent mieux que quiconque ce qu’est une tournée promotionnelle mais n’oubliant pas au passage leurs références avec "April Rain" et l’inévitable "The Gathering" en guise de conclusion.



Une heure cinquante d’un show techniquement parfait ; une complicité entre les musiciens qui fait plaisir à voir ; un Martijn aux traits tirés mais ne cessant de saluer un public conscient de ce qu’il doit au membre fondateur d’un groupe qui renouvelle de par sa modernité, un genre pas facile à apprivoiser. L’espiègle frontgirl aura affiché un sourire sincère tout au long du set, communique comme trait souvent avec un public qu’elle juge spécial et exceptionnel, profitant de l’évènement pour fêter son anniversaire sous les "Happy Birthday", pendant qu’un canon tire sa salve de cotillons sur scène et dans la fosse.
Une semaine après la purge Paradise Lost, nous ne pouvons qu’être admiratifs du professionnalisme et de l’énergie générée par les formations nordiques ; ayant évoqué le sujet avec Charlotte il y a deux mois, je me prends à fantasmer sur un concert regroupant Nightwish, Epica et bien sur DELAIN ; une affiche de rêve qu’elle ne juge pas improbable dans les années à venir ; wait and see.

Setlist : "Mother Machine", "Stay Forever", "We Are The Others", "Go Away", "Sever", "Virtue And Vice", "Generation Me", "Invidia", "April Rain", "See Me In Shadow", "Are You Done With Me", "Get the Devil Out Of Me", "Shattered", "Babylon", "Sleepwalkers Dream", "Electricity", "Not Enough".
Rappel : "Control The Storm", "The Gathering".