La review

DEEZ NUTS + NASTY + EXPIRE + COLDBURN
Le Backstage By The Mill - Paris
17/12/2015


Review rédigée par Sharknator


Pigalle/Blanche, sans doute l’un des pôles de salles de concerts de Paris, avec la Villette, regroupant des noms ne nous étant probablement pas inconnus : la Cigale, le Divan du Monde, la Machine du Moulin Rouge… Ou encore le Backstage By The Mill, petit coin dissimulé derrière le pub O’Sullivans, et sa programmation clairement pas dégueu : entre autre parmi les prochains concerts en 2016, Therapy?, Hacktivist et Decapitated… Et, en cette fin d’année 2015, les Australiens de DEEZ NUTS, accompagnés d’une petite bande de trublions du hardcore outre-hexagone, venus foutre un bordel à la sauce dont ce genre musical a le secret. À noter qu’un cinquième artiste, en la personne du chanteur de hip-hop Louie Knuxx, relativement peu attendu (poursuivi par sa réputation de "grosse merde" d’après les réseaux sociaux), devait se produire ce soir-là, et qu’une annulation de dernière minute reporta de quarante minutes l’ouverture des portes. Passé ce problème, commençons donc…



COLDBURN sont des Allemands, avec deux albums et une démo à leur actif en six années d’activité. Un petit chemin, pas très fourni, déjà tracé, qui permet ainsi de les conduire au Backstage By The Mill, devant quelques spectateurs qui semblaient déjà contents de les voir. Ce fut d’ailleurs ce soir-là un concert plutôt gênant, durant lequel – et ce sur les quatre sets – de nombreux énergumènes beuglèrent de tête les paroles des chansons jouées dans le micro que les chanteurs leur tendaient… Tandis que votre humble chroniqueur n’en connaissait aucune. Bref, COLDBURN ne fut point un mauvais show, autour de musiciens au jeu bien dosé et d’une régie pas au top du top (petits grésillements intempestifs) mais au rendu convenable. Cependant, beaucoup d’énergie manquait aux Allemands, dont le set s’avéra quelque peu ennuyeux au fur et à mesure que se jouaient les morceaux. Et tout ceci autour d’une chose m’étant particulièrement insupportable : les mosh pits, qui commencèrent déjà. La marque du hardcore apposa son sceau au Backstage pour les trois heures à venir.



La première chose me titillant l’esprit fut une petite ressemblance entre le chanteur de COLDBURN et celui d'EXPIRE, sur la silhouette, la coiffure et la casquette la recouvrant. Point donc de grand dépaysement pour le set à venir, qui ne fut pas finalement tant plus réussi que le premier ; alors que l’un des groupes manque d’énergie et non l’autre, c’est alors que le critère de la justesse des musiciens vient à son tour s’inverser, pour ne plus être très franc et impeccable chez EXPIRE. Un concert où, de plus, les défauts de la technique (fort déséquilibre entre les instruments ressenti pour ma part) empiétèrent quelque peu sur l’ambiance pourtant bel et bien présente (ces hardcoreux… incorrigibles). J’ai rarement fait des concerts assez moyens dans l’ensemble mais avec un climat aussi explosif, de quoi vivement s’interroger sur l’attitude à adopter. Et ce ne sera surtout pas NASTY qui viendra jouer les trouble-fêtes.



Il semble en effet que NASTY fut le groupe le plus attendu de la soirée – plus encore que DEEZ NUTS, c’est dire – si l’on en croit les réactions post-concert, affirmant parfois un déplacement quasi exclusivement pour les voir en particulier. Si certains points de vue concernant la qualité de la tête d’affiche et de son chanteur peuvent être discutés (tous peuvent l’être de toute façon), il est clair en tout cas que NASTY participa à redresser la barre élevée par les deux premiers groupes. Matthias, le chanteur, et son sweat "Deez Nuts" (petit supporting pour leurs copains ?), Nash à la batterie, Chris et son léger embonpoint à la guitare, et Berry et sa coiffure insupportable à la basse, le tout dans une belle orgie de tatouages, ne nous déçurent pas, loin de là. On pourrait même dire que Matthias avait l’air de s’éclater, à faire de drôles de gestes avec sa main sur son crâne (cf. photo), ou au point de s’adresser au mur gauche de la scène en le prenant pour le président (pour ce que j’en ai compris… Incompréhensible somme toute), nous rigolâmes bien entre les morceaux ; ajoutez à cela les innombrables fois où ce joyeux drille fit chanter le public à sa place, le contact, la connivence établie entre lui et son public fut frappante. Un public de plus en plus électrisé, dont l’individualité laissa progressivement place à une collectivité bien bourrine, alors que de gros tas de gens – de plus en plus gros, d’ailleurs, jusqu’à la fin de DEEZ NUTS – commencèrent à se former autour du micro que tendait parfois Matthias vers la fosse. Un set, donc, dégrisant, dans la logique de crescendo de l’ambiance ; acmé de ce concert en quelque sorte. DEEZ NUTS n’ayant, finalement, plus eu grand-chose à prouver après NASTY.



Ne crachons pas dans la soupe, DEEZ NUTS nous offrit un show tout à fait satisfaisant. Mais disons que nous eûmes droit ce 17 Décembre 2015 à l’un de ces rares concerts dont la tête d’affiche ne fut pas à la hauteur de son prédécesseur ; le groupe joua sa musique – sans fioriture réellement flagrante – et nous offrit une atmosphère dans la continuité des trois précédents groupes. Sans réellement y apporter grand-chose. J’eus plutôt la légère impression que nous perdîmes un truc, dans la qualité des transitions notamment, qui prenaient la forme de moments de silence plutôt embarrassants avant que JJ Peters ne le comble vaguement. ("Mais laisse-lui le temps de boire sa rasade d’eau, eh, con !" : j’ai vu suffisamment de concerts où ce geste se faisait sans perturber le déroulement du concert, pour affirmer qu’il peut y avoir un effort à faire de ce côté-là). Au reste : multiplication de slammeurs, intensification des pogos et des quelques mosh pits restants, redoublement de mouvements des musiciens ; le groupe autant que le public montrèrent qu’ils n’étaient toujours pas en reste. Sans être aussi réussi que NASTY, DEEZ NUTS nous satisfit donc. Avec ce petit arrière-goût d’amertume vous saisissant quand au moins un des premiers groupes vous fut plus satisfaisant. Après tout, un concert n’est-il totalement réussi que lorsque les derniers moments s’avèrent les meilleurs ? Quand l’acmé, le summum de l’excitation ne vous prend qu’à la fin, alors que vous n’êtes plus susceptible d’être vraiment déçu ?