La review

DECAPITATED + ABORTED + FLESHGOD APOCALYPSE + CYANIDE SERENITY + ARCHSPIRE
L'Aéro - Toulouse (31)
13/12/2011


Review rédigée par Arch Gros Barbare
Photos prises par Alex Atethmia


"Une Rue déserte, dernière cigarette, plus rien ne semble bouger" dans la "Ville de lumière", parce "qu'on avait besoin d'elle ce soir"... et merde, non, ce soir ce n'était pas au tour d'Images ou de Gold de faire le show... Non...
Tout semble calme,et nous arrivons de Bordeaux avec mes comparses , le vieux barbare fétide que je suis accompagné d'Alex (le jeune oracle fougueux qui a capturé toutes les images que vous aurez l'occasion d'admirer sur ce report avec sa machine de guerre), ainsi que de deux orques maléfiques que sont Eric le viking (que vous aurez l'occasion d'écouter bientôt avec le CD de Heboïdophrénie (death metal Bordelais qui sent le poil et le graillon, avec au chant Loïc de Bemskiant, et qui sera enregistré avec les gars de Destinity), et son fidèle compagnon le renégat Jo-Hell, vil serviteur des Ténèbres ; traversant tempêtes, déluges d'eau croupie, et vents nauséabonds, tels les quatre guerriers de l'apocalypse.
Nous sommes donc arrivés à la fin du monde qui était prévue pour nous le Mardi 13 Décembre 2011. Enfin la fin du monde, disons qu'il s'agissait surtout d'une date à ne pas manquer, car s'il en était une où il fallait bien être là, dans le Sud-Ouest, c'était bien celle-là... Faute de ne plus avoir grand chose sur Bordeaux, on doit effectuer un léger exode en direction de la ville rose...
Une ville rose qui pour le coup, s'est remplie de rouge ce soir à cause de l'hémoglobine musicale répandue brutalement dans tous nos orifices auditifs, grâce à la présence de groupes énormissimes, brutaux, techniques, violents, mélodiques aussi, mais surtout magistraux.
Comment rater une telle affiche ? Ce n'était pas permis...
Toulouse nous offre une affiche de bouchers, une affiche de préparation culinaire experte dans la découpe :

- qu'elle soit rapide, incisive, chirurgicale à la Japonaise, façon sushis avec les Canadiens d'ARCHSPIRE
- qu'elle soit très fashion, plutôt fast-food, avec un bon goût, mais qui ne reste pas forcément en bouche longtemps, avec les Anglais de CYANIDE SERENITY - ou délicate, aigre douce, façon gastronomie raffinée avec les Italiens de FLESHGOD APOCALYPSE - et encore puissante et écrasante et sans fioriture à la manière des abattoirs les plus glauques, genre Massacre à la Tronçonneuse, avec ABORTED
- pour terminer en véritable hiver nucléaire, grâce encore une fois,à un groupe de Polonais, reconnu et renommé, que sont les DECAPITATED.

Alors voilà, le décor est posé, ce soir c'est dépeçage, cuisine fraîche, boucherie charcuterie, et on va en avoir pour notre argent. Un investissement qui n'était pas très onéreux, quand on voit la qualité de l'affiche et le nombre de groupes. C'est un peu dommage d'ailleurs qu'il n'y ait eu qu'environ 130 à 140 personnes, sans dire de bêtises, qui soient venus voir ce show, après il ne faudra pas se plaindre qu'il n'y a plus de concert nulle part, il ne suffit pas d'encourager derrière un écran plat ou tactile, il faut aussi le montrer, et même si c'était en semaine, cela ne change pas grand chose, alors avis aux fans de metal extrême, déplacez vous, vos groupes ont besoin de vous... 

L'Aéro (ex-Vents du Sud) est une salle dans laquelle je n'étais jamais allé, côté, pratique : parking de supermarché à côté donc de la place pour se garer tranquillement, proximité du supermarché pour manger un bout en attendant et proximité de la sortie de rocade, c'était donc une configuration géographique idéale pour aller voir ce concert. La salle elle-même, ancien restaurant, n'est pas tout récente, nous en convenons allègrement, donc avec la vétusté qu'elle peut présenter, elle est bien pratique dans le fait que ce soit en profondeur un peu à la manière du BT 59 à Bordeaux, avec une bonne acoustique, une vraie scène sur-élevée, et de quoi s'asseoir un peu partout, même sur des canapés. Le merch était bien disposé de part et d'autres des murs de la salle, afin que chacun puisse aller vers le stand du groupe dont il avait envie d'acheter soit le CD à prix largement raisonnable, soit le t-shirt classieux pour certains, notamment ARCHSPIRE et Alex ne me contredira pas.

Voici donc que commence enfin ce fameux show, l'ouverture des portes s'étant faite vers les 19h30, on a à peine passé les 20h00 si mes souvenirs sont bons (et ils ne le sont peut-être pas), que ARCHSPIRE ouvre le débat.



Groupe Canadien, dont "All Shall Align" est leur premier album sorti fraîchement chez Trendkill Recordings. ARCHSPIRE ouvre les hostilités. Lorsqu'on regarde les membres du groupe qui démarre, on a l'impression d'avoir la bande du commissaire Valentin dans les Brigades du Tigre, des mecs aux bacchantes longues et bien taillées, qui mettent en avant une certaine esthétique . Mais ce constat est rapidement mis en retrait grâce à leur prestation et à la qualité de leurs compositions, de leur rapidité, de leur technique, et de leur efficacité.
Aahh, on n'est pas encore très nombreux devant la scène, mais je vous garantis que la chaleur est montée de trois crans super vite, les mecs savent jouer, parce que même s'ils n'ont eu le temps de présenter que quatre ou cinq titres, on en a pris plein les oreilles.
Bassiste furieux, guitaristes et batteur démoniaques, ainsi que chanteur possédé, les ARCHSPIRE nous envoient dans la face un death metal ultra tech qui pour moi prend ses références parmi des groupes tels que Cephalic Carnage, Jack Slater, Japanische Kompforschpiele, Obscura sur certains passages plus envolés et mélodiques, ou encore Dying Fetus.
Ça fuse de partout, les gars sont, on ne peut plus carrés et le chanteur Jaron Good, avec son visage à la Jean Sarrus (allez voir) amène rapidement le public vers une apothéose explosive, tellement son débit vocal intense, hyper speed, presque parfois à la manière d'un George Fisher des Cannibal, colle parfaitement aux innombrables notes des guitares.
Un chanteur qui a d'ailleurs failli se faire prendre la vedette par un gars qu'on aura vu de manière récurrente au cours de la soirée, muni d'un bandana, que personne n'a voulu faire slammer et qui finalement est redescendu tout seul de la scène comme il est venu... Il en faut toujours un de toute façon...
Terminé beaucoup trop vite à mon goût, le set de ARCHSPIRE a conquis tout le monde immédiatement, leur death metal est grand, et on se doute qu'ils seront rapidement sur les lèvres de tous... Et indubitablement à la fin de leur show, tout le monde s'est dirigé vers leur stand pour prendre t-shirt et CD afin d'en garder un souvenir durable.

Le temps de discuter avec Julien (Promo label Brennus et evidemment French Metal), ainsi que de nouveau avec Kevin de Nibirus, qui pour la tournée fait office de session live à la basse pour ABORTED, mais aussi de rencontrer les gars de Snakebite Productions qui organisent la soirée, ainsi que d'autres personnes, on se repose les oreilles tranquillement...



Démarrage en difficulté pour CYANIDE SERENITY, avec un problème de micro sur le début du premier morceau où la voix était inaudible. Un problème de son qui sera également récurrent ce soir, ce que l'on pourra constater avec FLESHGOD ou encore ABORTED par la suite.
CYANIDE SERENITY, commence donc ses morceaux en avançant une musique inspirée par une scène melocore, aux riffs thrash mélo, avec des refrains chant clair. Fort d'un EP sorti cette année "Consume Me", les gars travaillent sur leur premier album. Alors, l'affiche qu'il y avait ce soir était fortement influencée par la brutalité, et je ne pense pas qu'il ait été judicieux d'y insérer ce groupe qui pour le coup faisait un peu office d'intrus tout comme un groupe de heavy ou de doom l'aurait été.
Le chanteur ne possède pas une voix hurlée vraiment puissante en comparaison avec celle d'ARCHSPIRE et vu la claque qu'on venait de prendre et ce qu'on attendait avec les autres groupes à venir, c'est peut-être la déception qui s'est lue sur le visage du public.
Parce que même si les musiciens proposaient des morceaux agressifs musicalement, stylistiquement dans la veine de ce qui se fait de mieux habituellement dans la scène melocore, et effectivement techniquement sympa dans le style, on est loin du death metal qu'on est venu chercher ce soir.
CYANIDE SERENITY s'acharne malgré tout à garder la chaleur, grâce à des musiciens qui bougent bien sur scène et un frontman qui se démène comme un forcené..
Les meilleurs passages auront été sur les moments les plus melodeath, où la musicalité du groupe laissait libre cours à des idées chaleureuses. Maintenant si ce groupe avait largement sa place dans une autre affiche moins extrême musicalement, il n'aura peut-être pas eu l'effet dévastateur qu'il aurait aimé avoir. Les parties vocales à chant clair sur les refrains, lorsque Travis Neal se ferme l'oreille droite pour trouver le bon ton et notamment sur le dernier morceau "Consume Me", qui démarre à la manière d'un "Roots" ou d'un "Chaos A.D", nous ont laissé un arrière goût de "Linkin-Pultura" ou un "Sepultu-Park" plutôt moyen... Alors constat bien mitigé pour la prestation de CYANIDE SERENITY, qui n'est pas dû au groupe lui-même car on sent que les gars sont bien cool, mais plutôt à la couleur de l'affiche. Donc après ça, Travis nous met la rage, en faisant hurler tout le monde pour encourager les quatre autres groupes, dont on attend le trio final avec une certaine impatience !!!



Ohhh, oui, tout le monde les attendait, je suis peut-être un ignare, mais je fais sans doute partie des nombreux incultes qui ont découvert ce groupe avec ce second et nouvel album "Agony" récemment sorti chez Nuclear Blast. Mais le mal sera réparé et "Oracles" ainsi que "Mafia", seront bientôt miens. Et à la vue du clip de "The Violation", comme beaucoup j'ai pris une claque mémorable. Alors on était quasiment "interdits" en attendant la presta des Italiens, qui ont mis un certain temps à faire la balance... Une balance qui pourtant semblait correcte, alors que pendant de longues minutes sur les premiers morceaux, Paolo Rossi, le bassiste s'évertue à demander à l'ingé son de monter son micro, tellement on n'entendait pas son chant clair. Chose rectifiée un peu plus tard, mais qui était malgré tout dommage d'autant plus que les solos de Cristiano étaient aussi un peu faiblards au départ pour lui aussi..
Enfin mis à part ce son qui ne met pas en valeur le talent incommensurable de ce groupe, FLESHGOD APOCALYPSE, arrivent sur scène avec leur tenue de "zombie-dandy", tenue que l'on a pu voir dans le clip, et le groupe reprend possession des lieux, le public étant voué à leur cause.
Immédiatement on se fait entourer de ces mélodies symphonico-brutales où se mélangent la finesse d'une musique inspirée "facilement" par la musique dite classique et la puissance d'un death metal mélangeant des inspirations Dimmu Borgiriennes-Behemothiennes mais en fait avec une approche tellement personnelle et innovatrice.
Là aussi, comment des déments, les gars emmènent la foule où ils veulent, jusqu'à ce qu'enfin ils nous jouent "The Violation", le titre le plus connu d'eux actuellement. Un morceau d'anthologie qui contient tous les ingrédients pour monter vers la gloire. Aujourd'hui ce qui est important c'est d'être novateur pour tirer son épingle du jeu. Et si l'Egypte est à Nile, la guerre intersidérale à Bolt Thrower, l'Enfer à Deicide, l'espace à Obscura, eh bien la musique classique est à FLESHGOD APOCALYPSE.
Les magnifiques chansons défilent comme des symphonies lyriques envoutant à chaque note supplémentaire une plèbe qui apprécie le style, et jusqu'à la fin du set le public rendra ce même amour de la musique à FLESHGOD.

Le temps de s'apercevoir que Samuel Santiago le batteur de Gorod est venu voir la tuerie de ce soir, mais surtout DECAPITATED sur lesquels on a bien vu qu'il avait pris un pied énorme, on patiente encore quelques longues minutes pour la balance des éventreurs d'ABORTED. Une balance qui s'est prolongée pas mal au niveau de la batterie.



On parlait de Kevin de Nibirus (que vous pourrez retrouver bientôt en interview) dont l'album sortira au cours de l'année 2012, un album bien attendu malgré tout, ce soir et tous les autres soirs de la tournée c'est lui qui tient la basse, tandis que Sven trône magistralement comme à son habitude en tant que frontman schizophrène et psychopathe, accompagné de Ken Bedene, un excellent batteur et du furieux Eran Segal à la guitare et l'imposant Michael Wilson à l'autre guitare.
ABORTED est certainement le groupe le plus extrême de la soirée, dans le sens large et général du terme, parce que leur death metal propose un panel d'accélérations, mais aussi de tempos plus lents, des plus gore et des plus pesants. Si les deux derniers albums sont loin de ce que l'on a aimé à écouter, je peux vous dire que leur set aura ravi tous les fans. Pour la bonne et simple raison qu'on a eu droit à des vieux morceaux, indépendamment de la nouvelle "Global Flatline", tirée du futur album à venir pour début 2012.
Il n'y avait qu'à voir la furie sur les morceaux issus de "Goremageddon", pareil que sur "Global". Oui, depuis leur EP "Coronary Reconstruction" sorti l'année dernière, on sait qu'ABORTED a repris du poil de la bête pour revenir à quelque chose de plus brut, de plus direct et primaire, retour aux sources impressionnant, ce nouvel album tarde vraiment à venir mais 2012 s'approche à grands pas, vous saurez quoi commander pour la nouvelle année...
Bref, les rois du massacre à la tronçonneuse, les maîtres de la colline à des yeux, grands manitous du death Belge au gros son qui tache et aux morceaux qui déboitent, ABORTED entre en scène. Ça chie dans la colle dès le départ où Sven a un petit problème de micro, vite remis en selle, il montre qu'il est le maître de cérémonie. Et en meilleur frontman de la soirée, il rythme les morceaux avec une mimique de tueur. La foule est en transe, ça bouge à mort dans le public, Sven demande à ce qu'on se rapproche pour les plus frileux, comme le master of puppets, il organise des circle pit zombifiques, et battle horrifiques au rythme des chansons. Son chant de plus en plus poussif et moins guttural n'en reste pas moins imposant...
Eran Segal, montre qu'il est heureux d'être à Toulouse et se déplace comme un possédé, tandis que Kevin, qui nous rappelle tellement Trey Azagtoth dans sa manière d'être, domine le sujet sur le bout des doigts. Oh, que oui que l'ambiance était brutale, mais ABORTED a tout défoncé, et au final, on a encore plus envie de se choper ce dernier album...

Après beaucoup d'efforts pour certains qui n'ont fait que se foutre par terre pendant les pogopits, l'attente de DECAPITATED est un havre de repos...



Voici enfin venu le temps de l'achèvement il est proche de minuit quand DECAPITATED, la tête d'affiche qui nous a pondu un "Carnival Is Forever" en demi-teinte dernièrement, commence son set. On sent que l'intensité est encore montée d'un cran, mais c'est peut-être une intensité vraiment compacte, avec un effet de souffle à la Nile. Je veux dire que c'est très technique, carré et violent et que finalement les premiers morceaux défilent sans que vraiment les adorateurs se lâchent totalement dans le public. On sent que les gens écoutent et regardent avec attention, plus qui ne s'affrontent comme ils l'ont fait pour ABORTED. Il faudra attendre la bonne moitié du show pour qu'on assiste à un défouloir bordélique dans l'arène. Mais ce défouloir est arrivé pendant que se suivent titres du dernier album , titres un peu moins récents issus de "Organic Hallucinosis", notamment avec "Post Organic". On en prend plein les oreilles, parce que DECAPITATED a la particularité, en plus d'être violent, d'écrire des morceaux qui pour certains approchent facilement les six minutes.
Dans la deuxième partie du set, avec des morceaux plus anciens, la foule est aux anges, et ça bouge vraiment fort devant, tandis que Rafal Piotrowski qui tournait à l'eau minérale depuis le début est allé se chercher le bon magnum de Jack, histoire de se garder la gorge au chaud.
Et là où l'on voit la bonne ambiance qu'il pouvait y avoir entre groupes, c'est que depuis quelques minutes Sven et quelques autres membres ont lâché le merch et s'amusent à écrire des trucs au dos des posters qu'ils donnaient aux fans, du haut d'une petite fenêtre donnant sur un cagibi des backstage.
Au final le chanteur des ABORTED descend foutre le brin dans la foule, et entame une danse presque hip-hop de levée de bras au rythme du morceau "Spheres Of Madness", danse reprise elle même par Rafal sur scène. Une ambiance de folie où même Rafal qui se retrouve avec un poster collé dans les cheveux (enfin si on peut appeler ses dread locks des cheveux) , se l'enlève en tournant avec la tête comme un toupie...
De là, DECAPITATED termine un concert sur quelque chose de grand et fort qu'on aura beaucoup apprécié.

Alors voilà, c'est l'affiche où il fallait être présent, celle qu'il ne fallait pas manquer dans le Sud-Ouest, et ça a saigné comme il fallait pour les fans de gros death qu'il soit technique ou brutalissime. On a pris une baffe phénoménale, et tant pis pour ceux qui ont raté ça, faudra pas se plaindre après...

Alors tout d'abord un énorme merci à M.V , chanteur de Nibirus, pour notre présence, merci également à Kevin (Nibirus) pour avoir donné de son temps, mais aussi Sven et ABORTED, un grand merci à Snakebite Productions, Fab et sa troupe, pour organiser des concerts comme ça, il ne faut rien lâcher, c'était grand, un énorme merci aussi aux groupes qui ont donné le meilleur pour satisfaire les fans ayant fait le déplacement...

Après plus de quatre heures de metal extrême en live, comme ça, on n'a qu'une envie, écouter les albums...



Bonus
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