DARK TRANQUILLITY + EQUILIBRIUM + BLACK THERAPY + MIRACLE FLAIR
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
02/05/18
Review rédigée par Matthieu
Au tour de la Machine du Moulin Rouge d’être prise d’assaut. DARK TRANQUILLITY, une
référence en matière de death mélodique, revient dans la capitale accompagné
d’EQUILIBRIUM, mais également BLACK THERAPY et MIRACLE FLAIR. La soirée s’annonce plutôt
bien, et la file d’attente est plutôt conséquente lorsque les portes s’ouvrent. Du moins vu de
l’extérieur, puisque dans la fosse, c’est le grand vide au final.
Peu importe, il faut jouer ! Et c’est MIRACLE FLAIR qui va ouvrir les hostilités avec une entrée
en scène plutôt calme, puisqu’à l’évidence, personne (à par toi là-bas avec ton t-shirt) ne les
connaît. C’est donc une sorte de power / heavy assez mélodique que les Suisses nous
envoient, avec un chant féminin assuré par Nicole Hartmann. A ses côtés, Daniel Maurizi
(guitare) se pose sur son retour afin de jouer ses riffs, pendant qu’Emmi Lichtenhahn
(basse) est malheureusement confiné dans l’ombre. Pendant ce temps, Diego Rapacchietti
(batterie) frappe consciencieusement sur son kit, mais je constate qu’absolument personne
ne bouge. Que ce soit sur scène ou dans la fosse, tout le monde reste statique.
Heureusement, le groupe changera pour le deuxième titre, et Nicole arpentera la scène
pendant que ses musiciens se livreront à une petite séance de headbang. S’il est plutôt
difficile de voir correctement le groupe à cause des lumières plutôt hasardeuses, je constate
tout de même que le groupe sourit entre deux titres, et semble heureux d’être ici. Ils nous le
diront d’ailleurs, puis enchaîneront sur un nouveau morceau. Si la fosse se remplit
légèrement plus, aucun mouvement ne sera observable, pas même un headbang, alors que
les musiciens se démènent de plus en plus, avec un son qui se bonifie au fil du temps. Mais
je ne suis absolument pas touché par leurs riffs, et j’attends sagement la fin du show, une
bière à la main, alors que quelques spectateurs semblent se réveiller.
Setlist : "Still Remaining Part", "The Whole", "Challenge My Faith", "Embracing The End", "Angels
Cast Shadows", "Worth The Fight", "The Unfulfilled".
Un très rapide changement de plateau, et "Tears Of Innocence", l’introduction du dernier
album de BLACK THERAPY débute. Les membres sont déjà sur scène, et lorsque "In The
Embrace Of Sorrow, I Smile" débute, il est difficile de ne pas ressentir l’intensité du moment.
Les harmoniques d’Andrea Mataloni et Davide Celletti (guitares) se chevauchent et se
mêlent dans un tourbillon d’émotion, alors que Lorenzo Carlini (basse) et Luca Marini
(batterie) tiennent une rythmique très solide. Soudain, Giuseppe Massimiliano Di Giorgio
(chant) hurle une première fois, et la foule commence à headbanguer lentement. Il ne m’en
faut pas plus pour être immédiatement conquis, tant le son est similaire à celui qui m’avait
boulversé sur l’album, alors que sur les premières notes j’avoue avoir eu un peu peur du
mix. Les musiciens semblent possédés par le torrent de notes qu’ils nous envoient, et leur
énergie est communicative. Une fois cette merveilleuse introduction terminée, Giuseppe
nous annonce la suite des réjouissances avec un autre titre issu du dernier album de la
formation italienne. Le son, qui s’améliore encore, fait réagir le public qui se lance dans une
séance de headbang alors que la fosse se remplit sous les riffs du groupe. Le chanteur
prend le temps de s’adresser à la foule entre chaque titre, mais c’est sur "Voices In My Head"
que le concert prend une autre tournure à mes yeux. Les riffs incisifs couplés à la voix
puissante et tragique de Guiseppe me transportent littéralement. Alors que le public les
applaudit, BLACK THERAPY enchaîne sur "She, The Weapon", qui fera l’objet d’un petit
mouvement de foule, lancé par trois spectateurs qui semblent aimer le show autant que moi,
mais ils seront rapidement calmés. Alors que le frontman nous remercie à nouveau,
l’introduction de "Mad World" (une reprise de Tears For Fears que le groupe a adapté à sa
sauce black / death mélodique) débute. "Si vous connaissez les paroles, chantez avec moi !",
nous dit-il avant de hurler à nouveau dans son micro. Alors que je vois quelques lèvres
bouger en rythme, je constate que BLACK THERAPY a su se faire apprécier du public français,
et c’est sous une nuée d’applaudissements qu’ils quittent les planches.
Setlist : "In The Embrace Of Sorrow, I Smile", "The Final
Outcome", "Stabbed", "Voices In My Head", "She, The Weapon", "Mad World".
A nouveau, le changement de plateau ne prend que peu de temps. Les lumières se coupent,
et une bande son épique réveille les fans de pagan metal venus en nombre ce soir-là. Un
par un, les membres d’EQUILIBRIUM s’avancent sur la scène. Les Allemands nous saluent
puis Robse (chant) ne perd pas une seule seconde pour lancer le premier titre.
Immédiatement, la ferveur des musiciens sur scène gagne la fosse, qui s’agite comme si
leur vie en dépendait. Aidés de quelques samples qui donnent une dimension encore plus
imposante à leur musique, René et Dom (guitares) enchaînent les harmoniques sous les
frappes rapides et puissantes de Hati (batterie). A la basse, Makki bouge en permanence,
mais laisse toutefois ses deux camarades guitaristes venir sur le devant de la scène lors des
parties lead, sous le regard d’une fosse en pleine ébullition. Si Robse prend le temps de
s’adresser à nous entre les titres, il le fait également pendant les compositions, en
demandant aux spectateurs de sauter, frapper dans leurs mains ou de headbanguer avec
eux. Le groupe semble réellement très apprécié, puisque les premiers rangs scandent d’eux-mêmes “Equilibrium !” après le quatrième titre, ce qui fera sourire encore plus les Allemands.
Mais l’heure est au metal, et le frontman annonce "Blut Im Auge", le titre suivant, qui sera
d’ailleurs le point de départ des slams. Bien heureux de ne pas être au milieu de cette
marée humaine, j’observe donc le chanteur aider un slammeur à se réceptionner sur scène,
avant de lui tendre le micro. Mais c’était sans compter la timidité ou le trou de mémoire de
cet invité surprise, et le chanteur reprend alors son micro afin de continuer la chanson. Côté
lumières, les flashs suivent parfaitement les sonorités folk, mais c’est un cauchemar pour
les photographes. Alors qu’au Hellfest, le concert ne m’avait pas spécialement passionné, je
me retrouve happé par cet univers joyeux et mouvementé, et je pense que la taille de la
salle joue beaucoup, par rapport à la Temple. Le groupe feint de partir pour mieux revenir.
Et comment annoncer de meilleure façon le dernier titre avec un "Paris, are you Born To Be
Epic ?" ? Il n’y en a pas, et c’est ce choix que le chanteur a fait pour conclure un set très
intense, et qui aura été un régal pour les slammeurs.
Setlist : "Prey", "Heimat", "Waldschrein", "Verbrannte Erde", "Blut Im Auge", "Dämmerung",
"Unbesiegt", "Apokalypse", "Born To Be Epic".
L’écran géant s’allume, et les instruments aux couleurs des géants suédois sont installés.
J’attendais ce moment depuis quelques années déjà, et c’est aujourd’hui que l’un de mes
monstres sacrés, DARK TRANQUILLITY, va retourner la salle. Lorsqu'"Iron Man" de Black
Sabbath retentit, toute la fosse chante en choeur, car nous savons tous ce qui va se passer.
Les musiciens entrent en scène, poing levé, et le premier titre commence avec l’arrivée de
Mikael Stanne (chant). Alors que les claviers de Martin Brändström donnent au titre une
dimension mystique, les frappes d’Anders Jivarp (batterie) lui offrent cet aspect brut.
Anders Iwers (basse) assure un son profond pendant que Christopher Amott et Johan
Reinholdz (guitare) se partagent harmoniques et rythmique. Le chant de Mikael Stanne n’a
pas changé au fil du temps, et l’expérience live me permet de confirmer cette puissance que
j’avais ressenti sur chaque album du combo, que ce soit lors des hurlements rageurs ou du
chant clair mélodieux. Le frontman nous salue et nous avoue alors qu’il aime énormément
cette salle, qu’il considère d’ailleurs comme la meilleure salle du monde, puis il introduit
rapidement "Clearing Skies". Très joyeux et communicatif avec le public, le chanteur
n’hésitera pas à jouer avec un des ballons de baudruche (tout en lâchant un petit "What the
fuck ?") qui sont apparus comme par magie ou à tendre son micro aux demoiselles du
premier rang pour "The Mundane And The Magic", même si un sample reproduit la voix de
Nell Sigland. Lorsque les riffs des Suédois s’emballent, les lumières suivent, et il devient
parfois compliqué de distinguer tous les musiciens dans ce chaos, mais il est beaucoup plus
simple de se laisser porter par la musique, et certains spectateurs en profitent pour slammer
un peu. Si "Atoma", leur dernier album, est plutôt bien représenté, le groupe joue également
beaucoup de titres issus de "Fiction", ainsi que d’autres piochés un peu partout dans sa
discographie, dont certains plutôt vieux comme "ThereIn". C’est d’ailleurs après ce titre que
Mikael nous explique que d’habitude, pour faire un peu plus spectaculaire, ils font semblant
de partir, pour revenir et jouer encore. Mais ce soir, il n’a pas envie de partir, alors le groupe
enchaîne directement avec "State Of Trust". Le public se déchaîne à nouveau, mais c’est
avec le doublé final "Lost To Apathy" et "Misery’s Crown" que je prendrai réellement
conscience de la puissance que dégage le groupe en live. La salle entière vibre avec eux
sur les riffs que je connais par coeur, avant que le show ne se termine. Il est impossible de
décrire la ferveur avec laquelle les spectateurs ont applaudi le groupe.
Setlist : "Encircled", "Monochromatic Stains", "Clearing Skies", "The Treason Wall", "The Science
Of Noise", "Forward Momentum", "The Mundane And The Magic", "Final Resistance", "Atoma",
"Force Of Hand", "Icipher", "Terminus (Where Death Is Most Alive)", "Inside The Particle Storm",
"The Wonders At Your Feet", "When The World Screams", "ThereIn".
Rappel : "State Of Trust", "Lost To Apathy", "Misery's Crown".
La soirée se termine et la pression redescend doucement. Les musiciens sortent rencontrer
leurs fans, mais tous sont heureux de ce contact après les shows. Si je n’ai pas été séduit
par l’univers de MIRACLE FLAIR, ces derniers n’ont pas démérité en jouant devant une fosse,
malheureusement pour eux, presque vide. BLACK THERAPY m’a littéralement transporté dans
un autre monde avec leurs compositions emplies d’une peine immense, et je me suis
retrouvé à finalement apprécier EQUILIBRIUM et leur folk metal épique. Sans surprise, DARK TRANQUILLITY m’a ramené quelques années en arrière, alors que je découvrais le monde
merveilleux du Gothenburg Death Metal, et j’ai l’impression d’avoir franchi une étape. Tous
leurs titres prendront une autre dimension à présent.