La review

DARKEST HOUR + FALLUJAH + BLOODLET + UNE MISÈRE + LOWEST CREATURE
Le Petit Bain - Paris
19/01/2020


Review rédigée par Matthieu


A nouveau, le Petit Bain va être pris d’assaut ce soir. Et pour cause, après une première date de qualité, Garmonbozia récidive avec non pas un ni deux, mais bien cinq groupes réunis pour fêter les 25 années de carrière de DARKEST HOUR. Ce sont donc FALLUJAH, BLOODLET, UNE MISÈRE et LOWEST CREATURE qui vont nous occuper en attendant l’arrivée des vétérans américains. Mais à l’ouverture des portes, la file d’attente est cruellement vide.



On commence donc la soirée avec un thrash / crossover groovy et burné de la part de LOWEST CREATURE. Une entrée simple de la part des Suédois, mais c’est très rapidement le chaos sur scène ! Toby (chant) se met à hurler en remuant pendant que la rythmique remuante de Philip (basse) et Julius (batterie) rencontre les harmoniques sanglantes de Dodge Rose et Viking (guitares). "Yo, we're Lowest Creature, we coming from Sweden ! Thanks for being here !" lâche rapidement le chanteur. Alors qu’il se bat contre un ennemi invisible, le frontman semble totalement investi par son rôle de meneur, et hurle au plus près des spectateurs pendant que les guitaristes headbanguent en alignant leurs riffs. Plus en retrait, le bassiste nous apporte cependant cette dose de crasse nécessaire au style de la formation, et le public commence peu à peu à arriver. Et les titres s’enchaînent, laissant les membres se déchaîner comme ils le souhaitent pendant que quelques têtes se mettent à remuer sur ces rythmiques empruntées au Hardcore. "It’s a pleasure to play in Paris, we have two more songs ! Circle pit !" lâche alors Toby, tentant pour la dernière fois de motiver une fosse éparse qui… eh bien qui répondra quand même positivement à sa demande ! En effet, une petite poignée de spectateurs se rentrent dedans avec le sourire aux lèvres aux ordres du chanteur. Et les deux derniers morceaux sont exactement dans la même veine thrash / hardcore, et bien que pas amateur de ce style pour un sou, j’applaudis la performance du groupe !

Setlist : "Sacrilegious Pain", "Preachers Pedestal", "Reapers Fool", "Let The Darkness Swallow Me Whole", "Spiritual Hypocrisy", "Breach Of Peace", "Dragging This Chain".



Pour en avoir beaucoup entendu parler, j’attends avec impatience le show d’UNE MISÈRE. De manière très simple, les musiciens s’installent et effectuent leurs derniers réglages (et remontent en un temps record une batterie complète). Un sample oppressant démarre alors, les membres se placent et Jón Már Ásbjörnsson (chant) cale son micro dans sa bouche en déambulant sur scène. "We are Une Misère from Iceland, we gonna torn this place up" annonce-t-il froidement en nous incitant à nous rapprocher. Et dès que les premiers riffs frappent la capitale française, on sait que ce concert sera intense. Gunnar Ingi Jones et Fannar Már Oddsson (guitares) matraquent leurs instruments pendant que Þorsteinn Gunnar Friðriksson (basse) nous apporte de la lourdeur, le tout sur les frappes de Benjamín Bent Árnason (batterie). C’est bel et bien le chaos sur scène. Les lumières reflètent également cette violence, alors que les musiciens sautent, headbanguent, hurlent dans leurs micros, et le chanteur est un véritable monstre incontrôlable. Passant du scream simple mais viscéral à un growl caverneux sans s’arrêter de bouger, il est réellement impressionnant ! Introduisant rapidement les morceaux, le chanteur s’assure un contact avec le public, qui commence d’ailleurs à remuer et à arriver en nombre. "Alright, let’s fucking do this guys !" lâche ce dernier nous incitant à remuer de plus en plus. Quelques harmoniques plus planantes succèdent à des passages énervés, et le groupe calme le jeu tout en assurant cette oppression permanente. "Big thank you to all of you to came out early ! This song is dedicated to a close friend of me, who took his own life. So if you feel lonely, just talk to someone !" annonce le chanteur. Et une fois encore, les cinq Islandais ont envoyé un mur de son, aussi violent et prenant que joué par des musiciens impliqué dans leur son, que même si comme moi vous n’aimez pas le hardcore, vous allez l’apprécier. Et c’est ainsi que le set du groupe s’achève, après quelques minutes supplémentaire de violence chaotique contrôlée, mais ô combien jouissive.



Restons dans le hardcore avec BLOODLET, qui entre sur scène avec un peu de fumée ambiante. Sans introduction, les Américains nous envoient une plâtrée de riffs énervés sous les hurlements de Scott Angelacos (chant), qui semble cependant un peu statique au micro. Mais les harmoniques de Matt Easley et Thomas Crowther (guitares) rehaussées par la rythmique de Charles King (batterie) et Art Legere (basse) se teintent rapidement de passages plus sludge, metalcore, voire même… prog. Le mélange semble cependant plaire à quelques spectateurs, qui n’hésitent pas à montrer leur soutien au groupe, mais la fosse est étrangement calme. De leur côté, les musiciens sont pleinement dans leurs compositions, et nous offrent des breaks saccadés très lourds, alors que les influences diverses et variées se multiplient, offrant une certaine richesse musicale. Mais le groupe n’est pas très communicatif, et les Américains enchaînent les titres, s’offrant à peine le temps de respirer entre les morceaux. Le public grossit, et les morceaux s’enchaînent, nous dévoilant tous une part différente de la discographie de cette légende floridienne. Les larsens entre les morceaux sont les seuls indicateurs que je noterai, mais le temps de jeu du groupe est court, et ils en profitent à chaque instant. "You guys are awesome, thank you !" lâche finalement le chanteur après une rythmique très stoner / prog, signant la fin du set.

Setlist : "Brainchild", "Something Wicked", "Shoot The Pig", "Cherubim", "CPAI-75", "Whitney", "Holy Rollin' Homicide", "Viper In Hand".



On change radicalement d’ambiance avec le death metal technique / progressif de FALLUJAH, qui nous tombe dessus après un rapide changement de plateau. Et malheureusement, le chant d’Antonio Palermo (chant) peine à se faire entendre… Mais la rythmique de Scott Carstairs, Nico Santora (guitares), Rob Morey (basse) et Andrew Baird (batterie) nous assène coup sur coup, et les harmoniques sanglantes du quartet sont très bien reçues par le public parisien. La lourdeur et la technicité sont parfaitement à l’honneur avec le chant qui refait surface dans le mix, et c’est un show martial qui frappe la péniche. Le groupe est assez peu communicatif, mais la puissance de leurs riffs accompagnés des hurlements du frontman parlent pour eux, et les membres se donnent pleinement dans l’exercice de la scène. Mais Antonio sait s’éclipser sur les passages instrumentaux, laissant aux musiciens la possibilité de se mettre en avant sur les parties lead. Haranguant tout de même la fosse, les Américains s’assurent le soutien du public, et chaque morceau, bien que le groupe les enchaine, est applaudi. Le concert est martial, les breaks puissants, et les riffs sont truffés de passages plus complexes les uns que les autres. "Merci Paris !" lâche alors le frontman. "Just one question ! Who have ever heard about us before ?" demande-t-il alors que quelques mains se lèvent dans l’assemblée. Et le show continue, toujours plus lourd, violent, technique, démontrant une passion nourrie depuis leur plus jeune âge par les musiciens. C’est finalement "The Void Alone" qui clôturera ce set intense et qui a séduit l’intégralité de l’assemblée avec les deux ambiances que le groupe est capable de produire sur scène. Il va sans dire que la sortie des membres sera applaudie.

Setlist : "Sapphire", "Sanctuary", "Ultraviolet", "Carved From Stone", "Eyes Like The Sun", "Amber Gaze", "Dopamine", "Cerebral Hybridization", "The Void Alone".



Dernier concert, dernière ambiance, DARKEST HOUR vient fêter ses 25 années musicales ! Et c’est avec la fameuse "Smoke Weed Everyday" de Snoop Dogg que le groupe introduit son entrée. "Let’s set this ship fucking moving people !" lâche John Henry (chant) alors que les premiers riffs s’apprêtent à ravager le Petit Bain. Et ça n’a pas manqué, Mike Schleibaum, Michael Carrigan (guitares), Aaron Deal (basse) et Travis Orbin (batterie) se sont visiblement donnés pour mission de se déchaîner ce soir, et ça se sent ! La fosse remue directement pendant que les musiciens headbanguent, incitant toujours à plus de violence. Et malgré le peu de monde présent… eh bien il faut avouer que le death mélodique à l’Américaine séduit ! Les guitaristes alternent les leads, le chanteur se met en avant et frappe quelques mains… tout y est ! "Thank you so much Paris ! How you feeling ? This is a special show for us ! We wanna make a toast !" annonce John en prenant une bouteille de champagne, qu’il tend alors à la fosse. "Pass it away don't be selfish and keep it away from the mosh pit !" ironise-t-il, sachant que le morceau suivant est très remuant. Et niveau setlist, on peut dire que c’est varié ! Toute la discographie du groupe est explorée, faisant descendre Mike dans la fosse, mais les harmoniques restent de qualité. "Keep this fucking pit going !" lâche le chanteur alors que la fosse tourne et remue, annonçant les premiers slammeurs. "This is from our first album !" lance le frontman pour introduire "The Mark Of Judas", un titre qui a en effet vingt ans, mais qui fait rage comme au premier jour dans la salle parisienne. Les headbangs sont légions à la fois sur scène et dans la fosse, et le groupe en profite pour placer des passages techniques autant que des rythmiques lourdes. "This is a cover song... whatever your skin color, your politics... we don't care !" lance John pour temporiser un peu l’arrivée de "Nazi Punks Fuck Off", le titre le plus court mais tellement populaire. Et c’est après "Convalescence" que le groupe décide de partir de scène. Mais face au rappel des fans, le frontman remonte sur scène. "I love this guy’s reaction !" dit-il. "We love you so much ! Merci Paris !". Et c’est un dernier titre de death mélodique pur jus qui nous frappe, faisant jouer les guitaristes dos à dos et remuer la fosse. Une dernière mélodie, un dernier break, et le groupe clôt son set, applaudi par tous.

Setlist : "With A Thousand Words To Say But One", "Knife In The Safe Room", "The Sadist Nation", "An Epitaph", "Demon(s)", "Tunguska", "The Mark Of The Judas", "Man & Swine", "A Paradox With Flies", "Nazi Punks Fuck Off" (Dead Kennedys cover), "Convalescence", "Tranquil".

Bien que variée, la soirée était excellente. Peu importe nos racines musicales, nous avons tous trouvé quelque chose à apprécier. Du crossover groovy de LOWEST CREATURE, en passant par le hardcore malsain d’UNE MISÈRE, les mélanges de BLOODLET, le death massif de FALLUJAH ou les harmoniques rapides de DARKEST HOUR… oui, nous avons tous apprécié la soirée. Et les absents avaient tort.