La review

DAGOBA + BLACK BOMB Ä + AQME + EXCEPT ONE
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
06/12/2015


Review rédigée par Sharknator


6 Décembre 2015, à pile une semaine du premier mois écoulé suite aux attentats du 13 Novembre. Les salles de concert, relevant la tête, honorent leurs programmations sans fléchir. Les plus déterminés et les inconditionnels de tel ou tel groupe s'y rendent, refusant la perspective de revendre leur place. Le tout Paris du metal transpire la volonté de continuer à vivre sa passion et à montrer que la peur n'est pas au rendez-vous dans la population. On nage donc en ces lieux du côté du positivisme et du déterminisme. C'est ainsi, dans ce contexte, que DAGOBA, grands Messieurs de la scène metal française, décident de ne pas annuler leur venue à Paris, et de valider avec honneur ce nouveau Disorder Tour, accompagnés de trois groupes tout aussi intrépides.



EXCEPT ONE sont donc les premiers à fouler ce soir la scène de la Machine du Moulin Rouge. Des Parisiens bien de chez nous, que j'ai vu jouer pour la première fois dans le tout pitit Gibus Café… Pour une migration aussi importante que vers la Machine et ses 750 places de capacité, autant souligner le potentiel d'importance de ces Franciliens. Qu'ils n'ont pas vraiment volée, autant le dire tout de suite : un show dans l'ensemble assez énergique, vivant et faisant bien grimper l'excitation (notamment parmi une petite bande d'excités qu'on pouvait entendre brailler de plaisir sur la zone gauche de la fosse). La chanteuse Estelle, connue – de moi en tout cas – pour ses growls râblés et vigoureux pendant les morceaux, puis pour sa petite voix timide toute mignonne entre deux, bien acclamée, semble être déjà très appréciée du milieu. Notons cependant un petit problème technique dont fut victime une pauvre guitare – problème cependant rattrapé correctement – et un point sur lequel je ne saurais qu'enjoindre le groupe à travailler : les transitions entre deux morceaux, pas très sympathiques entre des moments de silence plutôt gênants (car parfois looongs) qu'Estelle ne meublait que trop peu de surcroît et par des phrases assez mal assurées. Mais rassurez-vous, quand la fosse se met à pogoter dès le premier groupe, cela annonce en général du très très lourd pour la suite.



Il s'en est passé des choses pendant ce set d'AQME ! Suivis de leur réputation de gros fouteurs de merde, rien que le nom figurant sur l’affiche se montra ragoûtant. Et cette réputation se ressent notamment par les difficultés rencontrées par votre humble chroniqueur : un Vincent survolté n'arrêtant pas de gigoter, courir, montrer les dents sur scène, des effets de lumière épileptiques, tout cela de manière si sporadique… Prendre des photos potables fut une gageure ce soir-là. Excitation transmise jusqu'à la foule, qui éclata en slams à répétition (interrompus pour la plupart par les vigiles, que l'on devinait sur les dents… Il fallut attendre que le roadie de BLACK BOMB Ä vienne leur enjoindre de laisser faire pour y aller franchement), pogos et walls of death déchaînés. En même temps, comment faire autrement, quand le chanteur lui-même nous l'ordonne – avec son micro en collier, sa spécialité – : "Bagarrez-vous !" J'espère en tout cas que nous ne le déçûmes pas. Encore une fois, des petits problèmes techniques, un ou deux grésillements, vinrent rendre tant de moments désagréables (je dus me boucher les oreilles durant ceux-ci). Et bien sûr, comment ne pas évoquer ce dernier mémorable dialogue entre la scène et la fosse : "À POIIIIIL !" hurla le public "On a pas le temps pour les conneries", répondit Vincent. -"HOUUUUU !", "La prochaine fois !". Mon dieu, je ne voudrais pas manquer ça !



C'est ensuite avec les cinq joyeux énergumènes de BLACK BOMB Ä que la soirée peut continuer. Du metal / hardcore aux tons et influences punky ; le groupe le plus atypique de la soirée en somme, qui nous offrit un cocktail de pas moins de douze chansons, dont les deux tiers provenant de seulement deux albums. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au même titre que celui d'AQME, les deux chanteurs incarnaient la vitalité. Mais plus maladroitement. Je ne compte plus le nombre de fois où, au premier rang du public, durent être désempêtrés les câbles des micros qui se coinçaient entre les enceintes du devant de la scène. A tel point qu'à un moment cela en devint quelque peu stressant… Pour le reste, entre du pogo bien violent, un slammeur qui se casse la gueule, des chanteurs-kangourous qui aiment sauter, et de belles piques au public et entre les musiciens (qui se traitent mutuellement de puceaux avec un enthousiasme non dissimulé)… Disons que ce fut là ce que l'on pouvait attendre d'un concert de hardcore. Entre deux morceaux, il nous fut même demandé de faire trente secondes de bruit pour que toutes les salles parisiennes nous entendent. La magie du metal, où faire du bruit est acte d’honneur et de témérité et exutoire. Tout ce qu’on aime.



Et au tour de la tête d’affiche de faire l’ultime entrée, sous les acclamations fiévreuses de la salle, Franky nous beuglant dessus sans micro pour nous faire dire notre joie d’être ici, suivi de l’arrivée de Werther, puis Z, puis Shawter, comme d’habitude. Un groupe que j’ai vu deux fois, qui m’a fait deux fois vivre un concert d’enfer, et qui ne déchanta pas malgré leur (très) moyen dernier album (avis purement personnel) : encore une fois un concert endiablé, aux pogos, circle pits – dont l’un articulé autour de notre chanteur préféré descendu dans la fosse pour déclamer "The Things Within" – et walls of death absolument dantesques qui déboîtèrent sûrement quelques cervicales, stage divings par dizaines… Les membres de DAGOBA firent largement honneur à leur réputation de bêtes de scène. Et (heureusement) peu de morceaux du nouvel album, dans la belle poignée de classiques qu’ils nous servirent. Des problèmes techniques ? Un ou deux de basse par-ci par-là qui firent intervenir le roadie, mais le spectateur moyen prenant tant son pied à un tel concert ne put daigner s’en apercevoir, ou le cas échéant s’en plaindre. Sur la fin, Shawter n’eut même pas à attendre que nous réclamions le rappel, venant directement sur scène pour nous dire "Moi en tout cas j’en veux encore !". Bref, la quasi-perfection de ce concert force quelque peu le laconisme de votre humble serviteur, qui s’en va de ce pas réécouter "Post Mortem Nihil Est".