La review

CORRECTIONS HOUSE + CROWN + HANGMAN'S CHAIR
La Flèche d'Or - Paris
10/12/2013


Review rédigée par Angie


Retour sur le 10 Décembre 2013, les illuminations de Noël animent les rues, fêtes et présages de joie qui réchauffent les cœurs… Ok, il nous reste encore quelques jours, et même si le temps est plutôt clément, vous prendrez bien votre bonne dose de grisaille mensuelle, non? Ca tombe bien, la Flèche d’Or s’enfonce ce soir dans le chaos de trois groupes experts en la matière. Les HANGMAN’S CHAIR en ouverture, acolytes parisiens de renommée dans les ambiances sludgy dépressives, le doom electro de CROWN en milieu de scéance, pour terminer sur la découverte en hexagone de CORRECTIONS HOUSE, nouveau projet qui commence déjà à faire fortement parler de lui… ça sent la soirée brumeuse.



C’est avec regret que j’arriverai trop tard sur les lieux maudits et que je raterai lamentablement LA prestation que je voulais avant tout revoir. HANGMAN’S CHAIR, leurs riffs qui plaquent au sol, leur groove bluesy et cette voix désabusée à la Dax Riggs, ce ne sera pas pour moi ce soir. Mea culpa donc, pas de report sur le premier band de la soirée, j’affirme néanmoins que les retours ont été élogieux quant à leur prestation.



CROWN ne saurait tarder à s’accomplir devant un public parisien majoritairement novice du groupe. Les premiers crachats de sub suffisent à faire trembler la terrasse de la salle, on a compris, ça commence. Composé à la base de "deux hommes et une machine qui accordent leurs guitares jusqu’à l’échelle de Richter" comme mentionné dans leur bio, ils sont ce soir trois à performer, pour encore plus de fracas j’imagine… Originaire de Colmar, le duo se forme en été 2011, sort son premier album 5 titres "The One" début 2012 puis un split avec The Valley, le "one-man band" leadé par le chanteur lui-même. La sortie d’un second full-lenght prévue pour le début de la nouvelle année sur Candlelight Records était l’occasion idéale pour venir faire découvrir leurs expérimentations hors-normes. En Juin dernier, leur live en première partie de Huata et Dopethrone au Glazart organisé par les Stoned Gatherings avait déjà fait bonne figure et généreusement parler d’eux comme le groupe costaud qui n’a pas de vraie batterie ! Un groupe sans batterie ? Forcément, ça fait jacter. Les puristes - pires les batteurs ! - commenceront à racler de la gorge à l’idée de remplacer ce bel instrument acoustique par une boîte à rythmes. Certes, n’oublions pas tout de même qu’un travail considérable de synthétisation a dû être fait en amont. Ce soir, ce sera donc trois guitares, un chant et une "drum-machine", ni basse, ni batterie, les programmations sonores font leur taf, les huit cordes aussi ! Les rythmes sont écrasants, la lourdeur des coups de fût résonne démesurée sur fond de cymbales au tempo martial. Les guitares flirtent entre mélodies et accords d’une lourdeur exubérante. Les CROWN nous plongent dans un univers où la profondeur s’érige en maître-mot. Lenteur, répétition, le chaos prend toute son envergure lorsque les nappes électroniques envahissent le fond sonore faisant surgir un vrombissement surchargé et oppressant. Superbe performance, le groupe a encore frappé là où ça fait mal. Seul petit hic indépendant de leur volonté, le son est massif, mais uniquement sur le bord de scène. Impossible de se rendre compte de l’ampleur phonique du groupe si l’on s’éloigne des 5 premiers rangs, problème rencontré tout au long de la soirée de par la construction de la salle, dommage, on n’y peut rien !



Petite pose pour les oreilles et l’estomac de mise. Les maîtres tant attendus de la scène post / sludge ne sauraient tarder. CORRECTIONS HOUSE, nouveau groupe du guitariste de Neurosis, du chanteur d’Eyehategod, du saxo de Yakuza et du bassiste de Minsk s’adonne ce soir à une interprétation de leur "Last City Zero", premier album sorti en fin d’année dans la continuité d’un précédent deux titres "Hoax The System". Impatients depuis la petite galette qui nous avez mis l’eau à la bouche en début d’année, on ne s’attend ce soir à rien de précis si ce n’est à une prestation de qualité forcenée. Un guitariste, un chanteur, un saxophoniste et un clavier, le quatuor porte confortablement les tons sombres de son nouveau projet, le logo du groupe cousu sur les vestes et centralement positionné sur drap noir en avant du clavier. En ce qui concerne le visuel, on est bien dans l’occulte des anciens projets. Cependant, rien à voir ici avec un savant mélange entre Neurosis et Eyehategod auquel on pourrait s’attendre compte tenu des deux figures présentes dans le line-up.
Coup d’envoi sur "Party Leg And Three Fingers" et ses phrases de guitares envoûtantes et répétitives. Entre noise et indus expérimental, Sandford Parker travaillent sur ses beats samplés tout du long donnant un effet d’atmosphère chaotique permanent, tandis que Bruce Lamont s’adonnent à des airs de sax qui colorent ponctuellement l’ensemble. L’enchaînement des titres est frénétique, le souffle difficile à récupérer. "Last City Zero" déjà éminent sur support prend alors tout son sens sur scène. Il faudrait presque une initiation en amont pour pouvoir participer à ce cérémonial. L’hypnotique "Drapes Hung By Jesus" envahit l’espace de sonorités fracassantes, broyées par les hurlements de Mike Williams, prêcheur d’une parole survoltée. Tenant entre les mains ses récents écrits du "Cancer As A Social Activity", il y puise des extraits dictés à la manière d’un discours engagé. Les titres se suivent, Mike Williams brandit telle une Bible un second livre marqué du logo sombre du groupe. La sainte parole est prononcée, enceinte de révolte et d’accablement. Les accords uniformes de Scott Kelly tranchent régulièrement avec la fureur des axes effrénés des beats industriels Sandford Parker reste concentré derrière ses machines tandis que Bruce Lamont lâche de temps en temps son sax pour nous livrer un spectacle d’agitation et des cris de démence dans le micro. On ne perd pas une miette de la fureur ambiante, le point culminant est atteint sur le titre "Last City Zero" à la forme d’une proclamation où chacun boit les paroles revendicatrices de Mike IX. Jusqu’au bout, le résultat scénique est plus que convaincant, le quatuor nous a offert un live magnétique. Seul dommage encore une fois, le son trop peu enveloppant à partir d’une certaine distance. Pour qu’elle soit complète, l’expérience nécessite un emprisonnement sonore total, à redécouvrir donc lors de prochaines dates dans des salles qui s’y prêteront mieux.

Photos de Hangman's Chair tirées de : www.acoupdepara.com