La review

CONVERGE + HAVOK + GORGUTS + REVOCATION
Le Trabendo - Paris
25/08/17


Review rédigée par Matthieu


Pour ma première au Trabendo, j’ai choisi une affiche toute en finesse et en douceur. Les Américains de REVOCATION et leur death technique, qui ouvrent pour leurs confrères canadiens de GORGUTS, leurs compatriotes thrash de HAVOK et les maîtres du punk hardcore chaotique, CONVERGE ! Si la file d’attente est plutôt maigre à vingt minutes de l’ouverture des portes, elle ne tardera pas à grossir. Découvrant la salle, je me positionne stratégiquement, de manière à éviter le pit tout en étant proche de la scène, avec mes collègues photographes. Malgré le fait que le show affiche sold-out ce soir, je peine à comprendre comment les personnes présentes pourront remplir cette salle. Ce soir, c’est la dernière de la tournée, et les groupes ont bien l’intention de se donner à fond.



Les lumières s’éteignent, et les membres de REVOCATION entrent très sobrement sur scène. Il n’en faudra pas plus longtemps aux quelques fans présents dans la pièce pour commencer à hurler alors que le premier riff est lancé par David Davidson (chant / guitare). Alors qu’Ash Pearson martèle chirurgicalement ses fûts, Brett Bamberger (basse) et Dan Gargiulo (guitare) tiennent une rythmique solide qui permet à Dave de hurler en plaçant quelques parties lead bien senties. Ce dernier s’écartera du micro, s’approchant au plus près du public pour envoyer des solos puissants. Le groupe ne dispose que de peu de place, mais occupe clairement tout l’espace. Leur récente performance au Motocultor Festival m’avait séduit, et le show de ce soir sera tout aussi bon. Le seul bémol sera apporté par les lumières, qui permettent à peine de distinguer clairement les instruments. Qu’importe, les premiers moshs et circle pits se lancent, alors que le set se termine. Le groupe a satisfait ses fans, et probablement convaincu de nouvelles recrues !



Après un test rapide des instruments, durant lequel je prends une véritable leçon de basse par Colin Marston, qui ne fait pourtant que tester le son, Luc Lemay (guitare / chant) arrive pour s’adresser à nous en français. En effet, nos cousins, qui parlent aussi notre langue, n’hésiteront pas à échanger avec nous dans la langue de Molière entre deux prouesses techniques. Si Patrice Hamelin (batterie) et Kevin Hufnagel (guitare) se défendent particulièrement bien, toute l’attention est portée sur Luc et Colin. Probablement encore une fois dû à la lumière, qui est désastreuse (Luc demandera d’ailleurs l’arrêt des stroboscopes à deux reprises), mais également au charisme des deux hommes. Tout en annonçant les titres, qui figurent tous sur les trois derniers albums du groupe, Luc prendra le temps de nous expliquer à quel point ils sont heureux de finir cette tournée à Paris. Très communicatif, il tiendra le public, qui a largement grossi depuis tout à l’heure, dans le creux de sa main, et chaque annonce est un régal pour les fans. Une fois le show fini, tous se livrent à l’exercice des poignées de main avant de ranger rapidement leur matériel.

Setlist : "From Wisdom To Hate", "Obscura", "Nostalgia", "Inverted", "Le Toit Du Monde", "Forgotten Arrows".



Place maintenant au thrash ! HAVOK s’installe, se règle, puis lance le coup d’envoi, pour une petite leçon à l’Américaine. La posture, pourtant imposante de David Sanchez (guitare / chant) se retrouvera effacée par la folie de Nick Schendzielos (basse) qui allumera d’ailleurs les leds de son instrument pour plus de visibilité. Ai-je besoin de préciser qu’avec l’épais brouillard lumineux qui sévit ce soir sur la salle Parisienne, distinguer Pete Webber (batterie) et Reece Scruggs (guitare) relève de l’exercice visuel ? Non, bien évidemment. Moi qui d’habitude n’aime pas du tout le style, je me surprends à headbanguer en rythme avec leur musique. L’énergie des quatre gaillards est vraiment communicative, et le public en redemande, causant des mouvements de foule de plus en plus importants, sous la voix criarde de David Sanchez. Se roulant par terre ou escaladant les côtés de la scène, Nick Schendzielos attire définitivement tous les regards, permettant à ses camarades de placer quelques solos bien sentis, tout en faisant vrombir son instrument. Trop rapidement, leur temps de jeu s’écoule, et les américains sont contraints de laisser la place.



Pour les maîtres de la soirée, c’est en effet tout le Trabendo qui se dresse devant la scène. La fosse commence déjà à bouillir d’impatience alors qu’entrent sobrement Jacon Bannon (chant), Kurt Ballou (guitare / chant), Nate Newton (basse / chant) et Ben Koller (batterie). D’un commun accord, les quatres hommes débutent ce qui sera une heure de pure violence. La fosse s’enflamme au rythme des hurlements inhumains de Jacob, alors que la rythmique tenue par les musiciens les incitent à se rentrer gaiement dedans. Les cris de Kurt et Nate aideront Jacob, qui semble doté d’une voix hors du commun ce soir, tout en arpentant la scène ou en s’approchant au plus près du public pour hurler ses paroles dans les oreilles des quelques survivants du premier rang. Le stage diving va bon train, certains s’autorisant même un petit passage par la scène avant de rejoindre le public, mais les musiciens ne semblent pas dérangés le moins du monde. Excités comme des puces, les musiciens dépensent toute leur énergie à la tâche, s’autorisant quelques pauses pour boire, alors que les riffs classiques du combo défilent. Quelques extraits du nouvel album seront également de la partie, comme "I Can Tell You About Pain", qui font verser une larme à mes voisins, mais le temps file et le groupe quitte précipitamment la scène. Ils reviennent alors au pas de course pour nous interpréter leur dernier morceau, "Jane Doe", qui figure parmi les incontournables du groupe. Heureux mais épuisés, les musiciens achèvent le show, qui fut d’une rare intensité, autant sur scène, que dans la fosse. J’ai d’ailleurs vu des gens forcés d’en sortir, car ne voulant pas risquer de se prendre un coup par des fans en furie. Quelle leçon, mais quelle leçon...

Setlist : "Dark Horse", "Aimless Arrow", "Under Duress", "Trespasses", "All We Love We Leave Behind", "Predatory Glow", "Reap What You Sow", "Cutter", "Worms Will Feed/Rats Will Feast", "Eve", "I Can Tell You About Pain", "Eagles Become Vultures", "Concubine".
Rappel : "Jane Doe".